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l'abbé de St-Réal. Ces trois morceaux historiques, qui jouissent de quelque réputation, sont accompagnés d'avertissemens par MM. Nodier et Laurentie. Les poésies sont des morceaux de poètes allemands, Klopstock, Goethe, Schiller et Burger, choisis et traduits par M. Gérard, qui y a joint une introduction sur la littérature et la poésie allemandes, avec des notices sur les quatre poètes ci-dessus.

La huitième livraison offre de même un volume de mémoires historiques et un choix de poésies. Le premier volume est rempli en entier par la Chronique de Duguesclin, collationnée sur l'édition originale du quinzième siècle, avec une notice bibliogra-: phique et des notes. L'éditeur, M. Michel, a reproduit l'ancienne édition, avec son orthographe antique et ses fautes d'impression; il y a joint des notes sur les passages et les mots qui auroient pu embarrasser le lecteur, et des ballades et chants sur la mort de Duguesclin. Ce volume, qui est un des plus gros de la collection, formera le pendant de la Vie de Bayard dans la troisième livraison. Le choix des poésies se compose de poésies anglaises; les auteurs sont au nombre de onze, Bealtic, Rogen, Campbell, Southey, Goldsmith, etc. Les traducteurs sont MM. Soulié et A. Henrion, qui y ont joint des notices.

La neuvième livraison présente les Lettres de lady Montague et le Fablier français. Les Lettres de lady Montague, écrites en 1720, ont eu beaucoup de réputation. L'éditeur a choisi la traduction d'Anson, en 1795; il n'a supprimé que quelques phrases trop libres et des plaisanteries de mauvais goût sur les pratiques de l'Eglise catholique. Une petite notice sur lady Montague, par M. A. Henrion, précède les Lettres. Le Fablier Français est un choix des fabulistes français qui ont précédé et suivi La Fontaine, avec une longue introduction, par M. H. Foucher. Cette intro¬ duction, que nous n'avons pu que parcourir, nous a paru offrir des choses assez curieuses sur le genre de la fable et sur les fabulistes anciens et modernes. Le Fablier est divisé en deux parties, les fabulistes antérieurs à La Fontaine, puis La Fontaine et les fabulistes qui l'ont suivi.

La dixième livraison se compose d'un choix de Plutarque et d'un Voyage. Le choix de Plutarque est précédé d'une notice par M. Laurentie; la traduction est celle d'Amyot. Les morceaux choisis sont des extraits des petits Traités de Plutarque: l'éditeur a ainsi réalisé le vœu que formoit La Harpe, qu'on prît dans ces Traités la matière d'un volume de morale à l'usage de la jeunesse. A la suite des réflexious morales, il y a des traits historiques tirés également de Plutarque. Le jeune Officier, ou Voyage d'Henri Delamère dans l'Inde, est une traduction de l'anglais de mistriss Hofland, par mademoiselle Maccarthy; ce Voyage est un roman où l'auteur a, dit-on, réuni habilement le mérite de

l'un et de l'autre genre. Cet ouvrage n'avoit pas encore été traduit en français.

Enfin la onzième livraison est formée par un recueil de Lettres de femmes célèbres, et par un choix de poésies orientales. Le recueil de Lettres de femmes célèbres en France est précédé d'une introduction et de notices par M. Danielo. Les dames dont on trouve ici des Lettres sont mesdames de Scudéry, de Montpensier, de Motteville, Ninon de Lenclos, de Villars, de Lafayette, de Coulanges, de Sévigné, de Grignan, de Simiane, de Maintenon et de Caylus. On voit qu'elles appartiennent au mème siècle, et leurs noms indiqueront assez quel peut être l'intérêt de ce recueil. Le choix des poésies orientales a pour éditeur M. Michel, de l'école des chartes, et que nous avons déjà nommé; il a réuni ici des poésies sanskritēs, japonnaises, malaises, chinoises, thibétaines et arabes. Les traductions sont de M M. Reinaut, Fouinet, de Sacy, Garcin de Tassy, etc.

Nous nous bornons pour le moment à cette indication succincte des différentes parties d'une collection qui paroît rédigée avec soin et avec goût, mais que nous avons besoin d'examiner encore pour en bien apprécier l'ensemble et les détails.

On vient de mettre en vente le volume des Tables des OEuvres de Fénelon. On y a joint des corrections pour quelques ouvrages du prélat, et une Revue, où on le considère comme métaphysicien, comme théologien et comme littérateur. Dans cette Revue, on expose en particulier les sentimens de Fénelon sur le fondement de la certitude et sur l'autorité du souverain pontife. Nous rendrons compte de ce travail, qui nous a paru dicté par une sage critique, et qui offre une discussion solide et lumineuse sur des points importans agités dans ces dernières années.

Il n'a été tiré qu'un très-petit nombre de cette Table, les souscripteurs aux OEuvres de Fénelon, qui la désirent, voudront bien s'empresser d'en faire la demande. Uu vol. in-8°, prix, 6 fr. et 7 fr. 50 c. franc de port. A Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

COURS DES EFFETS PUBLICS.

Le Gérant, Adrien Le Clere.

Bourse du 15 septembre 1830.

Trois p. 100, jouiss. du 22 juin, ouvert à 68 fr. oo c., et fermé à 67 fr. 35 c. Cinq p. 100, jouiss. du 22 sept., ouv. à 97 fr. 25 c., et fermé à 96 fr. 70 c.

SAMEDI 18 SEPTEMBRE 1830.

(N° 1686.)

Sur les divisions dans le parti dominant.

