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de nouvelles hazardées, téméraires et controuvées; les journalistes étoient entraînés, dit-il, à les répéter, et il falloit les juger selon le temps. Mais comment excuser les déclamations emphatiques et mensongères de l'article? Assurément l'auteur savoit bien qu'on n'avoit pas trouvé des milliers de poignards dans les mains des pauvres frères et dans les séminaires, puisqu'on n'en a pas trouvé un seul dans les visites qu'on y a faites, quoique ces visites aient été souvent réitérées. Le tribunal, dans son jugement, a déclaré les plaignans non recevables, attendu qu'ils n'étoient pas désignés nommément dans l'article; mais, comme ce même article exposoit une classe de citoyens à la haine, l'éditeur a été condamné à quinze jours de prison, 100 fr. d'amende et aux frais.

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Il s'est passé successivement à Orléans divers évènemens qui ont affligé les gens paisibles. Le dimanche 22 août, une troupe de jeunes gens se porta à la cathédrale pendant la grand'messe. Il étoit aisé de voir, à leur maintien, qu'ils n'étoient pas accoutumés à assister aux offices de l'Eglise, et on soupçonna leur intention. En effet, au moment où il est d'usage de chanter le Domine, salvum fac Regem, ils se mirent à chanter, ou plutôt à crier, en ajoutant les uns Philippum, les autres Philippus, quoique jamais, sous les derniers rois, on n'ajoutât le nom du prince au verset du psaume. Le bruit et les cris de ces jeunes gens causèrent du trouble dans l'église. Le 3 septembre, il y eut des attroupemens dans le faubourg Banier, et l'on pilla la maison d'un nommé Chaufton, ancien marchand de farine, brave homme, qui n'avoit jamais donné lieu à aucune plainte. Il a plu à un journal d'attribuer ces troubles au clergé; c'est à l'instar des journaux de la capitale, qui accusent les Jésuites et les prêtres de fomenter les désordres parmi les ouvriers. Il est bien évident, en effet, c'est le clergé qui fait piller les évêchés, les séminaires et les communautés. Dans la nuit du 5 au 6 septembre, la croix de la mission de 1824, qui étoit sur une place à côté de la cathédrale, a été sciée et transportée dans l'église. L'autorité ecclésiastique avoit été invitée à concourir à cet enlèvement, qui s'est fait par ordre du maire et du préfet. On craignoit qu'il n'y eût eu quelque profanation, si on n'eût pas pris ce parti; d'ailleurs la chose s'est passée avec décence, et les ouvriers employés pour cela ne se sont rien permis qui ait pu augmenter le chagrin des bons fidèles. Dans ce diocèse, on a

que

vu avec peine, en quelques paroisses, la garde nationale s'organiser dans l'église, et des curés insultés et poursuivis. Un curé qui étoit dans ce cas, s'étant plaint au maire, en a reçu pour toute consolation cette réponse : Ne sortez pas de chez vous. Quand on compare cette dureté avec la dernière circulaire de M. l'évêque d'Orléans, on jugera de quel côté sont les procédés humains et les sentimens honorables.

L'Eglise catholique d'Allemagne vient de perdre un prince qui avoit donné, il y a quelques années, un grand exemple. Frédéric Ferdinand, duc régnant d'Anhalt-Coethen, est mort à Coethen le 23 août dernier; ce prince étoit né le 25 juin 1769. Il avoit épousé, en premières noces, une princesse de Holstein-Beck, qu'il perdit en 1803, et en secondes noces, une princesse prussienne. Il régnoit depuis 1818, et n'avoit point d'enfans. Ce prince étant venu à Paris il y a quelques années, y fit abjuration du protestantisme le 24 octobre 1825. Nous annonçâmes sa démarche n° 1197, et depuis, nous parlâmes plusieurs fois du zèle du prince pour la religion. Il déclara publiquement son changement le 13 janvier 1826, fit bâtir une église à Coethen, et favorisa de tout son pouvoir. les catholiques. La duchesse et son frère, le comte d'Ingenheim, suivirent son exemple. L'église naissante d'Anhalt sa distinguoit par sa ferveur; elle perd son protecteur par le mort du duc, dont la principauté va passer à un protestant. Voyez ce que nous avons dit du duc d'Anhalt, no 1212, 1260.....

NOUVELLES POLITIQUES.

