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* POULLETIER DE LA SALLE (FRANÇOIS-PAUL-LYON), fils de l'intendant de la généralité de Lyon, né dans cette ville en 1719, mourut en 1788. Outre plusieurs manuscrits relatifs aux différentes branches de la médecine, il a laissé une bonne traduction de la Pharmacopée du college royal des médecins de Londres, etc., 1761-1771, 2 vol. in-4o. Poulletier était associé libre de la Société royale de médecine.

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POULLIN DE LUMINA (ÉTIENNEJOSEPH), né à Orléans, négociant à Lyon, mort en 1772, a laissé : Histoire de la guerre contre les Anglais, Genève, 1759-60, 2 vol. in-8°; Abrégé chronologique de l'histoire de Lyon, 1767, in-4°; Histoire de l'église de Lyon, Lyon, in-4o; Histoire de l'établisse ment des moines mendiants, 1767, in-8°; Mœurs et Coutumes des Français, 1769, 2 vol. in-8°. N. POULLIN DE VIÉVILLE, cousin-germain du précédent, avocat, né à Orléans vers 1740, mort à Versailles en 1810, est auteur d'un Code des tailles et de quelques autres écrits entièrement oubliés aujourd'hui. POULPE. Voyez CEPHALOPODES. POULS. (Médecine.) Battement du cœur, mouvement de déplacement et de dilatation des artères, considérés dans leurs rapports avec le diagnostic des maladies. Dépendant principalement de la contraction du ventricule gauche du cœur, et quelque peu du resserrement des artères, le pouls est une source d'indications assez précises, quoique infiniment variées, du degré d'activité de la partie artérielle du système circulatoire. Les Chinois ne paraissent chercher les signes des maladies que dans le pouls. Les Grecs n'en tinrent guère compte d'une manière constante qu'après les travaux de Galien. Parmi les modernes, Solano, Nihell, Bordeu et Fouquet se sont beaucoup occupés de l'étude des pulsations artérielles et fort peu de celles du cœur ; mais celles-ci ont été explorées avec le plus grand succès par Senac, Corvisart et Laennec.

C'est par le tact qu'on explore le pouls. Le médecin ne doit donc rien négliger pour que ce sens soit chez lui aussi parfait que possible, notamment aux doigts indicateur et médius.

Pour tirer du pouls tous les documents qu'on peut en attendre, il ne faut point le tâter aussitôt qu'on arrive près du malade, parce que l'approche du médecin détermine fort souvent une certaine émotion qui influe sur les mouvements du cœur et par consé

quent modifie le pouls. Il en est de même après le repas, l'ingestion d'une boisson excitante, la marche, ou même le plus léger mouvement, quand le malade est très faible; après la toux, le rire, le hoquet, les sanglots, les cris, et pendant l'exercice de la parole. On conçoit d'après cela qu'il est difficile de trouver un moment favorable pour tâter le pouls. Cependant un médecin attentif remédie à ces divers inconvénients, en l'explorant peu après son arrivée au lit du malade, dans le milieu de sa visite et à l'instant de son départ. En prenant la moyenne proportionnelle de ces trois explorations, il arrive à une estimation aussi exacte que possible. On conçoit que l'exploration du pouls est toujours peu méthodique et peu fidèle dans les hôpitaux, où les malades sont en proie à toute espèce d'émotions, à toute sorte d'excès, et où le médecin reste à peine quelques minutes près de chacun d'eux. Ce n'est qu'en ville, et même dans sa propre famille, que le médecin peut recueillir des observations exactes sur le pouls. Encore faut-il qu'il en fasse une étude particulière, et qu'il y consacre tout le temps nécessaire.

