Page images
PDF
EPUB

Palerme aux acclamations générales. Les Siciliens, sous le commandement de Roger Doria, le plus grand marin de son temps, s'emparèrent d'une partie des villes de la Calabre, et battirent en plusieurs rencontres les escadres françaises. Charles, rongé de chagrin et désespéré de ne pouvoir reconquérir la Sicile, mourut en 1285. On assure ́même qu'il termina sa vie par un suicide.

[ocr errors]

Le royaume des Deux-Siciles resta divisé ; la maison d'Arragon se maintint en possession de l'île. Alphonse d'Arragon s'empara de Naples; Charles VIII déposséda Ferdinand II, un des successeurs d'Alphonse d'Arragon. Ferdinand remonta sur le trône, et en fut chassé par Louis XII, dépouillé à son tour par Gonzalve de Cardoue, qui assura le trône à Ferdinand-le-Catholique, roi d'Espagne. Il passa à la maison d'Autriche, 'par Jeanne-la-Folle, femme de Philippe d'Autriche. Il revint à la maison de France, après la mort du roi d'Espagne, Charles II. En 1700, Philippe V fut obligé de céder Naples à la Maison d'Autriche; mais Dom-Carlos, fils de Philippe, s'empara du pays, et fut couronné Roi. Etant parvenu au trône d'Espagne, son fils Ferdinand, marié à Marie - CarolineLouise, archiduchesse d'Autriche, lui succéda au trône des Deux-Siciles ; il régna sous le nom de Ferdinand IV, et ne perdit sa couronne que parce que, poussé par la Reine son épouse, ennemie jurée des Français, il manqua à sa parole, au traité de neutralité qu'il avoit fait avec l'Empereur des Français, roi d'Italie, en laissant entrer dans ses Etats, aussitôt que l'Empereur en eut fait retirer les troupes françaises, des troupes russes et anglaises. C'est maintenant le Prince Napoléon-Joseph, frère de l'Empereur des Français, qui règne dans ce pays.

Les Siciles.

Les Deux-Siciles occupent toute la partie orientale de l'Italie, divisées en royaume de Naples et en royaume de Sicile. Le premier est borné vers N. O. par l'Etat de l'Église, et de tous les autres côtés par la Méditerranée et la mer Adriatique. Sa surface est de 1260 milles carrés. Il comprend 144 villes. Sa population est de 6,197,280 ames, dont 45,523 prêtres et 45,579 moines et religieuses, non compris les armées de terre et de mer. Celle de terre donne en temps de paix 29,000 hommes. La marine est composée de 10 vaisseaux de ligne et de huit frégates. Il y a 12 provinces appelées Giustizierati. Les deux tiers et même les quatre cinquièmes des biens fonds sont entre les mains du clergé. Le sol est fertile en vin, huile, riz, lin, blé, légumes et fruits délicieux. Les chevaux napolitains sont beaux et bons. La laine des moutons est fine et d'excellente qualité. La soie y est abondante. Il s'y trouve quantité de métaux, de marbre, de soufre, d'alun, de pouzolane, de manne de réglisse, de coton, qui forment des branches de commerce, même jusqu'à ses laves. La mer y est des plus poissonneuse, et on peut faire du sel sur tous ses bords. Ce pays est sujet à des tremblemens de terre fréquens, occasionnés par les Apennins, montagnes qui coupent son étendue de l'O. au S. O., et sont le principe de sa fertilité, en même temps qu'elles rendent ces tremblemens trèscommuns dans la partie maritime, où se trouvent les ruines d'un grand nombre de villes, autrefois célèbres et dont le nom s'est à peine conservé. La Calabre fut ainsi bouleversée en 1783. Le coup d'œil de Naples est frappant. Cette ville est bâtie au fond d'un bassin profond de denx lieues et demie sur une largeur presque égale. Elle s'élève en

[ocr errors]

amphithéâtre; et a le Vésuve et les collines d'Aversa, de Capoue et de Caserte au nord; l'île de Caprée au sud; la Pausilipe, St.-Elme et Antiguano à l'ouest ; le cap de Mésène à l'est. Entre ces caps et l'île de Caprée on voit la vaste étendue des mers. Le reste du bassin est orné de belles maisons du Pausilipe, des palais de Portici, de la vue d'Herculanum, de Pompéïa, des monts de Virgina et de Tifata. Naples est au milieu, et embrasse la mer par sa vaste étendue on y compte 340,000 habitans. Selon les Napolitains on ne peut rien admirer de si beau.

