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baud de Saint-Etienne dissimule entiè! rement la conduite arrogante de la nos blesse ; elle donne en quelque sorte l'attitude de la clientelle suppliante aux com munes, qui , ne fussent-elles pas bravées et presque défiées, doivent sentir qu'il est tems que le peuple soit protégé par lui

seul, c'est-à-dire , par la loi qui suppose

. l'expression de la volonté générale. Cette motion enfin traite avec la même défé. fence ceux qui, se rendant juges dans leur propre cause, n'ont pas même daigné condescendre à la discuter, et ceux qui, plus habiles ou plus délicats, couvrent du moins de quelques procédés leur marche irréguLière et chancelante.

» Ces deux avis également dans leur sens , me paroissent également exagérés.

» Et qu'on ne nous répète pas de grands lieux communs sur la nécessité d'une conciliation. Rien n'est plus aisé que de saisir , par le mot salutaire , les esprits peu attentifs, ou même les bons citoyens qui ont plus de qualités morales que de connoissance des affaires plus de zèle que de prévoyance, car le vou de tous les cours honnêtes est la concorde et la paix;

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mais les hommes éclairés savent aussi qu'une paix durable n'a d'autre base que la justice , qui ne peut reposer que sur les principes.

» Mais peut-on, sans aveuglement volontaire, se flatter d'une conciliation avec les membres de la noblesse, lorsqu'ils ne daignent laisser entrevoir qu'ils pourront s'y prêter qu'après avoir dicté des lois exclus sives de toute conciliation ? Lorsqu'ils font précéder leur consentement à nommer deš. commissaires pour se concerter avec les autres ordres, de la fière déclaration qu'ils sont légalement constitués , n'est-ce pas là joindre la décision au despotisme ? Et que leur reste-t-il à concerter, du moment où ils s'adjugent eux-mêmes leurs prétend tions ? Laissez-les faire, Messieurs, ils vont nous donner une constitution, rém gler l'état, arranger les finances , et l'on vous apportera solennellement l'extrait de leurs regitres pour servir désormais de code national. ... : Non , MESSIEURS , ne transige point avec un tel orgueil , ou l'on est bientôt esclave. . » Que si nous voulons essayer encore des

, voies de conciliation, c'est au clergé

MESSIEURS

on

qui du moins a eu pour nos invitations l'égard de déclarer qu'il ne se regardoit pas comme constitué légalement, et cela au moment même où la noblesse nous dicroit, ses décrets souverains ; c'est au .clergé, qui, soit intérêt bien entendu , soit politique déliée, montre le désir de rester fidèle au caractère de médiateur ; c'est au clergé, trop habile pour s'exposer au premier coup de' tempête ; c'est au clergé, qui aura toujours une grande part à la confiance des peuples, et auquel il nous importera long-tems encore de la conserver ; c'est au clergé qu'il faut nous adresser , non pour arbitrer ce différent, une nation, juge d'elle et de tous ses membres, ne peut avoir ni procés ni arbitres avec eux, mais pour interposer la puissance de la doctrine chrétienne, des fonctions sacrées des ministres de la religion , des officiers de morale et d'instruction; qu'elle consacre à faire revenir , s'il est possible, la noblesse à des principes plus équitables, à des sentimens plus fraternels, à un système moins périlleux, avant que les députés des communes , obligés de remplir enfin leur devoir et les voeux de leurs

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commettans", ne puissent se dispenser de déclarer à leur tour les principes éternels de la justice, et les droits imprescriptibles de la nation.

» Cette marche a plusieurs avantages ; elle nous laisse le tems de délibérer mûrement sur la conduite à tenir avec la noblesse , et sur la suite des démarches qu'exigent ses hostilités ; elle offre un prétexte naturel et favorable à l'inaction qui est de prudence, mais non pas de devoir ; elle fournit à la partie des députés du cleigé , qui fait des væux pour la cause populaire , l'occasion dont ils ont paru

, très - ayides de se réunir avec nous ; elle donne en fin des forces à la trop peu nombreuse partie de la noblesse, que są généreuse conduite nous permet

de

regarder comme les auxiliaires des bons piincipes. Vous conservez donc ainsi tous vos. avantages, et vous ne vous compromettez en aucun sens, ce qui ne peut pas se dire dans tous les sysièmes ; car on aura beau se récrier sur ce qu'on appelle des disputes de mots , tant que les hommes n'auront que des mots pour exprimer leur pensée, il faudra peser ces mots.

7. Eh, de bonne foi , ostce bien à ceux:

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qui courbent la tête devant les pointillos ries des publicistes ; est-ce bien à ceux qui nous rappellent sans cesse à de vieux textes , à de vieux titres , à de belles phrases, à des autorités de discours et d'insinuations ; est-ce bien à ceux qui nous ont journellement fait dire ce que nous ne voulions pas dire , répondre ce que nous ne pouvions pas répondre, à nous reprocher de peser sur les mots ?

» Nous n'avons pas cessé de convenir que nous n'éious pas constitués : devons-nous nous permettre toutes les formules qui ont toutes les apparences d'un acte de jurisdiction ? Avons - nous eu tort de prétendre que la puissance doit précéder l'action ? Si cela étoit vrai hier , cela ne l'estil pas aujourd'hui ? Si cela l'est encore, pouvons-nous, plus que les jours passés, faire des déclarations secrètes, commencer des regitres , donner des pouvoirs ? Tout peut se défendre, MESSIEURS, excepté l'inconséquence.

» Envoyez au clergé, MESSIEURS, et n'envoyez point à la noblesse, car la noblesse ordonne, et le clergé négocie. Autorisez qui vous voudrez à conférer avec les commissaires du clergé, pourvu que vos en

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