Pour tåter le pouls avec fruit, il faut saisir, avec la main droite, la partie inférieure et externe de l'avant-bras, de manière à ce que la pulpe de l'indicateur et celle du médius se trouvent placées sur la portion la plus superficielle de l'artère radiale un peu au-dessus de l'apophyse styloïde du radius. L'avant-bras doit être dans un quart de flexion entre la pronation et la supination, libre ainsi que le bras de toute ligature et de tout vêtement susceptibles de comprimer le membre. Le pouce est placé sur la face postérieure du radius, afin de fixer légèrement la partie, et d'éveiller, pour ainsi dire, l'attention sur l'impression que reçoivent des battements de l'artère l'index et le médius. Ceux-ci ne doivent être appuyés ni trop légèrement ni avec trop de force; car, dans le premier cas, on ne distinguerait rien ou presque rien; et, dans le second, on aplatirait ou l'on déplacerait l'artère, et l'on s'opposerait ainsi à sa locomotion et à sa dilatation: le pouls ne serait pas perçu, ou bien il serait altéré dans ses principales qualités. On lève de temps en temps la pulpe de l'un ou de l'autre doigt, ou de tous deux, afin de réveiller leur sensibilité qui s'engourdit par la fixité et la compression. Cependant il est bon, au commencement, d'appuyer un peu fortement sur l'artère, puis moins, selon

que le pouls est plus ou moins facile à percevoir. Il est des auteurs qui recommandent ¿de tåter le pouls avec les quatre doigts pressés l'un contre l'autre, de manière à ce que leurs extrémités soient parallèles; mais il est fort peu de personnes chez lesquelles on sente les pulsations de l'artère radiale sur une si grande étendue, et d'ailleurs le tact du doigt annulaire et du petit doigt est faible. Plus on met de temps dans l'exploration du pouls, et mieux on en reconnaît les caractères. Il n'y a pas de règle fixe à cet égard. Il faut que le malade soit assis ou couché sur le dos, ou du moins sur le côté opposé à celui du bras où l'on examine le pouls. Il faut toujours tâter le pouls aux deux bras, parce qu'il y a des différences natives et d'autres qui dépendent de l'état de maladie. On a dit qu'il était nécessaire de tâter de la main gauche le pouls droit, et réciproquement : c'est une erreur; il n'y a pas de meilleur moyen pour trouver de la différence entre ces deux pouls, car le tact diffère aux deux mains.

Avant de tâter le pouls des malades, il faut long-temps tâter celui des personnes en santé, des deux sexes, de tous les âges et de toutes les constitutions, afin de reconnaitre toutes les variétés de son état physiologique. Malheureusement cela n'est pas d'un grand secours, quand on est appelé près d'un malade auquel on n'a jamais tâté le pouls quand il était bien portant. Il est inême fort rare que les médecins tâtent le pouls de leurs clients hors l'état de maladie. Pour citer un exemple des erreurs qui peuvent en résulter, il suffira de dire que l'auteur de cet article a constamment le pouls rare, quoique d'ailleurs la plus légère cause le fasse battre avec force, vitesse et une fréquence extraordinaire.

Lorsque le pouls n'est pas sensible à l'artère radicale, il faut le tater à la carotide, ou mieux au cœur ; mais alors on tire peu de fruit de cette exploration, parce que l'on n'a plus aucun terme de comparaison. Il serait donc à désirer que les médecins s'habituassent à tàter le pouls à ces trois endroits, au moins dans tous les cas où le malade est alité, chez les hommes et chez les deux sexes, dans tous les cas graves.

Dans l'état normal, nous dirons presque idéal, le pouls est facile à saisir, souple, égal, régulier, ni fréquent, ni lent. Il bat environ de soixante-cinq à soixante-dix ou soixante-quinze fois par minute; les pulsa

