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conduite des saints directeurs, qui sans rien forcer laissent sagement entrer les ames dans l'infinie variété des voies de Dieu, et enfin ne font autre chose que de seconder son opération1. » Tel est l'esprit de cet article, où il n'y a, comme on voit, aucune difficulté, et qui fait voir seulement qu'il faut conduire les ames selon la diversité des voies d'oraison ou active ou passive, plus ou moins parfaite, d'épreuves ou ordinaires, dont il a été parlé dans les articles précédens, et que chacun est éclairé selon son état.

Sur cet article, M. l'archevêque de Cambray a remarqué ces faits que par son original signé de moi, il paroît que cet article n'avoit point d'abord été mis parmi les autres; qu'il a été ajouté après coup de la main de M. l'archevêque de Paris, et que j'en ai un original où cela doit paroître comme dans le sien. Si c'est là une discussion qui mérite de nous occuper, j'avoue tout cela; et dans mon original comme apparemment dans les autres, il est vrai que l'article XXXIV est en effet écrit de la main de M. l'archevêque de Paris. Il a donc été ajouté après tous les autres? Je ne l'ai jamais contesté, et cela ne vérifie pas ce qu'avoit avancé M. de Cambray. Le fait qu'il avance dans sa Réponse à la Relation, est <«< qu'on ne lui donna d'abord que trente articles, que le xuo, le xiño, le xxxm et le xxxIve n'y étoient pas encore, et qu'il gardoit l'écrit des trente articles qu'on lui donna. » Tel est le fait qu'il avoit articulé; mais il l'abandonne aujourd'hui, puisque celui qu'il met à la place ne prouve que l'addition du xxxive article seul. J'ai articulé au contraire en fait positif, « qu'on ne produiroit jamais aucune copie des articles donnée de notre (a)..., où le vii, le xшr®, le xxxшe et le xxxive ne se trouvent pas 3. » C'est ce qui demeure justifié par la propre pièce dont se sert M. de Cambray, puisqu'elle ne prouve tout au plus que l'addition du xxxiv article, qui ne disoit rien de fort important comme on a vu, sans rien prouver sur le xi, le x et le xxxme, qui étoient les seuls importans. Voilà comme M. de Cambray justifie ces faits: au lieu de prouver que quatre articles manquoient à la copie des articles 1 Etats d'oraison, loc. cit. - Rép. à la Relat., p. 77. 3 Rem, art. 7, n. 38. (a) Une note tracée à la marge du manuscrit dit : « Il manque un mot. »

qu'on lui avoit donnée d'abord, il prouve évidemment le contraire. Mais il ajoute « que le xxxive article fut dressé sur-lechamp entre nous, dans la chambre même de M. Tronson à Issy, et ajouté dans le moment même où l'on alloit signer1. » Cela n'est d'aucune importance et la seule vérité me le fait nier. Je sais où et comment il fut rédigé; et je répondrai quant à moi, que M. l'archevêque de Cambray ne l'a jamais proposé en présence comme chose qu'il désirât. Et en tout cas que prouvera-t-il, quand on lui accordera ce qu'il demande? Quoi? qu'on aura consulté avec lui un article qui n'avoit besoin d'aucune consultation? Est-ce pour cela qu'il se débat? Cependant à la faveur de ce petit différend, il fait éclipser de devant nos yeux le fait qu'il avoit posé sur trois principaux articles. Peut-être que le xxxiv, dont jusqu'ici M. de Cambray n'a tiré aucune conséquence, deviendra bientôt le plus important entre ses mains. Que lui sert au reste de se tourmenter, pour montrer qu'on peut avoir ajouté quelques petits mots par-ci par-là, par son avis, ou que nous eussions cette déférence à ses sentimens? C'est assez que dans son Mémoire et dans son Avertissement à la tête des Maximes des Saints 2, il ait parlé des articles comme de l'ouvrage de deux prélats, sans songer alors à s'y donner aucune part 3. Le reste est de si petite importance, que je me sens prêt à tout accorder à M. l'archevêque de Cambray, si la vérité le permettoit.

J'ai répondu à tous les faits que M. de Cambray ajoute à ses précédentes réponses dans son dernier ouvrage : et ce que j'omets de propos délibéré, ou ne mérite pas d'être relevé, ou demeurera suffisamment éclairci en relisant ma Relation ou mes Remarques, si ce n'est peut-être qu'on me demande encore un mot sur trois écrits répandus à Rome, encore que je ne sache ce que veut nier ici M. de Cambray. Veut-il nier que je n'aie en main ces écrits injurieux au clergé de France, dont j'ai remarqué le sujet et les outrages dans ma Relation? Rome les connoît : ils ne sont pas venus tout seuls dans mes propres feuilles, en papier et en écriture de ce pays-là; ce n'est pas moi qui les ai remplis des louanges de

1 Rép. aux Rem., p. 66. 2 Mém. de M. de Cambr. sur la Relat., p. 99; Avertiss., p. 16.—3 Rép. aux Rem., p. 66, 68, etc.— Relat., sext. x, n. 1.

