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Ils regardent cette vie comme un pélerinage, et ils voient dans les misères qui les affligent une matière d'expiation qui sera agréée en vue des mérites du libérateur futur.

L'Être infaillible a parlé dans la révélation primitive. Ainsi, dès que le fait de cette révélation est constaté, la vérité est aussitôt connue, sans qu'il soit nécessaire de se livrer à d'autres recherches, et elle est accessible à tous. Que les objets de la révélation soient conçus ou qu'ils ne le soient point, peu importe. La raison trouve dans le seul fait de la révélation divine un motif qui doit la déterminer à se soumettre. L'Être infaillible a parlé dans la révélation primitive. Ainsi, tant que cette révélation est fidèlement conservée, la vérité est connue dans toute sa pureté, sans être défigurée par des erreurs.

Les hommes avaient en eux-mêmes et hors d'eux-mêmes des moyens efficaces pour con· server sans altération le dépôt de la révélation primitive, qui se transmettait dans les familles par la tradition orale. Les perfections de Dieu se réfléchissent dans les merveilles de l'univers; et une partie du langage de la première révélation trouve un écho dans la raison, et surtout dans la conscience du genre humain.

Sous la révélation primitive, les hommes suivaient avec sécurité deux penchants naturels, puissants mobiles de leurs déterminations le besoin de croire et le besoin d'aimer. Ils croyaient les vérités révélées sur la parole de l'Être infaillible; et ils remplissaient leurs devoirs pour plaire à Dieu, qui leur accordait des bienfaits dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la grâce.

Il est impossible de déterminer le nombre des vérités qui furent révélées à Adam. Mais on peut assurer, sans crainte de se tromper, que la révélation primitive n'eut pour objet que des vérités qui pouvaient contribuer à l'amélioration morale des hommes. Dieu ne s'abaisse point jusqu'à satisfaire leur vaine curiosité.

Quelques traditions générales répandues chez tous les peuples, et qui ne peuvent être attribuées à des causes puisées dans l'humanité, font soupçonner à la raison l'existence d'une révélation primitive; mais la certitude de ce fait n'est acquise que lorsque la vérité des faits rapportés dans les livres saints a été prouvée. Les mahométans, comme les juifs et les chrétiens, reconnais

sent que Dieu fit une révélation au premier homme.

La postérité d'Adam oublia la révélation primitive, et viola tous les devoirs qu'elle lui imposait. Elle fut punie de son oubli et de ses prévarications par une catastrophe épouvantable dont les annales des nations ont conservé le souvenir. Avant et après cette catastrophe, Dieu avait confirmé la révélation primitive par des révélations particulières faites à quelques patriarches.

Mais, dit Bossuet, le moment était venu où la vérité, mal gardée dans la mémoire des hommes, ne pouvait plus se conserver sans être écrite. Moïse fut choisi pour ministre d'une révélation qui devait être mise par écrit. Cette révélation était une protestation solennelle, en faveur de la révélation primitive, contre les erreurs du polythéisme, qui altéraient l'idée du vrai Dieu; contre les superstitions de l'idolâtrie, qui corrompaient le culte divin; contre les sophismes des passions, qui dépravaient la conscience; et contre la négligence de la mémoire, qui perdait le souvenir du libérateur.

Dieu transmit lui-même aux Hébreux les principaux objets de la révélation mosaïque; il révéla directement les autres à Moïse, qui les communiqua ensuite au peuple juif. Après Moïse et à diverses époques, Dieu suscita des hommes extraordinaires que l'on désigna sous le nom de prophètes, et qui eurent la mission d'expliquer et de développer la révélation mosaïque. Moïse consigna par écrit les vérités que Dieu avait révélées lui-même aux Hébreux, ainsi que celles que Dieu lui avait immédiatement révélées. Les explications et les développements des prophètes ont été aussi consignés par écrit.

