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qu'il ne s'agissait pas de lụi, et qu'il n'était d'approuver ou de censurer leur conduite. pour rien dans ces terribles débats. Créée jadis pour l'aristocratie financière de la Hollande, cette forme de gouvernement est très-sage; le peuple même y parle par organe de ses représentants. Ce n'est pas, certes, la république, puisque le peuple absent ne saurait imprimer un sceau national aux décisions de ses mandataires; mais les représentants ne pouvant dire que ce que le peuple leur a dicté, cette forme de gouvernement est presque républicaine,

La république, au contraire, avait cu le grand art d'associer la nation à ses destinées; elle improvisait des armées; et les Français, laissant les crimes à quelques démagogues en fureur, volaient, avec une ardeur inconnue aux plus beaux jours de l'antiquité, défendre le pays partout où le pays était attaqué. Toute comparaison entre ces gouvernements serait un outrage. Pourquoi cependant fait-on pour celui qu'on abhorre ce qu'on refuse de faire pour celui qu'on admire, pour celui qu'on aime? N'est-ce pas seulement que la France étant admise à participer à un système, tandis qu'elle était exclue des autres, son propre intérêt l'a portée à donner à celui-là les secours qu'elle refusait à ceux-ci? Il est donc vrai de dire que tout gouvernement eprésentatif doit asseoir la représentation sur de larges bases, et qu'il ne peut se dire national qu'autant que la nation, participant à sa souveraineté, est intéressée à son existence.

Cependant ce qui a déterminé les formes spéciales du gouvernement représentatif en Europe, c'est, il faut en convenir, la haine ou la crainte de la démocratie; et partout on a tenté de l'affaiblir.

Ici on interdit la souveraineté à une par tie des citoyens; et comme les propriétés que possèdent les riches sont des otages de leur soumission.c'est sur la pauvreté que pèse l'interdiction. Antipater exclut douze mille des plus pauvres Athéniens des assemblées du peuple; en France, trente millions d'individus sont privés de tout droit électoral,

Là, la manière dont on divise les élections et dont on recueille les suffrages, est elle seule une fraude politique: selon que les Romains se réunissaient en comices, par curie, par centurie ou par tribu, le peuple ou le sénat était sûr de la victoire. Nous avons des grands et des petits colléges qui offrent la même alternative. L'Angleterre a des bourgs-pourris. Je ne dis rien de ces fraudes par lesquelles on contraint l'électeur à voter pour tel candidat, à écrire son vote sous l'œil du président; je ne dis rien encore de ces jongleries de faussaires par les quelles des bureaux lisent sur les bulletins des noms qui n'y sont pas inscrits,

Ailleurs, les représentants ne sont que de simples mandataires; chargés d'un mandat, ils sont contraints d'en remplir toutes les clauses, et les électeurs conservent le droit

Partout enfin le système électoral est combiné de manière à offrir les chances les plus favorables aux fonctionnaires salariés du gouvernement de telle sorte que ceux-là votent l'impôt qui vivent de l'impôt. Aveuglément assujétis aux caprices du prince, par la peur de perdre des places ou par l'es. poir d'en obtenir, ils forment pour ainsi dire un homme double ; le député vend au ministère l'intégrité du magistrat, et le magistrat conserve ou améliore son emploi par la vénalité du député.

C'est ainsi que tout système représentatif est exclusif de la démocratie, et n'offre qu'une aristocratie élective, s'alliant à l'aristocratie héréditaire pour former les conseils délibératifs de la monarchie.

Les formes aristocratiques deviennent encore plus saillantes lorsque la généralité des citoyens est privée du droit d'élire ; lorsque les titres, les places, la fortune donnent seuls la qualité d'électeur; lorsque tous les électeurs n'ont pas un droit égal à l'élection; lorsqu'il existe une classe privilégiée dans laquelle on est forcé de choisir les candidats; lorsqu'il existe plusieurs classes d'éligibles, plusieurs degrés d'éligibilité ; lorsque l'élection doit être sanctionnée par les corps aristocratiques; lorsqu'enfin les élus ne sont que des candidats présentés au choix du monarque.

