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espèces organiques utiles, aura un prix de 4,000 fr. et le fabricant qui trouvera le moyen de faire de l'acier ou du fer fon lu doué de propriétés spéciales utiles, par l'incorporation d'un métal étranger, recevra 3,000 fr.

Deux prix, l'un de 2,000 fr. et l'autre de 1,000 fr. seront accordés aux fabricants industriels de l'acide sulfurique de Nordhausen.

Un prix de 2,000 fr. sera accordé à l'inventeur d'applications nouvelles de la photographie.

Enfin, des prix de 1,000 fr. seront donnés au constructeur d'appareils propres à fournir rapidement et économiquement de hautes températures à l'usage des petits ateliers industriels, et à celui qui trouvera. pour boisement des terrains pauvres et arides, une essence d'arbre peu utilisée.

On lit dans le Phare de la Lore:

La journée d'hier dimanche a été exceptionnellement pluvieuse vers la soirée, le vent s'est mis de la partie et, depuis ce matin, une violente tempête de vent continue à régner dans notre région.

La Loire a augmenté de 6 centimètres, de six heures à midi, à l'échelle du pont de la Bourse qui marquait 4 m. 86 à cette dernière heure; le vent qui souffle en foudre du Sud retient Peau à l'embouchure de la Loire et la refoule même en amont, ce qui produit une crue qui, pour être artificielle, n'en est pas moins dangereuse.

Le bas de l'avenue de Launay, au carrefour de la rue de Lamoricière, commence à être inondé de nouveau.

La température est néanmoins fort douce, puisque ce matin, à sept heures, le thermomètre constatait 11 degrés au-dessus de zéro.

On écrit de Mélincourt au Journal de la Haute-Saône, qu'un phénomène géologique attire en ce moment l'attention de la contrée.

A 3 kilomètres sud-sud-est de Mélincourt et sur le territoire de Jasney, il s'est formé il y a trois semaines un puits naturel, profond d'environ 10 mètres, ayant à l'orifice 5 mètres de diamètre; les parois de ce puits sont un roc pur et uni; le murmure qu'on y entend atteste qu'il passe au dessous des eaux abondantes et rapides qui ont entraîné les terres; on entend très-bien le bruit des eaux souterraines, et une vapeur épaisse s'échappe de ce

canal naturel.

de géologie comparative », Paschal explique |
ce phénomène en disant que par suite d'éro-
sions longtemps continuées et de l'approfon-
sions longtemps continuées et de l'approfon-
dissement de leurs vallées, ces rivières n'ont
pas une pente suffisante, et n'ont pas par con.
séquent la force de transporter des sables et
des terres à leur embouchure.

Tanganika, arrivé le 3 janvier à Bagamoyo, a porté une lettre du père Deniaud des missions d'Alger, datée de Kouihura (Ounyanembé) 2 décembre, dans laquelle il dit que leur caravane est au complet, qu'ils comptaient partir deux jours après pour le Targanika, 'que leurs confrères de Victoria Nyanza les avaient deavancés de trois semaines et l'abbé Debaise de quelques jours. Les Wahogos (habitants de l'Ougogo) sont devenus d'une exigence inouïe pour le tribut qu'ils exigent et qui a quadruplé depuis quelques années.

Pour vérifier cette assertion, M. Credner récemment examiné quelle est la pente d'un certain nombre de rivières qui forment des deltas, depuis le point où elles sortent des montagnes jusqu'à leur embouchure.

Pour le Gange cette pente est de 2.4 pieds par mille géographique; pour le Nil. 2.6; pour le Danube, 1.4; le Volga, 1.5; le Rhône, 7.8 et le Rhin, 4.1. Or, la pente de l'Elbe, qui n'a pas de delta, est de 2.9 par mille géographique; elle est donc plus forte que celle du Gange, du Danube, du Volga et du Nil, ce qui montre la nécessité de recourir à quelque autre explication.

M. Credner fait remarquer que quand des
rivières, par leur action érosive, emportant
dans leurs eaux du sable et des détritus, elles
les déposent à leur embouchure, mais ces dé-
pôts, même dans les conditions les plus favo-
rables, ne peuvent s'élever au-dessus du riveau
des eaux de la riv ère. Or, ces dépô s ne sont
connus sous le nom de deltas que quand ils
s'élèvent plus haut que l'eau, et arrivent à
former par leur accroissement une terre ferme.
Mais comme ils sont formés au-dessous de

l'eau et que ce n'est qu'à la longue qu'ils
s'élèvent au-dessus, il faut qu'ils doivent leur
condition nouvelle à un changement de ni-
veau, à un soulèvement.

Par conséquent la condition fondamentale
de la formation des deltas, c'est une élévation
graduelle du terrain plat à l'embouchure de la
rivière. Sur les 66 deltas connus, 16 appar-
tiennent à des côtes auxquelles aucune obser-
vation de ce genre ne peut s'appliquer, et quant
aux 50 autres, il en est 47 qui sont situés sur
des côtes connues pour s'élever graduellement
de siècle en siècle. Les deltas de deux rivières,
le Rhin et le Nil appartiennent à des côtes
qui, dans des temps comparativement récents,
ont été en voie d'élévation, mais maintenant
un abaissement de niveau s'y manifeste et
en conséquence les deltas disparaissent peu à
peu.

M. Thompson, directeur de la mission anglaise au Tanganika, dont on avait appris, il y a quelques mois, la maladie par insolation, est mort de ses suites à Oudjiji.

Le bruit qui avait couru que Philippe Brogon avait été tué avec soixante de ses hommes, en passant chez Miramboa, a été reconnu absolument faux. Un Arabe, du nom d'Abdallah, arrivé à Zanzibar, a vu Brogon à Kaseh, se préparant à partir pour une route un peu au nord.

