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constater les trois grands actes de la vie civile, la naissance, le mariage et la mort. Ils veulent que la naissance se change nécessairement en baptême; mais est-ce qu'alors ceux qui ne seraient pas baptisés seraient censés n'être pas nés? Mais est-ce que le mariage ne peut être qu'un sacrement, et que, sans le sacrement catholique, il ne peut exister de mariage civil? Alors, chez les juifs, qui sont nos pères, et chez les protestants, qui sont nos cadets, n'y aurait-il que des libertins et des bâtards? Mais estce que la mort ne serait qu'une cérémonie religieuse, et que ceux que l'Église refuse d'inhumer sont censés vivre encore? Certes, avec les refus d'inhumation que le clergé multiplie, on serait fort embarrassé de constater les décès des juifs, des protestants, des philosophes, et d'entrer en possession de leur hérédité; peut-être même verrionsnous renaitre le temps où l'on refusait d'enterrer ceux qui, par testament, ne laissaient rien à l'Église, c'est-à-dire, aux prêtres qui

la desservaient.

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Sans doute, il doit être permis au prêtre de tenir registre du baptême qu'il administre, du mariage qu'il bénit, des morts pour lesquels il prie tout cela est dans l'ordre religieux, dans la discipline ecclésiastique; le pouvoir civil n'a rien à y voir. Mais les registres civils, ceux qui constatent non le baptême, mais la naissance; non la bénédiction nuptiale, mais le mariage; non la cérémonie des funérailles, mais le décès; tout cela rentre dans l'ordre administratif, tout cela doit se faire sous la sauvegarde de l'ordre politique, seul protecteur de l'état des familles et de leur filiation. Le prêtre catholique n'a pas à s'immiscer dans ces attributions, parce que son royaume n'est pas de ce monde, parce qu'il tient ses registres non pas au nom du roi, mais au nom du pape, parce que, si on lui accorde ce droit, il faut l'accorder aussi au rabbin, au ministre, au dervis, afin de constater que les juifs, les protestants, les musulmans naissent, se marient et meurent.

Revendiquer les registres de l'état civil pour le clergé, c'est vouloir recommencer les envahissements du spirituel sur le temporel. Maîtres des trois grands actes de la vie civile, les prêtres entreraient dans l'intérieur des familles pour les diviser, opprimer les personnes, et convoiter les propriétés. Il faut qu'ils restent, pour le bien commun de la religion et de l'humanité, dans

l'ordre purement religieux. Leur place est dans le temple de Dieu, et non dans les maisons des citoyens.

L'état civil, tel.qu'il est organisé par nos lois, est une grande et belle conquête de la civilisation; s'il laisse quelque chose à désirer, la faute en est au pouvoir qui choisit mal ses maires; aux maires qui choisissent mal leurs commis. Si la surveillance est mal exercée, la faute en est encore à l'administration qui vérifie mal le double des registres qui restent en son pouvoir, ou au ministère public dont la vigilance n'est pas assez active, assez éclairée; mais il faut ajouter aussi que les plaintes rares qui se sont élevées depuis vingt ans n'égalent pas le nombre des procès qui surgissaient en une seule année, lorsque cette partie de l'administration était confiée au clergé ; ce qui prouve que, sous aucun prétexte, les choses de l'ordre politique ne doivent jamais rentrer dans le domaine des fonctionnaires de l'ordre religieux. PAGÈS.

* REGIUS (LOUIS). Voyez LEROY. RÉGLEMENT DE JUGES. Voyez COM PÉTENCE.

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RÉGNARD (JEAN-FRANÇOIS), l'un de nos meilleurs poètes comiques, né à Paris en 1647, était fils d'un marchand qui, en mourant, lui laissa une fortune assez considérable; et il put ainsi, au sortir de ses études, se livrer à son goût dominant pour les voyages. Ayant gagné au jeu beaucoup d'argent pendant celui qu'il fit en Italie vers 1676 ou 1677, il se détermina à revenir en France, et peu après (1678) retourna dans le pays où le sort lui avait été si favorable. Ce fut alors qu'il rencontra cette Elvire dont il a tracé un portrait si flatteur dans son roman intitulé la Provençale. Épris de cette beauté, quoique déjà elle fût engagée dans les liens du mariage, il s'embarqua avec elle pour revenir en France, fut pris par des corsaires algériens, et conduit à Constantinople avec la dame de ses pensées, qui fut vendue 500 livres moins que lui. Esclaves du même patron, les deux amants souffrirent une captivité assez rigoureuse; mais on raconte que Régnard, qui avait été un gourmand de profession, sut gagner les bonnes grâces de son maître en présidant à sa cuisine, et qu'il en obtint sa liberté et celle de la dame provençale, au moyen d'une somme de 12,000 livres, que sa famille

