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pénétrables conseils de la Providence ont établi pour vous condure dans les voies de la vérité et du salut, croyez à sa sincérité quand il ajoute : Nous désirons avec ardeur non seulement de vous communiquer l'Evangile; mais, par une suite de l'affection qui nous lie à vous, de vous donner jusqu'à notre vie (1).

Dans ces sentiments, dont avec l'assistance miséricordieuse qui les lui inspire, il ne veut jamais se départir, se laisserait-il intimider par des menaces personnelles? Il ne doit y voir que des promesses et des encouragements. Non, les maux qu'il regarde comme vraiment à craindre, ce sont ceux qui l'affligent déjà Timor quem timebam evenit mihi, et quod verebar accidit (2). C'est la ruine d'un si grand nombre d'âmes, c'est la désolation des églises; c'est le prodigieux accroissement de l'ivraie dans le champ du père de famille où le bon grain presque sans nourriture va, semble-t-il, être étouffé (3). Ouvriers évangéliques, redoublez de soins: travaillez sans vous rebuter jusqu'à la moisson, et qu'on n'ait point à vous reprocher ici votre assoupissement, votre indolence! Soutenez par de généreux efforts, ranimez la foi, la foi qui reçoit chaque jour des atteintes nouvelles, et qui craint moins cependant la violence obstinée de ses adversaires que la lâcheté de ses disciples et de ses enfants. Montrez donc à celui qui mettrait un fol orgueil à la combattre, qu'elle ne saurait être vaincue ; mais criez à ceux qui négligent ses enseignements, qu'il est aisé de la perdre.

Dites encore qu'il ne suffit pas de la conserver, mais que sans les œuvres elle est inutile, que sans les œuvres elle est morte (4) que sans les œuvres elle devient même le sujet et le titre d'une trop juste condamnation.

Instruisez les âmes qui vous sont commises à la rendre agissante par la charité (5) et à produire les fruits d'une vraie penitence (6), d'une pénitence humble et fervente, les fruits d'une exacte justice et de la bienveillance chrétienne, les fruits de la sincère piété et du zèle, mais spécialement des fruits et des fruits abondants de douceur et de paix, de patience, de résignation, de longanimité (7). N'est-ce pas à quoi nous nous sommes appliqués, nos très-chers frères, quand nous avons élevé la voix au milieu de vous? Notre ministère a été constamment un ministère de paix.

Loin de vous laisser vaincre par le mal, avonsnous dit aux plus affligés, efforcez-vous plutôt de vaincre le mal par le bien (8). Nous leur interdisions le moindre murmure; nous leur interdisions jusqu'aux plaintes, ou si nous leur en permettions, c'étaient ces plaintes douces et silencieuses qui s'adressent à Dieu seul, pour ne solliciter auprès de lui que sa miséricorde.

Sans nous écarter de nos principes, ni des dispositions que nous venons de manifester, nous allons donner des avertissements d'une extrême importance, et que rendent nécessaires les circonstances où nous nous trouvons.

On publie des lois qui, sous le nom de décrets sur la constitution civile du clergé, seraient le renversement des principes constitutifs de l'Eglise

(1) I. Thss. A. VIII.

(2) Job, III, 25.

(3) Matt., XIII. 21.

(4) Jac., II, 26.

(5) Gal, V, 6.

(6) Matt., III, 8.

(7) Gal., V.

(8) Rom., XII, 21.

