Page images
PDF
EPUB

INTRODUCTION

1672 et 1711. Donneau de Visé à ce sujet avait traité avec le libraire lyonnais Thomas Amaulry, libraire, rue Mercière, à la Victoire.

Charles Rivière Dufresny (Juin 1710-Avril 1714)

La mort de Donneau de Visé ne causa pas d'interruption au Mercure : Charles Rivière Dufresny en obtint aussitôt le privilège.

Le nouveau directeur était né à Paris en 1648, d'après la plupart des biographes, à l'exception de Jal, qui le fait naître en 1654. Dans sa jeunesse, il avait été valet de chambre de Louis XIV: la vivacité de son esprit lui valut les bonnes grâces du monarque, et, mieux encore, un brevet de dessinateur des Jardins du Roi, en date du 21 septembre 1700. Dufresny épousa la fille de Nicolas Perdreau, greffier criminel au Parlement. Il habita longtemps la rue du Bourg-Tibourg, puis la rue Vieille-du-Temple où il mourut le 6 octobre 1724; il fut enterré le lendemain au cimetière de Saint-Jean-en-Grève.

Dufresny donna un nouveau lustre au Mercure : il essaya même d'en modifier le plan, en 1711, année dont les volumes furent divisés en quatre parties: Littérature, Amusements, Pièces fugitives et Nouvelles. L'expérience démontra que la méthode de Donneau de Visé avait encore trop de partisans pour subir aucune modification, et le caractère versatile de Dufresny ne fut pas longtemps à se dégoûter des exigences d'un recueil périodique ainsi conçu. Il publia néanmoins 44 volumes dont quelques-uns étaient déjà très recherchés en 1764. Hatin les considère comme les meilleurs de la collection. Bien qu'ils aient été réimprimés plusieurs fois en Hollande, on nous permettra de ne pas partager cette opinion au point de vue où nous nous sommes placés. En décembre 1713, Dufresny céda le privilège, sous réserve d'une pension dont il jouit jusqu'à sa mort. Le Mercure d'octobre 1724 lui consacra une courte nécrologie qui rappelait son bon goût et sa connaissance des arts, en particulier de la décoration des jardins.

Sous la direction de Dufresny, les armes du Dauphin furent remplacées, sur le titre, par Mercure tenant le caducée d'une main et, de l'autre, présentant une banderole à l'Amour. Le Mercure se trouvait alors chez Daniel Jollet, au Livre royal, au bout du Pont SaintMichel;— Pierre Ribou, à l'Image saint Louis; — Gille Le Mesle, à l'entrée de la rue du Foin.

Hardouin Le Fèvre de Fontenay (Mai 1714-Octobre 1716)

Bien qu'il eut acquis le privilège du Mercure en décembre 1713, Hardouin Le Fèvre qui se nomme Le Fèvre de Fontenay dans un de ses volumes n'en continua la publication qu'à partir de mai 1714. « Il est grand fleuriste, et s'exerce à cultiver son jardin dans un des faubourgs de Paris; il vend des grains et des oignons de fleurs1. »

En dehors des 33 volumes du Mercure qu'il a publiés, Le Fèvre est l'auteur de deux petits ouvrages: un Journal de voyaye de l'Ambassadeur de Perse en France et un autre Journal sur la mort de Louis XIV et l'avènement de Louis XV à la Couronne.

1. Camusat, loc. cit., III, p. 229, note 1.

2. Voy. les numéros 514, 517 et 525 de notre Table de concordance, infra.

[blocks in formation]

Le 28 novembre 1716, un arrêt du Conseil d'Etat du roi lui défendit de continuer la publication du Mercure où il se glissait «< des choses scandaleuses et même injurieuses à la réputation de plusieurs personnes ».

Le Mercure se trouvait alors chez Pierre Ribou, quay des Augustins, à l'Image saint Louis; Grégoire Dupuis, rue Saint-Jacques, à la Fontaine d'or.