tions sont à égale distance les unes des autres. Chez les enfants nouveau-nés il bat environ cent quarante fois; vers la seconde année, cent fois; à l'époque de la puberté quatrevingts. Chez l'adulte, il est plus plein, plus développé, moins fréquent que dans l'enfance et l'adolescence. Chez les vieillards, le pouls est moins fort et plus large, plus dur, et il bat de cinquante à soixante fois. Chez la femme, il est plus fréquent que chez l'homme; il se rapproche du pouls de l'enfance. Dans la grossesse, il est encore plus fréquent, toujours variable dans les premiers mois, souvent embarrassé dès les premiers jours de la gestation, quelquefois redoublé aux approches de l'accouchement. On dit qu'il est plus fréquent, plus vif et plus fort chez les sujets bilieux et sanguins, plus faible et plus rare chez les sujets lymphatiques. Le pouls est plus lent le matin jusqu'à midi, ensuite il est plus vif, puis il baisse à deux heures jusqu'à huit heures du soir. Durant le sommeil, il est un peu moins vif; vers deux heures après minuit, il se relève et baisse de nouveau jusqu'à sept ou huit heures. Ces variations coincident avec celles du baromètre et du thermomètre.

C'était une idée ingénieuse que celle de supposer que l'irritation de chaque organe et le travail excrétoire qui s'y fait devaient imprimer au pouls des modifications particulières. Si Bordeu n'a pu réussir à faire adopter toutes ses distinctions, dont plusieurs sont si subtiles qu'a peine on les comprend même avec l'imagination, il n'en est pas moins vrai que le pouls fournit d'importantes indications, mais moins positives qu'il ne le prétendait. On convient encore généralement qu'un pouls serré et petit annonce un état nerveux, convulsif, un état d'irritation; que le pouls ondulant dénote la sueur prochaine, le pouls décroissant l'urine, le pouls redoublé l'épistaxis; qu'un pouls large, développé, facile, est d'un heureux augure : c'est bien peu; mais enfin c'est assez pour qu'on ne dédaigne pas l'exploration du pouls. Nous n'insisterons pas sur la signification du pouls, parce que les généralités symptomatiques ont retenu la science des maladies dans l'ornière des vieilles doctrines. Le pouls et ses modifications ne doivent être étudiés qu'en parallèle avec les autres phénomènes morbides annonçant le trouble de l'organe primitivement lésé et des organes secondairement affectés. Un seul point commun à toutes les maladies,

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POULTIER D'ELMOTTE (FRANÇOISMARTIN), conventionnel, né à Montreuilsur-Mer en 1753, mourut à Tournay en 1827. Durant le cours de sa vie politique, il avait montré assez de capacité et s'était honoré par quelque modération. Il ne manquait pas d'instruction et avait de la facilité pour écrire : il a beaucoup écrit et sur beaucoup de sujets.

POUMON. (Médecine.) Organe de la respiration, le poumon reçoit et rejette alternativement l'air atmosphérique qui, pendant son séjour en lui, sert à la conversion du sang noir ou veineux en sang rouge ou artériel, en cédant son oxygène au premier. Le poumon commence à agir à la naissance, continue sans interruption pendant toute la durée de la vie et ne s'arrête qu'avec elle; ou plutôt, quand il cesse d'agir, la vie n'a plus lieu. De là l'importance de cet organe dans l'ordre physiologique, et le danger de ses altérations pathologiques.

Les mauvaises qualités de l'air contribuent moins que la suppression fréquente ou habituelle de l'action de la peau, et les irritations des voies digestives, à la production des maladies du poumon. Les troubles de la circulation ne lui sont pas moins redoutables, et c'est principalement par leur intermédiaire que les chagrins déterminent si fréquemment ces affections redoutées.

Composé d'une membrane muqueuse dans laquelle réside le sens respiratoire, et qui sert de siége à l'action de l'air sur le sang; d'un parenchyme aréolaire, dont la parfaite perméabilité est indispensable à l'accomplissement de la respiration; pourvu de deux ordres de vaisseaux artériels, de veines, et de nerfs de deux genres; enveloppé d'une membrane séreuse, renfermé dans une cavité à parois mobiles, musculo-osseuses, en partie molles, en partie solides ; le poumon est susceptible de devenir le siège d'inflammation, d'hémorrhagic, d'hydropisie, de névrose, et peut être d'atonie.

