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A MM. les Ministres étrangers.

Du palais Quirinal, le 19 mai 1808.

Si les événemens douloureux qui se sont succédés avec tant de rapidité, et qui sont venus frapper l'âme du Saint-Père, avaient été capables de l'abattre, le coup qui lui a été porté en dernier lieu par la cour de France aurait produit certainement cet effet, et déconcerté son courage; mais Sa Sainteté y était déjà préparée; et ferme dans la résolution de ne point trahir ses devoirs sacrés, et de ne point déplaire à Dieu pour s'attirer les suffrages des hommes, elle a souffert avec constance le nouveau dépouillement qu'elle a essuyé de la meilleure partie des états qui étaient restés en son pouvoir.

Le Saint-Père, devant cependant à l'Eglise, au monde, et se devant à lui-même de venger son honneur des accusations qu'on lui impute dans le décret du 2 avril dernier, par lequel les provinces de ses états sont incorporées au royaume d'Italie, a ordonné au cardinal Gabrielli, pro – secrétaire d'état, de présenter une note à M. le chevalier Alberti, chargé d'affaires de ce royaume, pour démon. trer l'invalidité des motifs par lesquels on a prétendu justifier l'usurpation, pour réclamer contre

la dureté du décret de la même date, et pour protester en même temps contre la violence de cette spoliation.

Sa Sainteté, voulant que ses sentimens soient connus de toutes les cours a ordonné expressément au soussigné de transmettre à votre excellence la copie des deux décrets et de la note remise au chevalier Alberti, afin qu'elle puisse les passer à sa cour.

faire

Le cardinal soussigné, en même temps qu'il a l'honneur d'exécuter l'ordre qu'il a reçu de Sa Sainteté, renouvelle à votre excellence l'expression de sa considération la plus distinguée.

Le cardinal JULES GABRIELLI.

N.° XVI.

II.me DÉCRET.

NAPOLEON, par la grâce de Dieu et par les constitutions de l'Etat, empereur des Français, roi d'Italie, protecteur de la confédération du Rhin, etc., avons décrété ce qui suit :

ART. PREMIER. Les cardinaux, prélats, officiers et employés quelconques auprès de la Cour

de Rome, natifs du royaume d'Italie, seront tenus, après le vingt-cinq de mai prochain, de rentrer dans le royaume, sous peine de confiscation de leurs biens, en cas de désobéissance.

II. Le séquestre sera mis aux biens de tous ceux qui n'auraient pas obéi le cinq de juin prochain.

III. Les ministres de notre royaume d'Italie sont chargés, chacun, de l'exécution du présent décret, lequel sera publié et inscrit dans le Bulletin des lois.

Donné dans notre palais de Saint-Cloud, le deux avril 1808.

Signé NAPOLÉON.

N. XVII.

A M. le général MIOLLIS.

Du palais Quirinal, le 22 avril 1808.

Le Saint-Père a été informé de la déportation violente de monseigneur Cavalchini, gouverneur de Rome, pour Fénestrelles, laquelle a eu lieu ce matin, au milieu des larmes de tous les honnêtes gens, malgré les représentations et les réclamations qui ont été faites à votre excellence, par une lettre

du 20 du courant.

Cette nouvelle a rouvert dans le cœur de Sa Sainteté, la plaie profonde qu'y ont faite les abus nombreux de la force; abus qui se sont rapidement succédés, depuis le jour mémorable de l'entrée de l'armée française à Rome.

Le Saint-Père a dû voir, avec une vive émotion, que ce n'est plus le crime que l'on punit mais la vertu et les sentimens de fidélité, qui font le patrimoine le plus précieux de l'homme d'hon neur; sentiment dont la nation fiançaise a été jalouse dans tous les temps.

Le Saint-Père, qui est plus sensible aux tribulations d'autrui qu'aux siennes propres, est pénétré nuit et jour de la pensée, que trois de ses officiers de ligne ont été conduits à la forteresse de Mantoue, en récompense de leur fidélité; qu'en récompense également de leur fidélité, les nobles individus de sa garde-du-corps ont été renfermés dans le fort St-Ange, où ils sont encore injustement détenus; qu'enfin un prélat d'une intégrité si notoire, et qui est un des ministres principaux de l'autorité gouvernante, a été, par un résultat également douloureux, déporté à la forteresse de Fénestrelles.

Sa Sainteté veut que le cardinal Gabrielli, prosecrétaire d'état, réclame de nouveau contre ces abus de la force; et quoique l'expérience ait démontré au Saint-Père que ses cris, qui ne sont

autre chose que la voix de la justice, n'auront pas le succès désiré, il ne veut pas pour cela les étouffer et manquer au devoir de souverain et de père.

En conséquence, il demande de nouveau, et avec une plus vive instance, la liberté des trois officiers conduits à Mantoue; la liberté de tous les chevaliers conduits et détenus dans le fort SaintAnge; et la liberté de monseigneur Cavalchini, gouverneur de Rome, conduit à Fénestrelles : il la demande, moins en son nom qu'en celui de l'innocence et de la justice.

Le soussigné, en même temps qu'il a l'honneur d'exécuter les ordres de Sa Sainteté, a celui de renouveler à votre excellence les sentimens de sa considération la plus distinguée.

Le cardinal JULES GABRIELLI,

N." XVIII.

Aux Evêques des provinces réunies au royaume d'Italie.

De Rome, le 22 mai 1808.

ILLUSTRISSIME ET RÉVÉRENDISSIME SEIGNEUR,

AYANT reçu de Sa Sainteté l'ordre de transmettre à votre seigneurie illustrissime quelques pa

N 3

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