lui avait fait remettre. De retour en France avec celle qu'il aimait, il était sur le point

de l'épouser lorsque le mari, qu'on croyait mort, reparut tout à coup, et le força de s'en séparer pour jamais. Le chagrin lui fit prendre alors la résolution de courir le monde; il partit pour la Flandre, alla en Hollande, en Danemarck, en Suède, en Laponie, où l'accompagnèrent deux gentilshommes français. Arrivés à Tornéo, ils s'embarquèrent sur le lac du même nom le remontèrent de sept à huit lieues, parvinrent près d'une haute montagne, qu'ils gravirent jusqu'au sommet, découvrirent de là toute l'étendue de la Laponie et la mer septentrionale, et gravèrent sur un rocher une inscription en vers latins, avec la date du 22 août 1681. Après avoir parcouru diverses autres contrées, Régnard, fatigué enfin de cette vie errante, revint à Paris, acheta une charge de trésorier de France, ct se livra ensuite à la composition de ses différentes pièces de théâtre. Il mourut en 1709, dans sa terre de Grillon, près de Dourdan. Ce poète, regardé généralement comme notre second poète comique, quoiqu'il soit resté à une grande distance de Molière, travailla successivement pour le Théâtre-Italien et pour le Théâtre-Français. Ses principales comédies sont le Joueur, les Ménechmes, Démocrite amoureux, le Distrait, les Folies amoureuses, le Retour imprévu, la Sérénade, le Légataire universel. On a encore de lui le Carneval de Venise, joué à l'Opéra en 1699; des Poésies diverses; Voyage en Flandre, Hollande, Danemarck, Suède, Laponie, Pologne, Allemagne, imprimé pour la première fois en 1731; la Provençale, historiette publiée aussi en 1731; un Voyuge en Normandie, en prose et en vers, et le Voyage de Chaumont, en quarante couplets. Parmi les ́nombreuses éditions des OEuvres de Régnard, on cite celle de M. Lequien, publiée en 1820, 6 vol. in-8°, et celles de M. Crapelet, avec notes et variantes, publiées en 1822 et 1823, 6 vol. in-8°. On trouve en tête de cette dernière édition des Recherches sur les époques de la naissance et de la mort de Régnard, par M. Beffara.

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RÉGNAUD, dit de Saint-Jean-d'Angély (Michel-Louis-Étienne), naquit en 1760 à Saint-Fargeau, où son père remplissait les fonctions de président du tribunal et celles de subdélégué de l'intendance. Reçu avocat vers 1781, et nommé en 1782 lieutenant de la prevôté de la marine à Rochefort, Régnaud se fit remarquer par ses talents, fut