Il y a trois mois, les hommes les plus sages, témoins du mouvement général des esprits, du déchaînement des journaux et de la direction qu'ils donnoient à l'opinion se plaignoient qu'on nous conduisoit à une révolutien, et qu'en voulant faire redresser quelques griefs et réformer quelques abus, on risquoit d'ébranler la monarchie et de livrer tout l'Etat aux désordres inséparables d'une grande secousse. M. de Martignac lui-même, sortant un jour de ses riantes illusions, avoit dit en pleine chambre: Mais, Messieurs, nous marchons à l'anarchie. Vous vous engagez, disoit-on aux libéraux, dans une route qui peut vous mener loin; on n'arrête pas aisément une révolution, c'est un torrent qui vous entraîne malgré vous. Les auteurs de la première révolution en furent presque tous les premières victimes; ils furent emportés par ce mouvement même qu'ils avoient excité. Le peuple une fois soulevé, l'agitation se reproduisoit sans cesse sous diverses formes, et les émeutes, les crises, les catastrophes se succédèrent avec une désolante rapidité, sans qu'il fût possible à personne d'arrêter cette impulsion et de calmer ce besoin continuel de changement.

Tels étoient les sinistres pronostics de ceux qui consultoient l'expérience du passé. A cela que nous répondoiton? Qu'il n'y avoit rien de pis qu'une révolution, et qu'on étoit bien loin de rien méditer de semblable. Une révolution, disoit-on, n'étoit même pas possible. Qui la vouloit ? Ce n'étoient pas sûrement les gens riches, les capitalistes,. les banquiers, les industriels; tous avoient besoin de l'ordre et du repos pour jouir de leur fortune et pour sou

Tome LXV. L'Ami de la Religion.

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tenir leur commerce. C'étoient, ajoutoit - on avec ironie, c'étoient de bien dangereux révolutionnaires que les Laffitte, les Perrier, les Delessert, les Ternaux ! C'étoient de bien terribles conspirateurs que des pairs et des députés qui votoient avec l'opposition, mais qui faisoient profession d'un attachement sans bornes à la monarchie constitutionnelle! Tels étoient les raisonnemens et les plaisanteries de plusieurs des journaux, il y a quelques mois, et entre autres d'un de ceux qui étoient le plus accrédités et qui exerçoient le plus d'influence sur l'opinion. Mais, quelque spécieux que fussent ces raisonnemens, quelque ingénieuses que fussent ces plaisanteries, la révolution a eu lieu, et elle a été faite par ces mêmes gens riches, par ces mêmes capitalistes, par ces mêmes industriels qu'on nous assuroit ne pas vouloir de révolution et être fermement attachés à la dynastie.

Les journaux qui nous amusoient avec de si belles promesses nous trompoient-ils par perfidie ou bien nous trompoient-ils par suite de leurs propres illusions? Nous ne demandons pas mieux que d'adopter la supposition qui leur est le plus favorable. Il faut avouer cependant que l'illusion étoit un peu forte et l'aveuglement bien complet. Ne disoient-ils pas aussi qu'on pouvoit s'en rapporter à eux, et que, si le parti vouloit aller trop loin, ils sauroient bien le retenir dans de justes bornes et empêcher tous les désordres? A leur ton d'assurance, vous eussiez cru qu'ils étoient maitres des vents et des tempêtes, et que, si le torrent de l'anarchie venoit à se déborder, ils n'avoient qu'à frapper un coup de trident pour faire rentrer les eaux dans leur lit. Ils devroient être bien convaincus aujourd'hui de leur présomption et de leur impuissance. Ils sont forcés de reconnoître qu'il y avoit derrière eux une masse qui ne se gouverne pas avec de belles phrases, et qu'on n'arrête pas avec des théories. Ils ont beau lui dire maintenant qu'ils ne vouloient aller que jusqu'à tel point; leur point n'est pas le sien, et elle prétend ne leur avoir

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pas prêté main forte uniquement pour leur procurer les dépouilles opimes du budget, ou pour les élever sur les piédestaux où ils aspiroient à monter. De là ces murmures sourds que nous entendons gronder, ces fluctuations de l'opinion et ces nouvelles exigences d'un parti qui va toujours en avant, et qui regarderoit comme une foiblesse de rester stationnaire et de ne pas suivre le cours de ses essais pour le perfectionnement de l'ordre social.

Après la révolution de juillet, on s'étoit hâté, pour arrêter un peu l'essor de ce parti, de faire une nouvelle Charte, de proclamer une nouvelle dynastie et de renouveler tout ce qu'il étoit possible de fonctionnaires de toutes les classes. On faisoit encore entrevoir d'autres concessions, et on espéroit enchaîner par ces espérances l'ardeur d'une jeunesse avide d'innovations et d'essais, et qui, à force d'entendré louer sans cesse les principes de la révolution, vouloit recommencer cette dangereuse épreuve. Mais ces nouvelles illusions se sont bientot dissipées. De grandes divisions ont éclaté dans le camp des vainqueurs. Les uns appellent à grands cris la dissolution de la chambre, les autres combattent cette mesure comme injuste et funeste. Des orateurs, des journalistes, des associations entières regrettent qu'on se soit si fort empressé de nommer un Roi, et qu'on n'ait pas profité de l'occasion pour établir le beau idéal des gouvernemens, une bonne république, qui seroit plus en rapport avec l'esprit général du siècle et avec les progrès de la civilisation. D'autres prétendent qu'un tel projet est en opposition avec nos mœurs et nos habitudes, qu'il faut s'en tenir à ce qui est, et que c'est une folie de courir ainsi d'innovations en innovations, au risque de tout ébranler et de jeter de nouvelles semences d'agitation et de discorde. Une lutte s'est établie à ce sujet dans la chambre et hors la chambre. On se rappelle les discours prononcés à la tribune par MM. Audry de Puyraveau, Mauguin, Demarcay, etc. Le discours de M. Mauguin lui a valu un redoublement de popularité, et la jeu

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