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de ses billets; si, jouissant du privilège des banqueroutiers, qui ont déposé leur bilan pour se préserver des poursuites, la caisse ne cesse pas ses affaires, comme on y oblige tous les faillis jusqu'à ce qu'ils soient autorisés par leurs créanciers à les reprendre; si meme elle continue à par tager des profits entre ses actionnaires à qui, dans quel temps, dans quel cas seryira donc cette caution?

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- Il est vrai que la perte supportée par la caisse, si elle eut vendu sa créance, seroit tombée sur les actionnaires ; mais depuis douze ans ils n'ont eu que des profits; ils ont recueilli des dividendes considérables, des dividendes, très-supérieurs à ceux des autres banqués, parce qu'aucune n'a eu la scandaleuse prétention de rejeter sur le public, par le moyen des arrêts de surséance, les sacrifices auxquels la vicissitude des évènemens soumet toutes les banques. La caisse d'escompte seroit-elle donc Ja seule qui eût le privilège exclusif de are consentir jamais à aucune perte?

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Peut-être ses administrateurs vous sou tiendront-ils, tant la légèreté et l'inattention du public sur les choses les plus graves

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enhardissent aux équivoques, peut-être vous diront-ils qu'ils ne font pas banque route, qu'ils payent leurs billets'; c'est du ́' moins ce que répètent à l'envi ceux qui profitent de ce désordre. Mais que diroiton d'un banquier qui ne prétendroit payer ses engagemens que suivant son bon plaisir, sans égard à ses échéances, et par de légersa-comptes distribués successivement? Echapperoit-il à la qualification de ban: ! queroutier (1)? Ne souleveroit-il pas l'indignation publique ? N'invoqueroit-il pas contre lui le secours des loix? Et que seroit-ce, s'il ajoutoit au mépris de la bonne foi, la prétention de donner à l'assemblée nationale des leçons sur le crédit ? Sans

(1) Que fait-on lorsqu'un débiteur est insolvable? On partage ce qui lui reste à ses créanciers, en, suivant la proportion de leurs créances. La caisse d'escompte divise son argent effectif; mais le donnet-elle à chaque porteur de billets, dans la proportion du nombre qu'il peut en représenter? Non; celui qui en a cent, a besoin d'attendre au moins cent jours de suite dans la rue, ou de multiplier ses agens, ce qu'il ne peut faire qu'en nuisant à quelqué autrs: et les administrateurs de la caisse d'escompte.. . . appellent leur conduite, une conduite équitable!

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doute les leçons des administrateurs de la caisse d'escompte peuvent nous dévoiler des secrets bien importans, car nous avons vu jusqu'à ces derniers jours les actions de cette caisse se soutenir au dessus du capital qu'elles représentent, tandis que les effets publics, devenus nationaux par nos déclarations, sont restés au dessous de leur valeur; comme si la nation qui paye, valoit moins que la caisse d'escompte qui ne paye pas !....

» Que ne devons-nous pas attendre de leur habileté, quand on voit la caisse, réfractaire à ses engagemens, forçant le crédit au lieu de l'obtenir, songer néanmoins à se faire, auprès du gouvernement, le mérite de lui prêter une somme considérable, sans l'aveu des créanciers de la caisse, et en rejetant sur le public le risque de ce prêt, vraiment audacieux pour quiconque tient encore à quelque décence?

» Ce problême d'un genre nouveau, la caisse d'escompte l'a résolu. C'est comme provenant des deniers des actionnaires, que le gouvernement a accepté le prêt, mais ceux-ci ont chargé le public, en faisant une loterie des quittances qui doivent

"opérer le remboursement de la somme prétée et des intérêts. La caisse a facilité le débit de la loterie, en avançant aux joueurs le capital, ou à peu près, de leur mise. Cette avance leur a été faite en billets de caisse, rendus inexigibles par l'arrêt de surséance. Ainsi les joueurs sont les vrais prêteurs; les porteurs de billets de caisse, mis sur la place par cette opération, courent seuls le risque de la solvabilité du roi; et les actionnaires, qui n'ont avancé que du papier douteux, et qui n'ont pas livré leurs livré leurs propres deniers, sont, au moyen du prix qu'ils ont retiré des billets de loterie, entrés en partage des intérêts que le roi leur alloue, et qu'ils se sont fait payer d'avance:

» Il ne restoit plus qu'à ennoblir cette savante manoeuvre; l'assemblée des aetionnaires l'a qualifiée, dans ses registres, de zèle pour la chose publique!..... de reconnoissance des soins paternels de sa majesté pour le bonheur de ses peuples!......... (1).

(1) Voyez l'extrait des registres des délibérations des actionnaires de la caisse d'escompte, du 8 janvier 1789, publié avec l'arrêt du 17 janvier 1789, qui homologue ces délibérations.

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MESSIEURS, il ne faut pas s'étonner qu'après de tels coups d'essais, on vous offre des renseignemens sur le crédit; il n'y a là qu'une impropriété d'expression. C'est de l'art de rendre fécond le discrédit même, que ces Messieurs veulent nous instruire; car le crédit n'est pas une science, c'est le résultat simple de la régularité et de la bonne foi.

>> Qu'ils nous donnent donc ces renseignemens : les détails secrets ne seront pas moins étonnans que les faits publics. Nous apprendrons, par exemple (car cela tient sans doute à la science du crédit), comment, tandis qu'elle est depuis un an sans payer ses billets, la caisse d'escompte achète néanmoins des terrains spacieux, met les architectes au concours, et se dispose à bâtir des palais

» Mais c'est assez vous entretenir des égaremens de cette caisse. Il est encore plus important de les faire cesser, que de les décrire. Hâtons-nous, ou de demander la révocation de l'arrêt de surséance, afin que la caisse d'escompte remplisse ses engagemens selon les conditions de son établissement, ou d'ordonner que sa liquida

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