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On vient encore remuer la question du divorce, et on entreprend de rétablir sur ce sujet la législation révolu tionnaire. Voilà plusieurs pétitions qui arrivent à la cham bre dans ce but, et elles ont été appuyées par des députés. MM. Eusèbe Salverte et Lévesque de Pouilly ont témoigné des regrets de l'abolition du divorce. Il y a surtout parmi les pétitionnaires un sieur Mabire, qui, depuis plusieurs années, réclame constamment le divorce. Dans la précédente session, il fit circuler un écrit sur la nécessité de rétablir le divorce, comme un des moyens de répression des délits et des crimes dans les ménages. Ce titre seul annonce peu de discernement ou une ignorance absolue de l'état et des intérêts de la société. Dans sa pétition, datée du 10 avril 1829, M. Mabire s'étonne qu'un député ait dit, dans la session de 1828, que l'abolition du divorce étoit un grand bien moral; il invoque aussi lui-même les intérêts de la morale et les vœux de l'humanité, mais c'est pour arriver à une conclusion toute différente de celle des plus sages publicistes. Il n'est frappé que d'une chose, c'est du tourment des époux dans les mariages mal assortis. Il trouve que c'est une cruauté de les empêcher de contracter de nouveaux liens; mais il ferme les yeux sur les funestes effets de la loi du divorce pendant la révolution, sur les scandales dont nous fûmes témoins, sur le désordre des familles, sur l'intérêt des enfans. Ce dernier motif seul fournit une puissante objection contre le divorce. M. Mabire ne veut point qu'on lui oppose des motifs de religion. La religion, dit-il, ne veut que le bonheur des hommes: or, les hommes ne peuvent être heureux, si l'indissolubilité du mariage subsiste. C'est précisément ce que nous nions. Quelques Tome LXV. L'Ami de la Religion.

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hommes peuvent souffrir de l'indissolubilité du mariage, mais elle est dans l'intérêt général de la société. Ceux qui s'en plaignent se sont peut-être attiré leur malheur par leur imprudence ou même par leurs vices; il est dans Fordre de la Providence qu'ils en portent la peine. L'indissolubilité du mariage, dit encore M. Mabire, nuit beaucoup à la population; là-dessus le pétitionnaire pourroit être tranquille, les accroissemens de la population depuis seize ans sont propres à le rassurer. Il y a plutôt en France surabondance que défaut de population, et le législateur est bien dispensé de rechercher les moyens d'augmenter ce dont bientôt nous ne saurons que faire. M. Mabire s'objecte que le mariage, étant un sacrement, ne peut être dissous du vivant des époux, et il répond que ce sacrement n'a pas toujours existé parmi les chrétiens. Il auroit bien dû nous dire à quelle époque ce sacrement a été inventé; car, si ce sacrement n'a pas toujours existé parmi les chrétiens, on doit savoir qui l'a établi et dans quel temps on l'a établi. Nous croyons, nous autres, que personne n'avoit le droit d'établir un sacrement, et qu'ils ont tous été institués par Jésus-Christ. Nous demandons à M. Mabire la permission de nous en tenir là, et nous l'engageons même à se mieux instruire sur ce qui concerne la religion. Elle l'éclaireroit sur la question qu'il décide fort légèrement, et s'il étoit vrai, comme nous le craignons, qu'il fût intéressé personnellement dans la question du divorce, elle lui apprendroit à souffrir son malheur avec patience, et à le rendre même méritoire pour l'autre vie.

Puisqu'on agite de nouveau une question qui est décidée par tous les bons esprits, nous renvoyons ceux qui voudroient s'éclairer sur ce point à l'ouvrage publié par M. de Bonald, sous le titre Du Divorce considéré au 19° siècle (1), ouvrage entrepris à la prière de feu M. Por

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(1) Un vol. in-8°, prix, 4 fr. et 5 fr. 25 c. franc de port. A Paris, chez Ad. Le Clere et compagnie, au bureau de ce journal.

tasli le père, et qui parut après le concordat de 1802. Le judicieux et profond écrivain y traite la question en publiciste, en moraliste et en chrétien. Après des considérations générales sur l'homme, sur la société et sur le mariage, l'auteur arrive au divorce, et combat par les raisons les plus fortes les partisans de cette loi. Il montre les maux qu'elle entraîne, et réfute également les motifs et les faits qu'on allègue en sa faveur. On lira surtout avec intérêt la conclusion qui termine l'ouvrage, et où l'auteur a réuni des considérations décisives. Depuis, M. de Bonald eut encore occasion de traiter ce sujet. Ayant été nommé député à la chambre de 1815, il fit une proposition formelle pour l'abolition du divorce, et prononça, le 24 décembre, un discours assez étendu à l'appui de sa proposition. Ce discours, qui a été inséré dans le recueil des Pensées et discours (1) de l'auteur, est une des meilleures et des plus honorables productions sorties de sa plume. L'auteur y plaide avec éloquence la cause de la morale et de la société. « Hâtons-nous, Messieurs, disoit-il, de faire disparoître de notre législation cette loi foible et fausse qui la déshonore, cette loi, fille ainée de la philosophie qui a bouleversé le monde et perdu la France, et que sa mère, honteuse de ses déportemens, n'essaie plus même de défendre; cette loi, repoussée par la conscience du plus grand nombre, désavouée par les mœurs de tous, et dont ceux à qui elle est permise par leurs dogmes n'usent pas plus que ceux à qui elle est défendue; loi si foible et si fausse, que les législateurs qui l'ont portée, en voulant qu'elle fût possible, ont cherché à la rendre impraticable, et en l'entourant de difficultés et d'obstacles, n'ont pas craint de la flétrir à l'instant même qu'ils la proposoient. >>

