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bande. On a fait refluer sur Alger les troupes françaises éparses dans les environs, d'après le bruit que 60,000 Bédouins de l'inté rieur marchoient sur la ville, et qu'il se pourroit que les habitans concourussent à leur entreprise.

-La soumission du bey d'Oran traînant en longueur, MM. de Bourmont et Duperré ont résolu de faire attaquer cette place. Une expédition de plusieurs bâtimens y fut envoyée au commencement de ce mois, et l'on s'empara du fort de Mars-il-Kibir, dominant et commandant la baie qui offre le plus sûr mouillage de l'Afrique ce fort étoit armé de 42 canons. Quelques jours après, on expédia sur Oran des troupes de terre pour l'occuper par suite de ce premier succès, et tout annonce que l'affaire aura complètement réussi.

Le dey d'Alger Hussein est arrivé à Naples le 31 juillet, sur la frégate française la Jeanne d'Arc. Il avoit avec lui sa famille, ses ministres et leur suite, au nombre de 110 personnes, dont 58 femmes. Le gouvernement de Naples a consenti à ce que Hussein y fixât sa résidence.

-La ville de Bone, en Afrique, s'est rendue sans effusion de sang. M. Duperré avoit dirigé sur cette place une députation d'habitans notables d'Alger, avec la mission d'engager les autorités locales à reconnoître l'autorité du Roi de France, et de faire évacuer le fort par la garnison turque. Cette démarche a réussi, et les ports ont dû être occupés, le 26, par l'expédition de M. le contre-amiral Rosamel.

-M. de Pradt, qui veut toujours se croire nécessaire, ne fut pas plutôt informé de la formation du gouvernement provisoire, qu'il écrivit le 5 août, de Pradt, près Allanche, au duc de Choiseul, pour lui offrir ses services. Il a fait de même pour le duc d'Orléans. C'est lui-même qui nous l'apprend dans une lettre qu'il a fait insérer dans l'Ami de la Charte, à Clermont. La fin de cette lettre surtout est curieuse. «Il faut, dit le modeste prélat, que les hommes qui se sont long-temps occupés des affaires à fond se réunissent; tout ce que j'avois annoncé en me retirant de la chambre s'est réalisé... Il faut penser qu'une nouvelle assem→ blée aura lieu; je demanderai de faire partie de celle-ci, et je ne m'en irai pas. >>

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Le Courrier français a annoncé que M. Bonnet, conseiller de la cour de cassation, s'étoit rendu à Londres non moins précipitamment que M. Cottu, et qu'il ne vouloit plus rentrer en France. Le Courrier a été induit en erreur: M. Bonnet est en ce moment aux eaux du Mont-d'Or, qui lui ont été prescrites par les médecins, et ce voyage étoit arrêté bien avant les évènemens de la fin de juillet.

Les bannis belges, de Potter, Tielemans, etc., sont arrivés à Strasbourg le 9 de ce mois.

- Le bruit s'étoit répandu que M. d'Haussez avoit été arrêté à Beaujeu, d'autres disoient qu'il avoit suivi le Roi; mais les journaux anglais annoncent qu'il a débarqué le 11 en Angleterre.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 13, MM. Dupont (de l'Eure), Guizot, Gérard, Louis, Molé et de Broglie, occupent le banc des ministres.

M. Laffitte lit les lettres de MM. de St-Géry, Chabrol de Volvic et de la Potherie, qui donnent leur démission de députés, en déclarant que leur conscience leur en fait un devoir, et que leur mandat leur semble fini.

M. Salverte développe sa proposition, tendant à accuser de haute - trahison les ministres signataires des ordonnances du 23 juillet. Il ne croit pas que ce soit là un acte de vengeance, mais de justice. L'orateur attaque surtout M. de Peyronnet, déjà complice de la dissolution de la garde nationale et des massacres de la rue St.-Denis. Il reproche au ministère les nominations qu'il a faites dans les places administratives et judiciaires, ses démar ches pour les élections, l'émeute de Montauban, et jusqu'aux incendies de la Basse-Normandie. Enfin, il arrive au rapport et aux ordonnances du 25 juillet, aux massacres prémédités qui les ont suivis. Il croit que des enquêtes feront découvrir d'autres griefs: par exemple, que des mesures barbares auroient suivi le succès des ordonnances, et que les votans de l'adresse étoient déjà voués à la déportation ou à la mort. Au surplus, les ministres de Charles X sont coupables d'avoir violé la Charte en faut-il davantage?