Pierre-François Buchet (Janvier 1717-Mai 1721)

Par lettres patentes données à Paris, le 19 janvier 1717, le Mercure fut confié à l'abbé Pierre-François Buchet, né à Sancerre, le 19 décembre 1679 et mort à Paris le 30 mai 1721. De 1717 à cette dernière date, l'abbé gazettier publia 54 volumes du Mercure. Tout fait croire que les fautes d'Hardouin Le Fèvre imposèrent à l'abbé Buchet l'approbation des censeurs qui apparaissent, dès 1717, en la personne de l'abbé Terrasson. Le titre de Mercure galant faisant place à celui de Nouveau Mercure promettait, en outre, une rédaction moins frivole. A vrai dire, le rôle du nouveau directeur se borna à des transformations matérielles dont il cherche l'excuse dans la modicité du prix de sa gazette, les exigences de l'envoi en province, le désir de faciliter la reliure en moins de volumes, etc. Le Mercure se trouvait alors chez Guillaume Cavelier, au Palais; la veuve de Pierre Ribou, quay des Augustins, à l'Image saint Louis; Guillaume Cavelier fils, rue SaintJacques, à la Fleur de lys d'or.

Dufresny, de La Roque et Fuzelier (Juin 1721-Octobre 1724)

La notice de Camusat - ou plutôt de Bernard, son éditeur nous apprend que le Mercure passa des mains de l'abbé Buchet dans celles des frères Jean et Antoine de La Roque qui lui donnèrent le titre de Mercure de France. L'erreur de Camusat a déjà été relevée par Hatin entre le Nouveau Mercure de l'abbé Buchet et le Mercure de France, une série de 36 volumes parut, sous le titre de Mercure, de 1721 à 1723.

Aux témoignages de l'avertissement placé, dès juin 1721, en tête de ce Mercure, et du privilège en date du 3 juillet suivant, les sieurs Dufresny, de La Roque et Fuzelier succédèrent à l'abbé Buchet. Ils firent précéder leur Mercure d'un long préambule dont nous extrayons le passage suivant afin de montrer l'impulsion nouvelle que le goût éclairé d'Antoine de La Roque allait donner bientôt à la publication : «< Journalistes de la poésie et de l'éloquence, <«< nous le serons aussi de la peinture, nous tâcherons d'instruire le public de tout ce qui << pourra contenter son goût. On lui annoncera tous les livres nouveaux, les tableaux des <«< bons maîtres, les estampes des plus habiles graveurs, les statues des sculpteurs distin«< gués, enfin les fabriques des plus fameux architectes........

[ocr errors]

Le Mercure se trouvait alors chez Guillaume Cavelier, au Palais; -Guillaume Cavelier, fils, rue Saint-Jacques, au Lys d'or; - André Cailleau, place de Sorbonne; à l'Image Saint André; Noël Pissot, quay des Augustins, à la descente du Pont Neuf, à la Croix d'or.

[ocr errors]

INTRODUCTION

XIII

Antoine de La Roque (Novembre 1724-Octobre 1744)

Né à Marseille en 1672, Antoine de La Roque entra dans les gendarmes du roi, après un voyage au Levant. Le 11 septembre 1709, il eut une jambe emportée à la bataille de Malplaquet la croix de saint Louis et une pension récompensèrent les services de l'officier que sa blessure rendait à la vie civile.

L'activité d'Antoine de La Roque ne tarda pas à remplacer le goût des Armes par celui des Lettres et des Arts. Le portrait que nous a laissé de lui son ami Watteau et la collection qu'il avait rassemblée ont fait l'objet d'une des meilleures notices du livre de M. Clément de Ris sur les amateurs d'autrefois1.

De la collaboration au Mercure à sa direction, la route fut courte pour M. de La Roque. D'abord associé de 1721 à 1723, il resta seul titulaire à la mort de Dufresny, survenue le 6 octobre 1724. Par brevet du 17 de ce mois et lettres patentes du 9 novembre suivant, le privilège du Mercure de France était accordé au sieur de La Roque. Il s'adjoignit son frère aîné, Jean de La Roque, qui publia dans le Mercure une suite de travaux fort appréciés.

Depuis janvier 1724, le Mercure avait pris le titre de Mercure de France, probablement inspiré par Antoine de La Roque qui conserva ce titre au journal pendant les vingt années de son directorat. Années glorieuses pour le Mercure de France que ses dissertations sur les beaux-arts et l'archéologie placèrent à la suite des Mémoires de l'Académie des Inscriptions2.