La révélation mosaique renfermait des dogmes, des préceptes de morale et une législation qui réglait l'état politique des Hébreux et les cérémonies de leur culte. Cette législation isolait les Hébreux de tous les autres peuples. C'était un préservatif contre la contagion de l'exemple. La révélation mosaïque ne rappelait point toutes les vérités dogmatiques et morales que la révélation primitive avait enseignées ; et elle n'en apprenait aucune qui n'eût été transmise par la révélation faite à Adam. Les cérémonies religieuses prescrites par Moïse au nom de celui qui est, les principaux événements surnaturels dont les Hébreux furent les objets ou les témoins, étaient des figures du libérateur. Ces événements sur

naturels étaient aussi des preuves éclatantes de la mission de Moïse, et il attestaient la puissance, la providence et la justice du Dieu des armées.

Sous la révélation mosaïque, Jéhova apparaît comme un Dicu terrible. Sous cette révélation, le Juif croyait les vérités, objets de sa foi, sur la parole de l'Etre infaillible qui les avait révélées d'abord à Adam et ensuite à Moïse; et il remplissait ses devoirs pour plaire à Dieu, qui accorde à tous les hommes des dons précieux dans l'ordre de la nature et dans l'ordre de la grâce, et qui avait daigné faire des enfants d'Abraham son peuple chéri. La tradition orale, conservée dans les familles, faisait connaître aux Juifs la première révélation; les livres saints lui faisaient connaître la seconde.

La révélation mosaïque fut faite aux Hébreux; mais elle n'était point pour eux seuls. Les nombreux et éclatants miracles que Dieu opéra par le ministère de Moïse, eurent lieu parmi des peuples qui n'étaient pas de la famille d'Abraham. Le souvenir de ces miracles put s'effacer de l'esprit de ces peuples; mais Dieu dispersa chez les nations infidèles les Hébreux qui rendirent témoignage à la vérité. Le corps de la nation juive revit le sol de la patrie; mais un grand nombre de ses membres restèrent au milieu des païens, tout en conservant leur foi, et s'établirent dans divers pays. Enfin les livres de l'AncienTestament furent traduits dans la langue la plus répandue dans le monde. Il est probable que les plus illustres philosophes de l'antiquité ont connu ces livres saints. La divinité de la révélation mosaïque n'est établie que lorsque la certitude des faits renfermés dans le Pentateuque est prouvée. Les mahometans et les chrétiens, comme les Juifs, reconnaissent que Dieu a fait une révélation à Moïse.

La révélation mosaïque fut une barrière impuissante contre le torrent de l'idolatrie. Partout, excepté dans la Judée, la plupart des vérités que la révélation primitive a enseignées, et que la révélation mosaïque rap pelle, furent défigurées ou oubliées, ou de viurent l'occasion des plus funestes abus; et ces déplorables effets furent souvent produits par les causes mêmes qui auraient dû les prévenir.

Les merveilles de l'univers sont des témoins qui publient l'existence et la gloire de l'Être éternel. Les ouvrages de la création

furent confondus et identifiés avec le Créateur lui-même : de là le panthéisme grossier d'abord, perfectionné ensuite par la philosophie.

La raison fut accablée par l'idée incompréhensible d'un Dieu unique, immense, in fini. Les sens ne voulurent point accueillir un Dieu spirituel, invisible. Les passions firent les dieux à leur ressemblance. L'imagination prêta ses fictions: de là le polythéisme.

L'universalité et la perpétuité étaient les marques extérieures auxquelles, en consultant la tradition orale, on devait reconnaitre les vérités que la révélation primitive avait enseignées. Le bon sens de l'humanité le sentait; mais diverses erreurs en religion et en morale s'établirent dans les divers pays. Ces erreurs remontaient à une haute antiquité : de là le scepticisme; de là aussi le respect aveugle pour les erreurs locales dont l'origine se perdait dans la nuit des temps.

La raison humaine n'étant plus éclairée par la révélation primitive, voulut rechercher par elle-même l'origine des choses, la nature intime de notre être, etc.: de là d'innombrables erreurs et l'incrédulité.

