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oublier Servin expirant, en plein lit de justice devant le roi, en lui faisant entendre la vérité.

Servinum una dies pro libertate loquentem
Vidit, et oppressã pro libertate cadentem.

C'était en effet à ce moment que le cardinal de Richelieu établissait son pouvoir. Il faut entendre le cardinal de Retz parler de la façon dont ce grand artisan de despotisme se comporta avec le parlement :

« Il fit, pour ainsi parler, un fonds de » toutes les mauvaises intentions et de tou»tes les ignorances des deux derniers siè» cles, pour s'en servir selon ses intérêts. » Il les déguisa en maximes utiles et néces» saires pour établir l'autorité royale; et la » fortune secondant ses desseins, il forma, » dans la plus légitime des monarchies, la » plus scandaleuse et la plus dangereuse ty>> rannie qui ait peut-être jamais asservi un » État. L'habitude nous endurcit à des choses » que nos pères ont appréhendées plus que » le feu. Nous ne sentons pas la servitude » qu'ils ont détestée, moins encore pour » leur propre intérêt que pour l'intérêt des » rois. Le cardinal de Richelieu a fait des » crimes de ce qui faisait autrefois des ver»tus.... C'est lui qui a commencé à punir les » magistrats pour avoir avancé des vérités » pour lesquelles leur serment les obligeait » à exposer leur propre vie. »

Le cardinal de Richelieu commença les exils, les emprisonnements, les interdictions et toutes ces violences contre les libres suffrages du parlement, dont les ministres ses successeurs recueillirent le précieux héritage. Désormais toute idée de droit public disparut; les circonstances décidèrent de ce que le parlement était dans la constitution française: tantôt le premier corps de l'État, tantót n'ayant pas même l'indépendance de ses attributions judiciaires. Ces sortes de communications aimables, cette influence de bons et sages conseils demandés ou reçus, qu'on avait eues jusqu'à la mort de Henri IV, n'existèrent plus.

Par une inconséquence, qui ne fut pas la dernière, Anne d'Autriche se servit du parlement pour faire casser le testament de Louis XIII; puis, à la première contradiction, recommencèrent les emprisonnements et les exils, les lits de justice et les enregistrements forcés. La violence est un moyen dangereux pour les faibles et les mal habiles. On ne tarda pas à avoir les séditions et les

guerres de la Fronde. Ce fut, avec plus de force et de durée, ce qui s'était déjà montré sous la régence de Marie de Médicis. Le parlement était d'avance condamné à n'arriver à aucun résultat. Il y avait dans ses relations avec le pouvoir royal des difficultés insolubles. Il manquait de titres pour parler au nom de la nation. Victorieux, il ne pouvait gouverner; vaincu, il était sans ressource, personne ne marchait derrière lui.

Lorsque toutes les résistances à l'autorité royale se furent montrées impuissantes) à établir l'ordre et à faire le bien du pays, elles se trouvèrent décriées; l'opinion se retira du parlement lui-même,} et le pouvoir absolu put se déployer librement. Ce fut alors qu'on vit un jeune roi venir, en habit, de chasse et un fouet à la main, insulter la première magistrature de son royaume. Souvenir cher et révéré de tous les frivoles adorateurs du pouvoir absolu; seul acte royal qui ait fait jurisprudence pour eux.

A dater de ce moment jusqu'à la mort de Louis XIV, le parlement disparut de la scèné politique. Des édits de 1657 et de 1673 prescrivirent l'enregistrement forcé des ordonnances et interdirent les remontrances autrement que par écrit. Ces ordonnances ont par suite été regardées comme nonavenues, de même que l'ordonnance de Moulins et les ordonnances de 1629 et 1641, rendues sous le cardinal de Richelieu. Car « il y a des lois dans les empires, dit Bossuet >> lui-même, contre lesquelles tout ce qui se >> fait est nul de droit; et il y a toujours » ouverture à revenir contre, ou dans d'au» dres occasions, ou dans d'autres temps.