Antoine de La Roque mourut le 3 octobre 1744, et fut enterré dans un des caveaux de l'église Saint-Sulpice. Le Mercure, qui lui devait tant, fut ingrat pour sa mémoire, et ne lui accorda que ces quelques lignes d'une navrante banalité : « Antoine de la Roque, ancien gendarme de la garde ordinaire du roi, chevalier de l'Ordre militaire de Saint-Louis, de l'Académie royale des Belles-Lettres de Marseille, mourut à Paris le 3 octobre 1744, dans la 72° année de son âge. Il était auteur du Mercure depuis 1721. Il en a donné en tout, jusques et compris celui du mois d'octobre 1744, sans aucune interruption, 321 volumes, à la satisfaction de la Cour et du public3. »

De 1724 à 1744, la publication se poursuivit mensuellement, avec deux volumes pour les mois de juin et décembre, sauf en 1744, dont le mois de novembre fut double.

Sur le premier volume de cette série, la vignette du titre avait été changée. On y voyait Mercure tenant une banderole et volant sur un nuage. Au-dessous, on lisait la légende : quæ colligit spargit qui fut inscrite, à partir d'avril 1730, sur la banderole de Mercure.

Le Mercure se trouvait alors chez Guillaume Cavelier, au Palais; - Guillaume Cavelier fils, rue Saint-Jacques, au Lys d'or; — Noël Pissot, quay des Augustins, à la descente du Pont-Neuf, à la Croix d'or. En 1729 et années suivantes, Guillaume Cavelier, la veuve Pissot et Jean de Nully, au Palais, à l'Ecu de France et à la Palme étaient dépositaires de la publication.

1. Amateurs d'autrefois. Paris, 1877, pages 209-227. 2. Paul Lacroix. Bull, du Bibliophile, 1840, p. 103. 3. Mercure, octobre 1744, p. 2357.

[blocks in formation]

Louis Fuzelier et Charles de la Bruère (Novembre 1744-Juin 1748)

A la mort d'Antoine de La Roque, le Mercure passa entre les mains des deux faiseurs d'opéras Louis Fuzelier et Charles de La Bruère, par brevet donné au camp devant Fribourg le 31 octobre 1744.

La partie artistique intéressait les nouveaux rédacteurs, ils s'en exprimèrent ainsi dans la préface de leur premier volume : « ... Ce n'est pas seulement aux Belles-Lettres que le Mer« cure de France doit se consacrer. Tous les Beaux-Arts ont un droit légitime sur sa plume. « Elle manqueroit à ce qu'on attend d'elle si elle n'annonçoit pas aux connoisseurs les progrès << brillans de la peinture, de la gravure et de la sculpture aussi fidèlement que ceux de l'élo«quence et de la poésie. Les tableaux, les estampes et les statues piquent le goût de la << curiosité; et les Le Brun, les Watteau, les Coustou et les Drevet ont de judicieux admi<< rateurs comme les Fénelon, les Corneille, les Lulli1........... »

La prospérité croissante du Mercure excita la jalousie des directeurs des autres publications. Une plainte fut portée contre lui, et, le 13 juillet 1745, le chancelier d'Aguesseau adressa à l'abbé Vatry, censeur chargé de la revison du Mercure, une lettre dans laquelle il se plaignait de prétendus empiètements pris sur le Journal des savants à propos d'extraits ou comptes-rendus que les directeurs inséraient dans leur publication2.

Fuzelier et La Bruère conservèrent le privilège jusqu'à leur mort. Après avoir publié 53 volumes, les deux co-directeurs cessèrent de rédiger le Mercure : La Bruère au deuxième volume de 1748 et Fuzelier à la fin de juin 1750.

La collaboration de La Bruère fut assurée par M. de Clèves Darnicourt pour les mois de juillet et août 1748.

M. Raymond de Sainte-Albine travailla pendant près de deux ans à la rédaction du Mercure jusqu'au 1er volume de juin 17503; le second volume fut publié par M. de Clèves Dar

nicourt.