Le second royaume (la Sicile) a une figure triangulaire qui lui a fait donner le nom de Trinacrie; c'est la plus grande île de la Méditerranée entre l'Afrique et l'Italie, dont elle n'est séparée que par le phare ou détroit de Messine. Elle contient environ 576 milles géographiques carrés, ou 66 lieues de long, depuis le Faro jusqu'au cap Boeo, et 45 de large, depuis Punta di MeJezzo jusqu'au cap Passaro. Elle est divisée en trois provinces ou vallées : di Demona, où on a élevé le phare Capo di Faro; di Noto, et di Mazara. On y compte un million 200,000 habitans environ, selon les uns, et à peu près deux millions, selon d'autres, parmi lesquels 40,000 prêtres ou moines.

[ocr errors]

Palerme sa capitale, renferme 100,000 habitans. Messine lui dispute ce rang de capitale.

Cette île dont l'air est pur et sain, fut célèbre par ses rois, ses richesses et son luxe : on y cultiva avec succès les sciences et les arts. Elle devint l'objet des expéditions de Carthage, d'Athènes et de Rome. Sa fertilité, les délices de ses campagnes, les spectacles de ses troupeaux, l'abondance et la salubrité de ses pâturages, furent chantés par Théocrite; ses temples et ses théâtres étoient l'ad

[ocr errors]

miration du monde qui eut le plus de goût, et le goût le plus exquis.

Maintenant elle est inculte dans plusieurs parties, et presque déserte et misérable; elle n'offre plus que les tristes débris de sa grandeur passée; néanmoins ces débris la rendent encore un objet respectable. Son sol n'est pas changé, et l'esprit des habitans est aujourd'hui comme autrefois, actif et pénétrant.

Il est reconnu toutefois que Naples ne peut subsister sans la Sicile; c'est la Sicile qui lui fournit ses grains et ses fruits.

L'île est très-fertile, malgré un assemblage de rochers suspendus les uns sur les autres. On l'appeloit autrefois le grenier de Rome, le grenier du Peuple romain. Ses campagnes cultivées sont couvertes de si hautes et de si épaisses moissons, que l'œil accoutumé à les voir est tenté de prendre les campagnes des autres pays pour des champs arides ou appauvris; mais faute de bras, il n'y a qu'une petite partie de la Sicile de cultivée, et si cette île est encore aujourd'hui le grenier de Naples, c'est parce que le grain y produit 100 pour un, et qu'elle ne renferme plus comme du temps des Romains, cinq millions d'habi

tans.

Le vin de Messine a été mis en vogue à Rome par César, et depuis ce temps-là, ce vin a conservé sa réputation, sous le nom de vin du Phare.

La canne de sucre est indigène sur les côtes méridionales de la Sicile, et s'y cultive avec succès, aux environs surtout du mont Etna; mais on y manque de raffineries, et on n'y connoît pas l'art de raffiner.

Il se recueille dans cette île beaucoup de fruits exquis; figues, oranges, pistaches, etc.; de l'huile, du safran, du

sel, du miel. La pêche y est abondante en sardines, dorades, coraux, etc., et aujourd'hui, comme du temps. d'Aristote, les thons aiment à vivre dans les eaux tempérées de la iner, qui accroît encore la richesse de cette île fortunée.

La soie s'y cultive depuis les croisades, depuis 1130, que le Prince Roger y introduisit sa culture.

La vallée d'Enna pourroit encore offrir à Proserpine des fleurs délicieuses. Les troupeaux qui errent dans quelques pâturages mériteroient les éloges de Pindare et de Théocrite. Les abeilles du mont Hybla sucent toujours le thym fleuri qui parfume leur excellent miel. On retrouve dans ses bois le palmier qui produit des dates, et cet arbuste dont on va chercher à grands frais la graine dans l'Yémen (l'Arabie heureuse). Il est sûr au moins que la culture du sucre et du café réussiroit très-bien en Sicile, et pourroit rendre le royaume de Naples indépendant des denrées coloniales. Ses montagnes recèlent des marbres précieux, de l'albâtre et des agates. Il y a des mines de toute espèce.

Un Sicilien prétend que la Sicile peut exporter annuellement pour plus de 25 millions de denrées : blé, 9 millions; soie, 4; fruit, un million 800,000 fr. ; huile d'olive, 2 millions; vins, 900,000 francs.

Le pays de Sicile étoit appelé par les anciens la GrandeGrèce. La seule cité de Syracuse contenoit autant d'habitans que l'île entière de Sicile en renferme aujourd'hui. Syracuse joua un très-grand rôle dans les beaux siècles de la Grèce. De république elle devint royaume, et eut une force navale qui fut imposante, et balança celle de Carthage.

Après bien des révolutions, ce pays passa à l'Infant

« PreviousContinue »