L'inflammation du poumon à l'état aigu comprend la bronchite ou inflammation des bronches, c'est-à-dire de la membrane muqueuse pulmonaire, autrement appelée rhume de poitrine ou catarrhe aigu (voyez CATARRHE); la pneumonite ou péripneumonie, vulgairement nommée fluxion de poitrine, qui a pour siége le parenchyme du poumon; enfin, la pleurésie, également nommée fluxion de poitrine ou point de cóté, réside dans la plèvre, c'est-à-dire dans la membrane séreuse de ce viscère.

La distinction de ces trois inflammations ne peut être faite que par un médecin; car il ne suffit pas de dire que dans la première il y a toux, chaleur et sentiment d'âcreté dans la poitrine, et crachats muqueux; dans la seconde toux, chaleur, douleur sourde, gêne excessive de la respiration et crachats sanguinolents et visqueux; dans la troisième, toux entrecoupée par une douleur vive, poignante et locale: il n'est pas un de ces signes qui ne soit susceptible d'une foule d'interprétations; et de plus, dans les inflammations les plus profondes et les plus étendues du poumon, ils manquent assez fréquemment la percussion et l'auscultation peuvent seules faire cesser l'incertitude, et le médecin seul peut recourir à ces moyens d'exploration.

:

L'inflammation chronique du poumon prend, dans les bronches, les noms de rhume négligé, de catarrhe proprement dit, de bronchite chronique; celle du parenchyme est appelée pneumonite chronique, quand les symptômes en sont bien manifestes; et phthisie pulmonaire, quand on n'observe pendant long-temps que des symptómes de dépérissement avec toux et crachats, mais sans douleur, si ce n'est obscure, vague, notamment entre les épaules, excepté quand la plèvre y participant, des points de côté très-douloureux s'y joignent de temps en temps ou habituellement. La diffêrence notable qui existe entre la bronchite et la pneumonite chronique, ou le rhume négligé, et la phthisie pulmonaire, est tellement difficile à saisir, que, sans le secours de l'auscultation, on est exposé à de graves erreurs, que ce moyen seul peut faire éviter.

L'inflammation chronique latente du poumon est si souvent accompagnée de la présence de tubercules dans ce viscère, qu'on lui a donné, par une sorte de privilége, le nom de phthisie tuberculeuse. Cette complication redoutable est une raison de plus,

par quelque théorie qu'on cherche à l'expliquer, pour combattre avec plus de persévérance l'inflammation, qui seule en fait tout le danger; car on peut très-bien vivre avec des tubercules dans le poumon : il est faux qu'ils soient nécessairement destinés à se ramollir un jour et à faire périr le sujet, car on en trouve dans les cadavres de vieillards qui n'ont éprouvé qu'une seule affection aigue du poumon, et cela dans une époque éloignée de leur vie.

Les hémorrhagies du poumon sont peu graves quand le sang ne provient que des grosses bronches; elles le sont beaucoup, au contraire, quand ce liquide est fourni par les aréoles muqueuses de ce viscère, et plus encore quand il provient du parenchyme. Cependant, quand l'inflammation ne se mêle point à l'état morbide du poumon, ei chez les femmes, le crachement de sang n'est pas toujours mortel, quoique dans beaucoup de cas il soit l'avant-coureur le plus caractérisé de l'ensemble des symptômes désignés plus particulièrement sous le nom de phthisie.

Ce même nom a été donné, en y joignant l'épithète de laryngée, à l'inflammation chronique avec ulcération du larynx, qui est accompagnée du dépérissement, comme la phlegmasie chronique du poumon, laquelle l'accompagne fréquemment.

Les névroses du poumon sont à peine con

nues; il se peut que l'asthme doive quelque fois y être rapporté ; mais il est le plus ordinairement le symptôme d'une maladie du cœur ou des gros vaisseaux, ou d'une hydropisie de poitrine.

L'hydropisie peut résider dans la plèvre ou dans le parenchyme du poumon ; ce sont deux graves altérations, ordinairement suivies de la mort, la première plus promptement que la dernière, et qui résultent ou de l'inflammation aiguë ou chronique, ou de l'extension de l'hydropisie d'une autre partie du corps.

