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n'eût été en but à quelques atteintes de la violence.

Ces faits furent accompagnés par un système d'injures et d'outrages. Un journal qui s'annonçoit comme l'organe du gouvernement, devint l'atelier où se fabriquoient les invectives les plus révoltantes contre toutes les têtes couronnées.

La Prusse ne pouvoit voir avec indifférence ces vexations; quoiqu'elles ne parussent pas en général dirigées contre elle, il y en avoit ce pendant plusieurs qui frappoient sur des objets essentiellement liés à ses intérêts les plus chers. Au surplus, Texpérience avoit suffisamment démontré la sagesse du principe qui, regardant tous les souverains de 1 Europe comme membres d'une seule famille, les appelle tous à leur défense réciproque, et ne peut voir l'agrandissement excessif de l'un pans craindre pour la sûreté de tous.

Mais il est surtout nécessaire de faire connoitre la conduite de la France dans ses rapports immédiats avec la Prusse,

Il seroit'superflu d'entrer dans le détail des obligations que Napoléon a envers la Prusse Après avoir maintenu sa neutralité, en dépit des promesses et des menaces par lesquelles on

avoit alternativement tenté de l'ébranler, la Prusse fut la première puissance qui reconnut ce Prince. Tout ce que le devoir d'un bon voisin peut commander, la Prusse l'avoit accompli pendant six années consécutives. Il y a plus, la Prusse avoit de l'estime pour une nation vaillante qui, à son tour, avoit appris, dans la paix et dans la guerre, ce que valoit la Prusse. Le Roi se plaisoit à rendre justice au génie du chef de la nation françoise. Il ne vouloit pas rompre des liaisons que la nature des choses, et une certaine communauté d'intérêts avoient formées. Le souvenir de ce temps n'existe plus pour Napoléon!

· La Prusse permit l'invasion de l'électorat d'Elanovre. C'est une faute qu'elle se reproche; aussi son premier mouvement avoit été de s'y opposer : elle eu fit la proposition à l'Angleterre sous des conditions que celle-ci déclina. Dès lors on devoit songer aux moyens de rendre - cette entreprise moins nuisible, en traçant à la France uue limite qu'il ne lui seroit pas permis d'outre-passer. Napoléon consentit formellement à reconnoltre la neutralité des états septentrionaux, à n'user de violence envers aucun de ces états, et surtout à ne pas augmenter le

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nombre des troupes cantonnées dans l'élec

torat.

A peine eut-il contracté cet engagement, qu'il le rompit. Tout le monde se rappelle l'enlèvement de sir Fr. Rumboldt (1). Tout le monde sait comment, sous le titre d'emprunts, on força les villes hanséatiques à des contributions, non pour le soutien de leurs propres intérêts, mais comme si la France se trouvoit envers elles en état de guerre. Quoique la satisfaction qu'on donna au Roi pour la première de ces offenses, fût insuffisante, il voulut bien s'en contenter; quant à la seconde, il put l'ignorer, parce que la terreur dont les villes maritimes étoient frappées, ne leur permettoit pas de faire entendre des plaintes. Le Roi ne se cachoit pas la grandeur des sacrifices qu'il faisoit à la paix; mais le maintien de cette paix étoit toujours le van le plus cher de son cœur.

La longanimité des autres cours fut plus tôt fatiguée que la sienne. La la sienne. La guerre éclata sur le' continent. Le devoir du Roi rendit sa position

(1) La fermeté que le roi de Prusse montra à cette occasion, força Napoléon, la première fois, à faire un pas en arrière, mais aussi fut-elle le germe de sa haino pour Frédéric Guillaume III. Note de l'éditeur.

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plus difficile que jamais. Pour empêcher la France de renforcer les troupes qu'elle avoit dans le pays d'Hanovre, il avoit promis de ne pas permettre qu'elles y fussent inquiétées ; mais la Russie et la Suède alloient les attaquer, Dès ce moment, tout le poids des liaisons entre la Prusse et la France retomba sur la première, sans qu'elle en tirat aucun avantage; et, par une singulière complication des circonstances, la Prusse, qui n'avoit voulu être qu'impartiale et neutre, parut sortir de ce rôle au détriment des puissances alliées. Le résultat de cette situation de la Prusse tourna entièrement au bénéfice de la France, et le Roi se vit journellement menacé de collisions aussi terribles pour lui que décisives pour le succès des plans de Napoléon,

Qui auroit cru que, pour faire à la Prusse l'offense la plus sensible, Napoléon choisiroit le moment où le Roi donnoit au gouvernement françois la plus forte preuve de sa fermeté, et un exemple rare d'une fidélité scrupuleuse à remplir ses engagemens ? Qui ne se rappelle pas la violation du territoire d'Anspach, qu'on ae permit le 3 octobre de l'année passée, malgré les protestations solennelles de la régence du pays et des ministres du Roi ?

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