En 1821, quelques savants français fondèrent, à Paris, la première Société qui ait été consacrée à l'étude spéciale de la Géographie; leur but était essentiellement scientifique, et, depuis un demi-siècle, cette Société a poursuivi avec persévérance l'accomplissement de l'œuvre commencée par ses fondateurs.

Aujourd'hui de nouveaux devoirs lui sont imposés par les désastres de notre patrie si l'étude du globe compla toujours en France des adeptes distingués, elle y est malheureusement restée le privilége d'un petit nombre, et la diffusion des connaissances géographiques ne s'y est point faite comme en d'autres pays.

Les événements qui viennent de s'accomplir ont assez durement révélé cette lacune de notre éducation pour que les esprits, même les plus superficiels, en aient été frappés, pour que l'opinion publique s'en soit vivement émue.

La Société de Géographie de Paris a compris qu'il lui appartenait de travailler à modifier cet état de choses, et, sans abandonner des traditions scientifiques dont elle s'honore, elle veut agrandir son champ d'action. Sans renoncer à son but le plus élevé, elle veut associer à ses recherches tous ceux qui en apprécient la grandeur et l'utilité; elle veut grouper autour d'elle tous ceux qui estiment qu'un peuple doit connaître le sol sur lequel s'accomplissent ses destinées; tous ceux qui comprennent le péril qu'il y a, pour lui, à rester indifférent aux conditions d'existence des peuples voisins, ou à ignorer les ressources que les contrées lointaines offrent à son commerce et à son industrie; tous ceux qui sentent que, dans

la paix comme dans la guerre, il est indispensable de connaître le théâtre où s'exerce l'activité humaine.

Mais si les hommes voués à la science contribuent directement à ses progrès, s'ils peuvent mieux que d'autres en propager la connaissance, leur action sera d'autant plus efficace qu'elle s'étayera de plus nombreuses sympathies, qu'elle disposera de plus puissantes ressources.

La Société de Géographie vient donc solliciter l'adhésion de tous les hommes assez éclairés pour comprendre la portée de ses efforts. Leur appui effectif, en augmentant son autorité, accroîtra aussi ses moyens de poursuivre fructueusement une œuvre essentiellement nationale et utile. Il lui deviendra possible de subventionner des explorateurs, de publier des œuvres de haute science, et surtout, de travailler activement à répandre ces notions de géographie devenues indispensables à une époque où la rapidité des communications rapproche et mélange des intérêts naguère étrangers.

Les personnes qui s'intéressent à l'œuvre poursuivie par la Société de Géographie peuvent y concourir, soit en se faisant admettre au nombre des membres de la Société, soit en prenant un abonnement au Bulletin qu'elle publie chaque mois.

Avril 1872.