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misère et d'oisiveté, vit donc, sous l'influence de ce général, et avec le secours de la Société royale des prisons, s'ouvrir simultanément un atelier et une école.

Des chances de succès étaient assurées à cette tentative, conseillée par une saine philosophie. Les condamnés de l'armée, martyrs la plupart de lois reconnues trop sévères, n'étaient point de ces êtres dégradés qu'une société repousse avec effroi de son sein. L'honneur militaire, qui chez le soldat se conserve au milieu du désordre et de l'égarement, offrait un moyen spécial et puissant de les ramener au sentiment de leur dignité primitive : l'esprit de confraternité, les habitudes d'obéissance, le ressort énergique de l'émulation, se trouvaient comme autant d'actifs auxiliaires à la disposition de qui saurait les manier. Mais quoique de vulgaires adages placent dans l'ignorance la cause la plus féconde des erreurs humaines, il ne manque pas, et malheureusement presque toujours dans les classes influentes, de ces esprits chagrins et rétrécis, qui, revendiquant l'éducation comme le privilége de quelques uns, s'effarouchent à la seule idée de voir s'établir, par le moyen de l'instruction, une sorte d'égalité entre les hommes.

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Aussitôt donc que fut ébruité le dessein d'ouvrir à des militaires frappés par les lois les sources du travail et du savoir, un cri s'éleva parmi ceux que révolte toute idée nouvelle. Quoi! des soldats qui ont man» qué au devoir se trouveraient plus favorablement traités que ceux qui le remplissent » avec zèle! Le militaire, appui du trône et » honneur de son pays, perd dans les occupations du service les plus belles années » de sa vie : il oublie dans le rang jusqu'à la * profession pour laquelle il avait été destiné, » et qui bientôt formera son unique res» source...; tandis que des êtres déchus, inu» tiles, peut-être flétris, recevant l'inestimable bienfait de l'éducation primaire, » deviendront par là l'objet de la préférence » la moins méritée, etc. »

La réponse à ces clameurs était bien facile; car si les condamnés militaires ont manqué à leurs devoirs, c'est apparemment pour les avoir imparfaitement connus. Or,

s'il est incontestable que c'est par l'enseignement de vérités d'un ordre moins élevé que doit être précédé celui des obligations morales, il s'ensuit qu'une instruction élémentaire est indispensable pour préluder à ces connaissance d'une catégorie supérieure. Le soldat doit donc avoir préalablement appris quelque chose pour concevoir 1 idée des lois et des devoirs, et quand il a failli par ignorance des uns et des autres, c'est le moins, si l'on tient à ce qu'il ne retombe pas, qu'on se donne la peine de l'instruire.

Ce fut cependant contre l'instruction qu'on se déchaîna avec non moins de véhémence que de succès. Il fallut absolument que le professeur descendît de la chaire, où il ne faisait que de monter, et dès lors l'autorité militaire dut se contenter de procurer aux condamnés les avantages du travail mécanique.

On éprouve un vif regret de ce triomphe, passager, je l'espère, des idées rétrogrades, lorsqu'on lit, dans un rapport de M. le maréchal Suchet, du 26 mars 1821, les paroles suivantes :

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Depuis la formation de l'école élémen» taire fondée à Montaigu par les soins et » avec les fonds de la Sociéte royale, 221 soldats, dont 201 ne sachant absolument >> rien, ont suivi avec le plus grand succès » les leçons d'enseignement mutuel; 131 de » ces militaires sont capables aujourd'hui » de remplir des places de sous-officiers. >> L'amélioration de leur caractère a été si complète, que plusieurs sont déjà capo» raux, et doivent bientôt passer sergents. » D'autres sont portés dans les compagnies » d'élite. Enfin ceux qui étaient les plus in» dociles se conforment maintenant sans >> murmurer à la dicipline sévère de l'éta»blissement, etc. »

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Si le travail intellectuel a été banni de Montaigu, il est juste de dire que le travail mécanique y a prospéré. Conformément au but qu'on se proposait, il procure aux détenus un supplément de nourriture, un peu de vin, des objets de couchage, des vêtements, et toujours un décompte assez considérable au moment de leur libération. Voici le résultat des travaux depuis la création:

Tome 19.

