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Finstruction et des lumières; nous qui ne regardons point l'assemblée nationale comme un bureau de subdélégués, nous qui croyons que travailler à la constitution est le premier de nos devoirs et la plus sainte de nos missions; nous qui savons qu'il est physiquement impossible de s'assurer d'avoir obtenu le vou national autrement que par la votation par tête, la renonciation la plus complète et la moins ambiguë aux exemptions pécuniaires, ne nous désintéressera nullement du seul mode de délibérer et d'opiner, auquel nos pouvoirs nous autorisent et nos consciences nous contraignent.

»Ne compromettons pas ce principe sacré, MESSIEURS, n'encourageons pas > les intriguans, n'exposons pas les foibles, n'égarons pas, n'alarmons pas l'opinion publique, marchons avec une circonspection prévoyante, mais marchons.

» Lanoblesse a rompu par le fait l'ajournement du roi ; nous devons en aviser M. le garde des sceaux, pour constater que le provisoire est fini, et annoncer ainsi, par, la voie la plus modérée et la plus respecqueuse, mais la plus régulière et la plus

directe, que les communes vont s'occuper des moyens d'exercer leurs droits et de conserver les principes.

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Envoyons ensuite au clergé des hommes munis de notre confiance, et autorisés à inviter, à entendre, mais non à proposer." Laissons la noblesse continuer paisiblement sa marche usurpatrice autant qu'orgueilleuse; plus elle aura fait de chemin, plus elle se sera donné de torts; plus les communes, qui n'en veulent point avoir, qui n'en auront jamais, seront encouragées aux principes, sûres de leurs forces, et par cela même de leur modération; plus la concorde, l'ensemble, l'harmonie s'établi ront parmi nous; plus l'esprit public se formera, et de lui seul se composeront notre irrésistible puissance, nos glorieux et durables succès >>.

L'assemblée prit l'arrêté suivant :

« L'assemblée des communes a arrêté de nommer plusieurs inembres pour conférer avec ceux qui ont été ou qui seront choisis par MM. du clergé et de la noblesse, seuls moyens proposés pour réu mir tous les députés, afin de vérifier les pouvoirs en commun; a arrêté en outre

qu'il sera fait une relation écrite des con

férences >>.

Du 25 au 29 mai 1789 (1).

Un député avoit fait une motion relative au costume dans lequel les membres devoient se présenter. Mirabeau demanda que préalablement à tout, il fut fait provisoirement un règlement de police que l'assemblée sanctionnereit. « A Dieu ne plaise, dit il, que je blesse aucun amour propre, ni même que je m'afflige de nos débats, un peu bruyans, qui, jusqu'à présent, ont mieux montré notre zèle et notre ferme volonté d'être libres, que ne l'eût fait la tranquillité la plus passive. Mais la liberté suppose la discipline; et puisque tous les momens peuvent nécessiter des démarches dont on ne sauroit prévoir toutes les suites ni s'exagérer l'importance, il faut, pour l'acquit de tous nos devoirs, et même pour notre sûreté individuelle, prendre un mode de débattre et de voter, qui donne

(1) 22 mai. M. Chomorceau remplace M. le Roux En qualité de doyen,

Incontestablement le résultat de l'opinion

de tous >>.

Get avis ayant passé à la majorité, l'assemblée des communes arrêta qu'il seroit nommé des commissaires pour la rédaction d'un règlement de police.

Plusieurs membres des communes avoient voté pour inviter le clergé à se réunir dans la salle nationale. Mirabeau prononça à ce sujet le discours (1) suivant:

« MESSIEURS,

» Je ne vois rien que de sage et de mesuré dans la motion qui vous est soumise, et je conviens que l'on peut, sans inconvénient, se donner encore le mérite de cet inutile essai; mais je crois qu'il ne suffit pas, et je vous demande la permission d'examiner s'il ne seroit pas besoin d'y joindre une autre démarche plus efficace, et qui ait un but plus déterminé.

» Il est clair, d'après le compte rendu que vos trés-dignes commissaires ont mis sous vos yeux, que la proposition qu'on leur a faite est entièrement inacceptable, et ne peut conduire à aucune espèce de

(1) 27 mai.

dénouement

t

dénouement raisonnable; elle choque tous les principes, elle excède nos pouvoirs.

» La vérification par commissaires choque les principes. Il est, il sera à jamais. impossible de suppléer, dans cette vérification, à la sanction des états-généraux réunis, sur-tout aussi long-tems que l'assemblée nationale sera composée de ce qu'on appelle trois ordres. Il ne l'est pas moins que des contentions qui intéressent les ordres. respectifs, ne seroient pas débattues par les trois ordres, en présence les uns des. autres. Il l'est encore davantage, qu'un ordre particulier devienne le juge des questions qui intéressent les deux autres; chaque ordre n'est que partie. Les étatsgénéraux réunis sont seuls juges; et indépendamment de ce que l'intégrité, la. pureté, la légalité de l'assemblée natio nale est le premier devoir le premier intérêt, et l'objet de la continuelle surveillance de tous les membres qui la composent, admettre une vérification des pouvoirs séparée ou partielle, c'est vouloir être agité d'un éternel conflit de juridiction, c'est susciter une foule de procès intermina nables.

Tome T

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D.

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