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durera 3 ou 4 mois. La chambre se renouvelle par quart tous les deux ans; les sénateurs devront avoir 40 ans d'âge et un revenu de 1000 dollars. Les représentans du peuple ne sont votans qu'à moitié de cette fortune, et il y en a un par 40,000 habitans. Le

figibles et le vice-président sont élus pour huit ans, et non réé~

ils ne peuvent commander les armées sans le consentement du congrès.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 17, M. Laffite, vice-président, annonce qu'après avoir reçu une lettre de M. de Curzay, qui se plaignoit d'avoir été arrêté illégalement par le maire d'une commune, il vient de recevoir une autre lettre de ce député qui donne sa démission, en apprenant qu'on exige un serment qu'il lui seroit impossible de prêter, après avoir gardé, au péril de sa vie, celui qu'il avoit prêté à Charles X.

M. de Cacqueray, député de Maine-et-Loire, écrit qu'il admire ceux de ses collègues qui restent à la chambre pour défendre la légitimité; mais qu'il ne croit pas devoir suivre leurs traces, et déclare se retirer de la chambre.

MM. le général Coutard, député de la Sarthe; de Fontenay, de Saône-et-Loire; Choiseul d'Aillecourt, de l'Orne; de Beausset, des Bouches-du-Rhône; et de Lapeyrade, de l'Hérault, donnent également leur démission par suite des évènemens.

M. de Lameth ne conçoit pas que ces députés croient que leur mandat n'existe plus. M. Laffite Jui répond qu'il n'y a pas lieu de délibérer à ce sujet.

La chambre prononce l'admission de M. du Temple de Chevigny.

M. Ch. Dupin expose que l'élection de MM. Duplessis de Grénedan, de Tregomain, Aubert et Monboucher, dans l'Ille-et-Villaine, est l'objet d'une protestation de plusieurs électeurs, qui prétendent que le secret des votes a été violé.

M. Bernard appuie vivement l'annullation de ces élections. Elle est prononcée.

M. Bavoux fait annuller l'élection de M. Verdilhon à Marseille pour le même motif. Il conclut de même pour l'élection de MM. Pardessus et Leroux, au grand collège de cette ville. M. de Berbis représente que rien ne prouve la violation du secret des votes, ni aucune autre irrégularité à l'égard de ces derniers. M. Thomas prétend que, puisque ce député d'arrondissement a été écarté, on doit annuller aussi l'élection du collège départemental. Adopté.

M. Marschall, rapporteur de la proposition'de M. Mercier, tendante à astreindre tous les fonctionnaires au serment, en propose

l'adoption, en fixant un délai de quinze jours pour cette formalité, passé lequel ceux qui n'y auroient pas satisfait seroient considérés comme démissionnaires. Il conclut aussi à ce que les offi, ciers de terre et de mer y soient obligés.

La discussion est fixée au lendemain même, vu l'urgence.

M. le ministre de la guerre présente un projet de loi portant, 1° qu'à l'avenir aucun officier ne pourra perdre son grade que par démission ou par suite d'une condamnation judiciaire prononçant la dégradation; 2° que les pensions seront réglées dorénavant d'après le tarif annexé à cette loi.

M. le ministre de l'intérieur présente deux autres projets de lois, l'un qui déclare démissionnaires les députés qui acceptent des places, et qui permet cependant qu'ils soient réélus; l'autre qui accorde au ministre de l'intérieur un crédit extraordinaire de 5 mil lions, pour subvenir aux besoins des manufacturiers et des ouvriers et aux travaux à faire dans la capitale par suite des dégâts occa sionnés les 27, 28 et 29 juillet. Sur cette somme 2 millious devront être remboursés par la ville de Paris en quatre ans.

M. Jars conclut à l'adoption de la proposition de M. Delessert, tendante à accorder des récompenses aux individus blessés dans les trois fameuses journées, et aux veuves et enfans de ceux qui y ont succombé. La discussion de cette proposition aura lieu immédiatement après celle relative au serment.

M. de Tracy développe sa proposition, tendant à abolir la peine de mort. M. de Montigny demande l'ajournement de cette innovation. M. Lafayette appuie la proposition, en rappelant que cette question a déjà été soulevée à l'assemblée constituante et aux Etats-Unis. M. Lepelletier-d'Aulnay croit que la proposition doit être ajournée, et qu'il faut que la chambre ait des bornes dans l'initiative des lois. M. de Tracy réplique. M. de Rambuteau pense qu'après la révolution qui vient de s'opérer, on ne doit repousser aucune idée généreuse. La prise en considération est prononcée.