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Avec la régence et la cassation du testament de Louis XIV, reparut le parlement. Pour premières paroles, le duc d'Orléans promit de s'aider de ses conseils et de ses sages remontrances. Bientôt après vint la querelle des princes légitimés. Jamais le parlement n'avait semblé avoir une telle importance. Mais durant les soixante années qu'il avait passées dans la soumission et le silence, tout avait bien changé en France. Lumières, richesses, égalité entre les divers ordres de l'État, liberté d'examen, mouvement des esprits, importance des lettres et des sciences, puissance de l'opinion, telles étaient les circonstances nouvelles où renaissait l'action parlementaire. Maintenant la nation ne cherchait plus d'humbles et incertaines garanties dans un droit écrit et

contesté; elle ne se mettait plus sous l'égide de ses magistrats. Elle marchait à une réforme sociale; sa force était dans ses mœurs, non dans ses lois. Elle n'avait plus besoin d'un organe légal pour faire entendre sa voix. De toutes parts, de toutes manières, elle proclamait ses opinions; le pouvoir en, était enveloppé et pénétré, participant sans le savoir au mouvement universel. Il semble, au premier coup-d'œil, que l'histoire politique du dix-huitième siècle consiste dans le progrès des idées, et dans le changement de relations des hommes entre eux. Il faut la réflexion et l'examen pour voir que le gouvernement a eu aussi une part importante dans l'histoire du pays. Sur ce théâtre le parlement eut un rôle fort actif, et plus d'une fois son action se mêla à l'impulsion générale; jamais toutefois il ne retrouva cette popularité qu'il avait eue jadis. Il ne lui était plus donné d'agiter les esprits.

Sa première lutte eut pour objet les opérations de finance de Law; opérations mal conçues par ceux qui les proposaient, encore moins par ceux qui y résistaient. Cette résistance ramena les lits de justice, les exils, les lettres de cachet, la suspension de la justice. En définitif, la ruine et le scandale du système semblèrent donner raison au parlement. En beaucoup d'autres occasions, sa résistance, ses refus d'enregistrement, ses remontrances, eurent pour objet des édits fiscaux, des mesures de finance. Son intervention y fut peu utile; elle ne pouvait ni imposer l'économie, ni faire respecter la foi promise, ni fonder le crédit public. Étranger à l'administration, ne lui prêtant nul secours, augmentant ses embarras, sans vouloir même les apprécier, le parlement apparaissait en de telles affaires avec le seul avantage de rappeler que le gouvernement de la France ne devait pas être absolu.

Sa querelle la plus longue, la plus vive, la plus obstinée, eût été plus étrangère encore aux intérêts nationaux, s'il ne s'y était pas mêlé une persécution odieuse, et une foule innombrable d'abus de pouvoir. Il s'agissait de cette bulle imposée à Louis XIV dans ses derniers jours par les jésuites, lorsque, après la révocation de l'édit de Nantes et la destruction de Port-Royal, il leur fallut inventer une persécution nouvelle, afin de dominer toujours l'État et l'Église. Pendant quarante années au moins,