élu député aux États-Généraux par le tiersétat du bailliage de Saint-Jean-d'Angély, et apporta dans cette assemblée des opinions modérées qu'il manifesta à la tribune, et plus particulièrement encore dans une feuille quotidienne, qu'il publiait à cette époque sous le titre de Journal de Versailles. Plus tard cependant on la vit quelquefois s'écarter un peu de cette modération; mais il se rallia ensuite de très-bonne foi au parti qui voulait sauver la monarchie, et n'échappa aux proscriptions du 10 août qu'en se condamnant à une réclusion volontaire. Découvert et arrêté à Douai en 1793, il ne recouvra sa liberté qu'après la chute de Robespierre, fut employé alors à l'armée d'Italie, y connut Bonaparte, s'attacha à sa fortune, et lui montra depuis un dévouement sans bornes. Régnaud fut un de ceux qui contribuèrent à la révolution du 18 brumaire. Nommé ensuite successivement conseiller d'État, président de la section de l'intérieur du conseil d'État, secrétaire de l'état de la famille impériale, comte de l'empire, procureur général près de la haute cour, il s'acquitta de ces diverses fonctions avec une grande habileté. Défenseur obligé de tous les projets de son maître, Régnaud cependant était fort éloigné de les approuver toujours. Dès l'ouverture de la malheureuse campagne de Russie, il prévit la chute de Napoléon; mais il ne lui en resta pas moins fidèlement attaché, et refusa même, dit-on, les propositions qu'on lui fit alors pour embrasser la cause des Bourbons. Il suivit l'impératrice Marie-Louise à Blois lors de la première entrée des alliés à Paris, et ne reparut sur la scène politique qu'au retour de Bonaparte, en 1815. Il lui donna à cette époque de nouvelles preuves d'attachement, en plaidant à la chambre avec chaleur les intérêts de son fils; mais, ayant échoué dans ses propositions, il quitta la France, passa en Amérique, et n'obtint de revenir à Paris qu'après quatre ans d'exil. Il y rentra mourant le 10 mars 1819, et expira quelques heures après son arrivée. Régnaud était membre de l'Académie française depuis 1801. Il a coopéré, de 1789 à 1793, Journal de Paris, avec Garat, Condorcet, Chénier, Lacretelle ainé et autres. Il a publié, en société avec Duquesnoy, l'Ami des patriotes, 1791, 4 vol. in-8°.

au

RÉGNAULDIN (THOMAS), sculpteur, né à Moulins, mort à Paris en 1706, était de l'Académie royale de peinture et de

sculpture. On voit de lui, dans les jardins de Versailles, les deux statues de l'Automne et de l'impératrice Faustine, et aux Tuileries le groupe représentant l'Enlèvement de Cybèle par Saturne, sous la figure du temps.

* RÉGNAULT (GILBERT), seigneur de Veaux, zélé protestant, né vers le commencement du 16° siècle, dans le Châlonais, obtint la charge de juge mage de l'abbaye de Cluny, et en fut dépouillé, après trente ans d'exercice, par le cardinal de Lorraine, qui le soupçonnait d'avoir livré aux protestants les reliques de son abbaye. Persécuté, obligé de fuir, Régnault n'échappa que par une espèce de miracle au massacre de la Saint-Barthélemy et aux assassins que Claude de Guise avait chargés de le tuer. Il a publić: Légende de D. Claude de Guise, contenant ses faits et gestes depuis sa nativité, 1581. Mais, selon de Thou et d'Aubigné, il n'aurait été que l'éditeur de cet ouvrage, qu'ils attribuent à Dagoneau, mort eu 1580. On ignore l'époque précise de la mort de Régnault.

* RÉGNIER (MATHURIN), poète satirique, neveu de l'abbé Desportes (voyez ce nom), né à Chartres en 1573, s'exerça de très-bonne heure dans la satire, et son père essaya vainement de réprimer en lui un goût qu'il avait pour ainsi dire apporté en naissant. Tonsuré à l'âge de 11 ans, quoiqu'il fût sans vocation pour l'état ecclésiastique, il suivit à Rome le cardinal de Joyeuse, et passa dix années auprès de ce prélat; mais, n'en ayant obtenu aucune récompense, il s'attacha ensuite au duc de Béthune, en fut beaucoup mieux traité, et ne tarda pas à être pourvu d'un canonicat et d'une pension de 2,000 livres sur l'abbaye de Vaux-deCernay, qui avait appartenu à son oncle. Régnier ne put cependant jouir long-temps de son heureuse situation. Livré depuis sa plus tendre jeunesse à un goût effréné pour le plaisir, des infirmités précoces furent le triste résultat de ses écarts. et il mourut à Rouen, en 1613, à peine âgé de 40 ans. Précurseur de Boileau dans le genre satiriques, il eut, comme lui, l'avantage de voir beaucoup de ses vers devenir proverbes. Son style est à-la-fois plein d'enjouement, de naturel et de grâce, et quoiqu'il ait vieilli, « c'est encore en ce genre, dit Pa»lissot, un des meilleurs modèles que l'on » puisse étudier. Mais malheureusement ce poète blesse trop souvent la décence, et

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il aurait un bien plus grand nombre de lecteurs, s'il eût évité ce défaut, qu'`ïl`avait contracté en travaillant d'après les satiriques latins. Les OEuvres de Régnier se composent de seize satires trois épîtres, cinq élégies, d'odes, de stances, d'épigrammes, etc. Les meilleures éditions sont celles publiées par M. Viollet-le-Duc en 1821, in-18, et par M. Lequien, en 1822, in-8°, avec le commentaire de Brossette.