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Mais la situation sanitaire de la maison est loin d'être aussi favorable.

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Ces chiffres prouvent que la huitième partie des détenus est constamment à l'hôpital. De ces malades, le tiers est mort dans les trois dernières années; le reste était atteint de maladies plus ou moins graves, dont le traitement a varié de vingt-cinq à trente jours. Mais l'importunité que mettent les détenus à solliciter des billets d'hôpital, leur empressement à se donner des affections que le contact communique, leurs artifices pour simuler des plaies, des douleurs ou des indispositions, montrent assez que le but pénitentiaire n'est pas atteint dans cette institution, et qu'il faut autre chose que le travail mécanique pour rasseoir et calmer ces imaginations plus ou moins fortement excitées.

Au reste, on ne doit pas dissimuler que le local de Montaigu ne soit l'un des moins

convenables qu'on ait pu choisir pour une telle destination. Il y manque de l'espace, du jour, de l'air, quelque végétation, des eaux abondantes, avantages dont l'influence n'est pas moins sensible sur le moral que sur le physique des individus. Ces éléments de guérison n'ont pas été méconnus dans les établissements vraiment splendides, élevés ailleurs par de faibles États. Dans les maisons pénitentiaires de l'Amérique et de la Suisse, par exemple, le détenu trouve, indépendamment des écoles et des ateliers, du terrain pour se livrer à certains exercices, et jusqu'à des plantations pour égayer ses yeux.

C'est ce que savait l'illustre maréchal dont j'ai déjà cité un rapport. Occupé presque sur son lit de mort du soulagement de cette classe de malheureux, il avait conçu

l'idée d'une prison-modèle, dont le plan en relief existe dans les mains de sa veuve. Cet édifice, assis sur une ile non bâtie de la Seine, devait contenir tous les condamnés militaires du royaume, avec les tribunaux de divers degrés chargés de les juger. Dans une enceinte vaste, aérée, bien plantée, sont placés des ateliers et des écoles. Le genre d'instruction n'était pas tellement élémentaire que quelques aperçus de géométrie, des idées de tactique, des notions sur l'histoire militaire, ne s'ajoutassent aux leçons de l'enseignement primaire. Les travaux mécaniques étaient d'une espèce relevée, comme l'exige la dignité de l'armée; car il faut que le soldat, devenu ouvrier, soit des premiers de sa classe, et pratique une industrie qui annonce ce développement de facultés qui caractérise généralement l'homme de guerre. Le plan de M. le maréchal Suchet, qui reçut de grands éloges à la Société royale, et à qui ne manqua pas le plus auguste suffrage qu'on y pût ambitionner, est resté comme une preuve de plus de la haute philanthropie et des connaissances variées de ce général d'armée, l'un des plus complets qu'ait produits notre pays. Il est le véritable type d'une maison de correction à l'usage des troupes, et les voeux de tous les militaires hommes de bien doivent se réunir pour solliciter son exécution. (Voyez PEINES.)

LA NEUVILLE.

*PRITZ (JEAN-GEORGES ), en latin Pritius ou Pritzius, théologien protestant, né à Leipsig en 1662, professa la théologie à Gripswald, fut appelé à Francfort en 1731 pour y être placé à la tête du ministère ecclésiastique, et y mourut en 1732. Il avait travaillé long-temps aux journaux scientifiques et littéraires publiés dans sa patrie, et notamment aux Acta eruditorum. On a de lui, outre des sermons et un grand nombre de traductions allemandes, une Introduction à la lecture du Nouveau-Testament (en latin), dont la meilleure édition est celle de Franc fort, 1724, in-8°; une Dissertation sur l'im, mortalité de l'âme, ibid. ; de bonnes éditions des OEuvres de Saint-Macaire (en grec et en latin); du Nouveau-Testament (en grec); des Lettres de Milton; et plusieurs autres ouvrages peu remarquables.

PRIVILÉGE. (Politique.) Exception au droit commun, avantage, distinction, prérogative, accordés, soit par la nature, soit par la société, dans l'intérêt général, ou usurpés par l'intérêt particulier.

