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il fut mis à la Bastille. Il y demeura du 28 décembre 1759 au 7 janvier 1760 et n'en sortit que pour apprendre la nomination du nouveau directeur 1.

Pas de transformations matérielles à signaler pour cette période : tous les trois mois, les volumes furent doubles jusqu'en avril 1778. Au mois de juin 1755, la vignette du titre avait été remplacée par un Mercure volant tenant le caducée d'une main et soutenant, de l'autre, une corbeille de fleurs que lui présente un amour, tandis qu'un autre amour lui offre une corbeille de fruits. La composition est signée : Cochin filius inv. Papillon sculp. 1755. Le Mercure se trouvait alors chez Chaubert, rue du Hurepoix; - Jorry, vis-à-vis la Comédie-Française; Pissot, quai Conty; - Duchesne, rue Saint-Jacques; - Cailleau, quai des Augustins; Cellot, grande salle du Palais.

Antoine de La Place (Février 1760-Juin 1768)

Né à Cahors en 1707, P.-Antoine de La Place s'était fait connaître par des traductions de pièces de théâtre et de romans anglais. « M. de La Place n'a point de style, dit la Correspondance de Grimm2 et je ne crois pas que dans aucun point il puisse soutenir le parallèle avec son prédécesseur. »

En 1762, le Mercure servait 28.000 livres de pensions. D'après La Harpe, la gestion de La Place n'aurait pas été heureuse, mais les chiffres que nous connaissons prouvent suffisamment que le Mercure constituait encore une grosse affaire : il produisait 60.000 livres!

Pour des raisons de santé3, Antoine de La Place renonça à son privilège que sollicita et obtint l'avocat-libraire Jacques Lacombe à charge pour lui de payer annuellement au service des pensions la somme de 30.000 livres, non compris une rente de 5.000 livres à son prédé

cesseur.

Le Mercure se trouvait alors chez Jorry, vis-à-vis la Comédie-Française; - Prault, quai de Conti; Duchesne, rue Saint-Jacques; - Cailleau, rue du Foin; - Cellot, imprimeur, rue Dauphine.

Jacques Lacombe (Juillet 1768-Mai 1778)

Né à Paris en 1724, Jacques Lacombe, d'après les Mémoires secrets, était avocat et homme de lettres. En collaboration de l'un de ses frères, des Macquer et autres écrivains, il composait des livres dont les imprimeurs profitèrent au détriment des auteurs. Pour les tirer d'embarras, Lacombe quitta la robe et se fit recevoir libraire.

Dès l'apparition du premier volume de ce rédacteur, on constate la disparition de l'ancienne épigraphe: Diversité c'est ma devise, que remplace: Mobilitate viget, allusion métal, dieu, journal.

savante au triple sens du mot mercure

1. Voy. Mém. et Journal de Ch. Collé, édit. Bonhomme. Paris 1868, t. II, p. 201; — Correspond. de Grimm, édit. Tourneux, t. IV, p. 182.

2. Edit. Tourneux, IV. 184.

3. Voy. Mercure de juillet 1768, 1er volume.

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L'opinion des chroniqueurs ne fut guère favorable au nouveau Mercure qui demeura pour eux «< une rapsodie tronquée, monotone et fastidieuse. » Toutefois, au milieu de cette décadence, quelques dissertations intéressantes se glissèrent çà et là, si bien qu'il y a toujours du bon, même dans les plus mauvais numéros du Mercure de cette époque.

En l'espace de dix ans, Lacombe, à bout d'expédients, tomba en déconfiture, et le Mercure subit une crise violente qui faillit se terminer par la suppression de la publication, alors à la merci d'une société de gens de lettres chez le libraire Lacombe, d'abord quai de Conti, puis successivement, rue Christine, près la rue Dauphine et rue de Tournon, près le Luxembourg.

Charles-Joseph Panckoucke (Juin 1778-1798)

Le Mercure fut sauvé par un autre spéculateur qui se montra plus habile que Jacques Lacombe et fut plus heureux : le libraire Charles-Joseph Panckoucke.

Ce libraire se faisait fort de régénérer le Mercure et d'y réunir d'autres publications dont il était propriétaire. En effet, le Journal de Bruxelles fut publié chez Panckoucke concurremment avec le Mercure à partir de juin 1778. On y trouve un certain nombre d'excellents collaborateurs: Fontenelle, Daubenton, Macquer, Bucquet, l'abbé Rémy, Guyot, Suard et La Harpe.