M. de la Pinsonnière présente une proposition qui a pour but de déclarer démissionnaires les députés qui n'auront pas prêté serment, ou donné leur adhésion, dans le délai de quinze jours.

M. de Martignac ne pense pas que l'on doive ainsi forcer brusquement les consciences des députés. Il renouvelle ses regrets sur les revers de la famille royale, et exprime sa douleur de la voir insultée jusque dans les images qui tapissent les rues. Il rappelle les conseils que lui et ses collègues avoient donnés plus d'une ⚫ fois, et croit que c'est pour ne les avoir pas suivis que les derniers évènemens sont arrivés. Ce discours a été entendu avec une attention marquée.

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La prise en considération est prononcée.

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Sur les conférences de Digne.

M. l'évêque de Digne a publié une circulaire du 28 décembre, relative aux conférences ecclésiastiques de 1829 et de 1830. Cette circulaire offre le résultat de l'examen qu'une commission, nommée par M. l'évêque, a fait des procès-verbaux de l'année dernière. Elle parcourt les différentes réponses, et y joint ses propres réflexions. Parmi les questions proposées pour sujet des conférences, on demandoit ce qu'il falloit penser de ces maximes : Un honnéte homme ne change pas de religion, et il faut une religion au peuple. Nous citerons les réflexions de la circulaire sur ces sentences philosophiques :

<< Il est des maximes d'une fausse té palpable, qui, à force d'être répétées, sont devenues, auprès d'un certain monde, des axiômes dont il n'est plus permis de douter; par exemple celle-ci : Un honnéte homme ne change pas de religion, que veut-on dire? Entend-on que, comme il n'y a qu'un seul Dieu, qu'une seule religion, on ne puisse pas plus changer de religion que changer de Dieu ? En ce sens la maxime est vraie; mais au lieu de dire, un honnête homme ne change pas de religion, il faudroit dire qu'on n'en peut pas changer; que, quand on n'en a point, on l'embrasse, et qu'en la quittant on n'en adopte point d'autre. Cette maxime seroit vraie encore, si toutes les religions étoient ou également vraies on également fausses; car alors il n'y auroit pas de motif pour passer de l'une à l'autre. Il n'y a donc plus qu'une supposition où cette même maxime ait son application, savoir, celle que, parmi tant de religions contradictoires, une seule soit la vraie. Et alors encore on convient que changer de religion sans conviction, uniquement par intérêt, c'est une làcheté telle qu'il n'y a qu'un homme digne d'un souverain mépris qui puisse en être capable.

» Mais voici le vrai point de la question: Lorsqu'un homme qui professe une religion quelconque, voit clairement la vérité ailleurs, ne doit-il pas renoncer à la religion qu'il a professée jusque-là, mais dont il a découvert la fausseté, pour embrasser celle qu'il croit la seule vraie? Le bon sens répond que, selon mème les règles de l'honneur, il ne peut se dispenser de faire cette démarche, et que soutenir le contraire en théorie, c'est tout à la fois afficher l'absurde et le blasphème : l'absurde; car peut-on imaginer rien de plus extravagant, de plus contraire à la nature d'un être intelligent, que la profession expresse et antérieure de repousser la vérité si elle se présente? le blasphème; car c'est absolument, et au pied de la lettre, la même chose que si l'on disoit à Dieu : Révélez ce qu'il vous plaira, je suis né juif, mahométan, idolâtre, etc., je m'y tiens. Vous pouvez avoir ordonné le contraire, mais peu

m'importe. Jugez à présent, nos chers coopérateurs, du mérite de cet axiôme d'erreur: Un honnéte homme, etc.

>> En voici un autre qui n'est pas moins prodigieux : Il faut une religion au peuple. Quelle religion? une religion quelconque comme paroît le dire le mot indéterminé une? Erreur insensée La vérité et la fausseté n'ont pas les mêmes droits, et ne doivent pas être envisagées de la même manière; car autant la vérité est désirable et avantageuse, autant l'erreur est déplorable et funeste. Il faut une religion au peuple. Qu'est-ce à dire au peuple? à tous les hommes? Sons ce rapport, la maxime seroit incontestable. Mais non, au peuple, à une partie des hommes, à celle qui semble destinée au service de l'autre. Ce n'est que pour ceux-là que religion est faite et pourquoi n'est-elle pas faite pour tous? Sans doute parce qu'elle n'est pas fondée sur les rapports essentiels de créateur et de créature, parce qu'elle n'est pas vraie, parce qu'elle n'est qu'une invention humaine. Or les inventeurs ne l'ont pas inventée pour eux, mais pour l'imposer à ceux sur qui ils veulent, par cette erreur coupable, assurer leur injuste domi→ nation.