et ne pourraient s'exécuter sans rendre la France schismatique, et lui faire perdre l'inestimable trésor de la foi. Emanées d'une autorité purement civile, elles statuent sur des objets réservés par Jésus-Christ à l'autorité spirituelle, dont l'exercice est indépendant de tout autre; et elles entreprennent même de changer ce qu'il a réglé par des décrets immuables. Elles raviraient au souverain pontife, chef visible de l'Eglise universelle, les plus beaux droits que lui ait assurés celui dont il est le vicaire ici-bas: elles ne laisseraient rien d'entier dans la hiérarchie, et au gouvernement épiscopal divinement établi, elles substitueraient un gouvernement presbytériens, qui encore resterait assujetti à la multitude des laïques : et vous verriez, nos très-chers frères, comme par un premier essai de ces étranges pouvoirs, le siège de Vienne avec soixante autres, c'est-à-dire presque la moitié des diocèses de France, soudainemement détruits; plusieurs érigés, créés, el, de même par la simple volonté des hommes; pour tout le reste de nouveaux partages et de nouvelles circonscriptions; et un semblable bouleversement à l'égard des provinces ecclésiastiques; le suffragant se trouvant soumis à un nouveau métropolitain, ou le devenant lui-même, tandis que le métropolitain est réduit au rang de suffragant; et l'anéantissement de tous les chapitres sans exception, quoique par une loi reconnue dans l'Eglise universelle ceux des cathédrales doivent, à chaque vacance de siège, être revêtus de la juridiction requise pour gouverner le diocèse. Tant d'autres destructions, tant d'autres innovations, en attendant celle qu'on annonce, et pour les paroisses spécialement, tant d'autres entreprises! Espérons tout, nos très-chers frères, des singulières miséricordes du Seigneur sur une nation à laquelle il fut si souvent propice. Espérons que dans un Etat, renommé jusqu'ici par son dévouement à la foi chrétienne et catholique, des lois qui deviendraient si désastreuses ne tarderont pas d'être révoquées. Et puissions-nous par nos vœux communs, par des vœux ardents et multipliés, puissions-nous par nos soupirs, le hâter, ce moment désirable! Mais, quoi qu'il en soit, que chacun se tienne invariablement attaché à des principes dont on pourrait s'écarter sans sortir de la voie du salut.

Le salut ne se trouve que dans l'unité de l'Eglise, et la fidélité, tant à croire et à professer ce qu'elle enseigne, qu'à respecter et à pratiquer ce qu'elle prescrit. Rien n'est donc plus important que de bien connaître son enseignement et ses préceptes; et puisque, dans son sein, tous ne sont pas indistinctement appelés à régler la croyance religieuse et universelle, ni à commander, il n'est pas moins nécessaire d'avoir sur son gouvernement de justes idées.

De ce gouvernement, Jésus-Christ lui-même en est l'auteur et il lui a plu d'en réduire l'économie entière à l'autorité épiscopale. C'est ce qu'exprimait saint Cyprien, quand il disait que l'Eglise est appuyée sur les évêques, et que tout ce qu'elle sait est réglé par eux (1). Ce saint docteur et ce martyr si illustre, savait bien que le fils de Dieu, envoyant ses apótres comme son père l'avait envoyé, ne s'adressait pas seulement à eux, mais en leur personne, à leurs successeurs, jusqu'à la dernière consommation du siècle (2), quand il les

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chargeait d'amener à la vérité, et de conduire dans les sentiers de la justice toutes les nations, et qu'il assurait en même temps ces hommes privilégiés, d'une assistance toute puissante et indéfectible. Aussi, cette éminente prérogative, devient-elle la base et le motif des obligations imposées à tous les héritiers du ministère apostolique, comme on le voit dans la célèbre recommandation de saint Paul, rapportée au livre des Actes: Prenez garde, et à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel l'Esprit-saint vous a établis évêques, pour gouverner l'église de Dieu, qu'il a acquise au prix de son sang (1). Oracle que le concile de Trente soutenu de la plus respectable tradition (2), et lui-même, irréfragable interprète des Ecritures, entend des premiers pasteurs, selon le sens naturel, et qui se présente d'abord. Et on doit observer avec soin, que c'est à gouverner l'Eglise, que les évêques sont ici appelés; que c'est pour la régir qu'ils sont préposés par le Saint-Esprit, lui-même. Leur pouvoir ne doit donc pas se borner à rendre des décisions authentiques, et à prononcer d'infaillibles jugements sur la foi et les mœurs. Non, ils seront également revêtus d'une suprême autorité soit pour régler les fonctions hiérarchiques, soil pour faire des lois de discipline, les maintenir, quelquefois les changer, plus souvent en accorder la dispense. Et dans ce vénérable concile de Jérusalem, qui servira de modèle à tous les autres, de siècle en siècle; quand les apôtres qui en formèrent les canons, disaient il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous (3), n'établissaientils pas une discipline, qui devait même être abrogée sous leurs successeurs?