On parle souvent de poitrines faibles; mais celles que l'on désigne ainsi n'obtiennent cette dénomination, dans la plupart des cas, que par suite du développement de symptomes annonçant l'irritation pulmonaire ou un vice de conformation du cœur. Un poumon faible serait celui qui assimilerait l'air incomplètement, quoique d'ailleurs sans altération de texture. (Voyez ASPHYXIE et POITRINE.) BOISSEAU.

* POUPART (FRANÇOIS), anatomiste et chirurgien, né au Mans, mourut en 1708. Ou

Tome 19.

tre des mémoires et autres opuscules fournis au Journal des Savants ou insérée dans le Recueil de l'Académie des sciences, il a publié, sous le titre de Chirurgie complète, etc., Paris, 1695, in-12, une compilation aujourd'hui sans intérêt. — Olivier POUPART, autre médecin, né dans le 16e siècle à Saint-Maixent (Poitou ), a donné entre autres ouvrages une traduction latine des Aphorismes d'Hippocrate, 1580. POUPART (Jean-Baptiste), bibliothécaire et membre de l'Académie de Lyon, ville où il mourut le 1er mars 1827, était né en 1768 à Saint-Bié (Vosges). On a publié de lui, après sa mort, un Compte rendu des travaux de l'Académie de Lyon pendant le second trimestre de 1820, Lyon, 1827, in-8°. Il a laissé en outre une traduction de l'Art poétique d'Horace, en vers français. Le manuscrit en est conservé dans le portefeuille de l'Académie de Lyon.

POUPÉE ou PAUPPÉ DESPORTES (J.-B.). Voyez DESPORTES.

*

POUPLINIÈRE (A.-J.-J. LERICHE DE LA). Voyez POPELINIÈRE.

* POURBUS. Voyez PORBUS.

* POURCHOT (EDME), professeur de philosophie à Paris, né à Poilli, diocèse de Sens, en 1651, mourut aveugle en 1734. Il avait légué toutes ses épargnes à l'Université, pour fonder, au collège des Grassins, une chaire de grec, et une bourse en faveur des pauvres étudiants de son pays natal. On a de lui: Institutiones philosophie, dont la quatrième édition fut donnée en 1734, in-4o, 5 vol. in-12, et plusieurs mémoires pour l'université de Paris, dont on trouvera les ti

et

tres dans le Dictionnaire de Moreri, édition

de 1759.

* POURFOUR DU PETIT. Voyez PETIT. * POUSANT ou PIOUZANT POSDOS est le nom arménien de l'historien Faustus de Byzance (voyez ce nom). On ne remarquera pas sans quelques surprise qu'un des savants auteurs de la Biographie universelle, publiée chez L.-G. Michaud, n'a pu être tout à fait d'accord avec lui-même tou chant cet historien, auquel il a, par méprise sans doute, consacré deux notices différentes. Dans la dernière, donnée sous le nom de Pousant (tom. 35, pag. 559), M. SaintMartin nous apprend que Faustus était évêque du pays des Saharhouniens, situé dans la partie orientale de l'Arménie. Le' Magasin encyclopédique de septembre 1811 contient deux chapitres du troisième livre