l'acceptation de cette bulle entretint une guerre intestine entre la magistrature, l'autorité royale, le clergé, les évêques, les corps enseignants. Le cardinal de Fleury ne connut guère d'autre emploi de la puissance royale, que de faire respecter la bulle; quarante mille lettres de cachet traînèrent dans l'exil ou dans les prisons de pauvres religieuses, des prêtres inconnus, d'obscurs fanatiques. Le jansénisme se ranima, non plus le jansénisme d'Arnaud et de Pascal, mais une dévotion obstinée, étroite, mêlée aux extases et aux folies des convulsionnaires; l'administration des sacrements devint matière de procédure; les droits de la puissance civile et de la puissance ecclésiastique furent mis en discussion. Il y eut des remontrances et des exils du parlement : une opposition noble et courageuse d'un côté; et de l'autre, tout l'appareil du despotisme, et cela pour une question imperceptible. Souvent une nuance, frivole en apparence, sépare des factions ennemies; mais sous ces drapeaux combattent, quelquefois même à leur insu, des opinions fondamentales qui embrassent tout l'état social. Il n'en était pas ainsi : c'était ailleurs et d'une autre sorte que se traitait le grand procès du dix-huitième siècle; c'était à la veille de la guerre de sept ans, que l'autorité royale faisait étalage de pouvoir absolu pour la bulle Unigenitus; c'était du temps de Voltaire, de Montesquieu et de Rousseau, que le clergé et ces jésuites, qu'on dit si habiles, poursuivaient de pauvres gens humblement soumis aux croyances religieuses.

Le dénoument de cette trop longue lutte fut la destruction des jésuites; leur domination était de jour en jour devenue plus odieuse et moins solidement établie. Ils avaient perdu tout ce qui leur avait donné de la force et de l'éclat; ils s'étaient corrompus par le succès et dans la possession du pouvoir royal, qu'ils avaient fait leur serviteur. Les parlements, leurs éternels adversaires, prirent tout l'avantage des circonstances, et accomplirent cette œuvre qui, pendant plus de deux cents ans, avait excédé leur pouvoir. L'esprit du temps y avait une si grande part, qu'à peine se montra-t-il reconnaissant pour la magistrature. Ce n'était plus le jansénisme qui triomphait des jésuites, et il y avait maintenant contre le pouvoir du clergé d'autres garanties que les remontrances.

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Peut-être y eut-il de la part de l'autorité royale, encore étonnée d'avoir sacrifié les jésuites, quelque désir de réaction et de vengeance dans les procédés despotiques qu'elle ne tarda pas à déployer contre les parlements. Véritablement leur esprit d'opposition, sans avoir une grande efficacité, avait fait depuis cinquante ans de grands progrès. L'administration les trouvait sans cesse et partout sur son chemin. Sans se mêler en rien du gouvernement, sans exercer aucune influence sur l'ensemble des affaires, ils marquaient à leur manière, selon leurs formes et dans leur langage, le malaise de la nation et le désaccord du pouvoir et de la société. Leurs doctrines toutes historiques, et s'appuyant sur un droit positif, ne ressemblaient nullement aux doctrines abstraites et philosophiques, mais plus que jamais elles avaient pris corps. Elles avaient plus de clarté et de développement que jadis. En outre, et c'était une circonstance nouvelle, tous les parlements du royaume en étaient venus à former comme une seule et même corporation, régie par un même esprit, se correspondant dans ses diverses parties, concertant ses mouvements, prenant fait et cause pour chacune de ses compagnies. Les cours des aides étaient entrées dans cette corporation judiciaire; les tribunaux inférieurs en dépendaient; ce monde innombrable de gens de loi, le barreau si puissant en France, formaient comme une nation qui se mettait en émoi et en clameur au signal des remontrances, des exils et des lits de justice.

Ce fut à l'époque où l'autorité royale avait le plus perdu en respect et en considération qu'elle voulut trancher toutes ces difficultés, et s'installer, toute misérable qu'elle était devenue, dans le pouvoir absolu. Les parlements revirent alors une lueur de leur ancienne popularité; ce n'étaient plus les séditions de la Fronde, ni les prises d'armes de la vieille bourgeoisie; mais tout ce que l'opinion des gens de bien et des hommes raisonnables peut avoir d'hommages, entoura la magistrature. Rien ne fut plus noble, plus grave que leur résistance contre des ministres décriés, et une cour avilie. Leur langage fut au niveau de la situation; ils élevèrent des yoix puissantes et vertueuses contre les prétentions insolentes et légères du despotisme. Les remontrances de M. de Malesherbes à la tête de la cour des

aides demeureront un modèle d'éloquence civique et magistrale.

