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* REMER (JULES-AUGUSTE), littérateur allemand, né à Brunswick en 1736, professa l'histoire avec beaucoup de succès, pendant dix-sept ans, à l'université d'Helmstadt, et mourut dans cette ville en 1804, laissant les ouvrages suivants (en allemand): Manuel de l'histoire universelle, Brunswick, 1783-84, 3 vol. in-8°; Livre d'enseignement de l'histoire universelle, Halle, 1800, continuée par Voigtel jusqu'en 1810; Manuel de la politique des principaux états d'Europe, Brunswick, 1786. Remer a continué l'Histoire de l'Europe moderne, par Krause, dont les cinq premiers volumes avaient paru à Halle, 1789-98. Il publia le sixième et le septième en 1802. Il a coopéré à la Gazette de Brunswick, depuis 1778 jusqu'en 1786, et au Portefeuille historique, de 1787 à 1788.

* REMESOF (SIMEON), écrivain russe de Tobolsk, florissait au 17e siècle. Il n'est guère connu que comme auteur d'une Chronique sibérienne jusqu'à l'an 1649, avec des dessins. La bibliothèque de l'Académie des sciences de Pétersbourg possède une copie de cette chronique, dont Müller s'est servi pour la rédaction de son Histoire de Sibérie. * REMI ( SAINT ), achevêque de Reims, et l'apôtre des Francs, né vers l'an 438 dans les environs de Laon (Picardie), fit de rapides progrès dans les lettres, et, à l'âge de 22 ans, fut placé, malgré lui, dit-on, sur le siége archiepiscopal de Reims. Il s'occupa dès-lors avec un grand zèle des fonctions de son ministère, en éclairant le peuple confié à ses soins. Il dut à ses vertus la protection et la faveur de Clovis, alors même que ce prince professait un culte étranger, et parvint ensuite, avec le secours de la reine Clotilde, à le convertir au christianisme (voyez CLOVIS). Remi, poursuivant son ouvrage, opéra encore un grand nombre de conversions parmi les seigneurs francs, fonda des églises, les pourvut de pasteurs et de tous les objets nécessaires à la pompe du culte. On croit généralement que ce saint prélat mourut en janvier 533, à l'âge de 95 ans. Il avait composé plusieurs écrits, entre autres des sermons dont Sidoine Apollinaire (voyez ce nom), a eu connaissance. Mais il ne nous reste de lui que quatre lettres, insérées dans divers conciles et d'actes relatifs à l'histoire de France. REMI (Saint), archevêque de Lyon, né au commencement du 9e siècle, était grand-maître de la chapelle de l'empereur Lothaire, quand ce prince le chargea d'administrer le diocèse de Lyon, pen

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dant la vacance du siège. Il fut élu archevêque par les suffrages réunis du clergé et du peuple, en 852, présida le concile de Valence en 855, assista en 871 à celui de Douzi, près de Reims, en tint deux autres à Châlons-sur-Saône en 873 et 875, se servit de la faveur de Lothaire et de Charles-leChauve pour obtenir la confirmation de divers priviléges accordés à son église, et la restitution des biens dont elle avait été dépouillée pendant la guerre, et mourut en $75. On trouve le nom de ce prélat dans quelques martyrologes; mais il ne paraît pas que sa mémoire ait jamais été honorée d'un culte public. On a de lui: une Réponse aux trois lettres adressées à l'église de Lyon par Hinc. mar, archevêque de Reims, Pardul, évêque de Laon, et Raban-Maur, touchant la condamnation de Gotescale,et deux autres opuscules. Ces trois écrits sont insérés dans le quinzième volume de la Biblioth. magna patrum.

* REMI d'Auxerre, ainsi appelé parce qu'il était moine de l'abbaye d'Auxerre, enseigna dans l'université de Paris, vers la fin du 9e siècle, et mourut vers l'an 908. On a de lui un Exposition de la messe; et des commentaires sur les petits prophètes, sur les Epitres de saint Paul, sur le Cantique des Cantiques, sur l'Apocalypse, etc, etc. Le commentaire sur les Epitres de saint Paul a été mal à propos attribué par quelques éditeurs à saint Remi, archevèque de Lyon.

