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Le Banquet

du Grand-Hôtel

C'est dans la salle des fêtes du GrandHôtel qu'a eu lieu le banquet offert par le Groupe parlementaire de l'Arbitrage international en l'honneur des députés du Parlement anglais.

Des trophées de drapeaux français et anglais ornaient la salle du banquet.

La table d'honneur, sur laquelle resplendissaient les surtouls en argent, était jonchée de roses et de nœuds de rubans aux couleurs françaises et anglaises des surtouts émergeaient des gerbes d'œillets, de roses, de violettes et de chrysanthèmes.

Le menu, véritable œuvre d'art, est illustré d'une composition d'Eugène Carrière. Au-dessous, ces mots de Michelet « Au vingtième siècle, la France déclarera la paix au monde. »

Une page du milieu reproduit en gravure le tableau commémoratif de la Conférence de la Haye; au premier plan figurent les délégués français à la Conférence : MM. Léon Bourgeois, Bihourd et d'Estournelles de Constant.

Dès sept heures, M. d'Estournelles et les membres du bureau du groupe reçoivent les invités.

A huit heures, tous les convives sont arrivés, et, tandis que la musique joue le God save the King, le cortège se forme.

La table d'honneur comprend quarante-sept places.

M. d'Estournelles de Constant a à sa droite sir William Houldsworth et M. Fallières, président du Sénat, et à sa gauche lord Brassey et M. Combes, président du Conseil des Ministres.

Sont également assis à la table d'honneur: Lord Avebury, Comte de Galloway, MM. Berthelot et Frédéric Passy, présidents d'honneur du groupe de l'Arbitrage; Comte de Roskyn, sir William Holland, le major Jameson; tous les ministres, sauf le ministre des affaires étrangères: MM. Vallé, ministre de la justice; Rouvier, ministre des finances; le général André, ministre de la guerre; Pelletan, ministre de la marine; Maruéjouls, ministre des travaux publics; Doumergue, ministre des colonies; Chaumié, ministre de l'Instruction publique; Trouillot, ministre du commerce; Bérard, sous-secrétaire d'Etat des postes et télégraphes; Charles Dupuy, Peytral, Lockroy, Henri Brisson, Magnin, Barbey, Millerand, Jean Dupuy, Baudin, Guieysse, Siegfried, de Lanessan, Cochery, Caillaux, Monis, Delombre, Barthou, anciens anciens ministres ; Paul Deschanel, ancien président de la

Chambre des Députés; Jaurès, viceprésident de la Chambre des Députés ; Poirrier, Denys Cochin; Deville, président du Conseil municipal de Paris; Caron, président du Conseil général de la Seine; de Selves, préfet de la Seine, etc.

Huit tables sont perpendiculaires à la table d'honneur. Y prennent place les représentants anglais et plus de 250 membres du Parlement français, parmi lesquels on remarque MM. Henry Maret, Lintilhac, Dubief, de Pressensé, Ferrero, Aynard, Surcouf, Berger, Mill, Rabier, Lozé, Berteaux, Béraud, Lauraine, Raiberti, Fould, Vigouroux, GéraultRichard, Rouanet, Chautemps, Sembat,

etc...

Remarqué aussi Mme Séverine, MM. Jules Claretie, administrateur de la Comédie Française, Yves Guyot, Ch. Richet, Lucien Le Foyer, le peintre Eugène Carrière, les directeurs des grandes compagnies de chemins de fer,

etc...

Dès le début du banquet de nombreuses dames anglaises viennent prendre place dans les balcons de l'étage supérieur et sur les deux escaliers tournants, ajoutant, par leur présence, un charme exquis à cette fête.

Il est dix heures passées quand M. d'Estournelles prend la parole.

DISCOURS DE M. D'ESTOURNELLES

M.d'Estournelles de Constant, président du Groupe parlementaire de l'Arbitrage, donne lecture de nombreuses lettres de sympathie et de regrets adressées au Groupe de l'arbitrage, notamment des membres du gouvernement anglais et des principaux chefs du parti libéral, en ce moment retenus en Angleterre par les devoirs de leur situation :

De M. Barclay, retenu aux EtatsUnis, mais entièrement de cœur avec l'assemblée franco-anglaise ;

Da premier ministre anglais, M. Arthur Balfour, lequel jusqu'au dernier moment avait espéré pouvoir assister au banquet.

Voici le télégramme de M. A. Balfour:

J'ai attendu jusqu'au dernier moment pour vous répondre dans l'espoir que les circonstances me permettraient de venir. Je suis véritablement peiné de constater que des engagements officiels et publics m'empêchent définitivement d'accepter votre hospitalière invitation.

Cela aurait été pour moi une profonde joie de venir rendre aux membres du Parlement français leur visite et je vous prie de leur exprimer le grand désappointement que j'éprouve d'être obligé de renoncer à ce projet. (Applaudissements).

Signé BALFOUR.

M. d'Estournelles adresse ensuite en anglais aux membres du Parlement anglais quelques paroles de bienvenue. Il les remercie d'avoir été si nombreux (malgré tant de devoirs qui retiennent chez eux en cette saison les hommes politiques de tous les pays) à traverser le détroit pour venir en France. A notre grand regret, dit-il, nous ne disposons pas au Parlement de salle comparable à celle où vous nous avez reçus au palais de Westminster, mais c'est un motif de plus pour que nous tenions à vous accueillir d'autant mieux. Nombreux sont les membres du Parlement français qui, sans distinction de partis, ont voulu s'associer à cette manifestation de sympathie, et que j'ai le devoir de vous présenter et de remercier. (Applaudissements).

Continuant alors en français :

C'est d'abord M. le président du Conseil et les membres du gouvernement. M. Combes n'a pas attendu cette soirée pour affirmer son attachement au principe de l'arbitrage; il est des nôtres; il s'est implicitement inscrit à notre groupe quand il a prononcé, l'été dernier, en l'honneur de la conciliation internationale, le discours dont nous l'avons chaleureusement félicité et dont nous le remercions d'autant plus que ce discours vient d'être confirmé par un acte le traité du 14 octobre entre la France et l'Angleterre. (Vifs applaudissements).

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