Une caravane venant de l'intérieur a annoncé qu'un missionnaire anglais aurait été tué au delà de l'Ougogo, et que sa caravane aurait été pillée. Les Arabes, qui étaient en train de se battre avec un chef, lui disaient de rester avec sa caravane dans le camp, mais l'Anglais aurait voulu partir quand même et aurait êté attaqué et massacré.

Le rapport officiel du commerce dans le Royaume-Uni pendant le mois de janvier der nier, vient d'être publié. La valeur totale des mois a été de importations pendant ce 26,367,046 livres sterling; ce chiffre avait été de 30,609,956 livres en janvier 1878 et de 32,899,380 dans le mois correspondant de 1877.

14,136,518 livres sterling, contre 15,423,911 Les exportations ont été de la valeur de

en 1878 et 15,946,080 en 1877. Pour la houille et le coke, quoique l'exportation ait aug. menté, de 1,012,542 tonnes à 1,047,369, la valeur a diminué de 494,340 livres sterling à 478,849. Le cuivre donne, sur un total, pour le mois de janvier, de 201,617 livres sterling, une diminution de 88,494 livres.

D'un autre côté, les exportations de quincaillerie, mercerie, etc., ont atteint le chiffre de 344,011 livres sterling, avec une augmentation de 40,768 livres; les manufactures de toile ont exporté pour une valeur de 551,971 livres, avec une augmentation de 17,895 liv.;

manufactures de jute, pour une valeur de 124,971 livres avec une augmentation de 12,988 livres; les machines à vapeur, pour

Un seul delta parait faire exception, c'est celui du Po, qui malgré la dépression de cette partie des cotes, augmente rapidement. M. Credner étadiera plus tard ce phénomène, sauf cette exception, la règle est générale. Dans les lacs, naturellement, la grande éva-es Le Globe de Londres annonce que l'ate-poration, amenant une dépression générale du hier de finissage de la poudrière de Chilworth niveau des eaux, produit le même effet, quant a sauté à neuf heures et quart du matin, le 10 à la formation des deltas, que l'élévation des février, tuant deux ouvriers, les nommés terres sur les côtes maritimes. Good child et Butler, tous les deux mariés. L'un de ces malheureux laisse cinq enfants, l'autre quatre.

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La Société de géographie de Marseille a reçu de Zanzibar, 9 janvier, des nouvelles de l'Afrique centrale, que résume le Sémaphore:

L'abbé Dabaise, dont on n'avait pas reçu de nouvelles directes, devait être le 2 décembre à quelques journées au-delà de Kaseh (Taborah). On ignorait la direction qu'il avait prise; on disait à Zanzibar qu'il avait été obligé de se battre pour s'ouvrir un passage à travers une tribu hostile, qu'il avait fait prisonniers les principaux chefs et que, les ayant enchaînés, il les avait forcés à suivre sa colonne jusqu'aux frontières de leur pays.

Un porteur des missionnaires anglais du

une valeur de 218,921 livres, avec une augmɛntation de 56,402 livres et les manufactures de soie pour une valeur de 183,831 livres avec une augmentation de 43,320 livres.

Au nombre des richesses minérales de

la Chine, dans le district de Shantung, il faut compter les diamants. Voici quelques particularités intéressantes sur ces petites pierres et sur les moyens qu'emploient les indigènes pour les trouver : Ces diamants, de très-petite dimension, varient de la grosseur d'un grain de millet à celle d'une tête d'épingle, quoi qu'on en rencontre quelquefois, de plus gros. On en a porté un récemment à Cheefoo, aussi gros qu'un pois il a été vendu à un mandirin.

Voici de quelle manière on se les procute : Des hommes portant d'épaisses chaussurs

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

de paille parcourent les sables des vallées et des cours d'eau des montagnes diamantifères du Chinkangling, à environ 15 milles au sudest de Yichow-foo. Les diamants qui sont rugueux et pointus pénètrent dans la paille et y restent. On réunit ensuite par grandes quantité ces chaussures et on les brûle: on cherche ensuite les diamans dans la cendre.

De même que pour les améthystes et le cristal de roche à Lao-Shan, les prêtres des temples du Chinkangling font le principal commerce de ces minuscules pierres précieuses. C'est à eux qu'elles sont achetées pour être portées aux grandes foires qui se tiennent chaque année à Chuchow, Laichow-foo et Hwanghaien.

La conférence que notre collaborateur M. Arthur Mangin devait faire le jeudi 23 janvier, dans la salle de l'Hôtel des chambres syndicales, 10, rue de Lancry, sur les Academies et les Académiciens, l'Institut de France, n'a pu avoir lieu ce jour-là à cause du mauvais temps. Elle aura lieu jeudi prochain, 13 février, à huit heures et demie du soir.

Région du centre. Comme la précédente.
Région du sud-ouest. Comme la précé-
Comme nord et

dente.
Région du nord-est.
ouest.

Baisse de 14 mil.

à Lorient, de 12 à Clermont, de 6 à Cette.
Région du sud-est.
Vent tourne sud-est en fraichissant. Temps à
la pluie.

Gênes.

Europe.

Comme pour Océan.

12 Février 1879

des faits, » dit l'auteur; et précisément il soutient une thèse; au fond, il a raison. Les faits sont des butors qui n'auraient jamais rien à dire, si nous n'avions l'obligeance de leur faire la leçon et de leur passer la parole.

