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au moyen de pièces de longueur variable, qui sont les tournisses (c), ce qui est moins gênant et moins coûteux que d'avoir à employer un grand nombre de poteaux de même longueur.

Les croix de Saint-André (j) peuvent être considérées comme formées de deux décharges semblables inclinées en sens contraire, et assemblées à mi-bois au milieu de leur longueur. Elles doivent être surtout employées quand, en même temps qu'on veut réunir les diverses parties d'un pan de bois, on désire éviter de rejeter la charge latéralement et la renvoyer au contraire verticalement, comme, par exemple, au droit d'un poteau formant l'extrémité isolée d'un pan de bois, etc.

Les remplissages des pans de bois se font, soit en platras, soit en meulières, moellons, briques, etc. Dans les anciennes constructions de ce genre, ces remplissages sont ordinairement recouverts au moyen d'enduits à fleur des bois, qui alors restent apparents; mais ces sortes de recouvrements ne donnent aux pans de bois qu'une solidité et une propreté imparfaites, et il est préférable de faire sur chaque face un lattis et un recouvrement général. On peut cependant laisser apparents les principaux bois, tels que les poteaux corniers, quelquefois même les huisseries, les sablières, etc. Il est convenable surtout de prendre ce parti quan on veut donner un plus grand degré de force à ces bois. Dans ce si l'on désire obtenir en même temps un certain degré de propreté, il est nécessaire que ces bois soient refaits avec plus ou moins de soin; et s'ils font partie d'un pan de bois de face, il est bon, pour en assurer la conservation, de les recouvrir extérieurement de deux ou trois couches de PEINTURE à l'huile.

cas,

Dans quelques pays, tels que la Normandie, la Hollande, les États-Unis, etc., on fait les faces extérieures d'un certain nombre de bâtiments au moyen de pans de bois dont on laisse tous les bois apparents; mais ordinairement on supprime les tournisses et l'on exécute les remplissages en briques posées à fleur des bois. Il est possible d'obtenir ainsi une exécution assez agréable et parfaitement solide.

Il nous reste à dire un mot des grosseurs qu'il faut donner à ces différents bois, et qui doivent, du reste, varier plus ou moins suivant le nombre et la hauteur des étages, la charge qui pose sur les pans de bois, etc., etc.

Les poteaux corniers (a), et ceux montant de fond (a'), doivent avoir environ de 25 à 30 centim. de grosseur en carré;

Les poteaux d'huisserie (a"), appuis (e) et linteaux (f), de 15 à 20 ou 25 centim.;

Les poteaux de remplissage (a""), tournisses (c) et potelets (b), de 12 à 15 centim. ;

Les sablières (d) principales doivent avoir de 20 à 25 centim. de grosseur lorsqu'elles reposent sur un cours d'assises en pierre, sur un mur en maçonnerie, ou qu'elles se trouvent dans la hauteur du pan de bois.

Si une sablière forme poitrail (d") au-dessus d'une grande baie, par exemple au droit d'une porte cochère, il est bon, autant que possible, que ses extrémités reposent sur des piles ou dosserets en maçonnerie, et préférablement en pierre, d'une force convenable; et il est nécessaire, dans tous les cas, qu'elle ait une grosseur plus forte, par exemple, de 30 à 40 centim. de hauteur, suivant que la largeur de la baie ou la hauteur du pan de bois au-dessus, et la charge qu'il supporte, sont plus ou moins considérables. Il est bon aussi, dans ce cas, de ne pas faire porter les planchers sur ces sablières, et de les faire reposer sur les murs ou pans de bois de refend. On peut aussi soulager encore la charge que reçoit cette sablière, et la reporter sur les points d'appui au moyen d'une espèce de sous-sablière (d"") et de deux liens (j), fig. 58.

En général, il est important que les premières sablières sur lesquelles repose un pan de bois soient posées avec beaucoup de soin et arrêtées avec solidité, de façon à ne pouvoir pas déverser, le moindre mouvement qu'elles éprouveraient pouvant en occasionner un beaucoup plus considérable dans la hauteur du pan de bois. Il est, du reste, facile d'y parvenir au moyen de quelques tirants ou harpons en fer, qui se rattachent aux murs ou aux pans de bois de refend.

