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s'agit pas d'un ministre, mais d'un chef d'État. Il ne s'agit pas d'un chef d'État qui serait indifférent ou libertin, il peut y en avoir sous une monarchie - mais d'un chef d'État qui professerait une religion autre que le catholicisme. Le texte est absolument clair. Il n'y faut pas contredire.

Du reste, la convention nouvelle que cette restriction prévoit peut être regardée comme ayant réellement existé, toutes les fois que les deux pouvoirs se sont entendus sur la nomination d'un sujet.

Mais nous comprenons et nous goûtons la répugnance de certains hommes d'État à tremper dans ces nominations. Poussés par la logique, ils se désintéressent librement ed toute intervention officielle. Qu'on ne s'y trompe pas: la liberté qu'ils laissent au pouvoir religieux est un présent funeste.

Séparatistes de l'Église et de l'État, ils agissent en conséquence de leurs convictions et de ce principe. Ils se relâchent de leur droits, par l'intention où ils sont de s'affranchir, à bref délai, de leurs devoirs.

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Ire PARTIE, CHAP. IV. APPRÉCIATION DU CONCORDAT.

C'est peut-être très honnête; mais c'est plus politique encore M. Jules Simon ne nous démentirait pas.

Selon nous, tant que durera le régime concordataire, il ne faut d'aucune part ni s'affranchir des devoirs ni faire bon marché des droits.

En d'autres cas, la lettre tue. Ici la lettre

sauve.

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Systèmes divers de relations entre l'Église et l'État. Le système concordataire est celui de la France. Un contrat synallagmatique. Appréciations de cette dénonciation, au quadruple point de vue de la France, de la Papauté, de l'Italie, des autres nations.

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Jusqu'ici nous avons traité la partie historique, celle qu'on peut appeler officielle, du Concordat de 1801.

Il suffisait de raconter, grâce à l'intégrité des sources où nous avons puisé, des choses indiscutables. Nos convictions politiques en

général pouvaient demeurer flottantes; nos vues, soit sur le régime concordataire en général, soit sur le Concordat de 1801, n'avaient nul besoin d'être avouées.

Nous passons désormais, du domaine des événements à celui de la discussion; de l'admission des faits aux principes de la politique. Nous quittons les hommes de 1801 pour nous trouver en face des hommes de 1882, le Concordat toujours en main, bien entendu ; car ce Concordat est notre objectif unique.

Pour aller plus droit au but, nous nous adresserons d'abord aux hommes qui veulent qu'on le dénonce, autrement dit qu'on l'abolisse.

Dénoncer le Concordat qu'est-ce que cela signifie?

Avant de répondre à cette question, il nous semble indispensable d'indiquer les différents systèmes de rapports entre l'Église et l'État : afin de mieux voir quel est celui dont nous sommes actuellement en possession; quel est celui que les partisans de cette dénonciation voudraient mettre à la place. Ceci est une

théorie parfaitement connue, puisqu'elle n'est que l'exposé de ce qui se pratique depuis des siècles.

1° Le premier système, dont nous ne parlons que pour mémoire, serait celui de la subordination de l'État à l'Église. Les théologiens qui l'ont soutenu au XIIe siècle ont fait un rêve. Le pouvoir très mitigé, que Fénelon lui-même appelait directif, n'a plus sa raison d'être aujourd'hui, dans l'ordre civil et politique.

La tutelle du Pape et du clergé sur les pouvoirs temporels a pu avoir du bon... dans l'enfance des sociétés: elle n'a plus aucun motif ni aucun moyen d'exercice sur les sociétés majeures ou émancipées.

Grégoire VII, Innocent III, Boniface VIII sont de grandes figures qui provoquent l'admiration... Mais devant une société laïque résolue à exercer ses droits, ces grands papes eux-mêmes n'auraient pas agi comme ils l'ont fait. Eux aussi furent de leur temps.

Rien n'est moins regrettable que cela :

passons.

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