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régent de Portugal s'étoit engagé « à prendre les mesures les plus efficaces pour abolir graduellement le commerce des Nègres dans « toute l'étendue de ses possessions, » l'Angleterre n'avoit pas pu s'attendre à ce que cinq ans plus tard l'accomplissement de cette promesse ne se trouveroit pas assez avancé pour dispenser le gouvernement Portugais d'un nouveau délai aussi considérable que celui qu'il pa-. roissoit avoir en vue.

M. le comte de Palmella a répliqué que, quant aux établissemens de la côte d'Afrique, c'étoit précisément pour empêcher qu'ils ne tombassent tout-à-fait avec l'abolition de la traite, comme lord Castlereagh l'avoit annoncé, que le Portugal demandoit du temps, afin de pouvoir changer le système agricole et commercial de ces établissemens; et que, par rapport aux engagemens contenus dans l'art. 10 du traité de 1810, le Portugal avoit déjà pris' des mesures efficaces pour les remplir, en diminuant sensiblement l'intérêt que les marchands d'esclaves et les propriétaires de vaisseaux, trouvoient dans ce trafic ; que l'abolition graduelle, stipulé par ledit article, n'y étoit énoncée d'une manière vague et générale, sans que rien

que

ne fût statué sur le terme définitif'; que neanmoins S. A. R, le Prince-Régent, fidèle aux principes qu'elle avoit une fois adoptés, ne se refuseroit pas à préférer le terme de huit ans pour la cessation finale de la traite; que cependant la question se trouvant étroitement liée à tout le système commercial du Portugal, et l'abo lition de la traite devant nécessairement altérer ce système, les mesures ultérieures à prendre pour cet objet ne pouvoient que dépendre du résultat des discussions commerciales qui se trouvoient entre le gouvernement Portugais et celui de la Grande-Bretagne,

Après cette explication logl Castlereagh a prié MM, les plénipotentiaires présens'd'adres ser à M. le plénipotentiaire de Portugal les mêmes propositions, accompagnées des mêmes instances qui avoient eu lieu vis-à-vis de M. le plenipotentiaire d'Espagne; et MM,' les plénipotentiaires de Russie, de France', d'Autriche, de Prusse et de Suède ont renouvelé vis-à-vis M. le comte de Palinella leurs déclarations pré

cédentes.

Sur quoi la séance a été levée,

Lecture faite du précédent protocole à la

séance du samedi, 98 janvier, M. le chevalier de Labrador, plénipotentiaire de S. M. le voi d'Espagne, en se référant à des développemens ultériems donnés à son opinion sur le terme de l'abolition de la traite dans la séance du so. a demandé d'insérer au protocole les explica tions additionnelles dont la teneur suit:

« Si les colonies espagnoles d'Amerique stoient, pour ce qui concerne les Nègres, dans le même état que les colonies angloises, S. M. C. ne balanceroit pas un seul moment à prononcer Tabolition immédiate de la traite; mais les ques tions de l'abolition ayant été agitées dans le parlement anglois, depuis 1988 jusqu'à 18les propriétaires anglois ont eu tout le temps de faire des achats extraordinaires d'esclaves, et en. effet il les ont faits de façon que, dans la Ja= maique, où il n'y avoit, en 1982, que deux cent cinquante mille esclaves, il y en avoit, à l'époque de l'abolition, en 1807, quatre cent mille. Au contraire les propriétaires espagnols ont été, pens dant les derniers vingt ans, privés presqu'entiès rement de se procurer des esclaves; car l'état de guerre dans lequel l'Espagne s'est trouvée engagée avec l'Angleterre, pendant la plupart de ce temps, rendoit presque impossibles les

expéditions des bâtimens négriers; et le reste de la même époque, toute l'attention et tous les moyens de la péninsule et de ses colonies ont 'été dirigés contre l'agression du tyran du continent. En conséquence de cette position extraordinaire dans laquelle l'Espagne s'est trouvée, les propriétaires des colonies espagnoles n'ont pu remplacer les esclaves que la mort a enlevés ou l'âge a rendus inutiles depuis vingt ans; ils possèdent des établissemens où ils ont employé des sommes immenses et qu'ils ont entretenus à grands frais, avec l'espoir de pouvoir un jour se procurer les esclaves nécessaires, et l'abolition immédiate de la traite les ruineroit pour toujours. Ils ont réclamé la protection et la justice que leur souverain leur doit, et S. M. leur a promis de permettre la continuation de la traite pendant huit ans, temps fort inférieur à celui qu'ils demandoient, et dont ils avoient besoin pour se rembourser des capitaux employés dans leurs plantations. Si quelqu'un peut encore douter de la nécessité de cette mesure, il suffira de lui faire observer, qu'à la Jamaïque il y a dix esclaves pour chaque blanc, le nombre de ceux-ci n'étant que de quarante mille et celui des Nègres de quatre cent mille,

et qu'à l'ile de Cuba, la mieux fournie d'esclaves de toutes les colonies espagnoles, il y a deux cent soixante-quatorze mille blancs et deux. cent douze mille esclaves seulement. >>

Vu et approuvé.

Signes NESSELRODE; STEWART, lieutenant-
général; CASTLEREAGH; TALLEYRAND;
PALMELLA, SALDANHA, LOBO; LOEWEN-
HIELM; GOMEZ LABRADOR; le baron DE
BINDER; HUMBOLDT.

ANNEXE 2.

Protocole de la seconde conférence particulière relative à l'abolition de la traite des Nègres, le samedi 28 janvier 1815.

Furent présens, lord Castlereagh, premier plénipotentiaire de S. M. Britannique;

Lord Stewart, plénipotentiaire de S. M. Britannique;

M. le prince de Talleyrand, premier pléni→ potentiaire de S. M. T. Ch. ;

M. le chevalier de Labrador, plénipotentiaire de S. M. le roi d'Espagne ;

M. le comte de Palmella, M. le comte de

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