Cependant, nos très-chers frères, pour que l'unité soit conservée, il faut distinguer, entre les successeurs des apôtres, le successeur du chef des apôtres, le successeur de Pierre, le vicaire de Jésus-Christ. Si les évêques sont les pasteurs des peuples, il est le pasteur et des peuples et des évêques. Son siège sera à jamais le centre de la communion catholique, en ce qui concerne, et la foi, et la règle des mœurs, et l'autorité de législation spirituelle, car dans ce siège éminent, nous voyons la chaire, tant célébrée par les pères, où, ils ont exalté, comme à l'envi, la principauté de la chaire apostolique, la principauté principale, la source de l'unité; et dans la place de Pierre, l'éminent degré de la chaire sacerdotale, l'Eglise mère qui tient entre sa main la conduite de toutes les autres églises; le chef de l'épiscopat, d'où part le rayon du gouvernement, la chaire unique en laquelle seule, tous gardent l'unité. C'est ce que disait solennellement, au nom de l'Eglise gallicane, une de ses plus éclatantes lumières, le grand évêque de Meaux (4), recueillant en ce peu de paroles la tradition de tous les siècles, comme de toutes les Eglises; et saint Avite, qui a si glorieusement occupé le siège de Vienne, est un des témoins qu'il invoque. Cette primauté du pontife romain, celte primauté universelle, non seulement d'honneur, mais d'une vraie juridiction sur tous les pasteurs, comme sur toutes les brebis, entrant essentiellement dans la divine constitution de l'Eglise (5),

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il est manifeste qu'aucune autorité sur la terre ne saurait en empêcher l'exercice; il est manifeste que de l'entreprendre, et d'intercepter la relation nécessaire entre les membres et le chef, ce serait vouloir rompre les liens de l'unité.

« Ainsi a été donnée à un seul, et sur tous, et <«< sans exception, une puissance qui, par là << même, emporte la plénitude, comme l'a remarqué encore l'illustre Bossuet; au lieu que celle qui est donnée à plusieurs, porte sa restriction « dans son partage (1). » Telle est la puissance des autres évêques; outre qu'elle est restreinte à l'égard de différents objets réservés à l'autorité du souverain pontife, nous confessons tous, et volontiers, n'avoir point à exercer cette juridiction épiscopale, hors des limites fixées à nos diocèses respectifs; chaque évêque, pour le dire avec saint Cyprien, chaque pasteur ne devant conduire qu'une portion déterminée du grand troupeau de Jésus-Christ, dont il sera tenu de lui rendre compte au dernier jour (2). Plus de pouvoirs au delà des bornes reconnues (3). Ce sont les expressions de saint Bernard. Les canons du dernier concile œcuménique sur ce point sont conformes à ceux du premier, et même, avant ce saint concile des trois cent dix-huit pères de Nicée, celui d'Arles, le plus ancien d'entre eux tenu dans les Gaules, dont les actes nous soient restés; et saint Vérus de Vienne les a souscrits: ce célèbre concile d'Arles avait déjà pourvu à ce qu'aucun évêque n'empiétât sur le territoire et n'usurpât les droits de son collègue. Jamais, disait saint Augustin, nous n'exercerons de fonctions dans un diocèse étranger, qu'elles ne nous soient demandées ou permises par l'évêque de ce diocèse, où nous nous trouvons (4). C'est comme on le voit, que toutes celles qui s'exerceraient contre l'ordre seraient illicites; mais celles qui exigent et supposent un pouvoir de juridiction, des sujets, un territoire, resteraient frappées de nullité. Et qu'on ne s'imagine pas que ce soit là, dans nos saints canons, une disposition arbitraire en quelque sorte, et de convenance. Lorsque le concile de Trente (5), déclarait si expressément, que le pouvoir de remettre les péchés, donné avec l'imposition des mains, à tous ceux qui sont promus au sacerdoce, ne leur suffit pas pour exercer le ministère de la réconciliation (6); lorsqu'il exigeait l'approbation épiscopale pour ceux qui doivent aider ou suppléer le pasteur ordinaire d'une paroisse, comme celui-ci a eu besoin luimême de la mission et de l'institution canonique, ce n'était pas une discipline nouvelle qu'il voulait introduire, puisque décrétant cette nécessité d'approbation au sujet même des réserves il assure que dans l'Eglise catholique, on a toujours regardé comme absolument nulle l'absolution qu'un prêtre entreprendrait d'accorder aux pénitents, sur lesquels il n'aurait de juridiction ni ordinaire ni déléguée, et il déclare que cela est fondé sur la nature même des choses, un juge ne pouvant prononcer de sentence sur ceux qui ne dépendraient pas de son tribunal (7).

