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liers s'avisèrent, de leur chef et sans autorisation, de rétablir au portail l'inscription de la révolution: Aux grands hommes la patrie reconnoissante. Cette inscription est sur une planche qui pend au portail. Nous ne concevons pas cet empressement à ravir une église à la religion, pour la consacrer à une sorte de paganisme. Un décret de Buonaparte, du 20 février 1806, avoit ordonné que cette église seroit rendue au culte : « Le plus beau des temples de la capitale, disoit dans son rapport le ministre de l'intérieur de ce temps-là, enlevé au vœu de la piété au moment où elle alloit en jouir, consacré ensuite à une autre destination, laissé enfin désert, sans emploi, sans but, semble s'étonner lui-même d'un tel abandon. La froide curiosité, en visitant son enceinte, s'afflige de la trouver sans caractère, je dirai presque sans ame et sans vie; et la religion détourne ses regards d'un monument dont la majesté ne peut être dignement remplie que par le culte du Très-Haut. » Ainsi parloit un ministre de Buonaparte, il y a 24 ans. Par quelle fatalité, quand cette église a été rendue à sa destination, viendroit-on y afficher un culte qui n'en est pas un, qui n'est pas dans nos mœurs, qui ne satisfait ni l'esprit ni le coeur? Pourquoi envieroit-on à la religion ce monument commencé pour elle, et qu'elle seule peut animer et vivifier? Que sera l'église Sainte-Geneviève redevenue le Panthéon,

sinon une froide solitude et un monument sans ame et sans vie? Nous ne pouvons croire qu'il soit dans l'intention de l'autorité d'approuver les jeunes gens qui se sont hâtés en quelque sorte de prendre possession de cette église au nom de l'incrédulité. Quoi qu'il en soit, les missionnaires ont cessé d'y faire l'office; ils ont depuis obtenu d'emporter ce qui leur appartenoit dans les ornemens et le mobilier de l'église qu'ils desservoient avec tant de zèle. Samedi dernier, l'église s'étant trouvée ouverte, des personnes pieuses ayant cru qu'elle alloit leur être rendue, sont entrées pour y faire leur prière. Des jeunes gens y sont venus après dans d'autres intentions, et ont commis quelques dégâts : ils ont enlevé le chiffre de SainteGeneviève qui ornoit le fond de l'église, derrière le maîtreautel. On a fermé l'église de nouveau, et on n'y célèbre plus la messe, même le dimanche. Depuis, les journaux ont annoncé qu'on y avoit porté avec une espèce d'appareil le buste du maréchal Ney; MM. Gossuin et Lebas étoient à la tête du cortége.

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- Le dimanche 1 août, on rouvrit à Paris les églises qui avoient été fermées les quatre jours précédens. La messe fut célébrée dans l'église de la Sorbonne par M. l'abbé Guillon, professeur d'éloquence sacrée, qui, avant la cérémonie, prononça un discours. Ce discours est rapporté dans le Constitutionnel du 2 août. Nous avions d'abord hésité à croire la citation exacte; mais M. l'abbé Guillon n'a point réclamé, et on nous a assuré que le discours avoit été réellement tenu, et que le Constitutionnel avoit rapporté fidèlement les propres paroles du professeur :

<< La divine Providence vient de signaler encore, par le plus éclatant bienfait, la haute protection que dans tous les temps elle a bien voulu accorder à l'illustre nation des Francs. Oui, Français, nous sommes véritablement le peuple de Dieu. Pourrionsnous méconnoître son œuvre dans la victoire qui nous a arrachés au joug du despotisme et aux fureurs de l'anarchie? Dieu a vengé solennellement la cause sacrée de la liberté, de l'honneur, de la religion du serment. A la suite du saint sacrifice que nous allons célébrer pour les vivans et pour les morts, nous chanterons le cantique d'actions de grâces. Chrétiens, Français, empressonsnous de faire retentir les accens d'une pieuse allégresse sous les voûtes de ce temple, le sanctuaire des libertés françaises. Quand le commun danger avoit fait de tous les habitans de cette vaste capitale un seul cœur et une seule ame pour la défense de la patric, pourroit-il se rencontrer des cœurs assez ingrats pour refuser de s'unir à la commune reconnoissance après que la patrie est

sauvée ?