* REMI (ABRAHAM), en latin Remmius, poète latin dont le véritable nom était Ravaud, né à Remi, village du Beauvaisis, en 1600, professa l'éloquence au collège royal, et mourut en 1616. On a de lui un recueil de poésies latines, et deux livres sous ce titre : Abrahami Remmii, eloquentiæ professoris et poetæ regii Poemata, ad christ. regem Ludovicum XIV, Paris, 1645, in-12. Ce recueil est assez estimé. — REMI (JosephHonoré), né à Remiremont en 1738, embrassa l'état ecclésiastique, vint ensuite à Paris, où il s'appliqua à la littérature et au droit, et concourut pour plusieurs prix académiques. L'éloge de Fénélon, qu'il composa en 1771, fut jugé digne d'un accessit, et celui de Michel Lhopital fut couronné en 1777; mais la faculté de théologie le censura. Chargé de la rédaction de la partie de la jurisprudence dans la nouvelle édition de l'Encyclopédie, l'abbé Remi fit le premier volume, et était très-avancé dans le second,

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lorsqu'il mourut en 1782. Ses autres ouvrages sont le Cosmopolisme, 1770; les Jours, pour servir de correctif aux nuits d'Young, 1770; le Code des Français, 1771, 2 vol. in-12; et plusieurs extraits dans le Mercure, dont il fut l'un des rédacteurs.

RÉMOND DE SAINTE-ALBINE (PIERRE), littérateur, censeur royal, membre de l'Académie de Berlin, né en 1699 à Paris, où il mourut en 1778, a fourni un grand nombre d'articles à l'Europe savante, à la Gazette de France, à laquelle il travailla de 1733 à 1751, au Mercure, dont il fut pendant quelque temps le rédacteur en chef, et a laissé, en outre un Mémoire sur le laminage du plomb, Paris, 1731, plusieurs fois réimprimé; un Abrégé de l'histoire du président de Thou, ibid., 1759, 10 vol. in-12; et deux comédies, insérées dans le Mercure de 1749.

* RÉMOND DE SAINT-MARD (TousSAINT), littérateur médiocre, né à Paris en 1682, mort en 1757, a laissé plusieurs ouvrages assez répandus de son temps. Ses OEuvres ont été publiées à La Haye (Paris), 1742, 3 vol. in-12, et 1751, 5 vol. in-12. Voyez MONTMORT et REMOND.

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* REMONDINI (BALTHASAR-MARIE ), évêque de Zante et de Céphalonie, né à Bassadans l'État de Venise, en 1698, mort en 1777. On a de ce vertueux prélat pluREMONDINI sieurs ouvrages manuscrits. (Jean-Étienne), religieux somasque sous Benoit XIV, était originaire de Naples, et a laissé une savante Histoire de l'Église de Nola en Capanie, écrite en italien, et publiée à Naples en 1747, 3 vol. in-fol. Cet ouvrage a eu plusieurs éditions; la dernière est de 1757.

REMONTE. (Économie politique.) Un État, comme la France, obligé à entretenir une armée forte en cavalerie et en artillerie, a besoin d'un grand nombre de chevaux. En temps de guerre, la consommation de ces animaux augmente encore considérablement, en sorte qu'un des principaux soins de la direction du matériel de l'armée est de s'assurer, pour tous les cas, des moyens de renouveler avec promptitude les pertes qui peuvent arriver, et même de fournir presque instantanément à des besoins nouveaux. Si, par des circonstances inutiles à rechercher ici, l'armée a coutume de prendre ses chevaux dans un pays étranger, il peut arriver tout d'un coup que cette ressource lui soit ravie, soit parce que les chevaux disponibles

auront été payés plus chèrement par une autre nation, soit parce que ce sera avec le pays même qui fournit les chevaux qu'on se trouvera en guerre. Il est donc du plus grand intérêt pour la France de pouvoir trouver sur son territoire tous les animaux dont elle a besoin pour l'armée. Et qu'on ne dise pas que, malgré les entraves de la guerre, les chevaux arriveront toujours là où on les paiera le mieux : la guerre certainement empêchera le commerce de se faire comme il se faisait en temps de paix; et avant que le commerce ait pris des routes nouvelles, il se passera un temps fort long pendant lequel le manque de chevaux pourra mettre la France en danger. Qui peut assurer encore que la France sera toujours à même de payer les chevaux aussi chers que toute autre nation, surtout que la nation ennemie ?