La prise en considération est prononcée la proposition est renvoyée dans les bureaux.

M. Labbey de Pompières demande que l'on s'occupe immédiatement de mettre en harmonie la loi des élections avec la nouvelle Charte, et de supprimer d'abord le double vote. Il voudroit que l'on pût procéder au plus tôt au remplacement des députés démissionnaires ou absens, et à la réélection de ceux qui ont accepté des places.

M. Guizot, ministre de l'intérieur, répond que l'on doit présenter demain un projet de loi à ce sujet, et la proposition est ajournée.

M. Demarçay développe sa proposition, tendant à ce qu'il soit présenté pour le budget autant de projets de loi qu'il y a de ministères. Elle est ajournée à la suite de quelques explications de M. Guizot.

Le 14, on accorde un congé à M. le général Tirlet.

MM. Colomb, Despinassous et de Leyval, écrivent que l'état de leur santé ne leur permet pas de se rendre encore à la chambre. M. de Chartrouze, maire d'Arles, s'excuse de son retard sur la nécessité de ne point abandonner son poste dans les circonstances actuelles, jusqu'à ce qu'il soit remplacé.

MM. Duquesnoy et Durand-d'Elecourt, députés du Nord, et de Féligonde, député du Puy-de-Dôme, donnent leur démission par suite des nouvelles circonstances.

M. le général Bonnemains prête serment, après avoir déclaré qu'il a consulté ses commettans sur le parti qu'il devoit prendre, et qu'il suit d'ailleurs l'impulsion de la majorité de la chambre, quoiqu'il eût pensé d'abord qu'elle n'avoit pas le droit de pourvoir à la vacance du trône.

M. de Boisbertrand, après avoir exprimé ses regrets sur les malheurs de Charles X et de sa famille, croit qu'à présent qu'ils ne sont plus sur le territoire français, il ne doit pas abandonner la mission qui lui a été donnée par ses concitoyens. Il fait violence à ses sentimens en pensant qu'il doit s'unir aux hommes de bien pour préserver la France de l'anarchie. Il prète donc serment au Roi que, dans un moment extrême, la majorité de la chambre a proclamé.

M. B. Constant fait quelques réflexions sur les observations du préopinant, qui avoit d'ailleurs été interrompu à plusieurs reprises en faisant sa profession de foi.

M. Auran de Pierrefeu dit que, dans l'intérêt du pays, il croit aussi devoir prêter serment.

M. de Tracy veut développer par urgence la proposition qu'il a faite sur l'administration de la justice criminelle; mais on lui fait observer que, d'après le réglement encore en vigueur, il faut qu'elle soit préalablement examinée dans les bureaux.

M. le ministre de l'intérieur présente deux projets de loi. Le premier a pour objet de retarder cette année d'un mois, à raison des circonstances, les opérations relatives à la révision des listes électorales et du jury, qui devoient avoir lieu du 15 août au 20 octobre. Le deuxième charge les colléges électoraux de pourvoir aux vacances survenues dans la chambre, par démission ou autrement, quand même les députés à remplacer auroient été élus par des grands colléges. Dans ce dernier cas, la chambre tirera au sort pour déterminer celui des arrondissemens qui élira.

Commission chargée de l'examen de la proposition de M. Salverte, tendant à la mise en accusation du dernier ministère :

MM. Daunou, Béranger, Caumarțin, Madié de Montjau, Pelet, Lepelletier-d'Aulnay, Bertin-Devaux, Mauguin, Salverte.