Le Mercure devient alors strictement littéraire et politique, et il eût à surmonter les plus grandes difficultés. Dans le cours des années III, IV, V et VI de la République, nous le trouvons aux mains de Lenoir, Laroche, Cabanis, Destut-Tracy, Lottin le jeune, Mongez, Barbier, etc.

Dès le mois d'août 1768, on avait substitué à la charmante vignette de Cochin, une insipide composition gravée par Beugnet, représentant les attributs de la peinture, de la sculpture, de la musique et des sciences, sans oublier le caducée, le tout supporté par des nuages avec, au fond, un soleil rayonnant.

Plus tard, le titre fut encore modifié et surchargé de la manière suivante : Mercure de France dédié au roi par une société de gens de lettres, contenant le journal politique des principaux événemens de toutes les Cours, les pièces fugitives nouvelles, les inventions et découvertes dans les sciences et dans les arts; les spectacles, les causes célèbres, les Académies de Paris et des provinces; la notice des édits, arrêts, les avis particuliers, etc. A Paris, chez Panckoucke, hôtel de Thou, rue des Poitevins, no 17 en 1786 et n° 18 à partir de septembre 1787.

En 1789, le Mercure tomba entre les mains d'une société de littérateurs et d'hommes politiques: Marmontel, Chamfort, Imbert, Berquin et Mallet du Pan. Pendant la Révolution, il eut toujours son bureau à l'Hôtel de Thou, sous la direction d'une Société de patriotes.

A partir de 1793, la publication devint plus compliquée : elle parût d'abord tous les jours, puis tous les cinq jours, en in-8, avec une tomaison qui se poursuivit jusqu'en février 1799, de I à XXXIX, sous le titre de Mercure françois politique et littéraire. La division mensuelle subsista toujours, mais elle était con fondue dans la division par tomes: chaque tome comprenant ordinairement deux mois.

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Dans les premiers mois de l'année 1799, le Mercure appartenait au libraire Cailleau qui publia cette année-là, 8 volumes in-12, intitulés : Mercure de France, journal politique, littéraire et dramatique, par une société de gens de lettres. A Paris, au bureau général du Mercure de France, chez Cailleau, imprimeur-libraire, éditeur et propriétaire, rue de la Haye, no 61 en face celle des Cordeliers.

Après une interruption de plusieurs mois, Fontaney, La Harpe et l'abbé Maillet se chargèrent de faire revivre le Mercure sous le titre que lui avait donné Cailleau.

A partir de messidor an VIII, nous le retrouvons dans le format in-8 sous la direction. d'Esmenard. Il sort des presses de Didot le jeune et paraît le 15 de chaque mois, par cahiers de cinq feuilles avec une table à la fin de chaque volume. On compte 69 volumes, pour la période comprise entre messidor an VIII et la fin de 1816.

Les volumes de vendémiaire à prairial an VIII; de mai à août 1815; de février 1818 à juin 1819 n'ont pas été publiés. De février 1818 à juin 1819, le Mercure, qui avait été supprimé sous un futile prétexte, fut remplacé par la Minerve.

En 1817, une nouvelle série de cinq volumes commença et se poursuivit, avec les interruptions que nous venons d'indiquer, jusqu'au mois de janvier 1818, sous le titre de Mercure de France. A Paris, de l'Administration du Mercure, rue Ventadour, no 5. On ajouta ensuite, au titre du second tome, les noms des différents rédacteurs : Benjamin de Constant, Dufresne, Saint-Léon, Esmenard, Jay, Jouy, Lacretelle l'aîné, etc.

De juillet 1819 à février 1820, nouvelle série dont il ne fut publié que deux volumes sous le titre de Mercure de France et Chronique de Paris, journal de littérature, des sciences et des arts, rédigé par une société de gens de lettres. A Paris, au bureau et à la librairie de Mercure, rue Poupée, no 17. Le premier numéro de cette série parut le 17 juillet 1819 et les autres s'échelonnèrent à des intervalles indéterminés. « Les abonnés en recevront 4 ou 5 par mois », lisons-nous sur les couvertures de cette époque. Le mois de juillet 1820 n'a pas paru; le n° du 31 décembre est le XVIIIe de la série, et le XIXe numéro porte la date du vendredi 11 février 1820, dernier du tome II de cette série.