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Quelle est la thèse de M. Babeau? C'est que l'ancien régime n'était pas aussi déplaisant qu'on pourrait le croire sur sa mauvaise réputation. Si les uns et les autres nous avions voulu y mettre un peu vieux temps pourrait bien avoir été plus de bonne volonté, nous aurions fini par nous en accommoder. Le paysan du bon

Berne. Comme nord et ouest. Florence, Rome, Constantinople. - Baromètre baisse. Vent sud fraîchit. Mauvais temps à craindre principalement dans le golfe de Pétersbourg, Stockholm, Christiania, Co-instruit... plus est trop peut-être... penhague, Bruxelles, Vienne, Utrecht, Ham- mais aussi instruit que le paysan de nos bourg. Observations françaises. Madrid, Lisbonne. jours; il aurait été aussi heureux... aussi heureux c'est beaucoup dire... non moins heureux est la véritable nuance; il aurait été aussi libre... non pas tout à fait, mais à peu près aussi libre que depuis la Révolution, ainsi dit ou plutôt insinue M. Babeau; mais il n'aventure pas une affirmation qu'il ne cherche aussitôt à la rattraper. Il parle à la façon d'un témoin à décharge qui voudrait sauver le coupable, mais qui craint de trahir son serment.

Observations de Paris (parc de Saint-Maur),

9 février 1879.

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Aujourd'hui mercredi, au theatre national de l'Opéra, le Freyschulz et Yedda; on commencera à 7 heures 1/4.

1 s.

748.40

13.5

11.2

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12 8

10.9

78

S.

7

746.16

11.9

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S.

10

744.96

12.8

10 3

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Bureau centrai météorologique de France:

Situation générale au 10 février 1879.

La nouvelle et forte dépression signalée hier vers les côtes de l'Irlande a son centre actuellement près de Valentia (731mm) et sévit sur toute l'Europe occidentale; elle amène une baisse barométrique de 14mm à Lorient, 11 à Paris, 4 à Alger, des vents soufflent en tempête de Boulogne à Biarritz, et une mer très-grosse sur toute la côte océanienne.

Sous son action, la température s'est encore élevée, un léger sirocco est signalé à Alger, et de fortes pluies sont tombées sur le nord et l'ouest, où l'on a recueilli 33mm d'eau à Lorient, 16 à Cherbourg et 5 à Paris.

Cette bourrasque se dirige vers nous; par suite, les vents tourneront du Sud vers Ouest en restant forts.

Le temps à la pluie va continuer.

La tempête de neige qui régnait hier sur la Baltique se calme aujourd'hui et va cesser prochainement.

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Il a plu de 5 h. à 6 h.1/2. Cum. str.S.O. 3.3

10 Cirro-str.O.Tralo; autr.nuag.O.S.O.

1 s. Alto-cum. str. O.S.O.

4

Id.

7

Pluie de 4 h. à 7 h. 10 Couvert.

de 0 à 10.

8888888

10

10

0

10

10

0

10

0.5

10

0.1

10

Il voudrait bien aussi avoir une opinion, mais il en a deux, ce qui est un cas de polygamie intellectuelle et il ne sait à laquelle entendre. Il a uné première opinion qui lui dit que l'ancien régime, par cela, seul qu'il est ancien, est un personnage digne de respect, et une autre opinion qui lui représente que l'ancien régime est mort, que par cela même il fallait bien qu'il fût attaqué de quelque maladie.

« Fais toujours ce que tu as peur de faire disait Emerson, écris toujours ce que tu as peur d'écrire, pourrait-on répéter au jeune historien. Mais ce n'est pas tout à fait le compte de M. Babeau; la la vérité lui paraît une parvenue qui ne doit pas user de trop de familiarité avec l'erreur; car l'erreur est une dame de vieille famille et souvent la maîtresse de

Minima, 8°8;-maxima, 1309; - moyenne, la maison; c'est bien le moins qu'en 11090.

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Le Village sous l'ancien régime, par Albert pour l'historien de l'ancien régime. Mais,

Babeau (1). Un Heureux coin de terre, par
le comte de Montalivet (2).

savoir. Ils sont les deux chapitres séparés
Ces deux livres n'en font qu'un sans le
tuler la France avant et la France après
d'un même ouvrage. On pourrait les inti-
la Révolution.

M. Babeau n'est pas le premier venu;
passablement; il évite le style, ce qui est
il a de l'acquis, même du talent; il écrit
donnable qu'autant qu'on le trouve sans
une preuve d'esprit, le style n'est par-

l'avoir cherché.

« Je ne soutiens pas une thèse, j'expose

(1) Didier, éditeur.
(2) A. Quentin, éditeur.

nous dit-il, il y en avait de bons, il y en et les autres aux profits et pertes et siavait de mauvais, il y en avait d'iniques, il y en avait de légitimes, passons les uns étranges, les autres légitimes, M. Bagnons le quitus de l'ancienne société. Parmi ces droits seigneuriaux, les uns beau cite en première ligne la censive que les vilains payaient argent comptant, en vertu de l'axiome féodal: Nulle terre sans

seigneur. C'était, nous dit-on, une redevance annuelle que le manant payait au château en échange de la terre que le maître du fief lui avait cédée dans la nuit des temps... Il y avait des siècles, et l'auteur remarque que, par suite de l'avilissement de la monnaie, la redevance

enfin il l'expédiait au dehors, ou bien il | ménil, les loups ont étranglé du côté de
le débitait au détail, il devait encore met- Luynes plus de soixante-dix personnes
tre la main à la poche pour débourser et en ont estropié au moins autant. Le
un droit de forage.
mal en est venu à ce point qu'en ce pays
on n'ose plus garder les bestiaux à la pâ-
ture. » De son côté l'évêque de Léon
écrivait au contrôleur général : « Je suis
encore à la chasse aux loups, mais le
temps s'étant mis à la pluie, ils courent
toute la journée. Ce pays en est plein,
mais il n'y en a qu'un ou deux qui at-
taquent les hommes et qui mangent les
enfants. Les pauvres gens de la cam-
char-pagne, perdant tous leurs bestiaux et vi-
vant dans une crainte continuelle, à
peine osent-ils aller à l'église ou au mar-
ché. »

Pouvait-il ensuite le vendre à son heure,
ou, pour mieux dire, à l'heure où il trou-
vait marchand? Non; il lui fallait atten-
dre un mois, que le seigneur eût écoulé
sa récolte. On appelait cela, dans l'argot
féodal, le droit de banvin ou de vet du vin,
et en attendant il devait charroyer à ses
frais les futailles de monseigneur, duc,
marquis, comte, vicomte ou vidame.
Quand il mettait deux bœufs à sa
rette, le droit portait le nom de vinade;
quand il en mettait quatre, le droit mon-
tait en dignité, il prenait le titre de
bouade.