C'est pour le bien de tous que la nature a départi à quelques-uns une vigueur extraordinaire, un courage héroïque, un esprit supérieur, le talent, le génie : tout privilége confère une mission qu'il faudra remplir pour s'en montrer digne. Les hommes n'accordent leur respect et leur amour qu'à ceux qui, prenant pour devise ce beau vers de l'Africain Térence :

Homo sum, humani nil à me alienum puto, ont servi et aimé leurs semblables. Quant aux mortels privilégiés pour qui le génie n'a été qu'un instrument de domination et de renommée, ce sont des prodiges qui étonnent, mais qui n'inspirent qu'une admiration stérile, lorsqu'ils n'excitent pas une émulation funeste,

Il en est de même pour les priviléges sociaux. Les uns garanties d'ordre et de bonheur, sont accueillis par la reconnaissance et la vénération des peuples; les autres, fruits de l'usurpation, et sources de discorde, n'enfantent que haines et malédictions.

Le but vers lequel sont dirigées les institutions sociales qui confèrent des privilèges, l'esprit qui anime les corps, ou les hommes investis de ces prérogatives, les rangent dans l'une ou l'autre de ces catégories. Le plus ancien des priviléges, la propriété du sol, a pour objet le maintien de l'ordre et le plus grand avantage commun dans l'exploitation des terres. (Voyez PROPRIÉTÉ.) Le plus éminent des priviléges, la puissance souveraine, fut le produit du premier des besoins, la félicité publique. Que ce grand pouvoir soit exercé par la société elle-même, par ses principaux membres, ou par un seul, le privilége de l'autorité suprême a toujours sa règle et sa direction dans l'intérêt général. Le despotisme même n'avoue pas une autre origine ni un autre but. David n'est l'oint du Seigneur que comme l'élu le plus digne du sceptre, qui doit protéger tout le peuple d'Israël. Le parricide Néron prétendait gouverner dans l'intérêt de l'empire, quand des soldats forçaient la populace romaine d'applaudir à ses chants, ou lorsque le rhéteur Sénèque récitait, aux acclamations du sénat avili, l'apologie du meurtre d'une mère. Le seigneur du moyen âge, portant le fer et le feu sur les domaines de ses voisins, pillant les marchands, rançonnant les voyageurs, levant des taxes suivant ses caprices, se croyait, se déclarait du moins aussi le pro

tecteur de ses vassaux. La distinction entre le privilége utile et le privilège nuisible est dans la part que s'attribue le privilégié, ou qu'on lui laisse prendre. Que devient l'intérêt public, quand tous les avantages sociaux, les hommages, les richesses, le pouvoir sans limites, sont d'un côté; les charges, les scuffrances, une humble servitude, de l'autre ?

A ces époques malheureuses où dominent la force, la violence et la ruse, sur des peuples subjugués et avilis, la part du privilége est celle du lion de la fable. L'ignorance, la misère, une résignation stupide, ou le désespoir, sont le lot de la multitude. Elle est trop dédaignée alors pour trouver des protecteurs; mais il s'en présente à mesure qu'elle s'éclaire, à mesure que ses travaux et son énergie réveillée lui font faire des progrès. Les rivalités d'intérêt entre les puis sants, qui se partagent tous les priviléges, les intentions généreuses de quelques hommes de bien, le besoin ds s'appuyer sur les masses, lui créent bientôt des patrons et des défenseurs. Ainsi, le sentiment d'un intérêt commun, d'accord avec l'impulsion d'une équité bienfaisante chez quelques bons princes, invita nos rois à s'assurer la reconnaissance des peuples par l'appui qu'ils leur prè tèrent contre l'oppression des seigneurs. Ainsi, nos anciens parlements avaient fondé le crédit et la durée de leurs priviléges sur une meilleure administration de la justice, sur la défense des intérêts populaires contre les charges toujours croissantes de l'impôt et contre les usurpations du sacerdoce. Le besoin de la faveur populaire s'unissant à une noble sympathie pour les intérêts des communes, a perpétué long-temps en Angleterre l'alliance du privilége avec les droits du grand nombre, depuis l'insurrection des barons contre Jean-sans-Terre.

