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part active dans une mesure qu'on voyoit en Angleterre avec tant d'intérêt ; il observa toutefois

que

dans les colonies britanniques, et à l'époque de l'abolition, et pendant beaucoup d'années auparavant, le nombre des Nègres se rapportoit à celui des Européens, comme vingt à un; que par conséquent nos colonies ne souffrirent pas d'inconvénient immédiat, lorsqu'elles furent forcées d'abandonner ce commerce; que malgré tous ces avantages dont aucun autre état ne pouvoit se vanter, la législation britannique. avoit employé vingt années à effectuer l'abolition; tandis qu'on exigoit de l'Espagne, n'ayant pas plus d'un Nègre sur un Européen, ainsi qu'on s'en étoit assuré par les derniers rapports arrivés des Indes occidentales, qu'elle renonçât, sans un instant de délibération, à ce qui constituoit l'existence même de ses colonies.

Trouvant que la répugnance du gouvernement espagnol pour s'engager à l'abolition étoit insurmontable, j'essayai de rédiger un article qui, en disant que le Roi partageoit les sentimens du gouvernement britannique sur l'injustice et l'inhumanité de ce trafic, engageât S. M. C. à ne pas permettre à ses sujets d'y prendre part pour pourvoir quelqu'ile ou

possession autre que celles qui appartiennent à l'Espagne, ni à souffrir que le pavillon espagnol protégeât les étrangers faisant la traite.

J'obtins avec beaucoup de peine que le gou vernement espagnol consentit à cet article, après toutefois qu'il eût éprouvé quelques amendemens; mais comme je pensois qu'il étoit convenable que cet article fût soumis au gouvernement de S. M. avant d'être inséré dans le traité, je convins avec le duc de San Carlos que cet article et celui qui défend aux sujets de S. M. de fournir des armes aux rebelles d'Amérique, seroient soumis à V. S., et, en cas qu'elle les approuvát, joints au traité en forme d'articles séparés,

Si l'on jugeoit que l'article ci-joint qui se rapporte à la traite des Noirs n'est pas satisfaisant, j'espère que les autres avantages du traité n'en seront pas pour cela regardés sous un jour moins favorable pour le gouvernement de S. M. L'opinion que l'abolition de la traite compromettroit l'existence des colonies espagnoles, n'est pas seulement celle du gouvernement; M. Arguelles a fait, il est vrai, dans les cortès, une motion pour l'abolition de ce commerce; mais les députés de la Havane ayant représenté les conséquences sérieuses que cette loi pourroit avoir, il paroît qu'on laissa tomber

la chose; au moins on n'en parla plus dans

cette assemblée.

Signé Henry WELLESLEY,

ANNEXE.

Extrait du Traité entre la Grande-Bretagne et l'Espagne, signé à Madrid, le 5 juil let 1814.

PREMIER ARTICLE SÉPARÉ.

S. M. C., partageant pleinement les sentimens de S. M. Britannique sur l'injustice et l'inhumanité de la traite des esclaves, prendra en considération, avec la réflexion qu'exige l'état de ses possessions en Amérique, les moyens d'agir conformément à ces sentimens.

S. M. C. promet néanmoins d'interdire à sest sujets de faire ce commerce dans la vue d'approvisionner des îles ou possessions, autres que celles qui appartiennent à l'Espagne, et d'empêcher également, par des mesures et des règlemens convenables, que la protection du pavillon espagnol ne soit accordée à des étrangers faisant ce commerce, qu'ils soient sujets de S. M. Britannique ou de quelque autre état ou puissance.

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No XXVI.

Dépêche du vicomte de Castlereagh à sir Henry Wellesley, datée du département des affaires étrangères, le 15 juillet 1814 (1).

des

SIR,

Je vous transmets, par les ordres exprès du Prince-Régent, une copie de la note officielle. que j'adressai, à Paris, aux ministres respectifs empereurs d'Autriche et de Russie, et du roi de Prusse (2), pour insister sur la convenance que ces souverains fissent au congrès futur des efforts pour opérer une abolition complète de la traite des esclaves.

S. A. R. ne regardera jamais le grand œuvre de la restauration de la paix comme achevé d'une manière complète et satisfaisante, à moins que cet objet ne soit aussi porté à sa fin.

Le retour des deux grandes branches de la maison de Bourbon sur leurs trônes légitimes, et la prochaine rentrée de S. A. R. le princerégent de Portugal dans ses possessions Européennes, paroissent à S. A. R. présenter la

(1) Traduite de l'anglois.

(2) Voyez ci-dessus, no III.

plus favorable réunion de circonstances pour faire assurer, par les mains de l'Europe régénérée, aux habitans infortunés de l'Afrique les bénédictions d'une liberté personnelle et d'une exemption d'exil: et S. A. R. espère avec confiance que S. M. C. prêtera volontiers l'influence de son nom et de son caractère seconder un arrangement qui jetera le plus grand lustre sur ceux qui y coopéreront, et même sur le siècle où nous vivons.

pour

L'expérience des huit années qui se sont écoulées depuis l'abolition totale de la traite des esclaves, autant que cela dépendoit de la GrandeBretagne, par , par le parlement du Royaume-Uni, a fourni la preuve complète que la culture des établissemens dans les Indes occidentales n'a pas souffert par le manque de recrues momentanées en travailleurs africains. Ces colonies continuent à se trouver dans un état florissant, et, depuis qu'il n'y a pas eu de nouvelle importation d'esclaves, le traitement de ceux qu'on possède s'est amélioré, et les lumières de la religion et de la civilisation ont été répandues parmi eux.

En conséquence, le Prince - Régent m'ordonne d'instruire V. E. pour qu'elle soumette immédiatement ces observations au gouverne

TOME VII.

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