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qui du moins a eu pour nos invitations l'égard de déclarer qu'il ne se regardoit pas comme constitué légalement, et cela au moment même où la noblesse nous dictoit ses décrets souverains; c'est au clergé, qui, soit intérêt bien entendu, soit politique déliée, montre le désir de rester fidèle au caractère de médiateur; c'est au clergé, trop habile pour s'exposer au premier coup de tempête; c'est au clergé, qui aura toujours une grande part à la confiance des peuples, et auquel il nous importera long-tems encore de la conserver; c'est au clergé qu'il faut nous adresser, non pour arbitrer ce différent, une nation, juge d'elle et de tous ses membres, ne peut avoir ni procès ni arbitres avec eux, mais pour interposer la puissance de la doctrine chrétienne, des fonctions sacrées des ministres de la religion, des officiers de morale et d'instruction; qu'elle consacre à faire revenir, s'il est possible, la noblesse à des principes plus équitables, à des sentimens plus fraternels, un systême moins périlleux, avant que les députés des communes, obligés de remplir enfin leur devoir et les voeux de leurs

commettans, ne puissent se dispenser de déclarer à leur tour les principes éternels de la justice, et les droits imprescriptibles de la nation.

>> Cette marche a plusieurs avantages; elle nous laisse le tems de délibérer mûrement sur la conduite à tenir avec la noblesse, et sur la suite des démarches qu'exigent ses hostilités; elle offre un prétexte naturel et favorable à l'inaction qui est de prudence, mais non pas de devoir ; elle fournit à la partie des députés du cle gé, qui fait des vœux pour la cause populaire, l'occasion dont ils ont paru très - ayides, de se réunir avec nous; elle donne enfin des forces à la trop peu nombreuse partie de la noblesse, que sa généreuse conduite nous permet de regarder comme les auxiliaires des bons pincipes. Vous conservez donc ainsi tous vos. avantages, et vous ne vous compromettez en aucun sens, ce qui ne peut pas se dire dans tous les systèmes; car on aura beau se récrier sur ce qu'on appelle des disputes de mots, tant que les hommes n'auront que des mots pour exprimer leur pensée, il faudra peser ces mots.

33 Eh de bonne foi, est-ce bien à ceux

qui courbent la tête devant les pointille ries des publicistes; est-ce bien à ceux qui nous rappellent sans cesse à de vieux textes, à de vieux titres, à de belles phrases, à des autorités de discours et d'insinuations ; est-ce bien à ceux qui nous ont journellement fait dire ce que nous ne voulions pas dire, répondre ce que nous ne pouvions pas répondre, à nous reprocher de peser sur les mots ?

» Nous n'avons pas cessé de convenir que nous n'éious pas constitués: devons-nous nous permettre toutes les formules qui ont toutes les apparences d'un acte de jurisdiction? Avons-nous eu tort de prétendre que la puissance doit précéder l'action? Si cela étoit vrai hier, cela ne l'estil pas aujourd'hui ? Si cela l'est encore pouvons-nous, plus que les jours passés, faire des déclarations secrètes, commencer des regitres, donner des pouvoirs? Tout peut se défendre, MESSIEURS, excepté l'in-' conséquence.

>> Envoyez au clergé, MESSIEURS, et n'envoyez point à la noblesse, car la noblesse ordonne, et le clergé négocie. Autorisez qui vous voudrez à conférer avec les commissaires du clergé, pourvu que vos en

voyés ne puissent pas proposer la plus légère composition, parce que, sur le point fondamental de la vérification des pouvoirs dans l'assemblée nationale, vous ne pouvez vous départir de rien; et quant à la noblesse, tolérez que les adjoints confèrent avec elle comme individus, mais no leur donnez aucune mission, parce qu'elle seroit sans but et ne serbit pas sans danger.

»En effet, ne nous dissimulons pas que dans notre sein même on s'efforce de former un parti pour diviser les états - généraux en trois chambres, pour les faire délibérer et opiner par ordre, unique ambition des privilégiés en cet instant, et qui est l'objet d'un véritable fanatisme. Toute déviation du principe, toute apparence de composition encouragera le parti, et entraînera ceux d'entre-nous qu'on est parvenu à ébranler. Déja l'on a répandu, déja l'on professe qu'il vaut mieux opiner par ordre que de s'exposer à une scission (ce qui revient à dire : Séparons-nous de peur de nous séparer); scission que le ministro désire, que le roi veut, que le royaume craint. Sile ministre est foible, soutenez-le contre lui-même, prêtez-lfi de

vos forces. Un aussi bon roi que le notre ne veut pas ce qu'il n'a pas le droit de vouloir. Le royaume craindroit, s'il pou voit vous croire vacillans. Qu'il vous sache fermes et unis, vous serez investis de toute sa sécurité. On vous flatte enfin ( et c'est le plus adroit des pièges que depuis ving-quatre heures seulement on n'a pas craint de dresser même à découvert), on nous flatte que les ordres privilégiés vont sacrifier leurs exemptions: et quel intérêt, dit-on alors, d'opiner plutôt par tête que par ordre? Quel intérêt ! Je comprendrois ce langage, s'il étoit adressé à ceux qui s'appellent les deux premiers ordres; car, comme ils n'ont pas un seul privilège au delà des exemptions pécuniaires, comme hors de ce cercle tous nos intérêts sont évidemment communs > je ne leur vois pas une seule raison de s'opposer à la délibération par tête, s'ils sont de bonne foi; et voilà, pour le dire en passant, pourquoi je ne crois encore que foiblement à la sincérité de leurs sacrifices. Mais nous, qui, malgré leur fierté dédaigneuse, avons de grandes raisons de douter qu'ils aient le privilège exclusif de

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