:

M. de Cambray, à nos dépens et au mépris du clergé de France. En tout cas par les sentimens les plus équitables, je lui proposois l'expédient de désavouer ces écrits malins par une expresse et authentique déclaration 1. Mais il a fait sa réponse si ample et si bien circonstanciée, sans dire un seul mot d'un fait de cette importance, que j'ai été forcé de lui remontrer «qu'il laissoit par son silence toute la France chargée de reproches odieux. » Il prétend enfin avoir satisfait à ce devoir dans « une lettre latine à M. l'archevêque de Paris : et vous avez vu, me dit-il, ma réponse précise sur cet article, puisque vous avez cité deux fois cet ouvrage 3. » Quand cela seroit, M. de Cambray a supprimé cette lettre n'avoit-il point d'autres moyens de réparer des outrages dont Rome a été instruite et scandalisée, que par un ouvrage supprimé ? Mais voyons encore cette réponse précise: « Voici, dit-il, mes paroles traduites. Il n'est pas juste de me rendre responsable des bruits répandus à Rome : le seul homme qui y parle en mon nom est reconnu pour si sage et pour si pieux, que je puis répondre sûrement qu'il n'a jamais rien avancé que de vrai, que de très-nécessaire à ma cause, que de conforme à la vénération intime que vous méritez*. » Je demande : Est-ce là répondre? On lui parle de livres outrageux; il répond sur des bruits répandus. On lui demande justice sur des outrages: satisfait-on à de pareils attentats, ou si l'on y met le comble en disant : « On n'a rien dit que de vrai et de nécessaire à ma cause?» Une telle réparation ne seroit-elle pas une illusion à la raison et à la justice? Mais il ajoute à M. de Paris : « On n'a rien dit que de conforme à la vénération intime que vous méritez. » Il est vrai : mais ni on ne répare par un compliment général des outrages positifs, ni on ne satisfait à tant d'évêques dont on accuse la foi et la charité, par une honnêteté faite à un seul. Tous les autres demeureront donc impunément jansénistes, suspects au saint Siége et ennemis des religieux ! Voilà comme M. de Cambray sait réparer une injure; il en sort par des termes vagues qui font voir seulement qu'il n'ose nier ce que Rome a vu. Cependant si nous l'en

1 Relat., sect. x, n. 1. 2 Rem., art. 11, no 10. Ibid., p. 107. — 5 Ibid.

3

Rép. aur Rem., p. 106

croyons, ces paroles vagues « sont sans doute plus que suffisantes pour désavouer des écrits touchant lesquels il ne s'agissoit que du jansénisme et des religieux 1,» sans qu'il y ait un seul mot qui sente le désaveu. Il ne veut pas entrer dans le reste, qui n'est pas moins vrai. Au surplus, je suis assuré que ses confrères lui pardonnent : plût à Dieu que la foi blessée ne nous donnât pas un plus grand sujet de le plaindre!

1 Rép. aux Rem., p. 107.

FIN DU DERNIER ÉCLAIRCISSEMENT.

MANDEMENT

DE

MONSEIGNEUR L'ÉVÊQUE DE MEAUX,

Pour la publication de la Constitution de notre saint Père le Pape Innocent XII, du 12 de mars 1639, portant condamnation et défense du livre intitulé: EXPLICATION DES MAXIMES DES SAINTS SUR LA VIE INTÉRIEURE, etc.

JACQUES BENIGNE par la permission divine Evêque de Meaux : aux doyens ruraux, curés et vicaires, et à tous les fidèles de notre diocèse, salut et bénédiction en Notre-Seigneur.

Dans l'obligation où nous sommes de condamner les fausses spiritualités, même dans les livres où elles paroissent avec leurs plus belles couleurs, quoique toujours sans l'autorité de l'Ecriture et sans le témoignage des Saints; nous parlerons avec d'autant plus de confiance, que cette condamnation est précédée d'une Constitution apostolique, où la foi de saint Pierre et de l'Eglise romaine, mère et maîtresse des Eglises, s'est expliquée en ces termes :

Condamnation et défense faite par notre très-saint Père Innocent par la Providence divine Pape XII; du livre imprimé à Paris en 1697, sous ce titre Explication des Maximes des Saints sur la vie intérieure, etc.

INNOCENT PAPE XII, pour perpétuelle mémoire.

Comme il est venu à la connoissance de notre Siége apostolique, qu'un certain livre françois avoit été mis au jour sous ce titre : EXPLICATION DES MAXIMES DES SAINTS SUR LA VIE INTÉRIEURE, PAR MESSIRE FRANÇOIS DE SALIGNAC FENELON, archevêque duc de Cambray, précepteur de Messeigneurs les ducs de Bourgogne, d'Anjou et de Berry. A Paris, chez Pierre Auboiyn, Pierre

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