Enfin apparut le Mercure du XIXe siècle, fondé par une réunion d'écrivains libéraux dont les principaux furent Tissot, Artaud, Bert, Berville, Félix Bodin, Dulaure, Dupaty, etc. Revue littéraire rédigée par une société de gens de lettres. Paris, Beaudouin frères, libraires rue de Vaugirard, no 36, ce Mercure parut jusqu'en 1832 et forma 37 volumes in-8. Le tome 37 ne contient que deux livraisons portant sur la couverture: Mercure (en caractères gothiques). Paris, bureau du Mercure, rue Mazarine, no 30. C'est le dernier Mercure que nous avons consulté'.

Avant d'analyser les travaux suscités par l'étude du Mercure, il nous paraît utile de

1. Nous ne citons que pour mémoire la publication qui, sous le titre de Mercure de France, revue universelle de la Littérature et des Beaux-Arts, publia trois volumes, pour les années 1851-1853, et la revue moderne qui utilise, depuis 1890, le titre du Mercure de France.

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consigner ici quelques observations générales sur l'économie de l'ensemble de la publication. L'ordre des matières de chaque volume est ordinairement indiqué par une table sommaire placée au commencement ou à la fin. Cette table est parfois mensuelle, surtout à la fin du xvme siècle, et est alors placée en tête du volume du mois suivant. Les années 1743, 1744, 1786 et 1787 ont une table générale pour l'année, à la fin du volume de décembre.

La pagination des volumes est des plus complexes. En dehors des erreurs typographiques assez nombreuses, elle offre les particularités suivantes. De l'origine à la fin de l'année 1722, chaque volume a une pagination spéciale. A partir de 1723, jusqu'au 1er volume de juin 1742, elle embrasse tous les volumes d'une même année. La pagination par volume est reprise avec le volume II de juin 1742 jusqu'au volume de septembre inclus. Elle est alors remplacée par pagination annuelle qui commence au mois d'octobre, avec la page 2125 sans qu'il nous soit possible de l'expliquer, - et se continue jusqu'en octobre 1844. Au mois de novembre de cette année, la pagination par volume reprend jusqu'en décembre 1792 où elle se substitue à la division par tomes, ayant chacun leur pagination spéciale.

Le prix des volumes a quelque peu varié : en 1667, on les vendait 20 sols reliés en veau et 15 sols reliés en parchemin; puis, le Mercure eut un prix moyen entre 20 et 30 sols; cependant il atteignit 36 sols en 1768 et 40 sols en 1721.

Chaque volume était d'abord illustré d'une ou plusieurs estampes. A partir de 1772, l'illustration des volumes cessa et il ne subsista des anciennes habitudes que les morceaux de musique qui accompagnaient ordinairement les estampes.

Il nous reste maintenant à examiner les travaux de nos prédecesseurs.

Le plus intéressant et le plus complet de tous est un petit volume in-12, anonyme, divisé en trois parties et conservé aujourd'hui à la Bibliothèque de l'Opéra, sous le no 7676. Il est intitulé: Mémoire historique et détaillé pour la connaissance exacte des auteurs qui ont travaillé au Mercure de France, des volumes simples et extraordinaires qui composent la collection de cet ouvrage, qui a commencé en l'année 1672 et qui se continue encore en la présente année 1761.

Ce manuscrit figura sous le n° 1642 du catalogue des livres de la Bibliothèque A. Barbier1. Signalé par Hatin, dans la Bibliographie de la Presse2 comme un ouvrage disparu, il fut retrouvé chez un libraire parisien par M. Nuitter qui l'offrit à la Bibliothèque de l'Opéra. La rédaction primitive de ce travail s'arrêtait à l'année 1761, mais une note écrite sur un des feuillets de garde nous apprend qu'elle a été continuée par un anonyme jusqu'en 1780. Ce document, si précieux pour la bibliographie du Mercure, attira l'attention de M. Georges de Courcel, qui le publia dans le Bulletin du Bibliophile, actuellement dirigé par M. Georges Vicaire.