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Conséquemment aux différents principes qui viennent d'être établis ou rappelés, nous manquerions d'une manière essentielle et à nos principales obligations envers Dieu, et aux sacrés engagements qu'il nous a fait contracter à votre égard, nos très-chers frères, et à ce que nous nous devons à nous-mêmes, si dans la présente conjecture nous autorisions, par notre silence ou autrement, ce qu'on nomme la nouvelle organisation du clergé. Comme il était notoire que le plan en avait été soumis à l'examen du souverain pontife, et même qu'une congrégation était chargée de procéder à cette discussion, notre respect pour le chef de l'Eglise nous eût sans doute imposé la loi d'attendre sa réponse : mais la publication des décrets et l'usage qu'on en a fait déjà ne nous permettent plus de délais.

En renouvelant donc avec sincérité notre profession d'une obéissance entière et constante au gouvernement civil pour tout ce qui est de sa compétence, nous devons réclamer contre les graves atteintes données à l'autorité spirituelle, et surtout en ce qui concerne plus directement notre siège archiepiscopal. S'il pouvait être supprimé, du moins serait-ce par un décret que rendrait dans les formes la puissance ecclésiastique; c'est par la même puissance que doivent être réglées les fonctions hiérarchiques dans les diocèses de France, comme dans tout le reste de l'Eglise.

Ainsi, pour acquitter notre conscience, le saint nom de Dieu invoqué, et après en avoir conféré avec notre vénérable presbytère, nous protestons solennellement contre la prétendue suppression de l'archevêché de Vienne: protestation qui servira en tant que de besoin pour tous les autres bénéfices qu'on dit également éteints dans le diocèse, et qui ne le peuvent être de la sorte; mais très spécialement pour le chapitre cathédral, métropolitain et primatial, lequel tient d'une façon plus essentielle et plus nécessaire à notre siège, et qui, vacance arrivant, se trouverait investi de la juridiction spirituelle pour le gouvernement du diocèse. Hors les cas d'une démission librement donnée et acceptée, ou d'une destitution par jugement canonique, cette vacance ne peut avoir lieu qu'à notre mort; et si nous étions trouvés dignes de la souffrir pour les saintes vérités que nous défendons aujourd'hui, scellées de la sorte, elles devraient en acquérir aux yeux de notre cher peuple un nouveau degré et un nouveau caractère d'authenticité.

Nous protestons en même temps, et par les mêmes raisons, contre le partage qu'on aurait prétendu faire de notre diocèse en différentes portions, pour les joindre et attribuer à quelques diocèses limitrophes ; déclarant nul et même schismatique tout acte de juridiction, soit ordinaire, soit déléguée, entrepris sur notre territoire, en vertu de ces dispositions civiles et politiques, sans que l'autorité compétente soit ntervenue.

Et vu que les magistrats qui croiraient devoir presser cette exécution des décrets contre laquelle nous réclamons ici sont pour la plupart nos diocésains, et que nous avons charge de leurs âmes; en nous adressant à Dieu en leur faveur, nous les conjurons eux-mêmes de ne pas sacrifier des intérêts éternels à quelques prétentions temporelles, mais de se bien souvenir qu'eux et nous ne tarderons guère d'être cités au même tribunal, pour y être jugés, et sans appel, sur nos devoirs respectifs.