Ces considérations ont engagé l'État à chercher les moyens de donner aux cultivateurs français un intérêt à élever un beaucoup plus grand nombre de chevaux qu'ils ne le font, et surtout à élever des chevaux plus distingués. Nous avons discuté à l'article HARAS une partie des moyens employés par l'administration des haras; nous allons, dans cet article, nous occuper du seul qui soit peut-être, en France, du ressort de l'administration de la guerre, pour arriver au grand résultat recherché, celui de faire exclusivement en France toutes les re

montes.

Mais comment faire ces remontes? Comment les rendre assez avantageuses aux cultivateurs pour qu'elles les engagent à élever plus de chevaux et des chevaux plus propres à l'armée ? Telle est la question : des dépôts de remontes permanents paraissent devoir la résoudre par les considérations suivantes.

En recherchant les causes qui empêchent les cultivateurs d'élever autant de chevaux qu'ils le pourraient, on trouve qu'une de ces causes est le bas prix auquel ces cultivateurs sont obligés, dans beaucoup de lieux, de vendre leurs jeunes productions, et dans quelques autres la nécessité plus dure encore de les garder faute d'acheteurs

La cause de cet inconvénient n'est pas difficile à indiquer.

Les éleveurs de chevaux de luxe ne sont sur aucun point en contact avec le consommateur ; les éleveurs de chevaux de charrois ne le sont pas eux-mêmes pour la plupart

des chevaux qu'ils produisent ; et il est donc de nécessité qu'il y ait une agence intermédiaire entre les éleveurs et les consommateurs. Cette agence est formée par les marchands de toute espèce. Elle doit faire un bénéfice, et c'est nécessairement sur le nourrisseur, dont elle diminue par cette raison le gain et l'intérêt à se livrer à l'élève des chevaux.

Mais la marchandise dont ces hommes trafiquent ne peut s'acheter sur échantillon: chaque pièce est différente et d'une valeur diverse; chacune doit être examinée par le consommateur; ce qui force presque toujours le marchand acheteur à s'en approvisionner d'avance, et à faire des frais de nourriture et de garde, qui augmentent beaucoup la valeur de la marchandise. C'est encore une perte qui retombe sur la marchandise, et en diminue le prix au détriment du producteur.

Maintenant, s'il est des localités où il s'en trouve peu et des localités où il s'en trouve beaucoup, le marchand ira la chercher dans les dernières, parce qu'il pourra dans un court espace de temps s'approvisionner; et il n'ira pas dans les premières, où il lui faudrait beaucoup plus de temps et beaucoup plus de frais pour en rassembler la même quantité. Ces localités sont donc privées de la visite des marchands, et les éleveurs ne peuvent s'y défaire de leurs chevaux; ou si par hasard un marchand s'y rend, il n'y achète la marchandise qu'à un prix d'autant plus bas, que ses déboursés pour la ressembler sont plus considérables. Tels sont, sous ce rapport, un grand nombre des départements de la France.

Si l'on fait encore attention que de toutes les marchandises le cheval est celle qui est le plus sujette à des accidents graves, que c'est celle dont la conservation en bon état (par une bonne nourriture) exige le plus de dépenses; si l'on songe que, outre ces frais premiers indispensables, le marchand est obligé de payer comptant, qu'en conséquence il est obligé de retirer l'intérêt de l'argent qu'il a avancé, qu'il doit être récompensé de son industrie et de son temps; on conçoit que le marchand est obligé de vendre les chevaux un prix beaucoup plus élevé que celui auquel il les achète. Pour les chevaux d'un bas prix, cette plus-value s'élève à un quart pour les chevaux d'un prix moyen, elle s'élève à un tiers; elle s'élève

jusqu'à la moitié du prix primitif pour les chevaux de luxe.