Un souvenir confus de la révélation primitive, la conviction profonde que la raison d'un homme était dans l'impossibilité de réussir à imposer en son nom à d'autres hommes des croyances religieuses, déterminèrent les législateurs de l'antiquité à supposer des révélations divines.

La nécessité des expiations et du culte, la croyance à l'existence d'un avenir, donnèrent lieu à des excès abominables qui outrageaient la nature, la pudeur, l'humanité. Enfin le sentiment religieux, plutôt que d'expirer dans l'athéisme spéculatif ou pra tique, se repaissait des plus absurdes et des plus criminelles superstitions (I).

Tel a été et tel est le triste état des païens. Chez eux, il est vrai, la sainte voix de la nature était quelquefois plus forte que celle des dieux; mais aussi elle en a été souvent étouffée. L'instinct moral a été bien loin de réussir toujours à repousser du cœur des humains le vice armé d'une autorité sacrée. Il n'y a eu qu'un petit nombre d'idées saines en religion et en morale qui aient surnage

(1) Consultez Jacques Brucker, Historia philo sophia; Frederic Greuzer, Religions de l'antiquité, etc., etc.; M. Benjamin Coustant, de la Religion, cic.

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sur un océan d'erreurs ; et il n'est resté de la croyance au libérateur que des notions confuses et générales. Cette sainte voix de la nature, cet instinct moral, ce petit nombre d'idées saines, ces notions confuses et générales ont été et sont encore les guides ordinaires des païens. Dieu, selon les vues de sa sagesse infinie, donne par sa grâce plus ou moins d'efficacité à l'action de ces guides; mais nous savons qu'il est juste, et qu'il ne punit que lorsqu'on le mérite et qu'aulant qu'on le mérite. M. de La Mennais prétend que la révélation primitive s'est conservée partout et toujours. Cette prétention est un démenti formel donné à l'histoire. L'auteur de cet article a justifié ce jugement dans des Observations critiques sur les 3o et 4e volumes de l'Essai sur l'indifférence, etc

La révélation mosaïque ne préserva point les Hébreux des erreurs et des crimes peuples idolâtres. Israel adora souvent les dieux étrangers. Des châtiments terribles, plusieurs fois répétés, le fixèrent enfin dans le culte du vrai Dieu; mais alors deux sectes rivales s'élevèrent dans le sein de la nation judaïque. L'une de ces sectes n'admettait comme révélées que les vérités renfermées dans les livres saints; et elle les interprétait sans le secours des traditions. L'autre recevait les traditions primitives et divines; mais elle y joignait des traditions superstitieuses et humaines, et elle altérait le sens des livres saints, en les expliquant d'après des traditions erronées.

mais

affranchie de ces pénibles recherches ;
elle reçoit sur Dieu, sur nos devoirs, nos
destinées, etc., des lumières surnaturelles
plus abondantes et plus vives que celles que
la révélation primitive et la révélation mo-
saïque avaient communiquées. Le christia-
nisme soulève un peu le voile qui nous cache
la nature de l'Être incompréhensible. Il nous
révèle le culte en esprit et en vérité; il nous
enseigne une morale admirable, sublime,
inconnue avant Jésus-Christ; et il nous ap-
prend que le Dieu trois fois saint jugera
dans une autre vie nos pensées, nos paroles,
nos actions; que des punitions ou des ré-
compenses éternelles nous y attendent, et
que nos corps doivent ressusciter un jour.

