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sacre,

Aux avantages que cette ordonnance conil faut ajouter la manière plus équitable dont elle prescrit le calcul des campagues, pour lesquelles jusqu'alors on avait exigé douze mois.

Lorsqu'à l'adoption de ces bases libérales les trois pouvoirs auront ajouté un meilleur mode de dotation de la caisse des invalides; lorsqu'à l'instar des gouvernements d'Autriche et de Prusse, il aura été accordé à l'armée un certain nombre de vacances dans les petits emplois de l'ordre civil; quand le sort de nos généraux, dont il n'est point question dans l'ordonnance actuelle, aura

été honorablement fixé; nous resterons peut-être inférieurs à la plupart des États européens, mais nous aurons acquitté d'une manière satisfaisante la dette du pays envers l'armée; trop heureux si cette munificence pouvait s'appliquer rétroactivement à tant d'hommes honorables, pour lesquels des retraites insuffisantes ont été réglées avec profusion depuis quinze années!

Il ne sera sans doute pas trouvé hors de propos que nous terminions cet article en donnant le minimum de la pension de chaque classe d'officiers dans les principaux États de l'Europe.

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Voyez ARMÉE, DISCIPLINE, INVALIDE, PENSIONS, RÉCOMPENSES ET RECRUTEMENT. (LENOIR.)

*RETZ (GILLES DE LAVAL, seigneur DE). Voyez LAVAL.

*RETZ ( ALBERT DE GONDI, plus connu sous le nom de maréchal Dɛ), né en 1522 à Florence, d'une famille ancienne, fut amené fort jeune en France à la suite de Catherine de Médicis, et obtint un avancement rapide à la cour, où il sut cacher son avidité et son ambition sous l'apparence du plus noble désintéressement. Employé aux armées et dans plusieurs missions importantes, son adresse le servit encore mieux que ses talents, et il obtint successivement la faveur de Charles IX, de Henri III et celle de Henri IV. Il mourut en 1602, chargé d'ans et de biens, dit l'Estoile, mais laissant une réputation fort équivoque. Le maréchal de Retz passe, avec Tavannes, pour avoir conseillé le massacre de la Saint-Barthélemi; et on l'accuse d'avoir fait périr Loménie dans sa prison pour s'emparer de ses dépouilles. RETZ (Pierre de GONDI, dinal de), frère du précédent, né à Lyon

en 1533, embrassa l'état ecclésiastique an sortir de ses études, et fut également protégé par Catherine de Médicis. Nommé évêque de Langres en 1565 et transféré sur le siége de Paris en 1570, il fut nommé successivement chancelier et grand-aumônier de la reine Élisabeth d'Autriche, chef du conseil de Charles IX, et, après la mort de ce prince, administrateur des domaines d'Élisabeth, emploi dont il s'acquitta avec une exacte probité. La faveur dont il jouissait n'ayant pas diminué sous Henri III et sous Henri IV, Gondi fut chargé, sous ces deux princes, de plusieurs missions importantes auprès du saint-siége, et les remplit, sinon avec talent, du moins avec beaucoup de prudence et de zèle. Il mourut en 1616, et eut pour successeur Henri de Gondi, son neveu.

*RETZ (JEAN-FRANÇOIS-PAUL DE GONDI. cardinal DE), petit-neveu des précédents. car- né à Montmirail, en Brie, en 1614, de Philippe-Emmanuel de Gondi, général des