>> Nous n'avons pas besoin, chrétiens ines frères, d'intéresser votre sensibilité envers les honorables victimes de ces dernières journées nos vœux ont été prévenus dans ce rigoureux devoir par tous les prodiges de la charité la plus généreuse et la plus compatissante. »

Ce Discours n'a pas besoin de commentaire, et cet enthou→ siasme de l'orateur rappelle celui qu'il fit éclater, dit-on, dans deux circonstances différentes, dans un discours prononcé à Notre-Dame le 15 août 1802, et lors du retour des Bourbons en 1814.

-Deux journaux du midi, la France méridionale, de Toulouse, et après elle le Mémorial bordelais, avoient annoncé qu'un ecclésiastique chargé d'élever le fils du prince de Polinac, s'étoit enfui de Bordeaux, emmenant voiture, argent et effets, et avoit laissé sans ressources son élève, qui n'a

que

13 ans, et auquel le maire avoit été obligé de fournir les moyens de rejoindre sa famille. Une lettre adressée au Mémorial bordelais, sous la date du 12 août, dément cette nouvelle. Le précepteur à qui on prêtoit une conduite aussi odieuse voyageoit dans le midi avec son élève; ils partirent ensemble pour Paris le 28 juillet, et on a su des nouvelles de leur arrivée. L'ecclésiastique est un homme estimable, que tous ceux qui le connoissent savent être incapable d'un acte de déloyauté.

-La statistique de la Prusse rhénane nous offre les renseignemens suivans sur l'état ecclésiastique de la province. On sait que cette province doit son organisation actuelle à la bulle de Salute animarum, qui a statué que toutes les églises catholiques de la province du Rhin et de la Westphalie appartiendroient à la métropole de Cologne. Les églises de la province rhénane forment deux diocèses, celui de Trèves et celui de Cologne, et une partie de celui de Munster en Westphalie. L'archevêché de Cologne comprend 44 doyennés: 16 dans le cercle de Cologne, 19 dans celui d'Aix-laChapelle, 8 dans celui de Dusseldorf, et 1 dans celui de Coblentz. L'évêché de Trèves est composé de 23 doyennés, dont 13 dans le cercle de Trèves, et 10 dans celui de Coblentz. Au diocèse de Munster appartiennent 4 doyennés de la province rhénane, tous situés dans le cercle de Dusseldorf. Ces 71 doyennés comprennent 231 cures cantonales, et 1241 succursales, en tout 1472 paroisses catholiques. Toute la population catholique s'élève à 1,660,372 ames; ce qui donne 1,128 ames pour chaque paroisse. Quant à l'église protestante de la même province, elle se compose de 26 synodes, dont 11 dans le cercle de Coblentz avec 153 paroisses; 2 dans le cercle de Trèves avec 37 paroisses; 3 dans le cercle d'Aixla-Chapelle avec 28 paroisses; 2 dans le cercle de Cologne, avee 40 paroisses; et 8 dans le cercle de Dusseldorf avec 173 paroisses. Les protestans de tous les synodes sont au nombre de 487,320, ce qui fait 1,020 pour chaque paroisse. Pour chaque district d'école, il y a à peuprès 700 habitans catholiques avec 126 enfans; et chez les protestans, 540 habitans avec 37 enfans. Il y a en tout 2,345 écoles catholiques, 880 écoles protestantes, 49 mixtes, et 59 écoles juives. On peut y joindre l'état des gymnases ou colléges qui existent dans les Etats du roi de Prusse; il y en a 109: 3 dans la

pro

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vince de Posen, 6 en Pomeranie, 10 en Westphalie, 17 dans le Brandebourg, 18 dans la province du Rhin, 20 en Silésie, et 23 en Saxe.

- M. l'archevêque de Manille, dont nous avons parlé, n° 1509, n'a pas eu le temps de faire tout le bien qu'on attendoit de sa piété et de son zèle; il est mort le 7 mai de l'année dernière, n'ayant pas occupé son siège plus de 20 mois. Il a été fort regretté, surtout des pauvres, envers lesquels il montroit des entrailles de père. Ses obsèques ont été célébrées à la cathédrale, et un service a eu lieu dans l'église des Augustins; le prélat étoit de cet ordre. L'évêque de Camerinès ou Cacères, dom Bernard de Perdigon, est mort aussi le 9 octobre suivant. Ainsi il n'y a plus dans les îles Philippines qu'un évêque sacré, c'est M. François Alban, évêque d’Ylocos ou de la Nouvelle - Ségovie. L'évêque élu de Zébu, M. Santos Maranon, Augustin, attendoit ses bulles pour être sacré. L'évêque d'Amat, M. Jean-Antoine Lillo, Franciscain, nommé coadjuteur de l'évêque de Camarinès, avoit reçu ses bulles, mais attendoit, pour être sacré, que M. l'évêque d'Ylocos vînt à Manille. Un de nos journaux annonçoit dernièrement que le Père Joseph Segui avoit été nommé par le roi d'Espagne à l'Archevêché de Manille; un tel choix auroit tous les suffrages à Manille. Le Père Segui est un ancien missionnaire et un excellent religieux. C'est lui qui avoit eu la bonté de nous fournir les renseignemens que nous avons donnés sur l'état de la religion dans les Philippines.