était devenue insignifiante. Il oublie que
le seigneur avait ajouté à la censive le
surcens, qui était ce qu'est aujourd'hui le
centime additionnel, un second impôt
mis sur un premier: la terre payait la
censive et la censive payait le surcens.
M. Babeau mentionne ensuite les lods
et ventes, droits de mutation équivalents à
nos droits d'enregistrement, variables
d'ailleurs et multipliés à l'infini sous les
sobriquets de demi lods, de venterolles des
plaids, de relevaisons. Ils montaient en
général du sixième au tiers de la pro-
priété. Après la censive venait la taille
seigneuriale; le paysan devait la payer en
vertu du principe qu'il était tuillable à
merci. M. Babeau veut bien nous ap-
prendre qu'en fait de taille, la royauté
prenait volontiers le parti du vilain contrè Mais le paysan plus ou moins proprié-
son seigneur; nous le creyons sans diffi- taire ne possédait pas seulement un champ
culté, car elle taillait elle aussi et elle
ou une vigne, il possédait encore un trou-
entendait que le seigneur lui laissât quel- peau, un cheptel. Menait-il paître ses
que chose à tailler. Le marquis de Canil- moutons ou ses vaches, il payait un droit
lac exigeait de ses vassaux la taille de de pulverin pour indemniser le seigneur
monsieur, la taille de madame, la taille de la poussière que les uns ou les autres
des enfants, et il la faisait lever par une faisaient sur la route; sa brebis venait-
bande de coquins dont les plus honnêtes elle à passer à l'état de gésine, il devait
portaient les noms de Brise tout et de Sans-au suzerain un droit de brebiage; venait
fiance. Le parlement ambulant de Paris
condamna le marquis à mort, aux grands
jours de Clermont.

elle à mettre bas, il devait toujours au
seigneur un droit d'agnelage; voulait-il
manger l'agneau pascal, il devait au sire
de l'endroit une taxe de charnage, et,
enfin, à la Noël l'intendant du château
faisait une inspection générale de toutes
les bêtes de trait, à laine ou à cornes, de
sa mouvance et prélevait une tête sur

La taille précédait la corvée; autre taxe que le vilain acquittait en journées de travail, par la raison que le code féodal l'avait déclaré corvéable aussi bien que taillable à merci. C'était une servitude temporaire qui avait l'avantage de rappe-vingt dans l'étable. ler au paysan qu'il avait commencé par Il est vrai qu'en retour le seigneur proêtre esclave et qu'il devait l'être encore, tégeait le vilain; mais comme toute peine de temps à autre, pour n'en pas perdre mérite salaire, il exigeait pour prix de sa tout à fait l'habitude, à quoi il faut ajou-protection un droit de guet, de gare, de ter la banalité. M. Babeau ne parle que du garenne, de gaule, de poursoin, de sauvefour banal, du moulin banal, du pressoir ment, d'avouerie. Qui protégeait toutefois banal; mais il y avait infiniment plus de le paysan contre son protecteur?... Il n'y banalités; il y avait entre autres le verrata qu'à lire l'histoire du baron de Coaraze banal, le bélier banal, le taureau banal. que la Société des bibliophiles de Pau L'abbesse d'Origny, par exemple, tirait vient de publier. Ce gentilhomme-là pilun assez joli revenu de son taureau. lait, volait, violait, torturait, assassinait en toute liberté, et c'est à peine si le soir, la porte fermée, on osait parler à voix basse, devant le feu de la veillée, du nouveau crime que le baron de Coaraze venait de commettre.

Il fait à peine jour; le paysan attelle sa charrue, il va labourer son champ, mais il faut auparavant qu'il acquitte le droit d'arage; puis la semence lève, puis elle verdit, puis l'épi jaunit au soleil, le moissenneur prend sa faucille; mais l'intendant du seigneur est là, derrière lui, qui compte les gerbes et réclame les droits de champart, flottant, selon les pays, du vingtième au quart de la moisson. Il n'y avait guère de chaumière qui n'eût, plus ou moins, un bout de jardin. Le paysan y semait au printemps le persil ou la ciboulette; mais, du haut de sa tourelle, le seigneur le regardait faire et prélevait un droit de terrage sur le modeste potager de Jacques Bonhomme.

De tous les paysans ainsi taillés dans le vif de leur chair, c'était encore le vigneron qui avait le plus à donner de son sang. Le jour où il vendangeait, il devait payer à son voisin blasonné le droit de cartelage, c'est-à-dire, conformément à l'étymologie, le quart de sa vendange. Le jour où il tirait son vin de la cuve, il devait saigner son escarcelle d'une nouvelle somme pour solder le droit de vinage; le jour où il le remisait dans son chais, il avait encore à délier sa bourse pour acquitter le droit cellerage; et quand

Un dernier droit et nous en avons fini avec le seigneur. Nous voulons parler du droit de garenne; le manant devait nourrir le gibier sur son terrain sans avoir la permission d'y toucher; défense au roturier de faucher son sainfoin ou sa luzerne au moment de la ponte des perdreaux. Quand la meuté du baron ou du marquis avait lancé un cerf en plaine, les chasseurs titrés galopaient à travers les champs de blé et les foulaient sous les pieds des chevaux. Si le vilain avait ensuite l'imprudence de réclamer une indemnité, le parlement de Paris le condamnait au banissement pour crime de révolte le vilain, entendons-nous bien, et non le seigneur.