1. In-8. Paris, Barrois, 1828.

2. Loc. cit. p. 27.

3. Le Mémoire historique, a paru dans le Bulletin du Bibliophile de 1902, p. 301, 402, 467, 524. Il en a été fait un tirage à part: Mémoire historique sur le Mercure de France, 1672-1780. Paris, Leclerc, 1903, in-8 de vII-80 pages. Il n'est pas inutile de rappeler, à ce sujet, qu'un état des volumes du Mercure de 1672 au 1er avril 1762, a été publié dans le Journal de Verdun, mai 1762, t. XCL, p 371-375.

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L'éditeur de ce Mémoire n'avait pas réussi à découvrir son auteur. Plus heureux que M. Georges de Courcel, les recherches faites en vue de notre travail nous ont conduit à examiner un manuscrit de la Bibliothèque Mazarine qui contient non seulement la référence du manuscrit no 7676, de la Bibliothèque de l'Opéra, mais encore le nom de son auteur : l'abbé Pascal, prêtre, avocat au Parlement et bibliothécaire de S. A. Mons. le duc de Penthièvre.

L'examen comparatif du manuscrit de la Bibliothèque de l'Opéra avec une note autographe de l'abbé Pascal nous permet d'affirmer qu'il s'agit d'une copie exécutée pour l'érudit bibliothécaire, copie revue, corrigée et augmentée par lui-même.

La Bibliothèque Nationale contient plusieurs manuscrits relatifs au Mercure.

Le manuscrit no 15296, du fonds français, semble être un extrait de l'œuvre de l'abbé Pascal. Il devait donner la liste des volumes publiés chaque année, depuis 1717 jusqu'en 1776, mais cette liste s'arrête en 1772 dont elle n'indique que les trois premiers volumes. Le nombre de volumes publiés chaque année correspond aux renseignements du manuscrit 7676 de la Bibliothèque de l'Opéra, sauf pour les années 1721 et 1728 dans lesquelles l'auteur du manuscrit de la Bibliothèque Nationale a fait entrer deux publications annexes que ne signale pas le manuscrit de la Bibliothèque de l'Opéra en 1721, il ajoute le Journal de la peste de Marseille et, en 1728, le Journal du premier voyage du roi à Compiègne, volume fort rare, dit-il. Barrois lui-même ne le mentionne pas dans son catalogue de Secousse', mais il est vrai que l'état qu'il en donne n'est ni complet ni exact à beaucoup près. Enfin, le manuscrit n° 15296, de la Bibliothèque Nationale se termine par des notes sommaires sur les directeurs du Mercure.

Il a donné lieu à une singulière méprise que nous relevons dans l'Intermédiaire, tome V, 1869, p. 480, où il est indiqué comme une table qui satisfera largement à toutes les curiosités, erreur d'appréciation qui a été rectifiée dans la même publication, t. XIV, 1881, p. 297.

Ne citons que pour mémoire deux autres compilations manuscrites conservées à la Bibliothèque Nationale sous les nos 13738 et 13739 du fonds français : la première concerne l'ancien Mercure historique, et la seconde n'est qu'une suite d'extraits littéraires des pièces de vers le plus souvent relevés dans le Mercure de 1673 à 1701, et formant 5 volumes in-4. Il serait injuste d'oublier les tables alphabétiques des noms de familles et de personnes citées dans le Mercure, dont la Bibliothèque Nationale conserve trois spécimens des xvi et XVIIIe siècles sous les nos 32688, 32888, 33048 du fonds français, bien que ces travaux ne soient d'aucun intérêt pour notre sujet.

A la suite du catalogue d'une bibliothèque particulière dont le possesseur n'est pas nommé, se trouve un index bibliographique du Mercure que l'auteur du catalogue imprimé

1. Catalogue des livres de la Bibliothèque de M. Secousse, avocat au Parlement. Paris, Barrois, 1755, in-8 p. 44, no 802. L'auteur du catalogue, s'occupant de la collection du Mercure, indique comme très rares les parties XI, XII et XIII des Affaire du temps. Les Extraordinaires historiques y sont placés à leur rang à l'article Louis XIV, voy. p. 180. La collection du Mercure du cabinet Secousse comprenait 770 volumes in-12.

2. Bibl. Mazarine, ms. no 4285.

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