Du reste, nous persistons dans les sentiments

d'une soumission sans réserve aux décisions, et de la plus respectueuse déférence aux règlements, même provisoires, qui pourraient émaner du Saint-Siège apostolique.

Désormais, nous adressant à ceux qui partagent avec nous dans une subordination requise le ministère sacré, et dont la sublime dignité liée essentiellement à la nôtre, serait dégradée ou plutôt anéantie, si on la mettait ainsi dans la dépendance de l'autorité temporelle; nous les engagerons à rappeler ces vérités élémentaires, et à les développer même, selon l'utilité et le le besoin, au peuple fidèle dont ils sont chargés. Faites-lui donc bien entendre, nos chers coopérateurs, ces points capitaux de la doctrine sainte.

Qu'il ne faut pas traiter légèrement les choses de la religion, ni ce qui concerne l'Eglise et son autorité; puisque ceux qui l'abandonnent ou qu'elle rejette ne sont plus dans le chemin qui conduit à Dieu.

Qu'à la puissance spirituelle appartient exclusivement l'administration des choses spirituelles; et que la gloire de la puissance civile, c'est de protéger l'Eglise, non de la gouverner.

Que l'objet de cette administration ainsi réservée à la puissance spirituelle, ce n'est pas seulement de statuer sur la croyance, et de conférer les sacrements; mais encore de régler la discipline ecclésiastique, d'en former les canons et de les sanctionner, de la changer, d'en introduire une nouvelle quand elle le juge expédient, ou de faire revivre celle qui aurait été précédemment abrogée.

Que cette puissance spirituelle si libre et si indépendante dans son exercice a été confiée par Jésus-Christ aux Apôtres et aux successeurs des Apôtres.

Qu'on ne peut, sans s'écarter de la foi, méconnaître dans l'Eglise catholique une hiérarchie divinement instituée, d'où résulte sa beauté comme sa force, et qui est composée des Evêques, des prétres et des ministres inférieurs.

Que la prérogative du pontife romain n'est pas seulement honorifique; mais que la primauté de sa juridiction daus l'Eglise universelle est également un signe de foi; que cette juridiction éminente est elle-même d'institution divine; et que nulle autorité temporelle n'a le droit d'en empêcher les fonctions; et aussi de quelques autres chefs analogues à ceux-ci.

Il ne sera pas fort difficile de mettre ces grands principes à la portée des personnes mêmes que leur état rend peu susceptibles d'acquérir des connaissances étendues. Les plus simples d'entre les fidèles n'ont-ils pas appris dans les premiers éléments de la doctrine chréttenne (2) « qu'on ne « peut-être sauvé que dans l'Eglise; que l'Eglise "hors laquelle il n'y a point de salut est l'assem«blée des fidèles gouvernés par notre Saint« Père le pape et par les évêques que ces pre"miers pasteurs ont reçu de Jésus-Christ le pou"voir d'enseigner et de commander, et qu'il leur « a promis d'être avec eux tous les jours et de « les assister jusqu'à la fin des siècles : Qu'ainsi <«<le devoir des fidèles envers l'Eglise, c'est de « croire ce qu'elle enseigne, et de pratiquer ce qu'elle ordonne qu'elle est une, qu'elle est « catholique ou universelle, apostolique et ro"maine qu'on l'appelle apostolique, parce que <«<le pape et les évêques qui la gouvernent out

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(1) Conc. Trid., sess. 23, De ord., can. 6 (2) Catéchisme du diocèse de Vienne.