Mais si la noblesse avait le monopole de la chasse, elle chassait du moins les loups; elle en délivrait les paysans.

A ce sujet, M. Babeau croit devoir rendre hommage à la louveterie; mais jamais les loups n'ont tant régné en France que sous l'ancien régime. « Depuis trois mois, écrit l'intendant Miro

Ainsi, le paysan payait pour avoir le droit de posséder, il payait pour avoir le droit d'hériter, il payait pour avoir le droit de vendre, il payait pour avoir le droit de labourer, il payait pour avoir le droit de moissonner, il payait pour avoir le droit de semer, il payait pour avoir le droit de vendanger, il payait pour avoir le droit tirer son vin, il payait pour avoir le droit de le mettre en barrique, il payait pour avoir le droit de l'écouler au dehors, il payait pour avoir le droit de moudre son blé, il payait pour avoir le droit de cuire son pain, il payait pour avoir le droit de paître son troupeau, il payait pour avoir le droit de le reproduire, il payait pour avoir le droit de mettre un quartier d'agneau à la broche à Pâques ou à la Pentecôte. Il n'y avait pas un pouce de sa terre, pas une once de chair de sa bergerie, pas une bouchée de sa nourriture, pas une goutte de piquette, pas un acte de sa vie de travail qui ne dût payer l'impôt; le fisc seigneurial le tenait en quelque sorte par les quatre membres, et aucune heure de la journée du paysan ne pouvait lui échapper. M. Babeau pourrait-il maintenant nous dire lequel de tous ces droits il trouve logique ou légitime?

Et si encore le manant n'avait eu qu'à payer l'impôt au seigneur; mais le clergé venait tondre à son tour jusqu'à l'épiderme la brebis déjà tondue : il levait la dîme sur les bois, sur les champs, sur les vignes, sur les prés, sur les maisons, sur les briques, sur les pots de terre, sur les pierres de taille; dîme multiple, dîme triple, dime quintuple, car après avoir dîmé le gerbier, il dimait encore le sac de blé, et après il dîmait le sac de farine, et après il dîmait encore le pain au sortir de la fournée. Il exigeait en outre une infinité d'autres dîmes en nature et de toute nature, de friandises de choix, de gâteaux de miel, de gâteaux aux œufs, de poulardes, de chapons, de lapins, de canards, d'anguilles. L'évêque de Montpellier avait droit à cinq cents perdrix rouges bon an mal an, et le tout, sans compter le casuel, le prix des messes, des mariages, des dispenses, la construction ou la réparation des églises, la construction ou la réparation des presbytères, toutes choses à la charge des communautés; total, cent trente millions, la moitié du budget de la France entière.

Jusqu'ici le roi n'a pas encore paru; rangeons-nous chapeau bas, son tour va venir: la noblesse possédait un tiers du sol, l'Eglise en possédait un autre, le troi

sième appartenait à la roture. Mais ni la noblesse, ni l'Eglise ne contribuaient aux charges de l'Etat. Tout au plus le clergé consentait-il à faire au roi l'aumône de ce qu'il appelait le don gratuit. Le paysan payait donc seul l'impôt et le payait pour trois, pour lui naturellement et ensuite pour la noblesse et pour l'Eglise. Il payait d'abord la taille, sorte de capitation proportionnelle au revenu présumé de chacun. Le collecteur taillait d'office et quelquefois avec tant de férocité que le paysan aimait mieux abandonner son champ que compter au fisc le montant de sa cote personnelle. Mais le champ ne faisait pas le compte de la maltôte; elle ne pouvait pas toujours le mettre à l'encan; elle aimait mieux dévaliser la maison du contribua

ble.

sur l'état civil, ce qui fit que le paysan | on pouvait. On avait commandé les che-
retourna, par raison d'économie, à l'état vaux des paysans à dix lieues à la ronde
de nature; il épousa sans formalité et sa pour tirer les bagages. Les seigneurs et
femme accoucha en contrebande: aucun dames de la suite voyant leurs chevaux
registre ne faisait mention de l'enfant, ni harassés prenaient goût à se servir des
père, ni mère, c'était son état civil; l'im- misérables bêtes du pays dont on était
pôt enfin du sang, sous le nom de mili- saisi. J'allai me promener le soir après
ce, plus ou moins lourd selon que le roi souper sur la place de Sézanne. Il y eut
convoquait le ban ou l'arrière-ban. La un moment sans pluie. Je parlai à de pau-
communauté donnait à tout conscrit de vres paysans leurs chevaux tout attelés
la milice un chapeau, un justaucorps, passaient la nuit en plein air. Plusieurs
une paire de culottes, une paire de guê- me dirent que leurs bêtes n'avaient pas
tres, et finalement une paire de souliers. mangé depuis trois jours. On en attelait
La campagne avait encore à porter la dix là où on en avait commandé quatre.
charge de l'étape: quand un régiment tra- Jugez combien il en périt.
versait une province, l'habitant lui devait
l'ustensile, autrement dit le lit garni de
linceuls, le pot, le verre, l'écuelle, la place
au feu et à la chandelle. Rien de plus,
rien de moins, ainsi le voulait l'ordon-
nance; mais le soldat, livré à lui-même,
fourrageait la basse-cour, quelquefois
même la maison, sans oublier l'hôtesse;
il rossait le mari au besoin, et traitait, en
un mot, le village en pays conquis. Il n'y
a pas un intendant qui ne dénonce ce pil-
lage au contrôleur, et pas un seul qui ne
proclame en même temps son impuis-
sance à l'empêcher.