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RÉGNIER (CLAUDE-FRANÇOIS), né en embrassa Auvergne en 1718, mort en 1790, l'état ecclésiastique, et devint un des directeurs du séminaire de Saint-Sulpice. On a de lui: Certitude des principes de la religion contre les nouveaux efforts des incrédules, Paris, 1778 à 1782, 6 vol. in-12; Tractatus de Ecclesiá Christi, Paris, 1789, 2 vol. in 8°.

REGNIER (dom), bénédictin de la congrégation des Exempts, a publié des sermons, 1761, 3 vol. in-12.

* RÉGNIER (Claude-Amboise), duc de Massa, ministre de la justice sous Napoléon, né à Blamont, département de la Meurthe, en 1736, exerçait avec succès la profession d'avocat à Nancy à l'époque de la révolution. Il en adopta les principes, fut nommé député aux États-Généraux, ensuite à l'assemblée constituante, et, quoiqu'il se fût rangé du côté qui favorisait le plus les nouvelles théories, il ne s'occupa guère que de judicature et d'administration. Échappé aux proscriptions du 10 août, il vécut ignoré pendant le régime de la terreur, et ne ieparut sur la scène politique qu'après le 7 thermidor. Nommé au conseil des anciens par son département, il y fut tour à tour secrétaire et président, s'opposa au rappel de Jean-Jacques Aymé au corps législatif, fut aussi l'adversaire des prêtres déportés ou exilés de France, et fut un des défenseurs de la loi du 3 brumaire; mais il ne prit aucune part aux événements du 18 fructidor. L'un des coopérateurs du 18 brumaire, Régnier travailla à la nouvelle constitution, devint, après l'établissement du cousulat, membre du conseil d'État dans la section des finances, et fit rétablir la flétrissure de la marque pour les crimes de faux. Nommé en 1802 grand-juge, ministre de la justice, il fut chargé en même temps de la police générale, et ce fut lui qui dirigea en 1804 toutes les poursuites contre Georges et Pichegru. Plus tard cependant le ministère de la police fut distrait de ses attributions. En 1813, il rendit aussi le porte-feuille de la justice,

fut nommé président du corps législatif, et remplit ces fonctions jusqu'à l'abdication de Bonaparte. Aussi frappé de la chute de son maître que de ses propres disgrâces, le duc de Massa mourut le 24 juin 1814. Son fils a succédé à son titre, et siége aujourd'hui à la chambre des pairs.

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RÉGNIER (EDME), mécanicien, ancien conservateur du Musée central d'artillerie, dont il avait formé le noyau, membre honoraire du comité consultatif des arts, contrôleur en chef des armes de la garde nationale, et membre de plusieurs sociétés savantes, né en 1751 à Semur (Bourgogne), avait commencé ses études au collège de cette ville, quand sa mère, demeurée veuve avec onze enfants, dont il était l'aîné, fut réduite à le mettre en apprentissage chez un arquebusier de Dijon, et le jeune homme sut s'honorer par plusieurs inventions utiles dans cette profession, qui le mit à même de soutenir sa mère, d'élever et établir ses frères et sœurs. La première production de son esprit inventif fut une épronvette, pour essayer la force des poudres de chasse, machine qui le conduisit bientôt à imaginer l'instrument aujourd'hui si connu sous le nom de dynamomètre (mesure des forces). Ce fut lui qui, le premier, construisit des paratonnerres en Bourgogne. Il en avait déjà établi six à Semur et ses environs, avant qu'il y en eût aucun à Paris. Franklin, à qui il présenta dans cette capitale des échantillons de conducteurs mobiles, qu'il avait imaginé de substituer à ceux qu'avait originairement employés l'illustre Américain dans ses appareils, applaudit à cette ingénieuse amélioration. Nous devons parler encore du méridien sonnant que dressa Régnier pour l'usage public de la ville de Semur, et sur lequel, a été calqué l'appareil aujourd'hui populaire des canons méridiens; sa fameuse serrure à combinaison, décrite dans l'Encyclopédie méthodique, et trèsperfectionnée depuis par l'inventeur; enfin son échelle à incendie, qui obtint le premier prix dans le concours ouvert sur cet objet par l'Institut. Régnier mourut à Paris le 10 juin 1825. On peut consulter sur ce mécanicien le tome 5 de l'Annuaire nécrologique de M. Mahul.