à

PARIS. Les principes sont une bien bonne chose, sans contredit; mais, d'un autre côté, ils sont quelquefois bien embarrassans. En effet, nous voilà conduits malgré nous, par la force des nôtres, reconnoître la légitimité de cet affreux don Miguel, que nous ne trouvions bon naguère qu'à être jeté à la mer. Un journal remarque avec raison que sa souveraineté est maintenant d'aussi bon aloi qu'aucune autre, puisqu'elle lui est conférée par ceux-là seuls qui ont le droit de faire et de défaire les rois. Nous sommes donc forcés de le reconnoître pour notre cohéritier, et de lui laisser recueillir le fruit des principes que nous avons semés dans les derniers jours de juillet. C'est pour lui comme pour nous que nous avons travaillé, que nous avons proclamé la souveraineté des peuples; c'est pour lui que nous avons dépavé les rues et fait des

barricades sans nous en douter; et il n'y a plus rien à dire à ce mauvais titre d'usurpateur qui nous le rendoit si odieux. Don Miguel est parfaitement en règle, puisqu'il émane du libre choix des Portugais, et qu'il n'est plus question de lui opposer la tache du droit divin.

Nous n'avons pas nommé tous les conventionnels qui se trouvoient dans les Pays-Bas à l'époque de la dernière révolution. Un journal en donne une liste qui paroît assez complète. A Bruxelles, se trouvoient Barrère, Baudot, Bertin, Bouillerot, Bréard, Chazal, Choudieu, Dumont, Gauthier de l'Ain, Guesno, Ingrand, Legris, Levasseur, Mailhe, Merlin, Oudot, Pocholle, Roubaud, Sevestre, Syeyes et Thibaudeau; à Liége, Calès, Lefiot, Martel, Piory, Ribereau et Ysabeau, que l'on disoit être mort en 1825; à Mons, Jean-de-Brie, François et Laloi; à Malines, Bézard et Mallarmé; à Gand, Beaujois; à Bouillon, Deville, et à Amat, près Liége, Hourier. Il faut y joindre Florent Guyot, député de la Côte-d'Or à la convention, ministre à La Haye, puis secré- · taire du conseil des prises, qui demeuroit à Bruxelles. Ce seroit donc en tout 36 conventionnels qui se trouvoient dans les PaysBas, sans compter ceux qui résidoient ailleurs. On ne sait cependant s'il n'y auroit pas quelque erreur dans cette liste; du moins nous n'avons pas de souvenir du conventionnel Beaujois, et nous croyons qu'il n'en a pas existé de ce nom. Les conventionnels Merlin, Lefiot et Martel viennent d'arriver à Paris; Ribereau est mort la veille même du jour où il devoit partir avec ces derniers pour rentrer en France.

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Le Dauphin et la Dauphine ont envoyé leur procuration pour la vente des biens qu'ils possèdent en France à titre privé. - Le traitement de M. le baron Pasquier, comme président de la chambre des pairs, est fixé à 100,000 fr.

Sont nommés sous-préfets, MM. de Brugières de la Motte à Montluçon, Galzain à Morlaix, Dorchy à Epernay, Gengoult à St-Omer, Dacquin à Béthune, Enlard à Montreuil, Denormandie à Boulogne, Desmousseaux à Dreux, Reynaud à Yssengeaux, de Normand à Savenay, Mesnard à Painbeuf, Luneau à Châteaubriand, H. Colomb à Saint-Claude.

- M. Troye, juge d'instruction à Coutances, est nommé président du tribunal civil de Falaise. MM. Huré, Boulanger, Barthélemy, Delaville, Duprey-Lemansois, Diguet, de Mesange, Bottin des Iles, sont nommés procureurs du Roi à Saint-Omer, SaintPol, Béthune, Pont-l'Evêque, Cherbourg, Saint-Lô, Mortain, Valognes. Des ordonnances du 11 remplacent dix autres procureurs du Roi.

-M. Borel de Bretizel, conseiller à la cour de cassation, est

nommé administrateur, et M. de Surval intendant des biens personnels légués à M. le duc d'Aumale par feu M. le prince de Condé.

-M. Deviolaine, qui étoit conservateur des forêts de M. le duc d'Orléans, est nommé intendant provisoire des domaines privés de la couronne, et M. Badouix administrateur des domaines appartenant aux princes et princesses de la famille royale actuelle.

-Une ordonnance vient d'attribuer à la cour des comptes le jugement de tous les comptes de l'ancienne liste civile qui n'ont pas été apurés définitivement.

Le syndicat des receveurs-généraux est dissous par une décision du ministre des finances, du 28 août.