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>> Donc cette maxime: il faut une religion au peuple, à quels principes se lie-t-elle ? à l'athéisme; et quelles conséquences peuton en tirer? la destruction de toute religion. Car dès qu'une fois le peuple se sera aperçu que la religion n'est qu'un leurre dont on veut l'amuser, qui voudra être peuple, ou quel peuple voudra de cette religion? Ainsi la philosophie est incapable de rien établir, ou si elle établit quelque chose d'une main, elle l'a bientôt détruit de l'autre. Déconcertée dans ses théories, que fera-t-elle? elle dira que les doctrines religieuses sont indifférentes, qu'elles ne contribuent en rien au bonheur ou au malheur des hommes; car c'est jusqu'où conduit l'orgueil et la corruption du cœur humain, Eh! qu'y a-t-il en soi d'indifférent? rien.»

Il y avoit, dans les conférences de l'année dernière, des questions assez importantes sur le mariage, sur la séparabilité du contrat et du sacrement, sur le ministre du sacrement, etc. La circulaire décide que, sous la loi évangélique, le contrat est inséparable du sacrement. Voyez sur cette opinion, qui est contraire à celle de plusieurs théologiens, l'ouvrage qui a pour titre : Examen du pouvoir législatif de l'Eglise sur le mariage (par M. l'abbé Boyer), 1817, in-8°. La circulaire fait mention d'une autre question traitée dans le même ouvrage, savoir, la réception du concile de Trente en France, et elle montre que c'est très-faussement qu'on a dit que ce concile n'avoit pas été reçu chez nous. La dissertation de M. Boyer, sur ce sujet, est aussi solide que curieuse.

Il y auroit d'excellentes choses à citer de la circulaire, sur les qualités que doivent réunir les prêtres, sur l'affoiblissement de la foi, sur les moyens de la réveiller parmi les peuples, sur les missions, sur leur utilité, etc. Dans un Post scriptum, M. l'évêque parle des moyens d'instruction pour la religion, qui se sont formés depuis quelque temps dans le diocèse. Nous citons d'autant plus volontiers ce passage, que l'Almanach du clergé ne fait point connoître suffisamment l'état des établissemens du diocèse :

« Ces ressources sont un couvent de religieuses Ursulines, fondé à Digne depuis peu; un couvent de religieuses de la Présentation, fondé à Manosque depuis plusieurs années; un établissement de religieuses Trinitaires à Sisteron; des établissemens de religieuses de Saint-Charles, de Saint-Thomas de Villeneuve, à Manosque, à Forcalquier, à Castelanne, à Manne, à Reillaume, à Banon. Outre ces établissemens, il y en a encore plusieurs autres des sœurs de la F'rovidence à Volonne, à Saint-Etienne, à Noyers, à Mison, à Simiane, à Curban, Vachère. Dans toutes ces maisons on apprend la grande science, la science du salut, et la pratique des vertus chrétiennes. Les sœurs de la Providence, pour instruire les pauvres de la campagne, professent la plus grande pauvreté. Elles se séparent pour aller dans les plus petites paroisses; et avec un modeste logement qu'on leur fournit, elles subsistent avec moins de trois cents francs, somme qui peut être facilement faite par la commune ou par les élèves. Pour avoir de ces sœurs, on s'adresse à M. Fournier, curé de Saint-Bonnet, qui dirige une maison de novices, affiliée à la maison-mère de Portieux (Vosges). Il y a aussi de nouvelles ressources pour l'instruction première et religieuse des enfans de l'autre sexe. Forcalquier se félicite d'avoir un établissement des frères des écoles chrétiennes. Il vient de s'en former un à Riez ces religieux ne peuvent pas être moins de trois. Il n'y a donc que les grandes paroisses qui puissent s'en procurer. Mais la divine Providence pourvoit aux besoins des plus petites par les frères de Saint-Joseph. ils ont un noviciat à Salon, et c'est au supérieur des novices qu'on doit s'adresser pour avoir de ces religieux. >>

A la suite des avis que donne M. l'évêque, sont les sujets proposés pour les conférences de cette année. Quelques-unes des questions sont assez relevées, et leur solution exige des recherches et des réflexions qui ne peuvent qu'exercer l'esprit des ecclésiastiques.

Le Gérant, Adrien Le Elere.

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