2

ans,

de l'Histoire d'Arménie de Faustus, traduite n'eut point d'enfants de ce mariage; mais il en français par F. Martin. adopta l'un des jeunes frères de sa femme, qui hérita de son nom et de son talent dans le paysage (voyez Gaspard DUGHET). Ce fut vers ce temps que le Poussin commença à être chargé de plusieurs travaux importants par la protection du cardinal Barberini revenu de ses ambassades. Il n'obtint point de grandes récompenses pécuniaires; mais il se fit connaître du chevalier del Pozzo, qui lui voua une amitié durable, occupa ou recommanda son talent, et lui ouvrit sa bourse et son cabinet d'antiquités. La réputation de l'artiste ne tarda pas à s'étendre par de nouveaux ouvrages dans toute l'Italie et jusqu'en France, d'où il lui arriva beaucoup de demandes. Entre autres personnages de distinction pour lesquels il travailla, il faut citer M. de Chantelon, qui devint son ami. Bientôt le cardinal de Richelieu manifesta le désir de le voir rentrer dans sa patrie, et le roi Louis XIII lui adressa même à ce sujet la lettre la plus flatteuse, dans laquelle il lui assurait le titre de son peintre ordinaire; mais il était réservé à M. de Chantelou de dissiper les irrésolutions de son illustre ami, et de l'emmener avec lui en France vers la fin de 1640. Le Poussin reçut l'accueil le plus gracieux du cardinal et du roi, qui lui confirma par un brevet la qualité de premier peintre ordinaire avec une pension de 3,000 livres et un logement au Louvre, et lui donna la direction générale de tous les ouvrages de peinture et d'ornement des maisons royales. Tant d'honneurs éveillèrent l'envie de Vouet, qui conservait le titre de premier peintre titulaire, de Le Mercier, premier architecte du roi, et de Fouquière, peintre flamand, qu'on appelait le baron aux longues oreilles, et le zèle que mit le grand artiste à poursuivre les embellissements dont il était chargé au Louvre acheva d'exaspérer contre lui des hommes qui lui étaient si inférieurs par le talent. Las de lutter contre leur mécontentement et les tracasseries qui en furent la suite, il repartit pour Rome, en 1642, sous prétexte d'aller chercher sa femme et mettre ordre à ses affaires. On lui avait fait promettre de revenir; mais il se crut dégagé de sa promesse par la mort de Richelieu et de Louis XIII, et resta sur la terre étrangère, où il avait trouvé une patrie et une famille. Cependant il ne renonça pas à travailler pour la France, et l'on peut dire que, par

* POUSSIN (NICOLAS), l'un des plus célèbres peintres français, et le chef de notre ancienne école, né aux Andelys en 1594, d'une famille noble, mais pauvre, montra, dès sa première jeunesse, un goût très-vif pour le dessin. Il vint à Paris à l'âge de 18 et entra chez un peintre de portraits, puis chez un peintre d'histoire nommé Lallemant, mais ne fut réellement, comme le dit Voltaire, que l'élève de son génie. Raphaël et Jules Romain, dont il ne connut d'abord les chefs-d'œuvre que par des gravures, aidèrent beaucoup au développement de ses heureuses dispositions. Deux fois il entreprit le voyage de Rome, et deux fois la pauvreté le força de s'arrêter en route. Cependant il avait déjà peint, dès cette époque, des tableaux qui n'étaient pas sans mérite; mais il était payé, sans doute, d'après sa réputation à peine naissante, et d'ailleurs on sait qu'il poussa toujours le désintéressement jusqu'à l'insouciance, même aux plus beaux jours de sa gloire. Il eut le bonheur toutefois de connaître à Paris le cavalier Marin, qu'il alla rejoindre à Rome en 1624. Mais cet ami mourut bientôt, et le cardinal Barberini, auquel il avait recommandé l'artiste français, partit pour ses légations de France et d'Espagne. Le Poussin se trouva ainsi encore une fois sans protecteur, et réduit aux seules ressources de son talent, qui le mettait à peine au-dessus de l'indigence. Il ne se découragea point, et eut même la force, dans une position si difficile, de lutter contre le mauvais goût des Italiens, qui préféraient l'école alors du Guide à celle d'Annibal Carrache. Pour se prémunir contre les séductions de la mode, et se former un style sévère et pur, on le vit étudier sans relâche l'antique, et y puiser ces inspirations poétiques et ce beau idéal qui devaient un jour caractériser si heureuse. ment ses moindres tableaux. En même temps il épiait tous les secrets du mouvement dans la nature vivante; il remarquait les phénomènes de l'optique; il s'instruisait des théories de la perspective, de l'architec ture; il assistait aux dissections de Nicolas Larche pour apprendre l'anatomie, et il s'inspirait de la lecture d'Homère, de Plutarque et surtout de la Bible. En 1629, il épousa une fille de Jacques Dughet, son compatriote, chez lequel il avait été accueilli et soigné pendant une maladie. Il

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