Le gouvernement représentatif alors n'est plus que l'ombre du gouvernement républi. cain, et cette ombre effraie encore les princes les plus forts. Napoléon proscrit le droit de discussion; les membres votent, et les corps ne délibèrent pas! Muets façonnés aux mœurs du sérail, des législateurs font des lois à coups de boules, et comme on joue aux dés, sans que des lumières rivales puissent éclairer leur esprit et guider leur conscience, L'Angleterre, moins audacieuse, mais plus habile, exclut par l'artifice de ses élections et la honte de ses bourgs-pourris, la démocratie de la chambre populaire. Ce

ne sont pas les communes qui résistent en corps aux usurpations de l'aristocratie, aux envahissements du monarque, mais une minorité que l'or ne peut séduire, que le pouvoir ne peut intimider; cette opposition seule embrasse la défense des libertés publiques; seule elle représente le peuple anglais; scule elle lutte contre la puissance, non par sa volonté, le petit nombre s'y oppose, mais par l'appui de l'opinion générale, par la force des principes, par l'éclat d'une patriotique éloquence.

Cette opinion publique, sur laquelle s'appuie l'opposition, a été jusqu'à ce jour bizarrement traitée : reine des États représentatifs selon les uns, séditieuse et criminelle selon les autres, on l'encense, on l'outrage, et personne ne la connaît encore. Dans les républiques, il est aisé d'apprécier l'opinion des divers corps de l'État. Sur le Mont-Sacré, la révolte signale celle du peu ple; au forum, le sang des Gracques; sur le roc Tarpeien, les membres épars de Manljus, proclament celle du sénat. L'ostracisme indique les craintes qu'inspirent les grands citoyens et leur influence dans Athènes. En France, les lois, les ordonnances, la presse, manifestent l'opinion des princes, des ministres, des majorités parlementaires. Du haut de la tribune, celle des minorités des cend dans tous les rangs de la société ; et tout cela cependant n'est pas encore l'opinion publique, C'est elle qui, dans la cham bre de 1815, soutient le seul député dont la voix se fit entendre en faveur de la justice et de l'humanité; elle prête son appui à ces douze orateurs qui, sous le ministère Villèle, osèrent, contre trois cents vénalités, défendre les libertés du pays et l'honneur de la nation. Qu'est-ce donc que cette puissance inconnue, invisible, qui arrêta la terreur de 1815, qui fit tomber le ministère de sept ans, et sous le poids de laquelle le ministère Polignac chancelle malgre ses appuis? N'avons-nous pas vu qu'en dehors du rouage représentatif, il existait trente-deux millions d'individus? Ne voyons-nous pas qu'on traite de leurs intérêts sans leur concours? Ils ne peuvent, comme les électeurs, comme les élus, se défendre, se protéger par leur propre volonté; leur yoix, qui ne sort d'aucun scrutin, n'est d'aucun poids dans la balance politique. Or, les hommes qui ne peuvent manifester leur volonté, peuvent du moins exprimer leur opinion, Voilà pourquoi, à côté de l'opinion des mi

nistres et de celle des majorités, retenut celle du peuple. Une voix qui trouve trentedeux millions d'échos, est nécessairement une puissance souveraine; comme elle est la force morale suprême, toutes les forces physiques se brisent devant elle. La presse, les minorités ne deviennent redoutables que lorsqu'elles sont leur organe fidèle. Elle se sert de ses adulateurs ; elle se rit de ses adversaires, Seule devant survivre à tous, patiente parce qu'elle est éternelle, elle attend son triomphe, e son triomphe est certain. Le fanatique qui l'exagère est un fou; le ministre qui la dédaigne est un sot. Le despotisme a dit : « la voix du peuple est la voix de Dieu; l'opinion est la reine du monde. » Et ce que les princes ont reconnu dans leur autocratie, les papes dans leur infaillibilité, quelques aveugles peuvent-ils le méconnaitre ? Eu créant le gouvernement représentatif, ce fut un malheur de créer l'opinion publique, et de la créer si redoutable. Si, par les lois organiques, on eût constitué les petites représentations départementales et communales; si chacun eût pu, dans une hiérarchie politique sagement combinée, se protéger par sa volonté, personne n'eût eu besoin de se protéger par son opinion; et la voix publique eût perdu tout ce qu'elle a d'ombrageux, d'insultant et d'hostile; au lieu d'épouvanter par ce qu'elle peut avoir d'effréné, elle eût servi de frein à la représentation nationale même.