galères de France, sous Louis XIII, fut destiné dès sa naissance à l'épiscopat, et eut saint Vincent-de-Paul pour précepteur. Peu disposé d'abord à profiter des leçons de son illustre maître et encore moins à seconder les projets de sa famille, le jeune de Gondi essaya de s'y soustraire en se livrant sans réserve et avec le plus grand éclat à tous les égarements de la jeunesse. Mais n'ayant pu, même à force de scandale, échapper à l'église, il résolut enfin d'y obtenir des succès. Se livrant avec ardeur à l'étude de la théologie, il se fit bientôt une réputation si brillante, que Louis XIII le désigna en mourant pour la coadjutorerie de Paris. Ce choix ayant été confirmé par la régente, Gondi entra dans ses fonctions archiepiscopales avec une ferme résolution de remplir scrupuleusement tous ses devoirs extérieurs, « et d'être aussi homme de bien pour le salut des autres qu'il pourrait être méchant pour lui-même » (voyez ses Mémoires, pag. 85.) Déjà ses talents, sa popularité et les aumônes considérables qu'il faisait adroitement répandre, lui avaient gagné l'esprit public; il s'empara aussi de celui du clergé, et bientôt son influence devint telle, que Mazarin en prit de l'ombrage et le traversa dès-lors dans tous ses projets. Loin cependant de craindre un ennemi si redoutable, Gondi s'attacha au contraire à exciter sa haine, et mit constamment sa gloire à lui être opposé. « Esprit hardi, délié, vaste et un peu romanesque, dit le président Hénault, il aimait l'intrigue pour intriguer,» ct lui-même nous apprend que le nom de chef de parti, qu'il avait toujours honoré dans les vies de Plutarque, était depuis long-temps l'objet de son ambition. Les circonstances fâcheuses dans lesquelles se trouvait alors la cour n'étaient que trop favorables à ses projets ; il sut habilement en profiter, se mit à la tête des mécontents, répandit l'or à pleines mains, précipita le parlement dans les cabales et le peuple dans les séditions, brava Mazarin, lutta contre Condé, joua tour-à-tour auprès de la reine le rôle d'ennemi et celui de conciliateur; et, lorsqu'il eut allumé tous les feux de la discorde, il fit la paix par ambition, comme il avait fait la guerre ; obtint le chapeau de cardinal, et alla ensuite expier au château de Vincennes tous les maux qu'il avait causés. Moins abattu de sa disgrâce qu'animé du désir de la vengeance, Gondi, cependant, supporta sa prison avec une rare fermeté. Il

obtint ensuite d'être transféré au château de Nantes; et c'est de là qu'il s'échappa à la vue même de ses gardes, pour revenir à ́Paris, tenter de nouveaux événements ; mais une chute de cheval l'ayant forcé de renoncer à ce premier projet, il se réfugia en Espagne, passa de là à Rome, assista au conclave, y soutint sa dignité, décida l'élection d'Alexandre VII, parcourut ensuite la Hollande et les Pays-Bas, et quoiqu'il y füt poursuivi par la haine du favori victorieux, il semblait encore, dit Bossuet, le menacer de ses tristes et intrépides regards. » Rentré en France en 1661, le cardinal de Retz fit sa paix avec la cour en renonçant à son archevêché, dont il était depuis long-temps devenu maître par la mort de son oncle, et obtint en dédommagement l'abbaye de Saint-Denis. Il retourna deux fois à Rome pour l'élection de Clément IX et celle de Clément X; mais ce furent les derniers actes de sa vie politique. Renonçant tout-à-coup à l'intrigue, « comme si, dit le président Hénault, toute sa vanité d'autrefois n'avait été qu'une débauche d'esprit et des tours de jeunesse dont on se corrige avec l'âge,» il vécut dans la retraite, y pratiqua toutes les vertus qui caractérisent l'homme de bien, acquitta toutes ses dettes, qui s'élevaient à plus de quatre millions, voulut deux fois renoncer à la pourpre qu'il reconnaissait avoir trop chèrement achetée, et mourut le 24 août 1679, emportant les regrets de ses nombreux amis, et les bénédictions de tous les infortunés dont il avait tant de fois soulagé la misère. Parmi les ouvrages qui nous restent du cardinal, ses Mémoires tiennent sans contredit le premier rang. «Ils sont écrits, dit Voltaire, avec un air de grandeur, une impétuosité de génie et une inégalité, qui sont l'image de sa conduite. Ils parurent pour la première fois en 1717, et furent souvent réimprimés depuis avec les Mémoires de Joly et de la duchesse de Nemours (6 vol. in-12). Ces ouvrages ont été réimprimés dans la deuxième série des Mémoires relatifs à l'histoire de France, avec notices, par MM. Petitot et Monmerqué. On cite encore de lui la Conjuration de Fiesque, qu'il composa à 18 ans, et qu'il traduisit en grande partie de l'italien de Mascardi. Richelieu en lisant cet ouvrage prévit que l'auteur serait un esprit turbulent et dangereux. M. de Musset Pathay a publié en 1807 des Recherches historiques sur le cardinal de Retz.

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* RETZIUS (ANDERS-JAHAN), professeur