Après le péché du premier homme, notre cœur, affaibli et porté au mal, est obligé de s'imposer de douloureux sacrifices pour pra destiquer la vertu. Après l'incarnation, notre cœur n'est pas miraculeusement affranchi de sa faiblesse; mais des motifs, des exemples, des grâces d'un ordre supérieur et nouveau viennent soutenir son courage, et lui rendent possibles les sacrifices les plus généreux et les vertus les plus héroïques. En effet, que sont toutes les jouissances des passions en comparaison des châtiments de l'éteruité? Quelle proportion peut-il y avoir entre les souffrances de la vie présente et la gloire de la vie future? Le Verbe éternel naît dans la pauvreté, et passe les trente premières années de sa vie dans l'obscurité la plus profonde. Durant sa vie publique, il est en but à tous les traits de la calomnie. Enfin, trahi par un de ses disciples, lâchement abandonné par les autres, il est condamné comme un impie et un séditieux, et il meurt, pour expier les péchés du genre humain, dans le plus cruel et le plus honteux supplice, en pardonnant à ses bourreaux et à ses ennemis, qui l'accablent d'injures. Quels exemples plus efficaces pour nous faire pratiquer l'humilité, la patience, le pardon des offenses; pour nous inspirer l'amour de Dieu et l'horreur du péché! Joignez à ces motifs et à ces exemples les grâces ineffables dont les sacrements sont la source.

La promesse que Dieu fit au premier homme va être remplic; les figures de l'ancienne loi vont être réalisées ; l'accomplissement des prophéties approche. Le libérateur, qui doit satisfaire pour tous les hommes qui ont précédé sa venue et pour tous ceux qui la suivront, est sur le point d'arriver. Jésus-Christ naît à Bethleem.

Le premier homme eut le fol orgueil de vouloir s'égaler à la Divinité; et dans la personne du vieil Adam, l'humanité fut dégradée. Le verbe éternel daigne s'abaisser jusqu'à s'unir à l'humanité; et dans la personne du nouvel Adam, l'humanité est régénérée..

Après le péché du premier homme, notre raison, obscurcie et exposée à l'erreur, est forcée de se livrer à de pénibles recherches pour parvenir à la connaissance imparfaite d'un petit nombre de vérités. Après l'incarnation, la raison humaine ne devient point infaillible, et n'est point miraculeusement

Après le péché du premier homme, notre corps est assujetti au travail, aux besoins, aux infirmités, à la mort. Après l'incarnation, notre corps n'est pas miraculeusement affranchi de ces misères; mais Jésus-Christ, ressuscité et monté au ciel, lui a mérité une résurrection glorieuse. Notre corps, sanctifié par la présence du Sauveur, en rece

vant l'Eucharistie, reçoit aussi le germe et Soirées de Saint-Pétersbourg, tome II, le gage de l'immortalité.

Après le péché du premier homme, un mur de séparation était interposé entre Dieu et l'humanité. Après l'incarnation, ce mur a été brisé. Sous la loi nouvelle, le chrétien croit les vérités, objets de sa foi, sur la parole de Jésus-Christ, dont la divinité lui est prouvée ; et il remplit ses devoirs pour plaire à Dieu, qui s'est fait homme pour l'humanité, et qui l'a rachetée. Sous la loi nouvelle, appelée loi d'amour, Dieu s'offre à notre cœur sous les traits d'un père.

Jésus-Christ, dans son passage sur cette terre, marqua tous ses pas par des bienfaits. Ses miracles, qui pour la plupart furent aussi des bienfaits, sa résurrection, son ascension, prouvent incontestablement le fait de sa mission divine.

Jésus-Christ, avant de monter dans les cieux, donne l'ordre à quelques-uns de ses disciples, hommes obscurs, méprisés, haïs, sans instruction, sans fortune, de détruire le polythéisme, de dissiper les erreurs de la philosophie, de suppléer à son insuffisance, de combattre le fanatisme des Juifs. Les disciples de Jésus-Christ obéissent; ils annoncent de vive voix aux Juifs et aux païens la doctrine de leur maître, rappellent ses miracles, et prouvent le fait de leur mission divine, en opérant des miracles euxmêmes. La prédication des apôtres est toute puissante, et dans un petit nombre d'années, ils triomphent des superstitions, des préjugés, des passions, des sophismes, de la politique, etc., et parviennent à imposer à une grande partie de l'univers des dogmes incompréhensibles et une morale qui frappe au cœur toutes les passions.