Tandis que beaucoup d'honnêtes gens quittent la France, on nous promet en dédommagement que nous allons voir rentrer ceux que la restauration en avoit fait sortir. La plupart de ces illustres proscrits étoient dans les Pays-Bas. A leur tête est l'abbé Sieyes, ancien conventionnel ayant voté la mort, et ancien directeur; il a quatre-vingt-deux ans. Les autres conventionnels qui ont aussi voté la mort sont Merlin de Douai, ancien procureur-général à la cour de cassation, qui est dans sa quatre-vingtième année; Berlier, conseiller d'Etat sous Buonaparte; Barrère, ancien membre du comité de salut public, si fameux par ses beaux rapports et par la part qu'il prit au régime de la terreur; Mailhe, qui étoit en dernier lieu avocat à la cour de cassation; Ingrand, ancien membre du comité de sûreté générale, puis inspecteur des forêts; Thibaudeau, conseiller d'Etat, qui fut pendant les cent jours un des plus opposés aux Bourbons; Gauthier des Orcières ou de l'Ain, vice-président au tribunal de Paris; Levasseur de la Sarthe, auteur des Mémoires déférés dernièrement aux tribunaux; Chazal, tribun, puis préfet sous Buonaparte; Pocholle, sous-préfet de Neuchâtel à la même époque. On dit que Thibaudeau est déjà arrivé à Paris.

Depuis, on a encore publié une nouvelle liste de conventionnels. Elle comprend Choudieu, d'Angers, fameux par ses missions dans la Vendée; André Dumont, non moins fameux par ses missions en Picardie, et qui chercha ensuite à faire oublier ses torts; il étoit en dernier lieu sous-préfet à Abbeville, puis préfet du Pasde-Calais pendant les cent jours; Baudot, de Saône-et-Loire, connu aussi par ses missions; Boussion, du Lot; Martel, de StPourçain; Calès, de Toulouse, député des cent jours; Oudot, de Beaune, conseiller de cassation; Piorry, de la Vienne, juge à Liége; Ribereau, de la Charente, et Lefiot, de la Nièvre. La même liste porte Ysabeau ; mais celui-ci est mort à Paris en 1823. Tous les précédens sont conventionnels comme les premiers, et ont voté la mort de Louis XVI. Nous ne croyions pas qu'il restât un si grand nombre de ces héros de la Convention, et nous ne doutons pas que leur retour n'excite une grande joie parmi tous les héritiers de leurs principes et de leur aniour pour les révolu

tions.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

Panégyrique de saint Vincent de Paul, par M. P.-M. Cottret, évêque de Caryste et chanoine de St-Denis (1).

Ce discours devoit être prononcé devant les évêques invités à la cérémonie de la translation des reliques de saint Vincent de Paul, le 25 avril dernier; mais la longueur de la cérémonie n'ayant pas permis qu'il y eût de discours, M. l'évêque de Caryste a voulu du moins livrer son travail à l'impression. Sans chercher, dit-il modestement, à rivaliser avec les orateurs célèbres qui nous ont laissé des panégyriques de saint Vincent de Paul, il n'a eu d'autre but que de faire connoitre un saint prêtre si digne d'être le modèle de tous les ministres de la religion. Son texte est pris du livre de l'Ecclésiastique : Dilectio et viæ bonorum apud ipsum; la charité et les bonnes œuvres ont leur source en Dieu. Le prélat remarque que les enfans du siècle admirent plus dans saint Vincent de Paul les succès de son zèle et les monumens de sa charité que les vertus mêmes à qui on doit ces monumens et ces succès. Quant à lui, il ne veut point séparer les unes des autres, et, en louant ce que le monde admire, il se propose d'exalter surtout des vertus simples et modestes que le monde dédaigne de célébrer. Le discours est donc partagé en deux points; dans le premier, l'orateur montre le pouvoir de la charité pour développer dans l'ame du juste les plus belles vertus, et dans le second, il fait voir que les bienfaits de saint Vincent de Paul ont fait éclater au milieu des hommes la gloire de la charité.

Le prélat parcourt donc dans le premier point les

(1) Un vol. in-8°, prix, 1 fr. 50 c. et 1 fr. 80 c. franc de port. A Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau du journal. Tome LXV. L'Ami de la Religion.

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