d histoire naturelle et de chimie à Lunden, ghols, traduit de l'allemand, avec des ville de la Scanie, où il avait fondé une notes, Paris, 1818, in-8°; et une Notice société physiographique et où il mourut en sur les travaux agricoles de MM. J. Brayer 1821, membre de trente-une sociétés sa- et Danzé (dans le Magasin encyclopé vantes, était né en 1742 à Christianstadt. dique, 1807). Entre autres ouvrages on cite de lui: Obser vationes botanica, sex fasciculis comprehensæ, Leipsig, 1779-91, in-fol., avec dixneuf planches coloriées. Les Mémoires de l'Académie royale de Stockholm, pour 1822, contiennent sur lui une notice biographique. * REUCHLIN (JEAN), philologue alle mand, né à Pforzheim en 1455, avait une connaissance approfondie des langues latine, grecque et hébraïque, et obtint la réputation d'un des plus savants hommes de son temps. Il brilla successivement en Alle magne, en Hollande, en France et en Italie, fut employé, par le duc Ebherard Ier, dans plusieurs négociations importantes, obtint le titre de comte palatin, et devint ensuite triumvir de la ligue de Souabe. Mais un démêlé qu'il eut avec les théologiens de Cologne lui ayant suscité de cuisants chagrins, il se retira à Tubingue, y enseigna le grec et l'hébreu, et mourut a Stuttgard en 1522, laissant un grand nombre d'ouvrages, dont on peut voir le catalogue dans la Biographie des savants de Tubingue, par C.-F. Schnurrer, Ulm, 1792, in-8°.

* REUILLY (JEAN de), voyageur français, correspondant de l'Institut, né en 1780 d'un famille noble de Picardie, fut chargé d'une mission en Russie en 1802, suivit en 1803 le duc de Richelieu à Odessa, et entreprit ensuite le voyage de la péninsule Taurique, guidé par les conseils du célèbre Pallas, qui lui avait tracé son itinéraire. De retour en France, Reuilly fut nommé successivement membre de la Légion-d Honneur, auditeur au conseil d'État, sous-préfet à Soissons, et passa de là à la préfecture du département de l'Arno, avec les titres de baron et de maître des requêtes; mais il jouit peu de ces diverses faveurs : une maladie de poitrine, suite d une blessure qu'il avait reçue dans un duel, l'enleva en 1810, à peine àgé de 30 ans. Son Voyage en Crimée et sur les bords de la mer Noire, pendant l'année 1803, Paris, 1806, in-8°, est le premier ouvage qu'un Français ait publié sur cette contrée. Il est accompagné d'une carte, de planches et de vignettes et enrichi des notes de Pallas. On a encore de Reuilly: Description du Tibet, daprès la relation des lamas tongouses établis parmi les Mon

*REUSNER (NICOLAS), jurisconsulte, poète et compilateur, né en 1545, à Lemberg en Silésie, fut revêtu de la dignité d'assesseur de la chambre impériale de Spire, devint professeur de l'Académie de Strasbourg, où il remplit pendant plusieurs années la chaire des institutes, passa ensuite à celle d'léna, dont il fut deux fois recteur, obtint la couronne poétique de l'empereur Rodolphe II, qui le créa comte palatin, et sut député de l'électorat de Saxe en 1595, à la déte de Pologne. Il mourut à léna en 1602, laissant un grand nombre d'ouvrages, dont plusieurs sont oublies même en Allemagne. * REUVENS (JEAN-EVERARD), jurisconsulte hollandais, né à Harlem en 1763, obtint successivement dans sa patrie les charges les plus élevées dans la hiérarchie judiciaire, et vint, lors de la réunion de la Hollande à la France, occuper à Paris les fonctions de conseiller à la cour de cassation. Rappelé en Hollande après les événements de 1814, il y fut nommé, par le nouvean souverain, président d'une des cours d'appel de La Haye et commandant de l'ordre de l'Union. Il mourut à Bruxelles en 1816, victime, dit-on, d'un noir complot dont toutes les circonstances ne sont pas encore connues. Ce savant jurisconsulte est considéré comme le principal auteur du nouveau code eriminel du royaume des Pays-Bas. Son fils, légiste, a été nommé professeur à l'université de Leyde, et jouit d'une réputation littéraire très-distinguée.

* REVAI (NICOLAS), poète, philologue et grammairien hongrois, professeur de littérature à l'université de Pesth, mort dans cette ville en 1807. est l'un des écrivains qui contribuèrent le plus à repandre en Hongrie l'esprit de recherches et de critique qui distingue aujourd'hui les savants de ce pays. Les ouvrages de Revai ont été recueillis à Raab en 1787 parmi ceux en prose on estime ses Antiquités hongroises; et sa grammaire hongroise qui a pour titre: Elaboratior Grammatica hungarica ad genuinam patrii sermonis indolem fideliter exacta,elc.. Pesth, 1805, 2 vol. in-4o.

RÉVÉLATION. ( Religion.) L'homme sent qu'il existe ; et ce sentiment lui donne invinciblement la certitude de son existence.