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Ils savent bien la nécessité de la foi, et « que « c'est un don de Dieu par lequel nous croyons « fermement, et sur son autorité, tout ce que "croit et enseigne son Eglise. » Et dans chaque église particulière, dans chaque paroisse ils ont les moyens de connaître avec certitude la croyance, l'enseignement de l'Eglise universelle, et qu'ils sont dans son unité, qu'ils sont ses enfants; parce que le pasteur qui les instruits, qui leur administre les sacrements, qui offre pour eux le sacrifice, n'exerce au milieu d'eux son divin ministère qu'après avoir été canoniquement institué par l'évêque diocésain, et en correspondant avec lui comme l'évêque de son côté correspond avec le souverain pontife, lui demeure subordonné, et parlant à son troupeau, ne se qualifie d'évêque par la grâce de Dieu, qu'en ajoutant, par la grâce ou par l'autorité du Saint-Siège apostolique.

Ainsi peuvent-ils encore aisément savoir que, dans les paroisses plus considérables, les ministres associés aux travaux du pasteur ordinaire, ont eu besoin d'une mission de ce même évêque diocésain et qu'ils ont obtenu de lui des pouvoirs. Rien de plus avoué des fidèles que l'insuffisance d'une mission humaine pour exercer de si hautes fonctions: et il en est peu sans doute qui ne méconnaissent le pasteur dans celui qu'ils sauraient s'être ingéré sans autre titre dans l'administration d'un diocèse ou d'une paroisse : on ne verrait en lui qu'un étranger qui n'est point entré par Jésus-Christ, un mercenaire à qui les brebis n'appartiennent pas (1), un intrus enfin, un schismatique.

A l'égard du plus grand nombre, il suffira donc de leur rappeler ces vérités élémentaires. Et nousmêmes nous y revenons volontiers avec vous tous, nos chers frères et nos chers enfants : ce qui peut vous être utile ne doit pas nous coûter. Eadem vobis scribere mihi quidem non pigrum, vobis autem necessarium (2). Ce sont là, et dans leur simplicité, de ces dogmes fondamentaux que nous out transmis les apôtres, qu'enseigneront et feront enseigner jusqu'à la fin leurs successeurs, et qui sont annoncés dans toutes les langues par tout l'univers et c'était aussi touchant de tels principes que Saint-Paul, après avoir relevé avec une généreuse confiance son autorité parmi les Galates, leur disait Non, il n'y a point d'autre Evangile; c'est plutôt que certains gens vous troublent et veulent renverser l'Evangile de JésusChrist. Mais, fût-ce nous, fut-ce un ange du ciel, anathème à quiconque vous annoncerait un autre évangile que celui qui vous a été annoncé par nous; la science précieuse que la science du catéchisme, nos très chers frères! que chacun de nous s'applique à y croître et à y s'affermir.

Après avoir extrait sommairement quelques articles de celui du diocèse sur la matière de l'Eglise, qu'il nous soit permis de rappeler avec une égale simplicité les pratiques recommandées en ces mêmes endroits. C'est de remercier la

(1) Joannes, X.

(2) Philipp., III, 1. 3) Gal., 1.,

« miséricorde infinie d'un Dieu qui nous a fait "naître dans le sein et vivre dans l'unité de cette « sainte Eglise catholique, apostolique et ro« maine: d'observer ses ordonnances et de crainadre ses censures, de respecter ses pasteurs et « de leur obéir, de prier pour eux et spécialement « pour chacun de ceux d'entre eux qui ont charge « de nos âmes; de prier aussi pour la multipli«cation et la sanctification de ses membres; oui, « pour la sanctification des fidèles et pour l'heu« reuse conversion de ceux qui ne le sont pas. » Ainsi prierons-nous de concert, et comme l'adorable Maître Jésus-Christ nous a appris à prier; nous adressant avec une humble et douce confiance à notre Père céleste (1), et lui demandant d'abord que son nom soit sanctifié, qu'il soit glorifié et par nous et par toutes les créatures. Dans le même sentiment nous lui demanderons l'avènement de son règne et l'accomplissement de sa volonté; de sa volonté, non de la nôtre, qui est injuste et déréglée dès qu'elle n'est pas conforme à la sienne. Pour les besoins du corps, nous nous bornerons au simple nécessaire, le pain de chaque jour. Mais ce que nous demanderons selon toute l'étendue de la charité et de nos besoins, de nos misères : c'est qu'il daigne nous pardonner, comme nous voulons pardonner nous-mêmes à tous ceux de qui nous aurions reçu quelque offense, de nous préserver des tentations, ou de nous les faire vaincre, enfin de nous délivrer du mal. Le seul vrai mal, c'est de l'offenser et de s'exposer à le perdre et le vrai bien, que nous devons tous rechercher, le vrai bien que nous devons sans cesse demander les uns pour les autres, nos très-chers frères, le seul vrai bien, c'est de le connaître, l'aimer et le servir constamment dans cette vie, afin de l'aimer, le voir et le posséder à jamais dans la vie à venir. La grâce et la fidélité à la grâce, pour arriver à la gloire. Ainsi soit-il. Par la foi et la patience, la paix dans le temps. Mais le repos..... mais la paix..... Ah! le repos de l'éternité! la paix de l'éternité! les jouissances de l'éternité! Ainsi soit-il! Ainsi soit-il!

