Une femme passagère doit éviter avec soin les suppressions de transpirations: ainsi, elle ne montera pas, le matin, sur le pont, sans avoir quitté le linge avec lequel elle aura passé la nuit, surtout si c'est du linge de toile de lin; elle se couvrira avec soin et de manière à pouvoir se débarrasser successivement de quelques parties de vêtement. Quelque désir qu'elle ait de respirer un air frais, elle ne se mettra jamais sous les voiles; on y éprouve trop de fraîcheur. Celle que procurent les tentes quand on est dans les hautes latitudes est suffisante, et il faut se garder de se tenir dans un courant d'air.

Je conseillerai aux femmes qui naviguent de se pourvoir de vêtements de coton ou de laine, plutôt que de ceux de toile de lin; la propriété qu'ont les premiers d'absorber la transpiration est d'une importante considération, dans les pays chauds surtout; et, comme l'expérience est partout le guide le plus sûr, on remarquera que les marins portent toujours à bord des chemises de laine.

On doit changer fréquemment de linge; ainsi, comme il ne faut pas perdre de vue que le lavage est difficile à bord, on devra s'approvisionner en raison de la durée présumable de la traversée, de manière 'à satisfaire à ses besoins, sans qu'il faille recourir à un blanchissage.

Ce soin doit s'étendre à la chaussure qu'on use beaucoup à bord. Il est de règle de laver les ponts tous les matins, les intérieurs au moins une fois par semaine on doit se tenir les pieds secs; ainsi pour

les premiers moments du jour je conseillerai aux femmes l'usage des chaussons de laine, sur la peau, et de souliers de cuir imperméable, sauf à en changer quand les ponts seront secs. C'est à bord surtout, qu'il ne faut point perdre de vue cette recommandation de l'école de Salerne : Pieds chauds, tête froide.

Il ne faut pas consacrer trop de temps au sommeil; huit heures sont plus que suffisantes, sauf à s'y livrer quelques instants dans le jour quand la chaleur est grande, et comme, pendant ce temps de sieste, il y aura sans doute une forte transpiration, il sera nécessaire de changer de linge avant de s'exposer de nouveau à l'air libre.

Les navires sont maintenant approvisionnés convenablement de conserves, soit en viandes, soit en légumes; il n'est donc question pour approvisionnements particuliers que de ce qu'on appelle rafraîchissements, quelques conserves de fruits, de lait; des vins généreux et stomachiques; voilà tout ce dont une femme peut se pourvoir, en raison surtout de la nourriture qu'elle a coutume de prendre à terre; l'eau de fleur d'oranges, le café, le thé ne doivent pas être oubliés; mais comme en général ils sont échauffants, il ne faudra en faire qu'un usage très-modéré.

Courage et gaîté, voilà en deux mots les meilleurs approvisionnements à faire quand on s'embarque.

(Un ancien capitaine de vaisseau.)

FIN.