Le particulier qui a besoin d'un ou de deux chevaux seulement, n'en ayant besoin qu'à des époques indéterminées, non fixes, ne peut se soustraire, il est vrai, à l'agence intermédiaire qui est entre lui et le nourrisseur; elle lui est même utile en ce qu'elle met de suite à sa disposition l'animal dont il a besoin. S'il voulait acheter autrement, il paierait souvent les animaux plus chèrement. Mais un consommateur aussi grand que l'armée, dont les besoins sont annuels, et peuvent être évalués d'une manière approximative, en temps de paix comme en temps de guerre, doit tenter de se soustraire à cette agence intermédiaire. Il lo devra même bien davantage par les raisons déjà avancées, si cette agence se procure les chevaux dans un pays étranger. L'institution des dépôts permanents de remontes est si avantageuse sous ce rapport, qu'il est à désirer qu'elle se consolide chez nous.

Ces dépôts sont placés dans les localités qu'on sait produire des chevaux, afin que l'armée aille, pour ainsi dire, prendre ces chevaux chez le nourrisseur, de manière à supprimer l'agence intermédiaire, agence qui pour l'armée est souvent double, puisqu'elle est le plus ordinairement composée, d'une part, des marchands qui achètent les chevaux chez les éleveurs, et d'autre part, des fournisseurs qui les achètent de ces marchands pour les revendre à l'armée. Ces dépôts vont donc, qu'on me pardonne les expressions, faire la guerre aux marchands jusqu'à l'endroit de la fabrication; et ils reçoivent la marchandise de la fabrique même avec diminution, par moitié pour eux et par moitié pour le fabricant ou l'éleveur, de tout le gain que faisaient ces marchands.

L'armée prenant les chevaux français à un prix qui augmente le bénéfice des éleveurs, ceux-ci se trouvent intéressés à en élever davantage, et si le bénéfice est assez grand, à en élever assez pour que l'approvisionnement de l'armée soit assuré même en temps de guerre.

La multiplication pourra-t-elle être portée sûrement à ce point?

Si l'on calcule la quantité de cantons qui peuvent élever des chevaux en France avec avantage pour le cultivateur, et où celui-ci le fera certainement aussitôt qu'il trouvera un débouché assuré de ses chevaux, comme en trouvent actuellement dans les foires les

cultivateurs de la plus grande partie de la Normandie, on pourra croire que la multiplication peut être portée assez loin pour rem. plir ce but. On se convaincra même qu'il suffirait pour cela que les mauvais chevaux élevés actuellement en France fussent transformés en bons chevaux ; et c'est indubitablement ce qui arrivera aussitôt que l'éleveur sera stimulé par la possibilité de vendre ses élèves un bon prix à l'âge de cinq ans. Cette assertion est tellement bien prouvée dans l'ouvrage de M. de La Roche-Aimon, intitulé de la Cavalerie, que je ne m'y arrêterai point davantage.

Comme toutes les grandes institutions qui changent des habitudes, qui créent de nouveaux intérêts, les dépôts de remontes pour la cavalerie ne peuvent pas porter tout à coup des fruits. Dans le but de rendre leur réussite plus assurée, je vais indiquer quelques améliorations dont ils me paraissent susceptibles.

Les chefs de ces dépôts sont un officier et un vétérinaire; mais ces employés n'ont point d'habitude de traiter avec les cultivateurs. L'officier surtout les tient souvent à une certaine distance qui les éloigne des dépôis; les gens simples préfèrent vendre à un marchand qui ensuite traite avec les employés. Il est vrai que les cultivateurs, qui savent le prix que le cheval sera vendu, ne le donnent qu'à un prix très-peu au-dessous de celui payé par le dépôt, et que le mal est petit; mais encore c'est un mal. Il s'établit une agence intermédiaire entre le dépôt et le nourrisseur; et quelque médiocres que puissent être ses bénéfices, elle en fait encore, tandis que le but des dépôts doit être de les faire tourner au profit du cultivateur ou de l'armée.

