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tion soit incessamment faite, et qu'en attendant elle cesse toute émission de billets puisque, ne pouvant pas les payer à présentation, elle ne fait, en les répandant,' qu'augmenter les embarras et accroître les inquiétudes.

» Si, comme on n'en doit pas douter elle reprend ses payemens, elle se contraindra elle-même à de sages mesures. Le discrédit cessera de s'aggraver par elle; la confiance renaîtra du moins dans l'esprit de ceux qui jugeront sainement de notre situation, qui verront la sûreté de l'empire dans la généralité du vou national; car un très-grand crédit s'attache aux constitutions libres, aux loix que désire la masse entière d'un peuple. Eh! quand des loix, et non des caprices, gouvernent une puissante nation; quand, depuis le monarque jusqu'au plus pauvre des sujets, chacun. connoît ses droits et ses devoirs; quand, remplissant les uns, on est assuré de jouir des autres, qui peut craindre de confier sa fortune à d'aussi grandes sûretés?

» Mais, MESSIEURS, lors même que la caisse d'escompte se verroit contrainte à liquider son établissement, tout nous presse

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également de la ramener à l'ordre. On ne peut l'en dispenser par aucune raison légitime; et si les administrateurs veulent être sincères, ils conviendront que c'est contre le sentiment, contre les sollicitations des hommes éclairés, versés dans les affaires, expérimentés dans l'exploitation des banques publiques, que la caisse d'escompte s'est mise au-dessus de ses engagemens. Ils conviendront qu'en tout état de cause, le parti le plus sage étoit de se résoudre aux sacrifices nécessaires pour ne pas interrompre le payement des billets, et d'assortir leurs opérations subséquentes à la nature des circonstances publiques.

» Ils prétendent se justifier en insinuant que plusieurs maisons de banque seroient dans l'impossibilité de remplir leurs engagemens, si la caisse leur refusoit le secours de ses billets, quoiqu'elle ne les paye pas, et qu'il en résulteroit une suite de fâcheux contre-coups. Vain subterfuge! C'est ainsi que la corruption s'établit; car, en admettant de pareilles objections, on ne tient plus à aucun principe. Ceux qui font reposer leurs entreprises sur le fréle appui d'un établissement affranchi des règles de la

confiance, méritent tous les malheurs aux quels ils s'exposent. La caisse d'escompte doit savoir éviter les débiteurs dangereux; on doit savoir l'éviter elle-même, aussi-tôt que sa marche ne peut plus garantir sa fidélité le contraire n'est qu'une extravagance à laquelle on ajoute encore, en voulant le gouvernement la favorise.

que

Qu'on nous réponde sans ambiguité aux questions suivantes.

» 1°. Des secours prêtés sans cesse, non seulement à qui n'a pas de quoi les rendre, mais à qui ne possède pas beaucoup au delà de la somme prêtée, ne sont-ils pas toujours dangereux pour la caisse? Et s'il est nécessaire, pour favoriser ces sortes de secours, de laisser subsister l'arrêt de surséance, ne faudra-t-il pas qu'il subsiste toujours? Y a-t-il un moment connu où l'on puisse cesser de craindre le risque attaché à ces sortes de secours, dès qu'une fois les banques les accordent?

>> 2°. Les secours prêtés à ceux qui possèdent beaucoup au delà de la quotité du prêt, ne peuvent-ils pas être retirés sans autre inconvénient que celui de les forcer à réduire leurs opérations, à renoncer à

des profits, ou à supporter quelques pertes? Doit-on immoler à la crainte de ces inconvéniens, des principes conservateurs de la propriété, du crédit public? Et si ce motif étoit bon, ne pourroit on pas l'alléguer sans cesse? Ne faudroit-il pas que la surséance

durat toujours?

>>3°. Connoit-on bien tous les effets d'un arrêt de surséance, accordé à une banque dont les billets sont devenus d'un usage général? A-t-on calculé si, pour pour favoriser quelques individus, la surséance ne nuit pas à un beaucoup plus grand nombre?

» 4°. D'ailleurs, n'est-ce pas secourir la place, que de retirer des billets qu'on a rendus douteux en les multipliant, au point de ne pouvoir les payer à présentation? Et la caisse ne peut-elle pas les remplacer par une valeur réelle, en négociant sa créance de soixante-dix millions? Ne peut-elle pas aller plus loin encore, en retirant, au moyen d'un emprunt hypothéqué sur le fond de ses actions; une plus grande quantité de ses billets? Ne peut-elle pas aussi éteindre beaucoup de billets par un appel sur

ses actionnaires?

» 5o. Maintenant qu'il est question da

consolider la dette publique, de s'occuper des moyens de la payer, est-il nécessaire que les opérations de l'agiotage conservent leur activité? que l'on continue à faire des marchés sur les évènemens de chaque jour? Et si les secours de la caisse, que l'on ‹raint tant de diminuer, ne servent, en dernière. analyse, qu'à entretenir l'activité de l'agiotage; continuer ces secours par des arrêts de surséance, n'est-ce pas accroître des désordres auxquels il importe de mettre fin?

» 6o. Peut-on appeler secours un papier dont le discrédit doit s'augmenter à chaque instant par la difficulté de le réaliser? Y a-t-il un autre moyen de rendre la caisse constamment secourable, que de maintenir son crédit?

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7. N'est-ce pas faire perdre à la place de Paris, au royaume entier, un vrai șecours, un secours considérable, que de suspendre la correspondance des lettres de change entre la capitale, le royaume, et les pays étrangers? Et cette correspondance, déja altérée depuis long-tems par les désordres de l'agiotage, peut-elle se ranimer par des arrêts de surséance? Ne la détruiront-ils pas au contraire entièrement?

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