Louis XVI sentit la nécessité de tirer le gouvernement du mépris où il était plongé, et rappela les parlements. Déjà un instinct confus enseignait à toutes les classes de la nation, et au roi lui-même, que de profondes réformes étaient nécessaires pour préserver le pays d'une révolution. Sans qu'il y eût, en fait, un tyrannie pesante, le pouvoir absolu existait en droit, et partout on éprou. vait le besoin d'avoir un gouvernement juste, éclairé, sérieux, ferme, inspiré par l'intérêt public, fort de l'opinion générale. Le parlement ne pouvait prendre part à ce mouvement, ni prêter à l'administration l'appui qui lui eût été nécessaire. L'esprit de conservation, qui avait été le mérite de la magistrature, devait en de telles circonstances s'empreindre de préjugés, et s'opposer aux changements utiles. Son action utile pour la défense des droits privés avait toujours été inefficace et sans résultats pour l'établissement du droit politique. Jalouse de l'administration, accoutumée à la combattre par une méfiance le plus souvent fondée, elle ne pouvait en comprendre l'esprit ni la marche. Un ministre actif dans l'intérêt du peuple était donc destiné à trouver une résistance parlementaire, tout comme un ministre actif dans l'intérêt de la puissance royale.

:

C'est ce que le chancelier Maupeou luimême avait entrevu, quand il avait eu l'intention de faire concourir la suppression des parlements avec de raisonnables et populaires réformes, afin de motiver et d'excuser cet acte de despotisme. Mais le pouvoir absolu a beau se prescrire ce but, il n'est pas en lui de l'atteindre des intérêts restreints, des préjugés individuels ou de corporation détournent toujours le despotisme à leur profit, lors même qu'il n'existe point par eux ou pour eux. Les vues du chancelier Maupeou n'eurent pas même un commencement d'exécution, et ne furent pas aperçues. Ce n'était ni Louis XV, ni ses ministres corrompus, qui devaient entreprendre cette tâche, et combattre la magistrature sur ce terrain. M. Turgot et M. de Malesherbes, tous deux grands citoyens, philosophes, magistrats, hommes de sagesse et de prudence, étaient réservés, comme le chancelier L'Hospital, à se voir arrêter par le parlement dans le désir de faire le bien. La

suppression de la corvée, la liberté du commerce des grains, l'affranchissement de l'industrie, donnèrent lieu à des remontrances, et furent enregistrées par lit de justice. Le parlement entra pleinement dans les frivoles intrigues des courtisans, et s'annonça comme ennemi de toute amélioration, en proscrivant dès l'abord les plus raisonnables, les mieux démontrées.

M. Necker se présenta moins comme un réformateur systématique, et ne rencontra pas une résistance ouverte dans les parlements; mais il les considéra toujours comme le principal obstacle aux projets qu'il concevait pour le bien public. Nul accord ne pouvait s'établir avec eux pour conférer aux citoyens des droits devant lesquels auraient disparu les attributions parlementaires, pour créer des institutions qui auraient eu une consistance réelle et de véritables pouvoirs.

M. de Calonne était un homme de l'école dn chancelier Maupeou. Il voulait être courtisan, et rendre facile et absolu l'exercice du pouvoir royal; en même temps il voulait gagner l'opinion publique, et prendre pour auxiliaire l'esprit du temps, en exécutant, d'autorité, des choses raisonnables; désirs vains et contradictoires, puisque c'est uniquement pour éviter l'équité et la raison que les partisans du despotisme réclament son établissement ou son maintien.