La cour royale a évoqué l'instruction des poursuites entamées contre la société des Amis du peuple, et en particulier contre les sieurs Hubert et Thierry, président et secrétaire de ce club, à raison de la publication d'un placard contenant une déclaration de principes anarchiques, et un appel à la force pour renverser la chambre actuelle des députés.

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- M. Gossin, conseiller à la cour royale de Paris, qui ne s'est pas présenté le 3 de ce mois à la réunion de la cour pour prêter le serment, ayant appris qu'on répandoit le bruit qu'il avoit donné sa démission, a adressé à la Quotidienne une lettre datée de SaintDizier le 6, et où il s'exprime ainsi :

« Je n'ai point donné et je ne donnerai pas ma démission; la loi du 31 août m'avertit que j'aurai dans peu de jours un successeur, je le sais et m'y résigne. Si la vérité doit se trouver dans quelque chose au monde, c'est dans le serment d'un magistrát. Lié à la branche aînée de l'auguste famille des Bourbons par des sermens que le malheur n'a fait que rendre plus sacrés, je ne dois pas, et par conséquent je ne peux pas promettre à un autre prince une fidélité engagée ailleurs et un dévouement dont il ne m'appartient plus de disposer. Tels sont, Monsieur, les sentimens que j'ai exprimés de vive voix à mes collègues dès le 2 août dernier, et que j'ai fait connoître depuis par écrit à M. le procureur-général. Ces sentimens, tout le monde les comprendra, et j'aimerai à les conserver pour être la consolation de ma retraite. »

Une quarantaine d'officiers en réforme et en retraite, entr'autres l'ex-colonel Alix, sont mis en activité avec des emplois de colonels ou de chefs de bataillon.

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MM. Rauzan et Labiche, anciens chefs de division au ministère de l'intérieur, y sont réintégrés.

Par ordre du ministre de la guerre, les officiers condamnés

pour délits politiques sous le dernier gouvernement, qui se trouvent à Paris avec intention de reprendre du service, seront payés d'après les grades qu'ils occupoient lors de leur condamnation, et ce à partir du 1' er août dernier.

-Le ministre des finances a nommé une commission pour préparer un projet de loi tendant à améliorer la législation des contributions directes. Elle se compose de MM. Humann, président; Favard de Langlade, Aug. Perrier, Beslay, Saglio, de Rambuteau, Duvergier de Hauranne et Odier, députés; de Thiers, conseiller d'Etat; Saurimont, inspecteur-général des finances, et Vitallis, directeur à Mâcon.

- M. le marquis de Saint-Mauris, nommé pair de France par Charles X, a protesté contre la mesure rétroactive qui l'a dépouillé de cette qualité, en déclarant qu'au surplus sa conscience et ses sentimens ne lui permettroient jamais de prêter le serment qu'on exigeoit.

On a commencé au Luxembourg les fondations d'une cloison de séparation entre l'hôtel du petit Luxembourg et le jardin. On y dispose tout pour réunir les prisonniers de Vincennes, qui ne tarderont pas à y être transférés.

- La commission de l'accusation des ministres a déjà entendu ou fait entendre un grand nombre de témoins, notamment sur les négociations qui ont eu lieu au château des Tuileries et à Saint-Cloud les 27, 28 et 29 juillet. Elle s'est fait remettre les pièces et les correspondances qui ont pu être saisies on interceptées.

M. le prince de Poliguac a fait choix, pour sa défense, de M. Mandaroux-Vertamy, avocat à la cour de cassation, et de MM. Berryer et Hennequin, avocats à la cour royale. M. de Chantelauze a confié sa défense à M. Sauzet, avocat distingué du barreau de Lyon.

-La société Aide-toi a présenté une pétition tendant à abaisser le cens électoral, à donner le droit à tous les jurés d'être électeurs, et à supprimer les conditions exigées pour l'éligibilité.

Huit des treize ouvriers imprimeurs, signataires de l'acte de coalition imprimé, viennent d'être arrêtés. L'avocat Charles Lucas s'est chargé de leur défense, et a déjà réclamé dans les journaux contre les poursuites dont ils sont l'objet.

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En attendant une loi municipale, M. Odillon-Barrot, préfet de la Seine, vient de faire convoquer, dans les communes rurales du département, tous les électeurs et les simples jurés, à l'effet de nommer eux-mêmes les maires et adjoints.

-La Révolution se fâche de la saisie de l'affiche qui provoque

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