Dans quelle classe de priviléges faut-il ranger ceux de la noblesse héréditaire, que l'on retrouve à une date si ancienne et dans tant de pays? Les descendants des héros et des hommes supérieurs aux autres conservent-ils quelques titres à l'affection et aux hommages des peuples? Leur naissance leur confère-t-elle un avantage fondé sur l'ordre naturel, ou bien cette illustration d'emprunt ne serait-elle qu'un préjugé nuisible? Le cœur et la raison des hommes ont répondu depuis long-temps à ces questions. De tout temps un sentiment involontaire et prolongé de respect et d'affection accueillit dans leur

berceau les rejetons des hommes illustres ; de tout temps le vœu public admit la croyance que des étincelles du génie et des grandes qualités des pères pouvaient, avec le sang de ceux-ci, se transmettre aux enfants. Toujours on a espéré que ces semences heureuses, enracinées par de beaux exemples et cultivées par l'éducation, produiraient aussi d'excellents fruits; pressentiment généreux, quelquefois justifié, trompé plus souvent encore! Cel espoir de la perpétuité des talents et des vertus dans les familles des grands hommes ne s'est pas moins emparé de l'esprit des peuples : c'était une garantie d'ordre et de durée. La foi en cette hérédité promettait une série non interrompue de services et de bienfaits; elle dispensait de les chercher ailleurs au risque de rivalités souvent fatales au repos public. Ainsi, Athènes, si jalouse de sa liberté, vit avec joie reverdir sur la tête de Cimon les lauriers de Miltiade; ainsi le peuple romain transmettait aux familles des Brutus, des Valérius, des Fabius, des Scipion, des Caton, des Émile, les couronnes triomphales dont il avait décoré le front de leurs ancêtres. Sa piété reconnaissante honorait leurs images vénérées. La pompe du deuil en recevait toute sa splendeur. Ce reflet de gloire, cette moisson anticipée des suffrages publics sont aussi le tribut offert, chez les peuples modernes, aux descendants des personnages célèbres, à leur entrée dans la vie. La bravoure, le dévouement, les talents des Montmorenci, des La Fayette, des Turenne, des Condé ; le savoir et les vertus des Molé, des Séguier, des D'Aguesseau; la vaillante audace et l'habileté des Warwick, des Percy, des Marlborough, des Hohenstaufen, des Nassau, des Médicis, ont été ou sont encore honorés dans leurs races. Mais que sont au fond ces hommages d'une reconnaissance généreuse, survivant aux bienfaiteurs de la patrie, sinon des encouragements à les mériter? Qu'est-ce autre chose qu'un surcroît de prix payé à d'anciens services, et imposant aux heureux légataires l'obligation de services nouveaux? Telle est la condition et en même temps la consécration indispensable pour le privilége de la naissance. Les vertus et les services en consolident seuls le titre; les vices, la nullité, l'effacent aux yeux de la raison. L'indigne descendant des héros renie sa race, et tout noble dégénéré a déchiré ses parchemins. Avilis, opprimés, égorgés par les sicaires des Domitien, des

Commode, des Caracalla, comment les Romains auraient-ils reconnu dans ces monstres couronnés le sang des Flavius, des Antopins et des Sévère ? L'héroïque Villars n'estil pas pour la France le dernier de sa race, lorsqu'elle trouve consignée dans les récits contemporains la honteuse dégradation de son fils?

Les Chinois, ce peuple singulier, dont beaucoup d'usages semblent le revers de nos médailles, n'admettent qu'une noblesse rétrograde. Chez eux, les vertus des enfants la font seulement remonter à leurs aïeux; coutume inspirée sans doute par le culte qu'ils rendent aux ancêtres. Franklin, ennemi de tout privilége, décerne à cette institution un éloge au moins à demi-ironique. Il est certain qu'une noblesse qui remonte toujours et ne descend jamais, ne saurait entraîner d'abus bien grave. Plus sévères en core, les compatriotes de Franklin n'en reconnaissent d'aucune espèce. Quelque jour, peut-être, un peuple, jaloux de concilier sa gratitude et ses espérances avec la justice et l'intérêt public, créera un tribunal d'honneur, autorisé à prononcer contre un sujet jugé indigne la perte de ses prérogatives, comme on prononce aujourd'hui, dans certains cas, la dégradation civique ou militaire. Croit-on qu'un semblable frein n'aurait pas prévenu des crimes ou des bas

sesses?