Car, il ne faut pas s'y méprendre, sous un prince fort, la servitude des représentants fait pitié; elle fait horreur sous les princes faibles. Alors les représentants pensent être le peuple même ; ils revendiquent la souveraineté, gouvernent l'État, placent le prince sous leur tutelle ; ils imaginent des constitu tions, changent la forme de l'État, exilent, proscrivent, condamnent les plus digues citoyens; excluent les princes du trône, et usurpent même le droit de les accuser, de les juger, de les condamner. Si l'Angleterre et la France eussent complété et coordonné leur système représentatif, ces horreurs n'eussent jamais souillé le pays.

Mais, comme nous l'avons déjà dit, l'Angleterre est le pays-modèle des gouvernements représentatifs. Il effrayait peu les Plantagenets, les Tudors, les Stuarts: ils espéraient des événements peu probables, mais possibles, qui leur livreraient cette forme politique; ils espéraient intimider la faiblesse, séduire l'ambition, corrompre la

vénalité ; ils ont essayé l'or, la ruse, la force. Charles Ier y laissa la vie; Jacques II y laissa le trône. Toute tentative usurpatrice a échoué; l'une était tardive, l'autre prématurée. Rien n'a réussi; le succès même n'y pouvait être durable, car les moyens de corruption s'usent et ruinent les corrupteurs. Cet espoir perpétuel d'envahissement futur a seul empêché qu'on n'échelonnât le système représentatif, et qu'il ne descendit jusqu'au peuple. Devait-on rendre populaires des libertés qu'on voulait envahir?

Aussi, cette représentation, née du système féodal, serait-elle impraticable chez un peuple qui, avec l'énergie de la jeunesse, la conscience de ses mœurs, de sa force, de son patriotismé, de ses droits, de ses devoirs, voudrait jouir d'une liberté dont il serait digne; mais il est admirable chez ces nations civilisées que la mollesse, la corrup tion, l'avidité, l'égoïsme, ont dès longtemps énervées les rois s'y reposent sur leurs ministres ; les peuples, sur leurs représentants.

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PAGES.

REPRÉSENTATION. Voyez REPRÉSENTATIF-GOUVERNEMENT et SUCCESSION. REPRODUCTION. Voyez ANIMAL, Gé

NÉRATION et VÉGÉTAL.

REPTILES (Zoologie.) Animaux qui composent la quatrième classe des vertébrés, et dont l'étude est le but de l'erpétologie. (Voyez ce mot.)

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Créatures d'essais, s'il est permis de s'exprimer ainsi, et formés, comme on le verra tout à l'heure, sur divers modèles, en des âges différents de la création, les reptiles devaient porter dans leur ensemble certains caractères disparates communs à d'autres séries d'animaux très-différentes, comme pour en établir la liaison aussi voyonsnous que, malgré les analogies qui ne permettent pas d'éloigner les uns des autres, dans une méthode naturelle, les reptiles qui sont demeurés nos contemporains, il n'existe guère entre ceux-ci de ces grands caractères communs qu'on voit dominer l'ensemble des autres classes, et les asservir pour ainsi dire à des types assez bornés dans leur physionomie générale. Ainsi, quand la plupart des reptiles sont ovipares, il en est qui produisent leurs petits vivants. Les uns ont quatre pattes, comme la généralité des mammifères; d'autres deux seulement, quand les serpents n'en ont pas du tout. Ceux-ci ont le corps couvert d'écailles, ceux-là d'une boîte ou de boucliers osseux. Les batra