Le clairon sonne à l'entrée du village; la maltôte arrive à la tête d'une brigade de maréchaussée; elle prend d'assaut la maison du débiteur de l'Etat, et, en un clin d'œil, portes, fenêtres, serrures, ferrures, charpentes, tout est démoli, enlevé, emporté dans une charrette, tout, jusqu'au berceau de l'enfant; on voulait bien toutefois laisser l'enfant à la mère, dans la supposition charitable qu'elle aurait encore assez de lait pour le nourrir. La corvée royale vient fermer ce long La chose faite, la maltôte battait en re- défilé. Seignelay a résolu de fortifier traite avec son butin; il ne restait der- Brest. Il fait une levée en masse de trente rière elle que les quatre murs de la mai- mille paysans; ils arrivent avec leurs son; quand ensuite on voyait une ruine chevaux et leurs charrettes. On devait ouverte au vent et à la pluie, on n'avait leur payer leur nourriture, on ne la paye pas besoin de demander qui a passé par pas; les capitaines », écrit M. de Pomelà? Chacun pouvait répondre: le fisc vientreu au contrôleur général, et souvent d'en sortir.

La taille ouvrait la marche, la gabelle suivait, le roi avait le monopole de la vente du sel, excepté dans les provinces rédimées; il l'achetait au prix qui lui convenait et il le revendait douze fois sa valeur. Il y a cependant une ressource contre le monopole d'une denrée: ne pas l'acheter ou en acheter le moins possible; mais le fisc n'entendait pas laisser au consommateur la liberté de sa consommation: il obligeait la famille entière, mari, femme, fils, fille, dès l'âge de sept ans, à dépenser sept livres de sel par tête et par année. On appelait cet impôt forcé le sel du devoir pour pot et salière. Mais si le paysan avait l'imprudence d'en détourner une parcelle pour saler son lard, il commettait un délit et payait l'amende. Après la taille, la gabelle; après la gabelle, les aides; aujourd'hui, les droits réunis; en première ligne, la taxe sur les boissons d'abord, la taxe du gros, c'est-à-dire sur la totalité du produit: vin, cidre, bière ou poiré; ensuite, la taxe du gros manquant, c'est-à-dire sur la partie du liquide réservée à la consommation du propriétaire; ensuite, la taxe du huitième réglé ou bien du quatrième, équivalente soit au huitième, soit au quart de la valeur marchande de la boisson; enfin, la taxe de l'annuel, c'est-àdire du débit de la vente au détail. Toutes ces taxes combinées rapportaient vingt millions à l'Etat et lui en coûtaient soixante pour frais de perception.

Il faut bien tourner la page et mentionner au pas de course une foule d'impôts de surérogation: l'impôt du vingtième, cet enfant contrefait de la Dime de Vauban, l'impôt sur le papier timbré, l'impôt

les recteurs mêmes des paroisses ont con-
sommé en voyages et mauvaises dépenses,
ce qui était dû aux paysans qui avaient
travaillé ». M. Babeau fait quelque part
l'éloge des routes royales de Louis XIV:
elles ressemblaient à des Mails, dit-il sur
le témoignage (de M. Chéruel, qui l'avait
dit sur la foi de Madame de Sévigné;
mais Madame de Sévigné proteste haute-
ment contre cet abus de sa parole; elle
maudissait les routes de son temps, d'a-
bord parce qu'on y rencontrait des pen-
dus accrochés aux branches, ce qui don-
nait au paysage un faux air de Montfau-
con, et ensuite parce que deux ou trois
fois elle avait failli faire naufrage.
Lorsque sa fille voyageait de Provence
à Paris, elle lui écrivait : « Surtout ne
venez pas en carrosse, vous pourriez vous
noyer. Venez en litière ou bien à cheval,
comme Mesdames de Verneuil ou d'Arpa-
jon, »>

Veut-on savoir ce qu'était la corvée en
France et la voirie en plein dix-hai-
tième siècle? Voici un témoin, un ancien
ministre qui va nous l'apprendre.

Quel pouvait être le sort du paysan ainsi réquisitionné, taillé, dîmé, taxé, surtaxé par trois traitants acharnés sur sa bourse, qui se relayaient pour la frapp er à coups redoublés? Comment pouvait-il vivre, de quoi pouvait-il vivre, sur quel dernier sou ou denier pouvait-il nourrir, entretenir, habiller sa maisonnée? Mais il vivait encore assez convenablement, nous dit M. Babeau, et même assez gaiment. Il faisait sept repas par jour en Roussillon, et à chaque repas il mangeait un plat de viande. M. Babeau veut bien reconnaître que c'était là une exception. Mais partout ailleurs, ajoute-il, le cultivateur faisait couramment quatre repas, et toujours ce qu'il appelait le fricot figurait sur son assiette. La légende de la Bruyère nous le représente halé, tanné, mal vêtu ou à peine vêtu, nu-pieds ou en sabots; ce n'était là tout au plus que la livrée de la semaine, mais le dimanche au sortir de la messe il trônaît, un chapeau sur la tête, dans tout l'éclat d'un habit de tiretaine, et M. Babeau décrit en passant le trousseau d'une mariée bretonne dont Madame avait admiré la toilette. Enfin il ajoute qu'après l'office divin la jeunesse endimanchée de l'un et de l'autre sexe dansait sous la coudrette au son dé la la cornemuse, et attaquait vaillamment la goignade ou la bourrée, et pourquoi n'eût-il pas dansé! Le nègre dansait bien lui aussi sous le fouet du commandeur.