Le vœu de M. de Bonald fut entendu ; la chambre décida qu'on s'occuperoit de sa proposition, et M. de Trinquelague fit à ce sujet, le 19 février 1816, un rapport au

(1) Deux vol. in-8°, prix, 9 fr. et 12 fr. franç de port. A Paris, au bureau de ce journal.

nom d'une commission. Il proposa d'arrêter seulement en principe l'abolition du divorce, et de supplier le roi de présenter aux chambres un projet de loi en conséquence. La chambre adopta cet avis à une immense majorité; cette résolution fut également adoptée par la chambre des pairs. Le 22 avril, le roi fit présenter à cette dernière chambre un projet de loi pour l'abolition du divorce; ce projet fut adopté successivement dans les deux chambres, à l'unanimité presqu'entière des suffrages. Tout le monde se félicita dans le temps de cette conclusion d'une discussion qui avoit occupé les esprits. Nous aimons à croire que nous n'irons pas, au bout de quinze ans, donner un nouveau scandale à l'Europe et un nouveau sujet de deuil à la religion, et jeter une nouvelle source de corruption dans la société et un nouveau principe de discorde dans les familles.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

PARIS. M. de Sausin, évêque de Blois, a aussi adressé une circulaire à ses curés et desservans sur les derniers évènemens; elle est dans le même esprit que les autres circulaires épiscopales que nous avons déjà citées :

« Nous venons donc vous exhorter, Messieurs, à méditer plus. que jamais les célestes maximes de charité et de paix dont la religion nous a confié le dépôt, et qui sont la base et la garantie de tout le bien dans tous les temps.

>> A la faveur de leur lumière, vous comprendrez que nous devons au peuple chrétien l'exemple de la soumission aux puissances établies dans les desseins de cette Providence qui règle à son gré les destinées des empires, et du respect pour les lois qui les régissent. Vous sentirez qu'appelés par notre divin maître à nous occuper des choses du royaume de Dieu, nous ne sommes sur la terre que pour apprendre à nos frères à se rendre dignes par leurs vertus de vivre éternellement dans un monde meilleur. Enfin, vous reconnoîtrez que, fidèles à la garde du troupeau qui nous est confié, nous devons rester calmes et paisibles au milieu des mouvemens qui peuvent l'agiter, et faire tous nos efforts pour le préserver des maux que le désordre entraîne, priant sans cesse

pour que la paix qui nous a été donnée en J.-C. règne dans tous les cours, et nous appliquant sans relâche à la conserver parmi nos frères.

» C'est alors que vous vous montrerez véritablement animés de cette sagesse d'en haut qui, toujours amie de la paix, est toujours prête à faire le bien. Vos paroissiens ne verront en vous que des hommes de conciliation et de concorde, qui n'ont pour eux que des paroles de bienveillance, et qui, leur apprenant que, selon le précèpte du grand apôtre, nous devons tous prier pour les rois et pour tous ceux qui sont élevés en dignité, afin que nous menions une vie paisible et tranquille, dans la pratique constante de la vertu et de la piété.

» Une semblable conduite, Messieurs, vous fera mériter dignement de notre chère patrie, et vous aurez la douce consolation d'avoir contribué à l'attacher de plus en plus à la religion, qui peut seule assurer sa tranquillité et son bonheur. »

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Il regne parmi certains fonctionnaires un grand zèle pour étendre outre mesure les obligations imposées par la loi. D'après une décision du nouveau préfet de Seine-et-Marne, le maire actuel de Brie-Comte-Robert a exigé le serment de tous ceux qui étoient employés d'une manière quelconque dans l'administration. Il l'a exigé, qui le croiroit? des fabriciens mêmes de l'église. On ne peut savoir sur quoi il a pu se fonder pour une telle extension. Sous l'ancienne Charte,' où la religion catholique étoit la religion de l'Etat, je ne sache pas qu'on se soit jamais avisé de demander le serment aux membres des fabriques; à plus forte raison ils ne peuvent y être assujétis aujourd'hui que la religion catholique est placée sur la même ligne que les autres communions. Que sont les membres des fabriques? Les économes particuliers de l'église. A quel titre l'Etat se mêleroit-il d'eux? Sous quel prétexte les assimileroit-on à des fonctionnaires civils et militaires? Leur demander le serment, c'est une exaction que rien n'autorise, et qui est bien voisine du ridicule.

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Parmi les pétitions sur lesquelles il a été fait un rapport à la séance de la chambre des pairs du 23 septembre, il y en a une du sieur Gallery, électeur de l'arrondissement de Laval, qui demandoit la suppression des établissemens des Jésuites en France, et l'expulsion de ces religieux hors du territoire. Il dénonce en même temps la maison des Jé suites de Laval, sur laquelle il donne beaucoup de détails; il accuse les Jésuites de donner des missions et de se livrer à

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