Les apôtres ont consigné par écrit une partie des miracles et de la doctrine de Jésus-Christ.

Le libérateur promis à Adam étant arrivé, et le genre humain ayant été racheté par lui, la révélation chrétienne devait être la dernière. Tous les peuples doivent jouir du bienfait de cette révélation dans les temps marqués par la Providence. La consommation des siècles viendra ensuite. Les Juifs rejettent la révélation chrétienne. Les Maho métans reconnaissent qu'une révélation a été faite à Jésus ; mais ils prétendent qu'une autre révélation a été faite à Mahomet, et que ce dernier est supérieur au fils de Marie. Un des interlocuteurs que l'ultramontain M. de Maistre fait figurer dans les

pages 320 et 324, nous fait espérer une révélation de la révélation chrétienne.

Rousseau a dit: Il me faut des raisons pour soumettre ma raison. Rousseau, en proclamant cette vérité, a été l'interprète du bon sens de l'humanité. Toutes les religions, à l'exception du christianisme, doivent donc être rejetées comme fausses, sans qu'il soit nécessaire de les soumettre à un examen approfondi. En effet, toutes les religions, à l'exception du christianisme, crient: croyez et n'examinez pas. Le christianisme seul nous dit : croyez, mais examinez pourquoi vous devez croire. Un chrétien est donc obligé, pour obéir à sa religion, de s'assurer, à l'aide de sa raison, de la solidité des fondements de sa foi, ou, en d'autres termes, de constater le fait de la mission divine de Jésus-Christ et des apôtres. Ce fait peut être constaté par une preuve qui repose sur des faits faciles à prouver, qui est à la portée de tous les esprits, et dont voici l'exposition succincte.

Il y a aujourd'hui des chrétiens ; il n'y en a pas toujours eu. Comment le christianisme s'est-il établi ? Quels obstacles s'opposaient à son établissement? Par quels moyens ces obstacles ont-ils été surmontés? Un homme qui croit qu'il existe un Dieu, et que sa Providence préside aux événements d'icibas, doit s'écrier, en réfléchissant sur l'établissement du christianisme : Le doigt de Dieu est là. Si le christianisme, dit saint Augustin, s'est établi sans miracles, cet établissement sans miracles est lui-même le miracle le plus frappant.

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D'autres preuves dont le développement, pour être compris, exige plus ou moins d'intelligence, d'érudition et de critique, nous donnent encore la conviction de la divinité de la mission de Jésus-Christ et des apôtres. Ces preuves se tirent du nombre et de la constance des martyrs, de l'accomplisment des prophéties, de l'autorité des miracles rapportés dans les livres du NouveauTestament; enfin les mystères, la morale et le culte que nous prescrit l'Évangile, produisent aussi la même conviction. Quel autre, en effet, que le Créateur des hommes, pourrait être l'auteur d'une révélation si bien appropriée à la nature humaine, qui répond à tous ses besoins moraux, et qui l'élève jusqu'à la pratique des vertus surhumaines?

L'auteur de l'ouvrage intitulé Examen critique des apologistes de la religion chrétienne, faussement attribué au savant Fréret, soutient que ce sont les Évangiles qui fournissent la preuve la plus complète de la vérité du christianisme. Bergier a réfuté cette assertion. (Certitudes des preuves du Christianisme.)

Les déistes nous disent: Le christianisme renferme dans son sein des communions rivales qui s'anathématisent réciproquement. Comment un chrétien pourra-t-il se décider? Le chrétien se décidera en consultant sa raison. Elle lui répondra qu'il doit s'attacher exclusivement à la communion qui lui transmet les vérités révélées par des moyens sûrs, analogues à la nature d'une révélation, et qui soient à la portée de tous les esprits. Or, les moyens de reconnaître les vérités révélées, assignés par les diverses communions, sont l'inspiration, le raisonnement, l'autorité, c'est-à-dire, le témoignage de la plus grande partie des évêques.

