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la finesse, l'égalité, les font préférer pour la fabrique

des gazes.

Gênes est obligé de tirer ses vivres des contrées voisines. Son golfe est même très-peu fourni de poisson; par quelle cause? on l'ignore, et on n'a pas cherché à en faire la recherche.

La Ligurie offre plusieurs ports et mouillages: SanRemo, d'Albenga, Vadi, Savone, patrie de Christophe Colomb, tous rivière du Ponent; Portofino, Sestri, ports; le golfe de la Spézia dont la rade est immense, renferme plusieurs ports, et à l'extrémité orientale de l'Empire français, retrace la baie et rade de Brest; enfin l'embouchure de la Macra à l'Est, tous rivière du Levant.

Génes la superbe s'élève au fond de ce vaste amphithéâtre maritime, et présente, en s'arrondissant, un autre amphithéâtre plus étroit, mais riant; ses palais, son port, son phare, son pont aérien qui joint deux montagnes, ses aqueducs, ses hôpitaux construits en marbre et jaspe, tout est beau, tout est grand.

A l'égard de la population, du commerce et des revenus de cette fameuse cité, on n'en a que des aperçus, qui ne donnent à la ville de Gênes que 80,000 à 100,000

ames.

Quant à toute la Ligurie, elle étoit peuplée, en 1798, de 590 inille individus, dont la majeure partie consistoit en pêcheurs et marins ; et en 1802, de 600,000, au moyen du traité de Lunéville, qui a donné aux Liguriens le district assez considérable, nommé les fiefs impériaux, et de ce que la France céda Serravalle et Carosio.

Avant la guerre, il y avoit à Gênes des manufactures et des fabriques intéressantes, telles que de velours unis de soie, etc,; 110 moulins à papiers, qu'on débitait princi

palement dans l'Amérique espagnole. A Savone, il y avoit une fabrique d'armes renommée. Enfin, la source principale de l'ancienne richesse de la ville de Gênes provenoit des affaires de change de la célèbre banque de St.-Georges.

Les Gênois ont cherché d'attirer chez eux le commerce de commission et la navigation du cabotage et du fret, et à établir des chantiers de construction.

On évalue les revenus de la république ligurienne à 15 millions de lire de Gênes) environ 22 millions 500 mille francs) provenant principalement des douanes et des impositions foncières, dont le montant est déterminé par la constitution de 1802 à 9 millions de lire.

Les Gênois ont peu cultivé les sciences. L'immense collection du muséum français offre à peine deux ou trois productions des peintres gênois. On ne peut parler de l'école gênoise qn'en la comparant à l'école espagnole et napolitaine, à raison du petit nombre d'artistes que Gênes a vu naître.

Les Milanais accusent les Gênois d'inhospitalité et d'avarice; les Toscans les traitent de barbares à cause de leur dialecte qui diffère du véritable italien, et les Piémontais et les Vénitiens, ne les ménagent pas davantage.

Ces critiques, ces jalousies politiques, ces satires, cette haine, sont sans fondement, et il faut, en mettant les préjugés à part, s'arrêter uniquement au courage, à l'industrie, à la patience, à la probité commerciale, à la tolérance religieuse, à l'habileté en commerce et en navigation des Gênois qui, en dernier analyse, peuvent faire de précieux sujets pour l'Empire français, auquel la Ligurie est maintenant réunie.

V. La NOTICE PRÉCÉDENTE.

NOTICE sur l'Etat de Lucques. L'Etat de Lucques est situé sur les bords de la Méditerranée, qui, dans ces parages, porte le nom de Mare Tuscum, ou Thyrrenum. Du côté de la terre, il confine à la Toscane et au duché de Modène. Sa longueur est d'environ 40 milles d'Italie, sa largeur de 15 milles ; la population est de 120 milles ames, dont 40 mille dans Lucques, sa capitale, et le reste partagé en 150 villages, dont l'Etat se compose. Il y a 30 mille hommes en état de porter les armes. Les églises sont très-belles à Lucques. La cathédrale est un bâtiment gothique, où l'on révère avec une dévotion particulière, un crucifix de bois qu'on appelle le Volto santo, aux pieds duquel on met des pantoufles de velours cramoisi les jours ouvrables, et des pantoufles de drap d'or tous les dimanches. Il s'y fait un commerce considérable de soie. C'est la patrie de Castruccio-Gastracani et de Martino Poli. Elle est proche la Serchio, qu'on passe sur deux beaux ponts, au milieu d'une plaine environnée de côteaux agréables. Elle a 3 milles de circonférence, et des fortifications régulières. Ses rues sont larges, bien bâties et bien pavées. Le palais est un vaste édifice dans lequel il y a un arsenal, où l'on garde de quoi armer plus de 20 mille hommes.