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Il observe qu'il n'a pas toujours eu ce sentiment, et il conclut avec assurance qu'il n'a pas toujours existé. Du fait de son existence, il déduit cette vérité incontestable: quelque chose a existé de toute éternité. Mais l'homme éprouve le besoin de pénétrer plus avant dans la connaissance de luimême et de l'être éternel. Le témoignage des sens, les impressions qu'il reçoit des objets qui l'environnent, les infirmités et les besoins auxquels il est assujetti, lui apprennent nécessairement qu'il a un corps; et il recherche avec anxiété si la volonté et ses prodiges, si l'intelligence et ses merveilles sont le produit d'un organe qui se dissout, qui se corrompt, et cesse d'exister lorsque ses formes ont disparu.

La nécessité d'une cause première et éternelle nous est démontrée. Mais que de problèmes il nous reste à résoudre sur la nature de cette cause et sur ses rapports avec nous! Les sens et l'imagination créent un Dieu que la raison désavoue, et la raison est confondue par l'immensité et l'infinité de l'être qui donne la vie, le mouvement et l'eristence. La raison n'est pas moins confondue lorsqu'elle essaie d'approfondir les autres perfections du Dieu inconnu.

L'humanité est l'ouvrage d'un Dieu parfait; et il semble que deux principes contraires luttent dans l'humanité comme dans une arêne. La conscience a le sentiment du devoir; elle goûte la vertu, elle a horreur de l'injustice. La raison approuve ce sentiment, ce goût, cette horreur. Mais les passions s'élèvent contre la conscience; elles nous pressent de céder aux plus honteux penchants; elles ont pour auxiliaire la raison elle-même qui les favorise par des sophismes. Nous sentons que nous sommes faits pour adorer lá vérité, et la vérité parait se jouer de notre ardente curiosité; elle nous échappe au moment même où nous croyons la saisir. Nous avons soif du bonheur, et la possession des biens terrestres laisse un vide pénible qui donne lieu à des désirs toujours renaissants, ou produit un dégoût amer qui rend la vie insupportable..

Notre raison ne saurait admettre un Dieu s'il n'est bon, juste et saint; et cependant nous sommes malheureux ici-bas; le vice désole la société, et les méchants triomphent sur la terre.

Le Très-Haut, dont la majesté nous accable, s'abaisse-t-il jusqu'à s'occuper de Tome 19.

ses créatures? Exige-t-il de nous des hommages et en quoi ces hommages consistent-ils? A ses yeux, notre révolte contre la conscience et notre obéissance aux passions sont-elles des faiblesses inséparables de notre nature, et qui ne méritent point de punition, ou une offense faite à sa sainteté infinie et digne de toute sa colère? Cette offense serait-elle irrémissible? Pourrait-elle être expiée, et par quel moyen? L'expiation serait-elle toujours possible? Est-ce dans une autre vie que Dieu justifie sa providence par la distribution des récompenses et des châtiments? Et notre répugnance invincible à nous fixer sur le présent, et le besoin impérieux de nous précipiter à chaque instant dans l'avenir, sont-ils un indice que notre destinée ne se consomme point dans le temps?

Que l'homme, à l'aide des seules lumières naturelles, entreprenne de résoudre les graves questions que nous avons signalées, et une foule d'autres qui s'y rattachent, il doute, il conjecture, il acquiert une probabilité plus ou moins grande; mais il ne parvient presque jamais à une conviction entière, à une certitude inébranlable. Ici se présente une question vitale pour l'humanité. L'homme a-t-il été condamné à n'avoir pour guide que ses lumières naturelles dans la solution des problèmes difficiles qui ont pour objet l'auteur de son être, ses propres destinées, ses devoirs, etc.; ou bien l'homme peut-il, sans présomption et avec assurance, s'abandonner à cette consolante pensée, que la suprême vérité a bien voulu l'éclairer, par des moyens surnaturels, sur les sujets qui l'intéressent à un si haut degré ? Le christianisme proclame la certitude de la seconde supposition. La philosophie, lorsqu'elle refuse de s'allier à la religion de Jésus-Christ, se prononce pour la première.

Des philosophes non-chrétiens prétendent que l'intelligence humaine a été et sera toujours impuissante pour saisir la vérité dans la solution des problèmes dont nous avons parlé. Selon eux, le doute sur les choses qu'il nous importe de connaitre est l'état violent réservé à l'esprit humain. Notre être moral tout entier se révolte contre ce désolant scepticisme.

Plusieurs philosophes non-chrétiens nous avouent que jusqu'ici nous ne sommes point parvenus à pénétrer les mystères de Dieu et de l'homme; mais en vertu de la perfectibilité infinie dont ils gratifient notre es

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pèce, ils nous promettent, pour un avenir plus ou moins éloigné, des succès prodigieux.

