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ver cette rigidité, et de répondre cepen dant à l'attente du ministère? Si ce moyen existe, le patriotisme, la saine politique, et, s'il faut parler clairement, les ména gemens infinis avec lesquels ncus devons user de la confiance de nos commettans, ne nous font-ils pas la loi de nous servir de ce moyen?

» Avant de vous le proposer, qu'il me soit permis, MESSIEURS, d'exprimer une réflexion que m'arrache le sentiment de la grandeur de nos devoirs.

» Elle ne peut plus exister dans l'ordre nouveau qui va régir l'empire, cette prompte obéissance que notre sensibilité savoit transformer en témoignage d'amour pour

la

du personne monarque que nous représentoient ses ministres. Aucun d'eux n'e doit désormais rien attendre que des volontés libres de la nation, et un examen

réfléchi peut seul leur imprimer ce caractère. En nous tenant en garde contre les résolutions précipitées, nous éloignerons de l'esprit des ministres toute tentative qui ne s'adresseroit pas uniquement à notre raison, et dès-lors rien n'en viendra troubler le libre exercice.

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Surpris hier par une demande à las quelle nous n'étions pas préparés, je hazar dai mon opinion plus que je ne la donnai; et me représentant la pluralité des ins tructions de nos commettans, et les circonstances où se trouve l'assemblée, il me parut que les premières nous empêchoient d'accorder l'emprunt sous les formes ordinaires et que les secondes nous interdissoient l'essai d'un crédit que nous ne devons jamais compromettre.

» Je proposai donc d'avoir recours à nos commettans, en leur indiquant une forme qui ne compromet point les motifs géné reux qu'ils ont de n'accorder les se cours pécuniaires qu'après avoir irrévoca blement fixé les bases de la constitution.

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» On a craint trop de lenteur dans cette manière de pourvoir à des besoins trèsurgens. Cependant je crois impossible d'échapper à ce dilemme.

» Qu nous avons la certitude morale que nos commettans nous autoriseroient à faire les emprunts que ces besoins exigent, et alors la résolution de demander cette autorisation suffit déja au ministre des finances, pour trouver dans ses propres res

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sources les moyens d'attendre cette auto

risation.

» Ou nous devons la regarder comme très-douteuse, et alors nous prononçons nous-mêmes l'impossibilité d'accorder l'autorisation qui nous est demandée.

» Dira-t-on qu'en supposant possible le refus de l'autorisation, si nous la demandions, nous n'avons pas à craindre le désavœu du consentement que nous donnerons pour la nation à l'emprunt sans la consulter, parce qu'au défaut des égards auxquels nous avons droit de prétendre, les circonstances impérieuses que nos com mettans n'ont pas pu prévoir, justifieroient assez notre conduite, et d'autant mieux qu'un emprunt de trente millions est trop peu considérable pour diminuer la force des choses qui rend à la nation sa liberté, ou pour aggraver le poids de sa dette?

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>> J'admettrai cette réponse, MESSIEURS. Eh bien qu'en resulte-il? que nous n'osons pas nous fier à la certitude de l'autorisation que la rigueur de notre devoir nous oblige à demander à nos commet tans en tout état de cause, et que nous nous prévalons, pour autoriser l'emprunt, d'un

consentement que par décence la nation ne pourra pas refuser, une fois que nous l'aurons donné.

» Mais puisque, nous présentons ce résultat de notre position, ne vaudroit-il pas mieux respecter scrupuleusement la sage politique de nos commettans, et faire servir dans cette circonstance notre propre responsabilité, comme médiatrice entre l'inflexibilité avec laquelle la nation doit se maintenir dans la position qu'elle a prise relativement à l'impôt, et à la nécessité de pourvoir à des besoins qu'il seroit trop dangereux de négliger?

» Songez, MESSIEURS, à l'état actuel des esprits. Une défiance excessive et sourde à tous les raisonnemens, est toujours prête à dicter les résolutions les plus étranges : faut-il nous exposer à lui donner contre nous l'ombre d'un prétexte ? Ceux qui nous ont menacés de Paris, nous demandant compte d'avoir refusé l'emprunt, croient ils que les provinces aient renoncé au droit de nous dire : Pourquoi l'avez-vous. accordé ? Pour moi, je frémis de ce danger en ne pensant pas qu'il puisse jamais nous convenir de résister à une défiance même

Enjuste; je crois que nous devons nous rée soudre à tous les sacrifices personnels qui seront en notre pouvoir, plutôt que de nous écarter de la lettre de nos mandats sur l'objet des subsides,

»Je n'hésite donc pas à vous proposer que l'emprunt de trente millions, actuellement nécessaire au gouvernement, soit fait sur l'engagement des membres de cette assemblée, chacun pour la somme dont ses facultés permettront de se rendre responsable envers les prêteurs; somme dont nous ferons incessamment la souscription entre les mains de notre président, pour être remise à Sa MAJESTÉ, et servir de caution à l'emprunt de trente millions dont ses ministres demandent l'autorisation, à l'assemblée à

» J'ai déja indiqué un puissant motif pour nous déterminer à cette résolution patriotique. Elle nous laisse toute la confiance de nos commettans, puisque nous restons fidèles aux intentions consignées dans leurs mandats sur les secours pécu niaires, et que nous ne les obligeons point à s'en rapporter à nous sur le jugement des circonstances qui rendent cet emprunt

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