Le pays est extrêmement fertile. Les montagnes sont couvertes de vignes, d'oliviers, de châtaigners, de mûriers; l'huile et la soie y réussissent à merveille, les vallées sont riches en culture, et les côtes offrent de belles prairies qui nourrissent beaucoup de bestiaux. Les lacs de Sesto et de Massaciucoli, et la rivière de Serchio abondent en excellens poissons.

La ville de Lucques étoit une des principales cités de l'antique Etrurie ; elle fut colonie romaine. Il y a environ

2000 ans que Pompée, César et Crassus y déchirèrent l'univers romain, et le partagèrent entr'eux. Sous les Goths et les Lombards, elle éprouva les mêmes vicissitudes que le reste de la Toscane. Après la mort de la comtesse Mathilde, en 1115, Lucques prit la forme républicaine, sans toutefois se soustraire à l'obéissance des Empereurs. En 1316, elle fut soumise à Castruccio-Gastracani. En 1328, l'Empereur Louis de Bavière l'enleva aux fils de Castruccio. En 1369, les Lucquois rachetèrent leur liberté pour 100 mille florins d'or. En 1400, Paul Guinisi se fit souverain de Lucques, et régna jusqu'en 1430. Ce fut alors que les Lucquois établirent la forme de gouvernement aristocratique qui a subsisté jusqu'en 1801, époque où les mouvemens de la révolution française se communiquèrent jusqu'à eux, et changèrent leur ancienne constitution.

La république de Lucques avoit pour titre la sérénissime République; ses armes sont deux bandes entre lesquelles le mot libertas est écrit en caractères d'or sur un fond d'azur. Ses revenus sont évalués de 15 à 18 cent mille fr. Cette république tenoit sur pied 500 hommes de troupes réglées, et environ 70 suisses qui servoient de gardes au Gonfalonnier et aux neuf Conseillers qu'on appeloit Anziani ou Anciens.

Une loi somptuaire et barbare interdisoit la parure aux femmes de la ville de Lucques, et les astreignoit à porter le deuil toute l'année. Dans le carnaval seulement elles pouvoient porter des robes de couleur: alors elles en changeoient deux fois par jour.

Et par une autre loi, la justice étoit exclusivement confiée aux étrangers.

NOTICE sur Parme et Plaisance. Parme fut fondée par les Gaulois; elle devint colonie romaine 184 ans avant

l'ère

l'ère chrétienne. La ville est située sur la voie flaminiène et la rivière de Parme, qui la traverse. Elle est riche, belle et bien peuplée. La cathédrale est magnifique. Le palais est bien bâti. La construction de son théâtre est singulière ; il est très-grand, et est disposé de manière que d'un bout on peut entendre le son le plus bas de l'autre et qu'il n'y a ni écho, ni rien qui puisse causer une confusion. L'air y est pur. C'est la patrie de Joseph Pompée Sacco, et de Jean Lanfranc. Il se donna une sanglante bataille auprès de cette ville, le 29 juin 1734.

Plaisance est une ville belle et bien peuplée, avec citadelle. Il s'y trouve beaucoup d'édifices magnifiques. Elle a été prise plusieurs fois dans les différentes guerres d'Italie. Il se donna auprès une bataille, le 16 juin 1746. C'est la patrie de Raphaël Fulgose et du Pape Grégoire X; elle est située dans un pays charmant et bien cultivé, sur le Pô.

Après la destruction de l'Empire d'Occident, Parme et Plaisance passèrent sous la domination des Lombards ; mais en 590, l'Empereur grec rentra en possession de ces deux villes.

Charlemagne, ayant conquis la Lombardie, s'empara aussi de Parme et de Plaisance, et il les comprit dans son testament parmi les villes qui devoient former le royaume d'Italie.

Lorsque l'Empire passa aux Allemands, Parme et Plaisance, profitant de l'éloignement de leurs Souverains, commencèrent à se donner des lois et à se former en république. Dès ce moment, ces villes ne cessèrent de se faire la guerre entr'elles, ou avec les villes de Crémone, de Bresse, de Novarre, d'Alexandrie, de Reggio et de Modène, qui s'étoient constituées en républiques. Lorsque ces

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