Le caractère des employés des dépôts de remonte, ou plutôt leur manière de traiter avec les cultivateurs, doit donc être pris en considération.

Ce n'est pas tout. Si les employés des dépôts ne doivent qu'examiner, à des heures déterminées dans la journée, les chevaux qu'on leur présente pour les acheter, ou les rejeter, je crois que l'institution des dépôts de remonte ne remplira jamais bien son but. Il me semble que les travaux des chefs doivent être plus importants; ils devraient, selon moi, être occupés à connaître presque tous les poulains de trois à quatre ans qui sont dans leur circonscription, et à engager les cultivateurs à les élever pour le dépôt.

L'année pour eux devrait donc être partagée en deux occupations : l'une qui consisterait à recevoir ou rejeter les chevaux qui leur seraient présentés; l'autre à parcourir les campagnes pour connaître les cultivateurs et pour acheter chez eux, livrables à certaines époques, les poulains qu'ils trouveraient bons pour la cavalerie. Quelques mois de l'année seraient employés à cette occupation, et des frais de tournée leur seraient alloués pour les indemniser.

Dans ces tournées, les employés s'occuperaient de persuader aux cultivateurs de cesser certaines méthodes qui sont extrêmement désavantageuses à l'acheteur; par exemple, d'engraisser outre mesure, avec une nourriture peu convenable, les animaux. On sait combien dépérissent après l'achat, et même à combien de maladies sont exposés ceux qui ont été soumis à cette malheureuse coutume; ils engageraient, au contraire, les habitants de la campagne à mettre au régime de l'avoine et du foin les animaux destinés pour les dépôts. En parvenant ainsi à empêcher le mal pour le plus grand nombre de poulains qu'ils auraient connus à l'avance, ils diminueraient non-seulement la mortalité qui affecte les chevaux de remonte, mais encore ils donneraient à l'armée des animaux moins impressionnables aux causes des maladies, et beaucoup plus forts.

Les jeunes animaux restent dans certains cantons presque toute l'année dehors, et ils s'habituent ainsi à supporter toutes les intempéries de l'air; mais ils ne s'habituent point au séjour de l'écurie, mais ils ne s'habituent point à être attachés. Quand le jeune animal tiré des pâturages est enfermé à l'écurie, malgré la présence de ceux de son espèce, il devient presque tout à coup triste, sans appétit; il dépérit d'une manière rapide, et il est long-temps, plusieurs mois, sans pouvoir se faire au régime nouveau auquel il est soumis : heureux encore quand l'air qu'il respire dans ces mêmes écuries n'affecte pas d'une manière desastreuse ses poumons, et ne produit pas des maladies de poitrine extrémement graves. Gette influence, qui n'a pas été assez étudiée, est une des causes des maladies qui attaquent si fréquemment les poulains au moment où on les prépare au travail, et qui produisent tant de mauvais chevaux parmi notre belle race normande. Combien dans leurs tournées les employés des dépôts ne pourraientils pas s'éviter plus tard de peine en indi

quant cette cause de défaveur pour les chevaux, et en faisant aux cultivateurs presque une condition d'habituer les animaux au séjour de l'écurie avant de les amener au dépôt !

Il est encore un autre inconvénient grave que les employés pourraient contribuer à faire cesser, c'est celui d'une castration tardive. J'ai parlé déjà dans d'autres ouvrages de ces inconvénients; je dirai seulement ici qu'ils sont bien plus graves pour les chevaux qui sont châtrés dans les dépôts de remonte, et souvent envoyés de suite dans les régiments. Il est impossible que ces animaux soient traités en masse, aussi bien qu'ils le seraient individuellement; il serait surtout extraordinaire qu'ils fussent bien soignés par des soldats qui n'ont aucun intérêt à le faire, et qui ne leur donnent souvent, malgré la plus grande surveillance des officiers et du vétérinaire, que des demi-soins, plus dangereux que s'ils n'en donnaient point du

tout.

