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le soussigné a l'ordre exprès de faire connaître fidèlement, et sans la moindre altération, à votre excellence, à laquelle il a l'honneur de renouveler l'assurance de sa considération distinguée.

Le Cardinal JULES GABRIELLI.

No. XXI.

A M. le général MIOLLIS.

Du palais Quirinal, le 2 juillet 1808.

ON vient d'apprendre, par des lettres de Viterbe, que le commandant français de cet endroit s'est transporté chez M. le gouverneur, pour lui faire savoir qu'il serait dorénavant défendu à tous les ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, de se rendre auprès de leur souverain, et qu'en conséquence, il n'avait voulu accorder à aucun d'eux, sous quelque prétexte que ce fût, les passe-ports accoutumés pour parvenir à Rome.

Sa Sainteté a été frappée du plus grand étonnement par cette nouvelle violence. Elle ne veut point faire aux lumières de votre excellence le tort de penser que vous ayez pu avoir connaissance de cette mesure étrange, par laquelle on cherche à empêcher la communication spirituelle entre le

chef et les membres de l'Eglise catholique. Malgré votre qualité de militaire, les connaissances dont l'esprit de votre excellence est orné, doivent l'empêcher d'ignorer combien il a été rendu de bulles apostoliques relativement aux obstacles qu'on voudrait apporter au libre recours des fidèles, au chef de l'Eglise.

Sa Sainteté veut, par cette raison, que le cardinal Pacca, pro secrétaire d'état, s'adresse surle-champ à votre excellence, pour porter à sa connaissance un ordre aussi formellement condamné par l'Eglise, persuadée qu'elle voudra faire à ce sujet les reproches convenables à ce commandant français, et lui prescrire de se désister incontinent d'une prétention si destructive de toutes les relations spirituelles et religieuses.

En se faisant un devoir d'exécuter l'ordre de Sa Sainteté, le soussigné prie votre excellence de recevoir ses civilités, et lui renouvelle les sentimens de sa haute considération.

Le Cardinal BARTHELEMI PACCA.

No. XXII.

Aux Ministres étrangers.

Du palais Quirinal, le 15 août 1808.

LE cardinal pro-secrétaire d'Etat a reçu de Sa Sainteté l'ordre formel de faire part aux cours étrangères, par l'entremise de leurs ministres résidant à Rome, qu'au mépris d'une infinité de réclamations contre les abus de violence auxquels s'est portée la troupe française depuis le 2 février dernier, on continue avec une audace effrénée à outrager sa souveraineté, et à avilir sa personne sacrée.

Le 13 du courant, le commandant militaire français a expédié dans les divers arrondissemens de Rome des piquets de gens armés, pour s'emparer, de force, de toutes les procédures qui s'y trou vaient relatives aux affaires des provinces envahies. A cette occasion, on a violé les habitations particulières, et insulté à la personne des principaux ministres de Sa Sainteté.

On n'aurait jamais pu croire qu'une mesure accompagnée de la violation la plus marquée du droit des gens, eût eu lieu dans le premier dicastère du prince, et dans l'intérieur même de son domicile. Mais la troupe française, qui ne veut rien laisser d'omis dans l'histoire des attentats innom

brables qui exciteront l'horreur de la postérité, a eu la hardiesse de pénétrer jusqu'au palais Quirinal, armée de fusils et de baïonnettes; d'entrer dans les premières pièces de l'appartement où réside le premier ministre, de s'introduire ensuite de cette manière près du secrétaire d'Etat, de le forcer à quitter l'emploi qu'il occupait en ce moment; de se faire donner les clefs de l'appartement, et d'y placer des soldats en dedans et en dehors.

Cet attentat a été commis sur la simple présomption qu'on y trouverait deux procédures qui, en effet, ne s'y trouvèrent point; et pour un sujet aussi léger, pour un seul soupçon, on s'empare à main armée de l'habitation territoriale, du dicastère suprême, qui est le centre des correspondances intérieures et extérieures, et l'on détruit d'un seul coup tous les droits de la souveraineté.

Ce n'est point la première, mais la troisième fois, que la troupe usurpatrice a osé violer, malgré l'indignation de tous les gens de bien, le domicile paisible du chef suprême de l'Eglise. L'outrage que l'on fait à Sa Sainteté ne doit pas seulement enflammer son indignation, il doit encore appeler l'attention et exciter la sensibilité des autres puissances, surtout des souverains catholiques qui reconnaissent leur père commun dans le chef de l'Eglise.

Quand même, après une déclaration solennelle de guerre, on voudrait éloigner un ministre étranger d'auprès du prince, on n'aurait pas la hardiesse d'y entrer à main armée dans son domicile, et moins encore de s'emparer des archives de son ministre. Si l'on se conduisait différemment, l'uni vers entier crierait à l'infraction du droit public et des gens. Quelle ne sera donc pas l'horreur des nations, quand elles apprendront la violation de la maison du prince même, et l'invasion de ses archives, lorsqu'on paraît en paix avec lui, et que l'on feint de respecter l'auguste caractère dont il est revêtu!

Chez tous les peuples, on a regardé, en tout temps, comme inaccessible et sacrée, la maison des princes; et si un appartement eut jamais cette prérogative, c'est sans doute celui qui renferme le dépôt de leurs relations politiques. Il n'appartenait qu'au vicaire de J.-C. sur la terre de voir, sans aucun ménagement, profaner son domicile, et violer le dépôt de sa correspondance tant politique que religieuse ; et il était réservé à la troupe française, dans le siècle de perversité et de corruption où nous nous trouvons, de commettre cet attentat politique et religieux, lequel était encore sans exemple.

Si un magistrat public, tenant en sa puissance un prisonnier, le faisait insulter chaque jour dans

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