Depuis le 1er juillet 1750 jusqu'au 31 décembre 1754, le Mercure eut pour auteur l'abbé Raynal, né à Sainte-Geniès (Aveyron), le 11 mars 1700, et mort à Chaillot le 6 mai 1796', qui publia 64 volumes où il eut le tort d'ouvrir la porte à la littérature légère. Elle priva le Mercure de la collaboration des successeurs de l'abbé Lebeuf et les obligea à se réfugier au Journal de Verdun qui adopta dès lors les méthodes de rédaction abandonnées par le Mercure.

On le trouvait alors chez Chaubert, rue du Hurepoix; Jean de Nully, au Palais; Pissot, quay de Conty, à la descente du Pont-Neuf; — Jacques Barrois, quai des Augustins,

à la Ville de Nevers; - Duchesne, rue Saint-Jacques, au Temple du goût.

1. Mercure, novembre 1744, préface.

2. Bibl. nat. ms. franç. 22133, fol. 82.

3. Mercure, 1750, juin, 1er vol., p. 214.

4. Voy. Corresp. de Grimm, édit. Tourneux, I, p. III.

INTRODUCTION

XV

Louis de Boissy (Janvier 1755-Avril 1758)

L'auteur comique Louis de Boissy, né à Vic-sur-Cère, en 1694, essaya de relever le Mercure. Dans la préface du volume de janvier 1755, il expose les difficultés de la situation faite au journal. Esprit méthodique, Louis de Boissy divisa la rédaction en six parties bien distinctes parmi lesquelles figuraient les Beaux-Arts.

La direction du Mercure devint alors un gros privilège dont s'empara le gouvernement afin de le grever de pensions en faveur de certains écrivains. Pour se faire une idée de ce que rapportait le Mercure à cette époque, il suffit de lire le texte du brevet accordé à Louis de Boissy, le 12 octobre 1754'. Les pensions que le titulaire devait servir se montaient à plus de 20.000 livres, néanmoins, toutes charges déduites, le Mercure produisait encore un revenu de 18.000 livres?.

Louis de Boissy mourut le 20 août 1758 et fut inhumé, le 22 du même mois, à SaintBenoît.

Son fils, d'autres disent son neveu, publia les volumes de mai et juin et les deux volumes de juillet 1758.

[ocr errors]

Le Mercure se trouvait alors chez Chaubert, rue du Hurepoix; - Pissot, quai de Conty;Duchesne, rue Saint-Jacques; Cailleau, quai des Augustins; - Cellot, grande salle du

Palais.

Marmontel (Août 1758-Janvier 1760)

Jean-François Marmontel, né le 11 juillet 1723, à Bort en Limousin, reçut le privilège du Mercure grâce à l'intervention de la marquise de Pompadour et en commença la rédaction au mois d'août 1758. La préface de son premier volume ne contient rien de caractéristique et l'esprit de la publication fut surtout littéraire.

En dehors du Mercure proprement dit, une autre publication avait surgi, sous le titre de Choix des anciens Mercures, qui fut une source de discussions entre le directeur du Mercure et les éditeurs. Sans faire partie de la collection qui nous occupe, elle était toutefois pour elle une source de revenus aidant à payer les pensions qui grevaient alors le Mercure. Le titulaire fut donc bien inspiré en se plaignant du préjudice que lui causaient des compétiteurs peu scrupuleux, car une lettre datée de Versailles, le 15 mai 1758, fut adressée à la Cour des Aides, faisant connaître les intentions du roi en faveur du Mercure".

Marmontel jouit deux ans à peine de son privilège : ayant récité en public une parodie de Cinna contre le duc d'Aumont, lieutenant-général, et refusé d'en faire connaître l'auteur,

1. Bibl. nat. ms. franç. 22133, fol. 86.

2. Journal et Mémoires de Ch. Collé, édit. Bonhomme, 1868, t. II, p. 136.

3. Bibl. nat. ms. franç. 15296.

4. Sur l'affaire des Choix des Mercures, voy. Bibl. nat. ms. franç. 22134, fol. 1-120.

5. Bibl. nat. ms. franç. 22134, fol. 30.

« PreviousContinue »