Page images
PDF
EPUB

ses prédécesseurs avaient réservées à la France monarchique.

Nous ignorons la pensée de Léon XIII à l'égard d'un concordat nouveau; mais, l'histoire à la main, nous croyons que notre pape actuel doit aimer la mémoire de Pie VII. Daigne Dieu préserver notre pontife des malheurs qui couronnent si souvent la bonté.

CHAPITRE III

Récit sommaire des négociations.

[ocr errors]

Quelques pièces principales à l'appui. Conclusion et texte du Concordat sa ratification à Rome et à Paris.

Sa publication.

- Encore

Portalis et Caprara.

Il ne saurait entrer dans nos vues, car il n'est pas dans nos possibilités, de raconter ici toutes les péripéties par lesquelles a dû passer cette négociation, depuis le 10 juillet 1800, jour où déjà le pape Pie VII écrivait au cardinal Martiniana, l'évêque de Verceil, pour lui donner la mission d'encourager Bonaparte dans l'exécution de son entreprise « de régler les

affaires écclésiastiques en France et d'y faire refleurir la religion catholique », jusqu'au 14 juillet 1801, jour où les signatures furent échangées. Une année, bien entière et bien remplie, s'écoula dans ces pourparlers diplomatiques.

Quelquefois les lenteurs et les difficultés vinrent de Rome, d'autres fois elles vinrent de Paris. Ainsi, le 12 mai, on pouvait croire que lout était terminé, quand le Pape adressait à l'abbé Bernier une lettre dont voici le texte1:

<< Cher fils, salut, etc., etc. Votre zèle pour nous et pour ce siège apostolique s'est signalé à un tel point pour l'apaisement des troubles survenus dans l'Église catholique en votre pays, que nous paraitrions manquer de reconnaissance à votre égard, si nous ne proclamions hautement que vous avez sauvé l'unité et rendu plus tolérable la condition de l'Église. De même qu'il n'y a rien dans cette affaire que nous ne devions à vos soins, de même il n'est rien que nous ne nous promettions de ces mêmes soins pour l'achèvement d'une œuvre que vous avez entreprise avec tant de zèle.

[ocr errors]
[ocr errors]

. . Vous apprendrez par notre vénérable frère l'archevêque de Corinthe la réponse que nous avons cru devoir faire à votre gouvernement,

1. P. Theiner, t. Ier, p. 116.

afin que, si c'est possible, nous mettions un terme aux discussions pour arriver à un accord... sans nuire à la stabilité du Concordat.

«< . . . . C'est à vous, très cher fils, à expliquer si bien ces choses à ceux qui, pleins de confiance en votre fidélité et prudence, vous ont chargé de travailler avec notre légat. .

«En amenant ainsi par vos exhortations à des sentiments de modération, le dépositaire de l'autorité souveraine en France, vous donnerez à l'Église la plus grande preuve de votre foi et de votre dévoûment, vous procurerez le salut de vos concitoyens, vous nous causerez une telle satisfaction que nous n'oublierons jamais vos services envers nous et envers l'Église. C'est pourquoi nous vous accordons affectueusement, comme gage de notre paternel amour, la bénédiction apostolique.

<< PIE VII, PAPE. »

[ocr errors]
[ocr errors]

Cette lettre, si admirablement élogieuse pour son modeste destinataire, eut tout le résultat qu'on en pouvait attendre.

Aussi dut-on croire bien plus fermement encore que tout était fini, quand le même abbé Bernier, chargé par Bonaparte d'examiner le projet amendé par la cour de Rome, adressa au Premier Consul le rapport suivant, « propre,

dit le père Theiner, à faire rougir ses détracteurs, parla franchise, la fermeté avec laquelle il prit au près du Premier Consul les intérêts de l'Église, dans un moment où une rupture était imminente entre le Saint-Siège et le gouvernement français. >>

Voici ce remarquable rapport qui a merité à son modeste auteur le titre de conciliateur entre le Saint-Siège et la France.

Paris, 27 mai 1801.

Général,

Vous m'avez ordonné de vous faire un rapport sur les moyens de rendre admissible le projet de convention et de Bulle qui vous est adressé par le Saint-Siège.

Je vais remplir ce devoir aussi pressant qu'agréable pour moi avec la même franchise que j'ai manifestée depuis le commencement de cette négociation.

Vous avez jusqu'ici vaincu des peuples armés et subjugué, par l'éclat de vos triomphes, les ennemis de votre gloire; en rendant à la France la religion qu'elle désire, vous surmonterez tous les obstacles, vous gagnerez tous les cœurs et consommerez d'un seul trait l'opération la plus grande et la plus utile en politique que votre génie ait pu concevoir.

« PreviousContinue »