Les sablières de chambrée (d') et autres d'une importance moins grande peuvent être réduites à 18 ou 20 centim. de grosseur.

Les décharges (h) doivent avoir à peu près de 13 à 16 centim. d'épaisseur sur 20 à 25 de largeur. Cette largeur doit nécessairement être d'autant plus grande que la décharge est plus longue et plus inclinée, les bois perdant de leur force en proportion, de

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cette obliquité, et le nombre des tournisses qui reposent sur ces décharges étant dès lors d'autant plus grand.

En général, dans un même pan de bois, ou au moins dans une même partie des pans de bois, à l'exception des bois qu'on peut vouloir laisser apparents, tous les différents bois doivent avoir à peu de chose près la même épaisseur, afin que le lattis nécessaire pour les recouvrements pose bien sur tous, et qu'il n'y ait partout que la charge de plâtre à peu près nécessaire pour les recouvrir.

L'épaisseur d'un pan de bois tout ravalé peut être de 15 à 20 centim. pour les cloisons intérieures, et de 20 à 25 centim. pour les faces extérieures. Il est facile de voir que ces épaisseurs ne sont pas assez considérables pour donner à ces sortes de constructions, par elles-mêmes, toute la stabilité dont elles ont besoin; ce n'est donc qu'en les reliant, soit entre elles, soit avec les murs adjacents, au moyen de tirants et harpons en fer, qu'on parvient complétement.

Pour achever autant que possible de donner sur les pans de bois des renseignements suffisants, nous en donnons ci-après trois études différentes dans lesquelles nous avons tâché de réunir les différentes circonstances qui se reproduisent le plus ordinairement.

Chacune de ces études est représentée moitié avec tous les détails de sa construction, et moitié telle qu'elle paraît, les recouvrements en étant faits.

La première (fig. 58) est un pan de bois de face d'un bâtiment supposé entièrement construit en pans de bois, et dont les principaux bois doivent rester apparents, tels qu'on pourrait en établir dans une fabriqué.

Ce pan de bois repose sur de simples parpaings (ou assises de faible épaisseur) en pierre (k).

Il présente sur la largeur trois travées séparées par des poteaux montant de fond, et, sur la hauteur, deux étages au-dessus du rez-de-chaussée.

La travée du milieu, à rez-de-chaussée, est vide, et forme une grande ouverture, comme porte cochère ou autre.

Du reste, chaque travée est percée, à chaque étage, d'une baie de porte ou croisée.

Au moyen des décharges (h), le poids de chaque travée est presque entièrement reporté sur les poteaux montant de fond, qui, étant beaucoup plus forts que les autres bois, sont susceptibles de le supporter. Seulement, au droit des extrémités, afin Fig. 58.

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de ne pas exercer une butée trop forte sur le poteau cornier chaque décharge simple est remplacée par une décharge double ou croix de Saint-André (j), qui évite toute poussée et renvoie la charge verticalement.

Aucun plancher ne porte sur ce pan de bois, mais seulement

sur les pans de bois de refend ou sur des poutres perpendiculaires au pan de bois.

Toute décoration devant être évitée dans un pareil bâtiment, ou du moins ne devant provenir que de la construction ellemême, la plate-forme (g) sous le comble est apparente comme le restant des principaux bois, et les chevrons forment saillie au-dessus de cette plate-forme.

Enfin, on a indiqué dans une des travées du rez-de-chaussée l'emploi de remplissages en briques (1), comme convenant parfaitement dans une construction de ce genre.

La deuxième étude (fig. 59) est celle du pan de bois de face d'un bâtiment d'habitation ordinaire à quatre croisées, et aussi à

Fig. 59.

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deux étages au-dessus du rez-de-chaussée. Ce rez-de-chaussée est construit tout en maçonnerie, savoir: en pierre de taille le

VIII.

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