D'autres philosophes soutiennent que toute la vérité qu'il nous importe de connaître sur Dieu et sur l'homme, se trouve répandue par parties dans les diverses écoles philosophiques; mais qu'elle y est enfouie parmi une multitude d'erreurs contradictoires ils assurent que le jour n'est pas éloigné où, par la puissance d'un ecclectisme transcendental, elle jaillira de ce chaos, pure et brillante d'un éclat irrésistible.

L'expérience des siècles passés, l'impossibilité qu'une raison individuelle parvint à soumettre des raisons rivales, dans la supposition où elle serait assez pénétrante pour dégager la vérité des nombreuses erreurs qui l'obscurcissent, l'épaisseur du voile qui nous cache le monde invisible, notre nature intime, l'être infini qui nous environne de son immensité incompréhensible; enfin la faiblesse de notre intelligence nous empêchent de partager les espérances que les philosophes dont nous venons de parler s'efforcent de nous faire concevoir. Les plus illustres philosophes de l'antiquité (Platon, Cicéron, Porphyre, etc. ) ont reconnu que la régénération morale de l'humanité ne pourrait être opérée sans l'intervention immédiate de la Divinité.

Les chrétiens prouvent par des faits que l'Etre infaillible a daigné trois fois manifester aux hommes, par des voies surnaturelles et extérieures, les vérités qui sont la vie morale de l'humanité, et qui ont pour objet le principe de notre existence, la fin pour laquelle nous avons été placés sur la terre, et les moyens qui doivent nous mettre à même de parvenir à cette fin. La manifes. tation surnaturelle et extérieure de ces vérités est appelée révélation (retro velare, relever le voile ).

La première révélation fut faite à Adam. l'Écriture semble indiquer que Dieu se servit de la parole pour communiquer avec sa créature. La révélation primitive fut faite principalement à deux époques distinctes; avant et après la chute du premier homme. Elle renfermait des vérités surnaturelles et des vérités naturelles. On compte parmi les premières la croyance à la venue d'un libérateur du genre humain, etc., etc. Le devoir de la bienfaisance, etc., est rangé parmi les secondes, Adam, même avant

sa chute, n'aurait pas pu s'élever par luimême jusqu'aux vérités surnaturelles.

La conscience, la raison, l'univers, même après la prévarication d'Adam, révèlent aux hommes les vérités naturelles. Mais celle révélation implicite, pour être comprise, exige plusieurs fois de longues réflexions. Cette voix de la Divinité n'est pas toujours assez distincte pour rendre les erreurs impossibles. Les sons de cette voix sont recueillis et expliqués par un être qui sent sa faillibilité, et qui, par conséquent, ne peut s'empêcher de conserver des doutes sur l'exactitude de ses explications.

Adam confia à ses descendants le dépôt de la révélation primitive. Il leur apprit en même temps qu'il avait osé désobéir à son créateur, et que cette désobéissance, cause des maux de tout genre qui devaient les acbler, avait dégradé la nature humaine.

Avec le secours de la révélation primitive, les hommes connaissent avec certitude, promptement et sans mélange d'erreurs, tout ce qu'il leur importe de savoir sur Dieu, sur leur nature, leurs devoirs, leurs destinées. En effet, la suprême vérité a parlé dans la révélation primitive. Dès-lors les hommes croient fermement qu'il existe de toute éternité un Dieu créateur de l'univers, infini, etc.; dès-lors ils ont la certitude que leur ame, créée à l'image de Dieu, doit retourner à son principe, et que l'obstacle qui s'oppose à cette réunion, produit par le péché d'Adam, sera levé, grâce aux satisfactions d'un libérateur; dès-lors ils sont assurés que le besoin d'immortalité imprimé en eux-mêmes, bien loin d'être un sentiment trompeur qui les berce d'un espoir chimerique, sera satisfait un jour; dès-lors ils sont pleinement convaincus que le penchant naturel qui les porte à implorer l'assistance d'un Dieu bon et puissant, est l'ouvrage de ce Dieu même qui par sa providence daigne veiller sur ses créatures; dès-lors ils ne doutent point que le Créateur n'exige d'eux un tribut d'hommages, et que ces hommages ne consistent dans des sentiments qui doivent revêtir des formes extérieures, parce que l'homme a des sens; dès-lors ils ne peuvent ignorer que tous les hommes sont frères, et qu'ils doivent s'aimer comme les membres d'une même famille. Les contrastes qui nous défigurent ne sont pas une énigme pour eux. Quand ils sont tentés par les passions, ils savent qu'ils doivent se servir de la conscience comme d'un frein pour se retenir

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