ciens l'ont nu, avec la surface de la peau muqueuse. La plupart ont une queue; d'autres en manquent absolument. Ils vivent sans cesse dans l'eau, ou seulement, selon leur âge, à certaines époques de leur développement; ou bien ils fuient l'humidité, se plaisant dans les expositions les plus sèches. Quand la moindre lumière fatigue le protée, et que l'ombre est favorable à beaucoup d'espèces, les rayons du plus ardent soleil semblent ranimer divers lézards. Outre qu'il en est qui marchent, rampent, sautent ou qui nagent, il en est qui voltigent à l'aide d'espèces d'ailes. On en connaît de fort venimeux et de parfaitement innocents, de féroces et de familiers, de carnivores et d'herbivores, d'agiles et de lourds, d'élégants et d'horriblement laids, d'ongulės et de totalement privés d'ongles, de munis de dents et d'autres qui en sont tout-à-fait privés, de bons à manger, et certains qui ont la chair détestable. Enfin, les uns naissent sous des formes qui ne font que se développer en grandissant, sans s'altérer beaucoup; d'autres, sans qu'ils cessent jamais d'être des reptiles, sont sujets à des mues ou changements de peau, comme on en voit chez les chenilles ; tandis qu'il en existe qui passent par des métamorphoses aussi complètes que celles des insectes, étant, pour ainsi dire, poissons durant une partie de leur existence. Le squelette y varie particulièrement d'une manière étrange.

« C'est surtout dans la production des reptiles, dit le grand Cuvier, que la nature semble s'ètre jouée à imaginer les formes les plus bizarres, et à modifier, dans tous les cas possibles, le plan général qu'elle a suivi pour les animaux vertébrés. • L'absence de plumes et de poils est la particularité qui les singularise peut-être le mieux; et c'est d'après cette considération que M. Blainville proposait de substituer le nom de nudipellifères à celui de reptiles. Il n'en est pas non plus qui couve ses œufs, ou témoigne le moindre intérêt à sa progéniture. Privės de mamelles, et conséquemment de lait, les reptiles ont, comme les poissons, le sang froid, quoique rouge, et ceci tient à la manière dont s'exerce chez eux la respiration. « Ces animaux, dit encore M. Cuvier, out le cœur disposé de manière à ce qu'à chaque contraction, il n'envoie dans les poumons qu'une partie du sang qu'il a reçu des diverses parties du corps, et que le reste de ce fluide retourne aux parties sans avoir été

respiré. Il en résulte que l'action de l'oxigène sur le sang est moindre que dans les mammifères, et surtout que dans les oiseaux. Comme c'est la respiration qui donne la chaleur au sang, et à la fibre la susceptibilité de l'innervation, outre qu'ils ont le sang froid, les reptiles n'ont pas la force musculaire très développée; aussi n'exercent-ils que des mouvements de reptation ou de natation; et quoique plusieurs sautent et courent vite dans certaines circonstances, leurs habitudes sont généralement paresseuses, leur digestion lente, leurs sensations obtuses; et dans les pays froids ou seulement tempérés, ils s'engourdissent presque tous durant l'hiver. » Leur cerveau, proportionnellement très-petit, ne parait pas être aussi nécessaire qu'il l'est chez les mammifères ou chez les oiseaux, à l'exercice des facultés animales et vitales. Les reptiles continuent d'agir durant un temps assez considérable quand on le leur enlève. On connaît l'expérience de Redi, qui, ayant extrait cet organe chez une tortue de terre, celle-ci vécut encore pendant six mois, sans avoir éprouvé d'autre accident que la perte de la vue. On sait aussi que des grenouilles, à qui l'on avait coupé la tête durant l'accouplement, n'ont pas cessé de poursuivre l'acte de la généra tion, en fécondant jusqu'à la fin les œufs qu'émettaient leurs femelles. Enfin des sa lamandres, auxquelles on avait fait la même opération, ou coupé les pattes, ont reproduit ces parties d'elles-mêmes pourtant si importantes, comme les lézards et les orvets reproduisent leur queue quand celle-ci vient à leur être enlevée par quelque accident. Comme il n'est, pour ainsi dire, pas de formes qui soient communes à tous les reptiles, et que les habitudes sont la conséquence des formes, ces habitudes varient considérablement, non seulement selon les ordres, les familles et les genres, mais encore selon les espèces; elles sont en général, solitaires, tristes et suspectes. Aussi les reptiles inspirent en général une horreur profonde, d'ailleurs motivée par le venin dont plusieurs sont munis. Partout on les redoute; mais cette terreur qu'ils inspirent, et qui leur attire une guerre acharnée de la part des hommes, leur valut quelquefois des autels, comme nous l'avons raconté en parlant des crocodiles, et comme on le verra quand il sera question des serpents.

