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en diffère, elle présente de grands avantages. Tant que nous sommes ici des indi-vidus qui exposons notre sentiment, mon devoir m'impose de défendre le mien, et il n'appartient qu'à la décision de l'assemblée de me soumettre.

>> Plus je considère les différentes motions entre lesquelles vous avez à vous déterminer, plus je me pénètre de cette incontestable vérité; c'est qu'elles c'est qu'elles se rappro-chent, c'est qu'elles coincident dans ces points essentiels.

» 1°. La nécessité de se constituer promptement en assemblée active. Cette nécessité est reconnue par M. l'abbé Sieyes, par -M. Mounier; elle l'est par ma motion, qui tend à nous préserver des malheureux effets que pourroit avoir une plus longue durée de l'inaction à laquelle nous avons été jusqu'à présent forcés par la persévérance des classes privilégiées, dans leur refus de se réunir.

2o. L'aveu que notre assemblée n'est et ne peut être les états-généraux. Aucun de nous n'ose nous donner ce titre; chacun sent qu'il n'appartient qu'à une assemblée des députés des états des trois ordres.

Ici encore M. l'abbé Sieyes, M. Mounier et moi, nous rencontrons parfaitement,

» 3°. L'avantage qu'il y auroit à trouver quelque autre dénomination sous la quelle cette assemblée puisse être constituée, et qui, sans équivaloir à celle des états-généraux, soit cependant suffisante pour la mettre en activité.

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que

»Icinous sommes d'accord; car, soit -nous nous appelions les représentan, connus et vérifiés de la nation, les représentans de la majeure partie de la nation, es - les représentans du peuple,

Notre but est le même; toujours nous réunissons-nous contre la qualification également absurde et déplacée d'états-généraux; toujours cherchons-nous, en excluant ces titres, à en trouver un qui aille au grand but de l'activité, sans avoir le funeste inconvénient de paroître une spoliation de deux ordres, dont, quoi que nous fassions, nous ne pourrons nous dissimuler -l'existence, bien que nous nous accordions à penser qu'ils ne peuvent rien par eux

mêmes.

» 4°. Le quatrième point sur lequel nous sommes d'accord, c'est la nécessité de pré

venir

venir toute opinion par chambres, toute scission de l'assemblée nationale, tout vetä des ordres privilégiés.

» Ici encore je me plais à rendre hom mage aux autres motions; mais sans croiré qu'elles aient pourvu à ce mal que nous craignons tous, avec plus d'énergie que je ne l'ai fait, en est-il une qui ait plus fortement exprimé que la mienne, l'in tention de communiquer, non avec les autres ordres, mais directement à sa ma jesté, les mesures que nous estimons né cessaires à la régénération du royaume. ? En est-il une qui rejette plus fortement que la mienne tout veto, c'est-à-dire tout droit par lequel les députés des clas ses privilégiées, en quelque nombre qu'ils soient, voudroient s'opposer, par des dé libérations séparées, prises hors de l'assemblée nationale, à ce qui seroit jugė nécessaire pour le bien général de la

France?

» Nous sommes donc d'accord sur ces quatre points vraiment cardinaux, vraiment nécessaires, qui devroient nous servir à tous de point de ralliement.

>> En quoi difiérons-nous ? qu'est-ce qui Tome I.

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peut justifier cette chaleur, cet éloignement que nous marquons les uns pour les opinions des autres ? Comment se fait-il que ma motion, si clairement fondée sur les principes, qui les met au dessus de toute atteinte, si explicite, si satisfaisante pour tout homme qui déteste comme moi, toute espèce d'aristocratie comment se peut-il que cette motion ait été présentée comme si étrange, si peu digne d'une assemblée d'amis, de serviteurs de ce peuple qui nous a chargés de le défendre ?

» 1°. Un défaut commun aux dénominations que j'attaque, c'est qu'elles sont longues, c'est qu'elles sont inintelligibles pour cette portion immense de Français qui nous ont honorés de leur confiance. En est-il un seul qui puisse se faire une idée juste de ce que c'est que les représentans connus et vérifiés de la nation? En est-il un seul qui vous comprenne, quand vous lui direz que vous êtes l'assemblée formée par les représentans de la plus grande partie de la nation, et par la majorité de tous les députés envoyés aux états-généraux, duement in

vités, délibérans en l'absence de la minorité duement invitéę?

» A ces titres énigmatiques, à ces dou bles logogriphes, substituez les représentans du peuple Français, et voyez quelle dénomination offre la définition la plus claire, la plus sensible, la plus propre à nous concilier nos commettans mêmes.

» 2°. Un défaut particulier à une de ces deux motions, c'est qu'elle nous donne un nom qui ne nous désigne pas seuls, qui par conséquent ne nous distingue pas; qui peut convenir aux députés des autres ordreș, des autres chambres, aux députés des classes privilégiées, suivant qu'il vous plaira les appeler; car ils peuvent, aussi bien que nous, se dénommer les représentans connus de la nation. Supposons que vous ayez à vous adresser au roi, oseriezvous lui dire que vous êtes les seuls représentans de la nation qui soient connus de S. M.? Lui diriez-vous qu'il ne connoit pas les députés du clergé, qu'il ne connoit pas ceux de la noblesse pour des représentans de la nation? lui qui les a convoqués comme tels; lui qui a désiré qu'ils lui fussent présentés comme tels;

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