Et sera notre présent avertissement lu et publié dans notre diocèse partout où il conviendra. Donné à Vienne le onze novembre mil sept cent quatre-vingt-dix.

+CHARLES FRANÇOIS, archevêque de Vienne; Par mandement : RECOURDON.

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triompher est tout monv ceu. Eh! quel autre vœu pourrait former un vieillard septuagénaire, courbé sous le fardeau d'un long épiscopat, accablé d'infirmités, et prêt à descendre au tombeau ? Que doit-il faire autre chose que de ramasser ses forces défaillantes, et consacrer ses derniers soupirs à Dieu, à l'Eglise, à l'édification de ses frères?

Ma première lettre n'était destinée, Messieurs, qu'à vous prier d'attendre que j'eusse consulté Dieu, la règle de la foi, et mes supérieurs dans l'ordre hierarchique, avant de vous manifester ma résolution positive. La cause dont il s'agit, ses rapports nécessaires avec la religion et les principes de la discipline ecclésiastique, tout m'imposait cette obligation. J'ai dû le faire, je l'ai fait autant que la brièveté du temps me l'a rendu possible.

J'ai consulté Dieu dans ce moment encore les vrais amis de la religion et de la patrie sont prosternés aux pieds de Jésus-Christ, chef suprême de l'Eglise, de qui ils attendent les grâces dont j'ai besoin pour que ma conduite soit en tout digne de servir de modèle au clergé de mon diocèse, et d'exemple aux fidèles dont JésusChrist m'a confié le gouvernement spirituel.

J'ai consulté la règle de la foi Dieu l'a placée, Messieurs, dans l'autorité de l'Eglise, fondée sur les oracles de la divine écriture et de la tradition. Je l'ai consultée dans les sources les plus pures, dans ses interprètes irréfragables, les décisions des conciles généraux, l'unanimité des Saints-Pères, et surtout des pères de l'Eglise gallicane; dans ses docteurs immortels: les Bossuet et les Fénelon; dans les ordonnances mêmes du royaume, et dans les plus célèbres canonistes.

J'ai consulté nos supérieurs la raison seule me le prescrivait, l'importance de la cause l'exigeait; l'Eglise, à qui je suis responsable de ma conduite, m'en faisait un devoir. Premier pasteur de mon diocèse, mais pasteur subordonné dans l'église de Dieu, j'aurais manqué à ma conscience et au serment de mon sacre, si j'avais pris sur moi le jugement et une détermination absolue dans une affaire qui intéresse visiblement les principes de la puissance spirituelle, les fondements de la juridiction et de la hiérarchie sacerdotale, et les bases essentielles de la constitution divine du clergé.

L'esprit de l'Eglise m'imposait un autre devoir dont la pratique ne pouvait qu'être cher à mon cœur celui de recueillir, dans la circonstauce où je suis placé, les voeux de mon vénérable presbytère; et j'y ai trouvé de nouvelles sources de lumières comme de consolation.