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Aussi la popularité échappa au ministre, et passa à l'opposition parlementaire. Toute fois elle commençait à se confondre et se perdre dans l'opposition universelle. On avait voulu dompter la magistrature par une assemblée de notables et par la voix publique au lieu de cela, on déchaîna contre soi non pas seulement la magistrature, mais les notables et la voix publique. Alors s'éleva dans le parlement la demande des états-généraux. Tous les pouvoirs de l'État se reconnaissaient à la fois insuffisants, et, pour ainsi dire, illégitimes. Chacun cherchait dans la nation un appui pour détruire les autres ; il n'y avait pas un projet ministériel qui n'eût pour condition première la destruction des parlements, l'abolition des priviléges, l'abaissement des deux premiers ordres. Rien n'était plus forcé que la convocation des états-généraux. Sans cela le gouvernement eût succombé devant cette résistance passive, la plus efficace de toutes. Les liens moraux, qui font la force du pou

voir, étaient tous dissous. Il fallait trouver un moyen de les renouer. La monarchie n'a point profité de la seule chance de salut qui lui restât; mais il n'est pas surprenant qu'elle l'ait tentée. Le parlement ne fut point reprochable de l'avoir indiquée. Il ne fit que donner un caractère authentique au cri universel, à une nécessité flagranie.

On se débattit quelque temps contre cette déclaration d'incompétence du parlement, qui, après tant d'années, venait de rappeler que la nation seule avait le droit de consentir des impôts. A la veille d'entamer de bien autres luttes, l'autorité royale recommença à combattre le parlement avec les vieilles armes. Après les refus d'enregistrement et les remontrances, on vit le lit de justice; après les protestations, un enregistrement forcé; puis l'exil à Troyes. Une négociation fut alors entamée : les états-généraux devaient être réunis dans cinq ans, et en attendant, on demandait à pourvoir au déficit des finances par des emprunts. Dans l'espoir de faire enregistrer les édits qui réglaient ces mesures, le roi vint au parlement le 19 novembre 1787. Là il trouva des résistances inattendues; là il entendit un discours qui rappela la vieille et rude éloquence des parlements du seizième et du dix-septième siècles : discours étranger par son ton et par ses motifs à tout le mouvement des esprits, comme M. de Saint-Vincent, qui le prononça, était étranger à toutes les intrigues. Ce discours doit rester comme le dernier monument, les suprêmes paroles de la vieille liberté française, de l'esprit d'opposition bourgeoise, de la fidélité sincère et courageuse. Il fallut donc continuer à sévir contre le parlement. Des magistrats furent emprisonnés arbitrairement. Bientôt on renouvela la tentative de 1771. L'archevêque de Sens, alors premier ministre, voulut détruire les parlements et donner à la France une constitution. On créa des bailliages pour leur enlever la plus grande partie de leur juridiction, et l'on inventa une cour plénière pour enregistrer les actes de l'autorité royale. D'avance, le parlement protesta contre de si grandes nouveautés, rappela les lois fondamentales du royaume, si souvent contestées ou mises en oubli depuis si long-temps, et en légua le dépôt au roi, à la nation et aux états-généraux. Les mesures violentes, le déploiement de la force militaire, l'arrestation de deux magistrats au sein même du

parlement, suivirent cette démarche solennelle. Cependant la France entière, tous les parlements du royaume, les Etats de Bretagne, les États de Dauphiné qui s'étaient assemblés de leur propre autorité, enfin le clergé lui-même, s'élevèrent contre un si grand acte de despotisme. Il fallut renoncer à la cour plénière, promettre la convocation prochaine des états-généraux, renvoyer l'archevêque de Sens, rappeler M. Necker, et rouvrir le parlement.