Le nombre des espèces des reptiles augmente vers l'équateur, où l'élévation de la

température supplée pour ces animaux à la chaleur qui ne leur vient point de la circulation; ils y sont d'ailleurs incomparablement plus grands et plus agiles; ceux qui ont du venin l'y possèdent dans toute l'énergie propre à ce singulier moyen de nuire. C'est jusque vers les tropiques, même un peu au-delà, et non loin de la ligne, que se voient les crocodiles, les tupinambis et les boas, véritables géants entre les races rampantes. Là sont aussi les cérastées et les najas, qui sont les plus redoutables des vipères. C'est toujours dans les zones chaudes, soit à la surface des terrains arides, soit dans la bourbe des marécages, soit enfin dans l'étendue des mers tièdes, qu'on rencontre les plus grands des chéloniens; il parait qu'il n'existe de ceux-ci ni d'eau douce, ni de terre au-dessous du 46e degré nord.

Quant aux reptiles fossiles, nous nous bornerons à remarquer que c'est entre les chéloniens ou tortues, les crocodiliens, les sauriens et les batraciens, qu'on a découvert les plus reconnaissables. Ce qu'on avait regardé comme des serpents pétrifiés au temps où l'anatomie comparée n'était pas une science, s'est trouvé n'être que des empreintes de poissons anguiformes ou de cornes d'ammon. Il n'y a de constaté en fait de restes d'ophidiens, que quelques vertèbres isolées qui se sont rencontrées dans les brèches osseuses des bords de la Méditerranée, avec des restes d'animaux dont les analogues vivent encore à la surface du sol qui sert de tombeau à leurs devanciers. Les couches les plus anciennes qui nous offrent des débris de reptiles, appartiennent à ces formations de calcaire compacte que plusieurs géologues ont appelé jurassique, ou calcaire à cavernes. La formation des schistes métallifères en présente aussi. La craic surtout en contient de parfaitement caractérisés. Le calcaire à cavités n'a guère offert encore que quelques restes de tortues ; mais il y en a fréquemment dans les gypses des environs de Paris. Les côtes de la Manche et de l'Angleterre, où on les recherche depuis quelque temps avec zèle, ont fourni les espèces les plus remarquables, qu'on crut d'abord être propres à cette localité, mais qu'on commence à retrouver dans plusieurs autres lieux de l'Europe. Plusieurs sites de la Belgique, le plateau calcaire de Maestricht, entre autres, et les schistes d'OEningen en Suabe, en conservent des espèces très-cnrieuses. Les pterodactyles, reptiles

ailés, dont on ne trouve plus d'espèces vivantes, sont la plupart de ce dernier site, ou y furent découverts.