Quels furent autrefois les priviléges du sacerdoce chrétien? Que sont-ils devenus? Que doivent-ils être ?

Lorsque la religion de la paix, de l'amour et du dévouement fut prêchée sur la terre, les vertus de ses apôtres, le sang de ses prosélytes, toujours prêts à s'immoler pour leur foi, cimentèrent son pouvoir sur les cœurз. Aux premiers temps de l'Église chrétienne, ses chefs n'avaient d'autre privilége que celui d'enseigner la morale divine, d'autre autorité que celle des croyances et des doctrines sanctionnées par la pureté des mœurs et par la sainteté de la vie. C'était par une constance éprouvée dans les périls et les souffrances, c'était par une longue habitude d'abnégation, par la méditation assidue des vérités de l'Évangile, par la constante pratique des bienfaits; c'était enfin par l'exercice fréquent de la parole, que des vieillards révérés, de saints martyrs, des chrétiens dont le zèle et les lumières avaient devancé l'âge, étaient appelés sous les titres de xpioburifol, irisnonce (prêtres ou anciens,

évêques, c'est-à-dire surveillants), à la célébration des mystères au milieu des fidèles réunis, à l'instruction et à l'édification plutôt qu'à la direction des néophytes. Ce fut à ces titres que les Paul, les Timothée, les Justin, que saint Augustin, saint Cyprien, saint Ambroise, et tant d'autres pieux évêques, furent appelés au gouvernement des églises chrétiennes ; que les Tertullien, les Clément d'Alexandrie, les Origène, les Jérôme, méritèrent de servir de guides à la foule empressée d'écouter leurs doctes leçons. Combien dans ces temps de ferveur était pur et désintéressé le zèle de ces prédi cateurs de la foi! Avec quel effroi d'humilité vraiment chrétienne la plupart d'entre eux s'efforçaient de se dérober à ces prérogatives du talent et de la piété, comme on rejette un fardeau trop pesant! Ne fallut-il pas faire violence aux Augustin, aux Ambroise, aux Chrysostome, pour les revêtir de la robe sacerdotale, pour les forcer à remplir les augustes fonctions de l'épiscopat? Temps heureux où des dignités révérées n'étaient acceptées qu'avec une modeste répugnance; où les priviléges du sacerdoce n'offraient pour tout avantage à l'élite des fidèles que plus de bien à faire, que l'exercice de vertus plus difficiles, que de plus beaux exemples à donner, et de plus grands sacrifices à accomplir! Jours de gloire où la plus éminente prérogative du prêtre et de l'évêque était celle des souffrances et du martyre! C'est sur l'exemple de ces rares vertus que se sont modelés les Borromée, les François de Sale, les Vincent-de-Paule, les Fénelon; c'est sous cet aspect que les Arnauld, les Pascal, les Fleury, les Massillon, les Brydaine, envisageaient les devoirs du saint ministère. Ces dignes représentants des Pères de l'Église, ces vénérables légataires de l'apostolat ont protesté hautement, par leurs œuvres, comme par leurs discours et leurs écrits, contre cette autre œuvre de ténèbres, contre cette œuvre de fraude et de domination mondaine, entreprise d'ambitieux pontifes, des Grégoire VII, des Innocent III, étayée sur les sanguinaires institutions des Dominique et des Torquemada; édifice d'iniquité recrépi par l'astuce et les intrigues des enfants de Loyola. Comment reconnaître dans la cupidité ardente à tout envahir, dans la haine persécutrice, toujours prête à frapper avec le glaive des proscriptions; comment retrouver au milieu des tortures, des bûchers et des bourreaux, l'esprit de

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