La raison se prononce contre l'inspiration: elle produit le fanatisme et favorise toutes les illusions. La raison n'adopte point l'examen par le raisonnement. Cet examen, impraticable pour le plus grand nombre, conduit à l'incrédulité, et est en opposition avec la nature d'une révélation, qui est un fuit que l'on prouve par le témoignage, et qui ne se démontre point par le raisonnement. La raison se déclare pour l'autorité, c'est-à-dire pour le témoignage. Ce moyen est à la portée de tous les esprits, il est analogue à la nature d'une révélation, et, de plus, il est infaillible. En effet, Jésus-Christ confia aux apôtres le dépôt des vérités révélées; ceux-ci le confièrent à leurs successcurs, et ces derniers doivent de main en main le faire arriver jusqu'à la consommation des siècles. Or, il est impossible que la plus grande partie des évèques s'entendent pour allérer de la même manière le dépôt de la révélation, ou pour attester faussement et d'une manière uniforme qu'ils ont reçu de leurs prédécesseurs une doctrine différente de celle qu'ils ont reçue en réalité. D'ailleurs, un pareil complot de la part des évêques, en le supposant possible, serait sans résultat des prêtres et de simples fidèles feraient entendre d'innombrables réclamations. L'impossibilité du complot dont nous venons de parler est fondée sur les lois morales qui dirigent les hommes dans leur conduite, et sur le secours spiri

tuel que Jésus-Christ a promis d'accorder à ses apôtres et à leurs successeurs jusqu'à la fin des temps. C'est dans cette impossi bilité que consiste l'infaillibilité de l'Église ; d'où l'on doit conclure que l'infaillibilité ne peut pas être attribuée à un seul évêque, quel qu'il soit.

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Nous terminerons par ces paroles d'un écrivain ecclésiastique : « Seigneur, si en » m'attachant au christianisme je me trompe, » c'est vous-même qui m'avez trompé ; car il » est marqué à des traits que votre main seule pouvait lui imprimer. » Voyez, dans la présente Encyclopédie, les articles ÉVANGILE, EXPIATION, FÊTES, HÉRÉSIES, IDOLATRIE, LIVRES SAINTS, MARTYRS, MESSIE, Miracles, Prophéties, Résurrection, SaCREMEnts, Sacrifice.

Consultez Pascal, Pensées; Abbadie, Vérité de la religion chrétienne; Huet, Démonstration évangélique; Clarke, Traité de l'existence et des attributs de Dieu; Leland, Nouvelle Démonstration évangélique; Bergier, Dictionnaire théologique; de La Luzerne, sur la Révélation; Erskine, Réflexions sur l'évidence intrinsèque de la vérité

du christianisme, etc., etc.

FLOTTES.

* REVELLIÈRE-LÉPAUX (LOUIS-MARIE), l'un des membres du directoire exécutif, né en 1753 à Montaigu, petite ville de la Vendée, dont son père fut maire pendant trente ans, se destina d'abord au barreau et prêta serment d'avocat au parlement de Paris en 1775. Mais son peu d'aptitude à cette carrière, le détermina bientôt à y renoncer; il rentra au sein de sa famille, se maria à une demoiselle Boyleau de Chandoiseau, qui lui inspira le goût de la botanique, science qu'elle-même cultivait et dont elle lui enseigna les éléments, et plus tard il en ouvrit un cours public à Angers. Cependant l'époque de la révolution approchait; il en embrassa les principes avec ardeur, fut nommé d'abord syndic de sa commune, puis député aux états-généraux par le tiers-état de l'assemblée bailliagère; et dans la part qu'il eut aux premiers débats de l'assemblée constituante il laissa percer une tendance très-prononcée pour les opinions républicaines. La session terminée, il devint membre de l'administration de son département, fut ensuite appelé aux fonctions de juré près la haute-cour nationale siégeant à Orléans; et de retour à Angers au mois d'août 1792, y fut nommé peu après membre de la convention nationale. Outre les tournées patriotiques qu'il fit dans le départe

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