C'en était fait de lui comme de tous les éléments de la monarchie. La scène allait changer. Après s'être défendu contre les entreprises des ministres, et avoir appelé la nation à son secours, il fallait maintenant se défendre contre la nation; et ici la résistance devait être inutile et presque inaperçue. Le parlement, en enregistrant l'édit de convocation des états-généraux, y mit pour condition qu'on suivrait les formes des états de 1614, c'est-à-dire, la délibération par ordre et la représentation du tiers-état à peu près égale à la représentation de chacun des autres ordres. Dès-lors disparut toute la popularité qui s'était attachée au parlement. Une haine aveugle commença à poursuivre tous ceux qui cherchaient à sauver quelques débris du régime dont la ruine allait se consommer. Qu'aucune reconnaissance nationale, qu'aucune tradition de respect n'aient protégé le parlement contre sa destruction, cela est tout simple : ainsi devait procéder la révolution. Mais le souvenir de ces vertueux défenseurs de notre liberté, mais cette gloire de la France aurait dû échapper au commun anathème qui enveloppa tout le passé. Les uns imputèrent aux parlements un esprit d'opposition, une usurpation sur le pouvoir absolu, de séditieuses prétentions, sans voir ce qu'il avait de modéré, de conservateur et d'humble dans son intervention; les autres n'ont été frappés que de ce qu'il y avait de faux dans sa position, d'incomplet dans ses droits, d'incertain dans sa marche, d'étroit et de pédantesque dans son esprit. Et pourtant il nous est resté, des temps anciens, un fonds de respect pour la magistrature, un instinct populaire qui va y chercher ses sauve-gardes, et son secours contre l'arbitraire. Malgré de si énormes différences, encore que nos tribunaux ne soient pas même une ombre de cette grande institution, ils ont recueilli quelques débris de son héritage, et peuvent aussi s'honorer par leur indépendance,

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qui protége encore plus que des droits pri-
vės. Voyez ARBITRAIRE, BULLE, Concordat,
Despotisme, Féodalité, Jésuites, Justice,
LIBERTÉS GALLICANES, MAGistrature, Mo-
NARchie, Prairie, Pragmatiques-sanCTIONS,
PREROGATIVES, Réforme religieuse,
SENTATIF-GOUVERNEMENT et RÉVOLUTION.
BARANTE.
REMORDS. Voyez AMOUR DE SOI, CON-
SCIENCE, MORALE et VERTUS.

* REMUS. Voyez ROMULUS.

REPRÉ

* RÉMUSAT (Pierre-François DE), littérateur, né en 1755 en Provence, mort à Marseille en 1803. On a publié ses Poésies diverses, suivies du Comte de Sanfrein, ou l'Homme pervers, comédie en 3 actes et en vers, et d'un Mémoire sur sa détention 1817, à la prison du Temple; Marseille, Claire-Élisabeth-Jeanne GRAVIER in-80. DE VERGENNES, comtesse de RÉMUSAt, nièce du comte de Vergennes, ministre sous Louis XVI, naquit en 1780, et épousa à seize ans M. de Rémusat, depuis préfet du palais impérial. Attachée elle-même à l'impératrice Joséphine en qualité de dame du palais, elle continua de faire partie de sa maison après 1809, suivit, depuis la restauration, son mari dans les diverses préfectures où il fut appelé, et mourut à Paris en 1821. Entre autres ouvrages que, dit-on, elle laissait manuscrits, se trouvait celui qu'a publié són fils en 1824, sous ce titre : Essai sur l'éducation des femmes, Paris,

in-8°.

sur le

*RENA (CÔME DE LA), écrivain italien du 17e siècle, membre de l'Académie de la Crusca et chef de celle créée à Florence sous la protection des Médicis, a laissé une Chronologie des anciens ducs de Toscane, avec des notices sur l'empire romain, règne des Goths et des Lombards, depuis l'exile de Momilus Augustulus jusqu'à la mort de l'empereur Othon III; Florence, 1690, in fol. Il n'a paru que la première partie de cet ouvrage.

RENARD. (Zoologie.) Les principes adop tés en mammalogie font réunir dans le genre chat des animaux qui en diffèrent aux yeux du vulgaire, c'est-à-dire, le lion, le tigre, le lynx, etc. Il en est de même des renards, des loups et des chiens ces trois espèces appartiennent au même genre. Comme elles n'ont point été décrites séparément dans cet ouvrage, nous les réunirons dans cet article.

Le genre chien se divise naturellement en

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