Nous craignons que M. Babeau n'ait étudié les paysans et les paysannes d'autrefois que dans les bergeries de Watteau ou de Boucher, et qu'il ne voie en eux ou en elles que des Collins ou des Collettes d'opéra; la destinée des forçats de la glèbe, n'en déplaise à l'historien, ressemblait beaucoup moins à une idylle qu'à une tragédie. En temps d'abondance. ils vivaient à peu près et comme par miracle. Quand la récolte venait à manquer, ils n'avaient plus qu'à faire le signe de croix et qu'à mourir; M. Babeau n'a donc pas lu la correspondance des intendants ou il ne l'a lue que du doigt pour tourner la page quand elle contrarie son système d'optimisme?

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« Je n'oublierai jamais, dit le marquis Voyer d'Argenson, l'horreur des calamités qu'on souffrit en France, lorsque la reine Marie Leczinska y arriva. Une pluie « J'arrive d'une tournée de trois secontinuelle avait ruiné la grande route; maines dans tout le Charollais et l'Auxois, c'était le moment des moissons et des ré- écrit un directeur des fermes. Ces payscoltes. Le pauvre laboureur guettait un là m'ont paru bien gueux. L'on n'y vend moment de sécheresse pour les recueillir. du sel qu'à force de prests. Les ventes y Cependant, il était occupé d'une autre diminuent presque partout, et la misère y manière. On avait fait marcher les pay- est si grande qu'il y a des familles qui sans pour racommoder les chemins où la n'ont pas mangé de sel depuis près de reine devait passer et ils n'en étaient que six mois. Ils se servent d'herbes et de rapires, au point que Sa Majesté faillit plu- cines amères. » L'intendant de Normansieurs fois se noyer. On retirait son car-die écrivait au contrôleur général que sur rosse du bourbier à force de bras comme sept cent mille habitants dans la géné

ralité de Rouen, il y en avait six cent mille sans feu, ni paille, qui couchaient sur la dure et mangeaient à l'écuelle.

D'un bout à l'autre de la France, en temps de disette, au Nord comme au Midi, le paysan vivait à la grâce de Dieu, tantôt de pain de fougère, tantôt de glandée. « Il meurt tous les jours un si grand nombre de pauvres, écrivait M. de Bouville, intendant de la généralité de Limoges, qu'il y aura des paroisses où il ne restera pas le tiers des habitants. C'est une chose bien douloureuse, de voir mourir des gens sans les pouvoir secourir, parce qu'ils ont tant souffert que dès le moment qu'on leur donne à manger ils étouffent. Il en mourut un avant-hier près de ma porte. » Et ailleurs, dans une autre province, une affiche épiscopale, placardée à la porte des églises, apprenait aux Français qui avaient encore le droit aux Français qui avaient encore le droit de manger : « La plupart sont comme désespérés. Il y en a qui se déchirent et qui se tuent à coups de couteau. »>

ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS

IT BELLES-LETTRES

Séance du 7 février 1879.

PRÉSIDENCE DE M. E. de ROZIÈRE

M. Koumanoudis, récemment élu corres

pondant de l'Académie, lui adresse une lettre de remerciements pour l'honneur qu'il a reçu d'elle.

M. Geffroy, directeur de l'école française de Rome, adresse douze estampages d'inscripprovenant de Corneto; trois de ces textes sont tions funéraires prises sur des monuments étrusques, les autres sont latins. M. Engel a découvert une petite monnaie normande en bronze, très-curieuse et que l'on croit inédite. Elle est du module de 12 millimètres, et du poids de 2 grammes. Elle appartient à Anfuse, fils du roi Roger et prince de Capoue. D'un côté se présente la tête du prince vue de face et Au pays blaisois, un curé raconte qu'il la légende AN P (Anfusus Princeps); de l'autre a vu dans la commune d'Ozain, cinq côté, un symbole dans lequel M. Engel croit cents squelettes d'hommes qui ressemblent plus à des morts qu'à des vivants. gue un personnage couché avec la légende reconnaître un vexillum près duquel on distinIls ne mangent que des chardons crus, CAPVA. Ce type serait la représentation du des limaces, des charognes et autres or- vexillum avec lequel Anfuse fut solennellement dures. Le pays chartrain, ce grenier d'a- investi, tout jeune encore, de la principauté de bondance, semblait devoir échapper à la Capoue, par les mains de son père, le roi Roger. famine et, cependant, un prêtre écrivait Ceci viendrait à propos expliquer un passage de de Montoire que huit hommes avaient l'historien Alex. Tolesinus (liv. III, ch. XXVII massacré une femme pour avoir le pain de sa chronique: De rebus gestis Rogerii Sicilia qu'elle portait et s'étaient ensuite massa-regis):« Le lendemain, dit-il, le roi Roger crés entre eux pour s'en arracher les mor- éleva à l'honneur de la principauté de Capoue, ceaux. La population, chassée des campagnes par la faim, affluait dans les villes par le vexillum, Anfuse son fils, adolescent de pour disputer aux chiens les restes de grands et des chevaliers. Suivant la conjecgrande espérance, avec l'assentiment des balayures. Plusieurs sont arrivés au Mans, disait un témoin, qui ne durent pourrait faire allusion à la chute du prince ture de l'abbé Janetti, le personnage couché que du soir au lendemain, et néanmoins, plus il en meurt, plus il en vient. Les rues Robert II, qui fut déposé et chassé de Capoue sont pleines de gens qui crient: Miséri pour faire place à Anfuse. Celui-ci mourut le corde! Mon Dieu! faut-il que nous mou10 octobre 1144. Son élévation date du mois d'octobre 1135. rions. »

Certes la colère d'en haut ne tombait pas tous les ans en famine sur le soi français pour le changer en radeau de la Meduse; on n'y voyait pas régulièrement les scènes d'anthropophagie dont nous avons passé les plus atroces pour ménager les nerfs du lecteur. Mais la lutte pour la vie était si apre sous l'ancien régime qu'on ne sait en vérité comment le paysan a pu y survivre. Avec l'effroyable fiscalité du temps, il ne pouvait avoir ni avance ni épargne, et quand venait la grêle ou la gelée, il devait exécuter à la lettre la sentence de Malthus: Tu es de trop, vat'en!» Il n'y avait pour lui ni ciel bleu ni sourire de la nature. Après le sombre hiver qu'il avait passé dans sa tannière de pisé couverte de paille, le soleil pouvait reparaître, la campagne pouvait reverdir, le vent qui passait sur l'aubépine et la lavande en fleurs n'emportait de sa chaumière qu'un cri de détresse ou un sanglot de souffrance.