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REGNIER. Voyez GUERCHY. RÉGNIER-DESMARAIS, ou plutôt DESMARETS (FRANÇOIS-SERAPHIN), grammairien et littérateur estimable, né à Paris en 1632, mort en 1713, était à peine âgé de

quinze ans lorsqu'il traduisit la Batrachomyomachie d'Homère. Il suivit à Rome le duc de Créqui, et, s'étant perfectionné dans la langue italienne, il composa des vers pleins de coloris et de grâce. L'Académie de La Crusca de Florence prit même une de ses odes pour une production de Pétrarque, et, lorsque cette société fut désabusée, elle ne se vengea de son erreur qu'en adoptant le poète qui l'avait causée. Nommé trois ans après, en 1670, membre de l'Académie française, Régnier y remplaça Mézeray, en 1684, dans l'emploi de secrétaire perpétuel, et rédigea tous les mémoires qui parurent au nom de cette compagnie dans le procès qu'elle eut à soutenir contre Furetière. On a de l'abbé Régnier une Grammaire française, dont la meilleure édition est celle de 1770, in-4o ; des poésies françaises, latines, italiennes et espagnoles, réunies en 1708 en 2 vol. in-12; une traduction de la Perfection chrétienne de Rodriguez, entreprise à la prière des jésuites et plusieurs fois réimprimée; une traduction des deux livres de la Divination de Cicéron, 1710, in-12; une autre version des livres de cet auteur, de Finibus Bonorum et Malorum, avec de bonnes remarques, in-12; l'Histoire des démélés de la France avec la cour de Rome an sujet de l'affaire des Corses, 1707, in-4o, et divers autres écrits.

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RÉGNIER (DE LA). Voyez PLanche. *REGRAS (DOM Juan de ), jurisconsulte et grand orateur portugais du 14e siècle, avait étudié la science des lois en Italie sous Bartole. Créé chancelier du royaume en 1383 par le régent du Portugal (le grandmaître de l'ordre d'Aviz, depuis Jean Ier), il concourut avec l'archevêque de Brague dom Laurenzo, l'évêque de Lisbonne JeanAlfonse d'Azambuja, et le connétable dom Nun.-Alvarez Pereira, à affermir la couronne de Portugal sur la tête de l'illustre bâtard de dom Pèdre. Ce fut dom Juan Regras, qui, par le discours qu'il prononça aux États-Généraux, assemblés à Coimbre pour l'élection d'un roi, détermina en faveur du grandmaître les suffrages, jusque là partagés entre lui et les deux fils d'Inès de Castro Jean et Denis. Ce morceau oratoire a été conservé par les historiens, et l'on avait en outre de Juan Regras quelques écrits de droit oubliés aujourd'hui.

RÉGULATEUR. ( Technologie. ) Dans les arts industriels on donne, en général, le nom de régulateur à une construction

quelconque qui sert à régulariser le mouvement de la machine.

C'est ainsi que dans l'horlogerie on nomme le pendule régulateur des horloges; de même que dans les montres ou horloges portatives, on donne le même nom de régulateur au balancier.