Les employés de remonte pourraient encore exercer une influence salutaire, sous ce rapport, dans leurs tournées.

Il est encore un obstacle à la réussite des dépôts de remonte que je dois signaler, c'est l'espèce de défaveur qu'on jette dans beaucoup de régiments sur les chevaux qui en arrivent, et le peu de ménagement qu'on a pour eux. Les officiers supérieurs des régiments, qui n'ont aucune responsabilité à cet égard, puisque les chevaux n'ont été achetés ni par eux, ni par les officiers du corps, ne les ménagent pas autant qu'il se

rait nécessaire.

Que l'administration de la guerre continue donc à penser qu'en établissant des dépôts de remontes, elle ne travaille pas pour le moment seulement, mais bien pour l'avenir! Que de leur côté, les employés des remontes ne se dépêchent pas d'acheter un grand nombre de chevaux, ou qu'ils soient un peu sévères dans leurs choix.

Je ne crois pas que les inconvénients que je viens de signaler puissent détourner l'administration de la guerre de ce mode de remontes. Le plus sérieux, la difficulté de trouver de bons chefs de dépôts, et de bons officiers pour l'achat des chevaux, existera toujours, quel que soit le mode qu'on emploiera; ce n'est donc pas un inconvénient particulier aux dépôts, et c'est fort à tort qu'on le leur a attribué.

Quant au dessein de former des dépôts

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destinés à élever des poulains, que l'armée acheterait à l'âge d'un an ou deux ans, pour les élever jusqu'à celui de quatre ans et demi ou cinq ans, et les envoyer ensuite dans les régiments de l'arme à laquelle ils seraient propres, je ne pense pas qu'il puisse être avantageux, sous le rapport de l'économie. Les causes de ma manière de penser à cet égard sont suffisamment indiquées à l'article des Haras militaires pour que je n'en parle plus ici.

Les personnes qui auront lu l'ouvrage de M. de La Roche-Aimon verront combien je diffère de son opinion sur beaucoup de points, relativement à ces dépôts de poulains. Les calculs n'ont pu me convaincre ; les mortalités et les accidents seront beaucoup plus considérables qu'ils ne sont évalués; et, je le répète, si les animaux ne sont nourris qu'au vert seulement et au foin, s'ils restent dans les pâturages jusqu'à l'âge d'entrer au service de l'armée, ceux qui échapperont aux accidents des premières années, seront exposés à toutes les maladies que le régime de l'avoine, et celui des écuries et du service, ne peuvent manquer de développer. Si, pour éviter ces inconvénients, on batit des écuries nombreuses, si on établit des systèmes de culture, si on instruit les poulains dans ces dépôts, si on construit tous les bâtiments nécessaires à loger les employés, si on calcule les intérêts du capital employé, et les dépenses annuelles ; je le dis, les poulains élevés dans ces dépôts reviendront certainement plus chers, beaucoup plus chers à l'État, que si on les achetait des cultivateurs au moyen des dépôts permanents de remontes, à l'âge de quatre ou cinq ans, et guéris des suites de la castration.

Cette institution des dépôts de poulains serait néanmoins complétement dans l'intérêt de l'agriculture, et je ne serais pas éloigné de conseiller de la tenter, s'il était pos sible qu'elle le fût avec la certitude que, si elle était mauvaise, elle serait abandonnée. Mais toute institution tentée par l'État, quelque mauvaise qu'elle soit, est ensuite continuée, malgré ses désavantages réels, apparents même, parce qu'elle crée des intérêts particuliers qu'on ne sait plus comment compenser, et qui, toujours sur leurs gardes, s'abusent souvent eux-mêmes sur l'utilité de la chose, et savent toujours abuser des administrateurs supérieurs qui ne peuvent être instruits de la matière. Je n'en

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