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La population de Christophe étoit d'envi150,000 individus.

ron.

Ses forces militaires,

16.bataillons d'infanterie,

8 escadrons de cavalerie,

2 bataillons d'artillerie,

6 bataillons de gardes nationales. Total de....... 12 à 15 mille hommes. Population totale de la partie françoise,

environ....

450,400 individus.

On sait qu'autrefois les Négresses faisoient très-peu d'enfans, et qu'elles en réchappoient (1) encore moins; aujourd'hui ce pays fourmille d'enfans de dix à quinze ans.

Saint-Domingue produisoit, en 1789, envi1,000,000 quintaux de sucre, 765,000 quintaux de café.

ron.

A la paix d'Amiens ses denrées ne présentoient pas un quinzième de ce produit.

En 1814 on y a récolté

environ..

460,000 quintaux de sucre,

280,000 quintaux de café,

(1) Expression usitée dans le pays pour dire élever les esclaves jusqu'à l'âge de l'adolescence.

Plusieurs cultures nouvelles ont été introduites dans la partie gouvernée par le général Pétion, tant pour les besoins des habitans que comme objets d'exportation. Les principaux de ces objets sont le tabac, le riz, le maïs, les bois de teinture, dont ils portent une grande quantité dans la Jamaique, aux États-Unis et en Angleterre. On y fait au moins autant d'indigo qu'autrefois; on commence à cultiver beaucoup de cacao.

Autrefois la Jamaïque et les colonies angloises, ainsi que la partie françoise de SaintDomingue, se pourvoyoient de bestiaux de toute espèce dans les colonies de l'Amérique espagnole; aujourd'hui la partie françoise de Saint-Domingue élève une quantité considérable de bœufs, de chevaux, de mulets, qu'elle vend aux marchands de la Jamaïque.

Nous ajouterons encore une anecdote qui peint le caractère du roi Christophe, Ce roi burlesque a pris un mattre de belles manières. Il aime fort à tousser à la Rouvray, à prendre sa prise de tabac à la Rouvray, à porter la canne à la Rouvray, à saluer à la Rouvray. Ce M. de Rouvray étoit, avant la révolution, l'homme du suprême bon ton de Saint-Domingue, et Christophe l'avoit souvent servi à table.

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Christophe apprend à lire et à écrire depuis deux ou

trois ans (il a cinquante-huit ans), et il appelle son maître son lecteur. Un jour ce lecteur lui lisoit le journal d'un Anglois ou d'un Américain, qui raconte, entre autres choses, qui le mirent de fort mauvaise humeur. contre la France, que le duc Maret, après lui avoir fait faire deux heures d'antichambre, lui donna deux minutes d'audience, dont une fut perdue en salutations. Christophe interrompit son lecteur, en lui disant : Qu'appelez-vous faire antichambre? je ne sais pas ce que cela veut dire. Le lecteur de Sa Majesté Très-Christophienne, qui est aussi son barbier, et qui n'est jamais venu en France, fut fort embarrassé. Mais son excellence monseigneur le comte de Limonade (Prevost), son ministre des affaires étrangères, qui a été clerc d'un notaire à Bordeaux, expliqua la chose à Sa Majesté ainsi qu'il suit: Sire, lorsque quelqu'un se présente, en France, chez un ministre, chez un homme en place.... Que ça ça qu'un homme en place? interrompit Christophe........... Sire, moi kole explique ça tout a l'her à vot Majesté. Puis, reprenant sur le ton solennel Lorsqu'on se présente chez un homme en place pour lui parler de z'affaires, il vous fait attendre une heure, deux heures et quelquefois plus dans son antichambre; quelquefois, parce qu'il est occupé, quelquefois pour avoir l'air de l'être; mais ordinairement pour se débarrasser des importuns le plus vite possible. On dit, ajouta Limonade, que depuis Bonaparte les gens en place aiment tant à paroître occupés, que ce Maret, qui se fait appeler duc de Bazano, fait allumer des chandelles à la fenêtre de sa chambre pendant la nuit, pour faire croire aux voisins qu'il travaille, tandis qu'il ronfle à côté de sa duchesse

qui n'est autre chose qu'une blanchisseuse de bas de soie. Ici Christophe l'interrompit avec colère, et lui dit qu'il étoit un sot. C'est que Limonade avoit oublié que la reine Marie-Louise (la femme de Christophe), étoit autrefois blanchiseuse de bas de soie.

Limonade s'étant présenté le lendemain chez Christophe, avec le maréchal prince du Limbé, Nègre qui ne sait pas lire, mais qui est ministre de la guerre, S. M. les fit attendre plus de deux heures avant de les recevoir; et comme ils étoient très-pressés, ils frappèrent à la porte de la chambre à coucher du monarque, qui fumoit sa cigarre (son palais a soixante pieds carrés, et son antichambre est son salon à manger, qui est aussi son salon de compagnie, etc.); celui-ci leur fit dire, par un page, de faire antichambre encore une heure. Enfin ils finirent par lui expliquer et par lui persuader que les ministres ont bien le droit de faire faire antichambre au public, mais qu'un roi ne doit pas faire faire antichambre à ses ministres.

TOME VII.

19

PIÈCES RELATIVES

A LA PREMIÈRE ABDICATION

DE

NAPOLÉON BUONAPARTE (1).

No L

Lettre du vicomte Casteleragh au comte Bathurst, datée de Paris, le 13 avril 1814 (2).

MYLORD,

Arrivé ici dans la soirée du 10, j'ai appris avec plaisir que les évènemens grands et heureux arrivés depuis ma dernière dépêche de

(1) Nous avons donné, vol. IV, pag. 309, le traite conclu, le 11 avril 1814, entre les puissances alliées et Napoléon Buonaparte, en observant que nous le tirions des journaux anglois du 15 juin 1814. Comme nous nous sommes procuré depuis une copie de l'original, rédigé en françois, et que l'original présente quelques différences avec la traduction, nous croyons devoir le placer ici, en y ajoutant quelques autres pièces qui expliquent les évènemens du mois d'avril 1814.

(2) Traduite de l'anglois.

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