H. CHAMPION. librairie spéciale pour l'histoire de la France A. ROUSSEAU, rue Soufflot, 14 1906 CORNELL AVERTISSEMENT Dans le travail qu'on va lire, les citations sont nombreuses; nous avons voulu mettre le lecteur directement en contact avec les œuvres elles-mêmes. Il nous était impossible de reproduire en note le texte de tous les passages traduits. Nous avons adopté comme règle de renvoyer à la dernière édition complète des auteurs, chaque fois qu'elle est facilement accessible. Les références, pour ce qui concerne Wordsworth, sont faites à Poetical and Prose Works of W. Wordsworth, ed. by W. Knight, 10 vols., London, Macmillan, 1896; pour ce qui concerne Coleridge, à Poetical Works of S. T. Coleridge, ed. by J. D. Campbell, 1 vol., L., Macmillan, 1893, et à Prose Works, 6 vols., L., G. Bell and Sons, 18881897 (complétés par Essays on His Own Times, L., 1850, Church and State, L., 1830, et Anima Poetae, L., 1895); pour ce qui concerne Southey, à Poetical Works of R. Southey, I vol., L., Longman, 1850. Nous donnons le texte des variantes, non reproduites dans les notes de ces éditions, et celui des pièces qui n'ont pas été rééditées depuis l'époque révolutionnaire. Nous citons, d'après les premières éditions, les œuvres des minores poetae, qu'on ne peut que difficilement se procurer. Il existe une bibliographie complète des ouvrages, fragments d'ouvrages, mémoires, articles de revues, contenant des matériaux sur la vie et les œuvres de Wordsworth, dans le 8e volume de l'édition Knight. La meilleure bibliographie de Coleridge est A Bibliography of S. T. Coleridge, by J. L. Haney, Philadelphia, 1903 (printed for private circulation). Pour Southey, dont l'importance historique et littéraire est moindre, la bibliographie du Dictionary of National Biography fournit toutes les informations nécessaires. On trouvera cités dans nos notes tous les ouvrages auxquels nous avons emprunté des matériaux pour écrire la présente étude. AVANT-PROPOS La Révolution, si féconde en pensées hardies, en sentiments passionnés et en actes héroïques, fut en France une période d'improductivité littéraire et de stérilité poétique. L'énergie immense de renouvellement, qui transformait l'Etat et la société, déplaçait les bases de la spéculation et de la croyance, ébranlait les consciences et les institutions, n'eut pas d'effet sur les conventions dont la littérature, depuis deux siècles, subissait la contrainte. La poésie classique resta à peu près intacte au milieu du bouleversement qui détruisait ou remodelait les réalités du passé. Le seul grand génie littéraire de l'époque, André Chénier, qui, dans le conflit des opinions, prit parti pour l'ordre nouveau, ne s'éloigna guère en poésie des formes et des sujets traditionnels. Les quelques pièces qui lui furent inspirées par les événements contemporains ne sont pas celles sur lesquelles repose sa gloire. Il semble qu'en France toutes les forces créatrices du génie national se soient épuisées à l'œuvre grandiose et tragique de l'édification de la société nouvelle. En Angleterre, au contraire, bien que la nation, après un court moment de surprise et d'hésitation, manifestat à l'égard de la Révolution des sentiments de haine et d'implacable hostilité, quelques jeunes poètes partagèrent ardemment les joies et les douleurs de la France et épousèrent ses passions. Ils célébrèrent l'héroïsme de la Révolution, les espérances qu'elle faisait naître au cœur des |