C'est une vérité maintenant hors du domaine de toute contestation, que tous les êtres qui partagent avec nous les bienfaits de l'existence, n'ont pas toujours existé à la surface du globe, tandis qu'il fut des créatures qui en ont disparu. Divers modes d'animalité se sont successivement développés et supplantés. Les reptiles, quels qu'ils soient, n'apparurent pas les premiers: avant eux, il y eut des crustacés, des polypiers, des mollusques, des conchifères, et probablement des poissons; mais ils durent précéder les mammifères, et furent peut-être l'essai par lequel la nature passa des formes propres aux créatures des eaux à celles qui devaient caractériser les vertébrés de la terre. Beaucoup de reptiles vivaient sur cette terre, que l'homme n'y aspirait point encore à la domination. La Genèse, que nous avons ailleurs démontré narrer assez fidèlement ce qui dut y avoir lieu au commencement des choses, introduit les reptiles en deux fois dans ce pompeux ensemble de l'univers. C'est à la cinquième époque que l'Éternel « commande aux eaux de produire en toute abondance des reptiles qui aient vie, avec des oiseaux qui volent vers l'étendue des cieux. » Puis Dieu dit : « Que la terre produise des animaux selon leur espèce, les reptiles et les bêtes de la terre, et il fut ainsi au sixième jour. » Il est essensiel de noter que les reptiles des eaux précèdent ici ceux de la terre d'un de ces laps de temps dont la durée ne doit pas être présumée sur la qualification que lui ont donnée d'infidèles traducteurs de la parole inspirée. A peine les îles et les continents encore tout bourbeux se distinguent des mers, « qu'aux grandes baleines et à tous les animaux se mouvant, lesquels les eaux produisent en abondance selon leur espèce (ce sont les paroles du texte sacré ) », viennent se mêler les reptiles aquatiques de nature amphibie, auxquels les nouveaux rivages offrent une patrie convenable. Aussi dans les dépôts où les traces de la création de la cinquième époque se sont accumulées, ce sont les ossements de gigantesques reptiles, évidemment aquatiques, qu'on retrouve en abondance. Leurs formes étaient les plus bizarres; il fallait à leur masse des vases profondes, à travers lesquelles ils se pussent ébattre. Le sol alors délayé que nous fertilisons depuis

qu'il s'est assaini, est demeuré dépositaire de leurs empreintes ; ils périrent sans doute à mesure que l'humidité leur manqua sur un globe en évaporation, et que la fureur des tempêtes les venait jeter contre des cótes abruptes, ou sur des plages désormais trop durcies pour qu'ils s'y pussent enfon cer. Alors disparurent ces prodigieux gavials, ces immenses monosaures, ces ichthyosaures encore plus grands, aux corps de lézard, aux nageoires de tortues marines, au col de serpent, dont les formes et les proportions réaliseraient celles du dragon mythologique, si des ailes en eussent complété la singularité. Cependant de telles ailes n'étaient pas alors plus étrangères aux formes de reptiles qu'elles ne le sont dans le monde actuel à divers mammifères. Le pterodactyle, maintenant perdu, et dont on a pris d'abord Fempreinte pour celle d'un oiseau, n'était qu'un reptile puissamment ailé, pourvu d'organes qui lui permet taient de rivaliser dans les airs avec les chauves-souris. Ces reptiles volants, qui, dans l'apparition des êtres créés, précédèrent irs oiseaux, ne furent-ils pas la première nuance par où la nature passa des formes ca:actéristiques propres à la natation, à la re-tation, ainsi qu'à la marche, à celles qui caractérisent les tribus essentiellement vola. tiles; tandis qu'à l'autre extrémité de l'èchelle, les ruanchots, les macareux et les pingouins Laient les poissons aux oiseaux par une autre combinaison organique. Ce ne fut donc que lorsque la croûte du globe fut bien consolidée, et devenue suffisamment solide par le desséchement qui la tirait de son état marécageux, que se développa cette autre série de reptiles dont l'Éternel commanda l'apparition, au commencement de ce grand jour, dont la naissance de l'homme est le dernier chef-d'oeuvre. Aussi remarquous-nous qu'on ne trouve plus d'ossements de ces conceptions complémentaires parmi les reliques qui nous sont restées de l'âge précédent, c'est-à-dire du cinquième jour. Cependant il ne serait pas téméraire de conjecturer que, dans le sixième âge, qui précède celui que venait sanctifier le le repos du Créateur, quelques-uns de ces reptiles monstrueux, où se pouvaient joindre aux traits des plésiosaures des ailes de pterodactyles, infestèrent les bords où les premiers peuples ichthyophages commencèrent à s'établir. On ne trouve pas plus de leurs ossements que de squelettes des

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