Nous venons de faire connaissance avec

le village de l'ancien régime; M. le comte de Montalivet va nous introduire dans le village du régime nouveau.

EUGÈNE PELLETAN.

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décider la question des bulletins blancs. L'Académie se forme en comité secret pour

Wailly, il a été résolu, à la suite d'un scrutin, Conformément à la proposition de M. N. de que désormais tout bulletin portant soit un nom, soit une croix, compterait pour établir

la majorité absolue.

de l'auteur, M. Casati, magistrat, de l'étude, M. Gaston Paris fait hommage, au nom lue en grande partie devant l'Académie, et rede l'auteur, M. Casati, magistrat, de l'étude, aux

lative

collections du château de Rosen

borg et à leur aménagement. M. Gaston Paris s'associe au yœu de M. Casati, que nous avons enregistré naguère. Il s'agirait de réunir, dans une série de salles diversement décorées, et de classer par époques ou par règnes les objets artistiques, mobiliers et autres, concernant notre histoire nationale.

M. de Rozière, président, dépose sur le bureau un travail de M. Jacques Flach sur la Table de bronze d'Ajustrel. C'est une étude fort bien faite sur l'administration des mines chez les Romains au premier siècle.

M. Ravaisson dépose le livre de M. Bouillier (l'Institut et les Académies de province), que lier (l'Institut et les Académies de province), que nos lecteurs connaissent déjà par les comptes rendus de l'Académie des sciences morales et politiques.

Nous résumons la communication de M. Arthur de Boislisle.

Dans la séance précédente, l'auteur avait exposé sommairement l'organisation donnée

au royaume de Naples après la conquête de 1501; il avait montré que l'avidité d'une grande partie des conquérants, leur précipitation à s'emparer de tout ce qui pouvait grossir leur butin, terre, revenus, charges et dignités, durent inspirer des populations naturellement instables une vive aversion pour le nom français. Il ne faut pas manquer de rappeler, en face de cette conduite regrettable, le témoi gnage de la constante préoccupation de justice, d'ordre et d'économie qui caractérisait Louis XII et ses principaux conseillers. Mais comment gouverner à distance dans un milieu et à sa disposition un homme d'esprit droit si troublé ? Il eût fallu que le roi de France et à sa disposition un homme d'esprit droit et ferme, de désintéressement absolu, sachant vouloir et imposer ses volontés.

Le second fragment achève l'historique de l'occupation française. C'est le récit de la campagne de Gaete et du Garigliano, terminée dans les derniers jours du mois de décembre 1503, par une déroute et une capitulation trop fameuses. Les hostilités, engagées avec l'armée espagnole, au milieu de l'année 1502, avaient abouti aux défaites de Seminara et de la Cerignola, à la reddition de Naples. Les restes de d'Alègre, se sont retirés de l'autre côté du notre armée, sous le commandement d'Yves Garigliano et dans la presqu'ile de Gaête. Par malheur, l'armée de secours, réunie à grandpeine dans le nord de l'Italie et retenue d'une manière si intempestive sous les murs de Rome, par le cardinal d'Amboise, cette armée, privée de son chef, n'avait pu se remettre en marche qu'à la fin de septembre 1503. Elle avait à sa téte le marquis de Mantoue, qui n'inspirait confiance à personne.

Celui-ci jugea, ainsi que les barons napolitains, qu'il n'était pas en force pour refouler devant lui l'armée de Gonzalve de Cordoue, comptant, disait-on, mille hommes d'armes, autant de cavalerie légère et dix mille hommes de pied. On reprit donc des négociations avec les Orsini, avee Barthélemy d'Alviano, le célèbre condottiere vénitien que les Etats italiens se disputaient à l'envi, même avec César Borgia qui pouvait fournir de l'argent à défaut de troupes, avec les Colonna. De César on parvint à tirer 30,000 ou 50,000 ducats, en facilitant son retour dans Rome. A Barthélemy Alviano on offrit le titre de « capitaine des Florentins et des Siennois » avec 10,000 ducats d'appointements; aux Orsini, 50,000 écus par an pour l'entretien de 500 lances. Mais, au moment où l'on croyait cet accomodement conclu, l'ambassadeur vénitien fit tour. ner tous ces personnages du côté de l'Espagne; ils traitèrent avec nos ennemis. Sur ces entrefaites Pie III, pape récemment élu, mourut. Aussitôt le marché aux votes se rouvrit.

Mais Georges d'Amboise fut encore une fois battu. Les intrigues de Julien de la Rovère l'emportèrent. Jules Il fit de belles protestations de dévouement aux Français, qui demeurèrent sans effet. L'armée de secours ne comptait que 4,000 hommes; elle semblait d'ailleurs si persuadée de son impuissance que vingt jours après son entrée en campagne (5 et 6 octobre), elle n'avait encore parcouru que vingt-quatre milles. Gonzalve, prêt à lui barrer le chemin, s'était posté à San Germano et à Ponte-Coryo; lui-même était installé au mont Cassin; de là il dominait et surveillait le passage principal, tandis que Pedro Navarro défendait sa position la plus avancée de RoccaSecca.

Cette petite place fut l'objet de la première tentative des Français. Le duc de Mantous fut

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