NOUVELLES POLITIQUES,

PARIS. En attendant que l'on publie un rapport officiel sur le voyage de la famille royale depuis Rambouillet jusqu'à Cherbourg, nous rapporterons d'après d'autres journaux ce qui nous paroît le plus authentique. Charles X et sa famille partirent de Valognes le 16 août, à neuf heures du matin, et arrivèrent à Cherbourg à une heure. Ils ne s'arrêtèrent point dans la ville, et se dirigèrent vers le port, où ils étoient attendus par les deux bâtimens américains. Environ 800 gardes-du-corps et gendarmes les escortoient. Les commissaires attendoient la famille royale à l'entrée du pont qui conduisoit du quai au paquebot. Toute la

famille royale étoit réunie dans la même voiture. La figure du roi étoit abattue, ses yeux étoient fatigués, mais il conservoit du calme. On dit que madame la duchesse de Berri montroit une douleur profonde. Les ducs de Raguse, de Polignac et de Guise, mesdames de Gontaut et de Bouillé, en tout environ soixante personnes de distinction ont suivi la famille royale. Les bâtimens sont entrés en mer à deux heures. Le pilote qui a conduit Je paquebot hors du port a rapporté, qu'au moment où la famille a commencé à s'éloigner des côtes de France, elle a donné des marques d'une profonde douleur. Le roi étoit celui qui montroit le plus de résignation. On dit qu'il avoit écrit au roi d'Angleterre, et qu'il restera à Portsmouth, en attendant la réponse. Aucun ministre ne se trouvoit avec la famille royale.

que

Les journaux que l'on croyoit devoir être les plus durs après la victoire, viennent à notre secours contre quelques-uns de leurs confrères. Ils déclarent nettement qu'il n'est pas vrai que le partiprétre, ni le parti-personne, s'amuse à solder des agens provocateurs pour soulever les ouvriers de la capitale. Ils disent, au contraire, que ces ouvriers ont de justes raisons de se plaindre, et que c'est une manière de se débarrasser d'eux à bon marché, que de s'en veuir prétendre, comme on le fait, qu'ils ont besoin d'être excités pour paroître mécontens, parce qu'ils le sont réellement sans cela. Les journaux dont il s'agit expliquent très-bien le tort qu'on fait à leurs cliens, en cherchant ainsi à persuader que leurs plaintes sont factices, et que sans les perfides conseils des agens provocateurs qui les poussent, ils n'auroient rien à désirer. Čela est faux, disent leurs défenseurs, et vous leur rendez le plus mau

vais service en détournant d'eux de cette manière l'attention de ceux qui pourroient les secourir. Il est certain qu'il est plus commode d'attribuer les plaintes des ouvriers aux agens provocateurs, que de les secourir. De plus, il y a encore plus d'absurdité que de noirceur à imaginer que ce sont les prêtres et les partisans de Charles X qui s'amusent à soulever contre eux-mêmes l'esprit d'anarchie et les irritations de la multitude. Outre que cette classe n'a pas beaucoup d'argent à jeter par les fenêtres en ce moment, elle a quelque chose de plus précieux encore à ménager, qui est sa part de la paix publique et la sûreté de leurs personnes, qui sont déjà bien assez compromises sans cela dans la disposition actuelle des esprits, et avec la bienveillance des journaux.

Une ordonnance, du 14, publie textuellement la Charte constitutionnelle, telle qu'elle a été amendée le 7 de ce mois, pour lui donner la forme exécutoire.

- MM. Penet, Castelnau, Dubois, Moulin, Bonnegens de Lagrange et Laplace de Saint-Maximin, sont nommés maires des villes de Grenoble, Montpellier, Granville, Vire, Saint-Jeand'Angely et Saint-Maximin.

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