M. Pecqueur, artiste distingué, ancien chef des ateliers du Conservatoire des Arts et Métiers, a imaginé un mécanisme trèsingénieux pour régulariser l'émission de la vapeur dans les machines à vapeur. Nous ne pourrions, sans sortir de notre cadre, décrire cette machine qui exigerait plusieurs figures, et encore aurait-on de la peine à la comprendre. Nous engageons le lecteur qui aurait intérêt à connaître cette invention, à se transporter chez M. Pecqueur, mécanicien, rue Traversière-Saint-Antoine, tout près de la rue de Bercy. Cet artiste est trèscommunicatif, et se fera un plaisir d'en montrer la construction.

Le régulateur du feu, imaginé par Bonnemain, est une découverte extrêmement remarquable. Cette invention est une application heureuse d'un, principe généralement reconnu en physique. On sait que les métaux ont la propriété de se dilater par la chaleur, et se contracter par le froid. C'est le même principe par lequel M. Molard aîné, ancien directeur du Conservatoir des Arts et Métiers, parvint à redresser deux murs énormes qui tendaient à se séparer, et auxquels il a donné une solidité à toute épreuve.

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M. Bounemain fait traverser le foyer par une barre de fer solidement fixée par un de ses bouts; l'autre bout est combiné avec la porte du foyer. Il résulte de cette combinaison que lorsque la barre s'alonge, c'est une preuve que le feu est trop ardent alors la porte se ferme, pour ne donner passage qu'à une moindre quantité d'air, aliment du feu. Le contraire arrive lorsque le feu cesse d'être trop actif; de sorte que, lorsque la machine est bien construite, elle règle d'une manière uniforme l'action du feu, soit en l'absence, soit en la présence du surveillant. On en peut lire la description dans le Bulletin de la Société d'encouragement.

LENORMAND et MELLET.

nus, s'empara de Brindes, et reçut les honneurs du triomphe conjointement avec son collègue Julius Libon. Réélu l'année suivante, qui était la neuvième de la première guerre punique, il vainquit, de concert avec Manlius Vulso, son collègue, les Carthaginois, commandés par Amilcar et Hannon, sur la côte méridionale de la Sicile. Après cette bataille mémorable, dont Polybe a donné les détails, Régulus resta sur les côtes d'Afrique avec quarante vaisseaux, cinq cents cavaliers et quinze mille fantassins. Avec ces forces, il s'empara de plusieurs villes, remporta une victoire signalée près d'Adis, et s'empara de Tunis. Il offrit ensuite la paix aux Carthaginois, mais à des conditions telles que, le sénat de Carthage ne pouvant y consentir, résolut de tenter encore la fortune des combats. Xantippe, habile capitaine, placé à la tête de l'armée carthaginoise, présenta la bataille à Régulus. Celui-ci l'accepta, bien que ses forces fussent inférieures, surtout en cavalerie, fut vaincu et fait prisonnier. Après plusieurs années de captivité à Carthage, le général romain accompagna les ambassadeurs que le gouvernement punique envoyait à Rome pour négocier la paix. Il avait promis, si elle n'était pas conclue, de revenir reprendre ses fers; mais il opina dans le sénat la continuation de la guerre, et même contre l'échange des prisonniers. Le discours de Régulus détermina les sénateurs à rompre toute négociation, et, malgré le grand-pontife, qui voulait le dégager d'un serment extorqué par la violence, ce vertueux citoyen remplit sa promesse et repartit pour Carthage, où ses ennemis le firent périr au milieu des plus affreux supplices. Ces derniers faits sont rapportés par presque tous les auteurs latins; mais Polybe et Diodore de Sicile n'en font aucune mention. L'ambassade, le dévouement et la mort de Régulus occupent une grande partie du livre qui tient la place du dix-huitième de Tite-Live dans les suppléments de Freinshemius ( voyez ce nom). Ce sujet a été transporté sur la scène française par Pradon, par Dorat, et récemment avec plus de succès par M. Arnault fils; sur le théâtre lyrique italien par Métastase. L'histoire romaine mentioune encore douze personnages distingués de la famille Atilia, qui a subsisté jusque sous les empereurs.

pour

* RÉGULUS (MARCUS ATILIUS), consul romain, célèbre par sa noble conduite dans la première guerre punique, descendait de l'illustre famille plébéienne Atilia. Élu REHABILITATION. (Législation.) Fasul en l'an de Rome 257, il battit Mamerti- veur accordée au condamné qui, après avoir

con

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