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nir au gouvernement les terrains nécessaires à la confection des chemins publics, à travers les terres, les bois et les forêts des particuliers, et de souffrir les recherches et perquisitions qui ont pour objet l'utilité publique.

2o. Obligation de laisser, le long des bords des rivières, un chemin pour le trait des che vaux, sans y pouvoir planter arbres, etc.

3o. Injonction d'entretenir ce chemin (ou marche-pied) en bon état; défense d'y faire aucune excavation pour en extraire des terres, sables et autres matériaux.

4°. Défense de faire rouir le chanvre, même dans sa propre rivière.

5o. Injonction aux propriétaires de bois qui sont à la proximité des forêts domaniales, d'établir un signe évident de démarcation, et qui soit à perpétuelle demeure, avec des fossés pris sur son terrain, d'une largeur déterminée, et de les recaler tous les six à sept ans, sous peine de confiscation, et de réunion au bois domanial.

6°. Prohibition de commencer les vendanges avant la publication du ban.

A l'égard des devoirs et obligations res

pectives entre propriétaires voisins, la matière en est assez notoire pour n'avoir pas besoin de développement.

Quant à la troisième espèce de devoirs et obligations applicables aux habitans de campagne (abstraction faite de la propriété ), ce chapitre est rempli des lois et règlemens qui concernent la faculté de chaumage glanage, grappillage, rátelage ; les secours que tous les habitans d'un même canton se doivent entre eux; leur responsabilité des accidens survenus par leur insouciance, etc.

On remarquera que nous n'en sommes encore qu'à l'exploitation personnelle; premier procédé que le propriétaire peut employer pour faire valoir son bien.

Mais il reste deux autres procédés, celui de l'exploitation partiaire et le fermage, qui tous deux trouvent leur place dans la législation rurale.

A l'égard de la jurisprudence des fermages, il est superflu de faire observer combien elle est féconde en détails qui se rattachent intimement à la manière de posséder les biens

ruraux.

Ainsi le deuxième titre sera tout aussi rempli que le précédent.

Après avoir épuisé les deux premières divisions (premier et deuxième livres) on se trouve ramené vers la troisième, qui est la manière de conserver, plus précieuse encore que les précédentes.

TROISIÈME PARTIE OU TROISIÈME LIVRE.

Pour que la possession d'un bien de campagne ait quelque charme, et contribue au repos de la vie, il faut qu'elle soit accompagnée de sécurité, et de l'espoir de s'y main

tenir.

Or, de toutes les propriétés, la plus difficile à conserver intacte est la propriété rurale.

La propriété d'une maison de ville n'a rien de pénible: réduite à une enceinte de pierres, bien close, bien limitée, bien circonscrite, elle se suffit à elle-même pour se défendre contre l'usurpation.

Mais un domaine rural est bien autre chose.

Plus sa surface est considérable, plus elle offre d'appât et d'ouvertures aux attaques, à la surprise et aux déprédations.

Tantôt c'est un fermier qui, avançant sa charrue sur votre terrain, lui enlève chaque année quelques sillons, et finit, à l'aide d'une anticipation combinée, par s'emparer de toute la pièce.

Là, c'est un propriétaire voisin, qui, sans façon, porte son mur jusque sur votre héritage, et l'enclôt dans le sien.

Un autre a poussé ses plantations à une distance rapprochée de votre fonds, qui est rongé par leurs racines et ombragé par leurs branches.

Tantôt ce sont des larrons qui brisent la clôture de vos champs, de vos vignes, de vos vergers, dont ils enlèvent les dépouilles."

Là, d'autres larrons s'introduisent dans vos bois et les dévastent.

Des ennemis personnels viennent de nuit écorcer vos arbres, les couper, ou y insinuer quelque germe de mort; empoisonner vos étangs ou tarir votre source; de manière

que

vous avez tout à la fois à vous défendre contre les attaques de la malice et celles de la cupidité.

Des glaneurs, admis par humanité à ramasser les épis délaissés par les moissonneurs, placent l'ingratitude à côté du bienfait, en pillant votre moisson.

Tel voisin vous refuse un passage nécessaire à votre exploitation, pendant que tel autre prétend traverser de vive force votre domaine

ouvert.

Le jour, un chasseur déterminé ravage vos champs, vos bois, et vient jusque sous vos fenêtres troubler la tranquillité de votre séjour. Le braconnier de nuit vole vos poissons.

Pendant ce temps-là même, le chercheur ou le concessionnaire de mines, par des travaux souterrains et mal entendus, compromet la solidité de la surface, et prépare un précipice sous vos pas.

Enfin, il n'y a pas jusqu'aux animaux et aux élémens mêmes qui ne soient souvent au rang de vos ennemis.

Le séjour des champs seroit donc un objet perpétuel de dégoût et de terreur, et les

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