Le temps qui s'est écoulé depuis votre lettre, est bien court. Il l'est trop sans doute, pour que je puisse satisfaire aussi dignement que je le désirerais, à la gravité et à la multiplicité des objets sur lesquels je dois manifester mon jugement et ma résolution. Mais, Messieurs, déjà j'ai sujet de croire que l'on me fait un crime d'un délai de quelques jours. Différer plus longtemps, pourrait être interprété comme le signe de l'indécision. Je m'empresse donc de vous adresser la réponse précise que vous attendez de moi.

Si j'ai bien saisi, Messieurs, les conclusions de l'acte de délibération et de votre lettre en date du 8 octobre présent mois, elles se réduisent à ces deux articles principaux :

Vous me demandez si mon intention est de continuer l'exercice de nos fonctions épiscopales?

Secondement, et dans le cas où ma réponse au premier article sera affirmative, vous m'invitez à

désigner le jour auquel je prêterai le serment, prescrit par les décrets de l'Assemblée Nationale. Sur quoi, le saint nom de Dieu invoqué, et après avoir consulté ses lumières.

Je déclare, pour répondre à la première question, que grâce à Dieu, il n'y a rien dans ma conduite extérieure qui puisse avoir donné sujet de douter de l'intention où je suis de vivre et mourir inséparable du troupeau dont Jésus-Christ m'a confié le soin.

Que telle est mon intention absolue, et que j'y persévérerai tant que Dieu ne m'aura pas fait connaître sa volonté, pour que je résilie, entre les mains de mes supérieurs hiérarchiques, le contrat spirituel qui m'attache à mon diocèse.

Et dans le cas où, abusant de la Constitution elle-même, on prétendrait qu'un siège épiscopal ou tout autre titre ecclésiastique, peut étendre son territoire ou devenir vacant par l'effet d'un simple décret politique, je déclare que l'institution ecclésiastique est la source unique de toute mission et de toute autorité spirituelle ; qu'elle ne peut être donnée ni ôtée que par le supérieur hiérarchique qui en a le droit; qu'en conséquence mon siège et ceux des évêques, tant de ma province que de toute la catholicité, ne peuvent être déclarés vacants que par la mort du titulaire, sa démission librement donnée et acceptée, ou par un jugement canonique.

Qu'un évêque se rendrait coupable du crime d'intrusion, et que tous les actes de la puissance spirituelle qu'il exercerait seraient, hors le cas d'absolue nécessité, frappés de nullité radicale, s'il venait à étendre sa juridiction sur un diocèse ou partie de tout autre diocèse, qui excéderait les limites du territoire qui lui est assigné par son institution canonique.

Que les principes sur lesquels est appuyée ma présente déclaration tiennent essentiellement à la foi catholique; qu'ils doivent être la règle de tous les titulaires de bénéfices, de ceux spécialement auxquels est attachée quelque portion de la juridiction spirituelle; qu'enfin la doctrine contraire serait une doctrine hérétique et schismatique, laquelle on ne pourrait embrasser sans cesser d'être enfant de l'Eglise catholique, apostolique et romaine.

Pour réponse à la seconde demande, considérant que notre sainte religion impose à tous ses ministres l'obligation d'être soumis aux puissances temporelles, en tout ce qui est de leur compétence, et qui ne serait pas contraire à la loi de Dieu;

Que l'amour de la patrie fait partie du grand précepte de la charité, dont la pratique nous est recommandée par Jésus-Christ, comme le caractère propre de son Evangile ;

Que, dans tous les temps, l'Eglise a fait à ses ministres un devoir non moins indispensable de l'exemple de la soumission et de l'obéissance à la Constitution, aux lois et avec souverains des divers Empires où elle a été établie :

Pénétré de ces vérités, et comme évêque et comme citoyen, je déclare être disposé, toutes les fois que j'en serai requis, à prêter serment de fidélité au roi, à la loi, à la nation, et à me soumettre à toute Constitution politique décrétée par l'Assemblée nationale, et acceptée par la nation

et le roi.

La sincérité, qui doit être l'âme des pensées comme des actions d'un évêque, m'impose la loi d'ajouter à ma déclaration, que tout serment civique étant, par sa nature même, restreint aux articles qui sont du ressort de la puissance tem

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