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de Guastalla, et aux Génois, la principauté d'Oneille avec final et le château de Serra-Valle.

11 mai 1753.

Traité secret conclu à Vienne, le 11 mai 1753, entre Marie-Thérèse, impératrice d'Autriche et le duc de Modène1.

I

Comme on peut craindre avec raison que si la branche légitime masculine de la maison d'Este, en Italie, s'éteignait plus tôt ou plus tard, il n'en résultât de nouveaux troubles en Italie, pour les prévenir, le sérénissime duc de Modène a résolu de se choisir un successeur, autant qu'il est en lui, et de se nommer un héritier dès à présent, pour le cas dont il a été parlé, qui fût tel que non-seulement il pût faire revivre l'ancienne gloire de la maison d'Este, mais y ajouter encore un nouveau lustre. Aucun prince n'a paru plus propre à remplir ces vues qu'un des sérénissimes archiducs puînés d'Autriche, comme étant issus eux-mêmes de la maison d'Este florissante en Allemagne, et dont un est destiné, dans ce même but, à devenir l'époux de sa sérénissime petite-fille.

C'est pourquoi dans le cas, comme il a été dit, où la branche légitime masculine de la maison d'Este viendrait tôt ou tard à s'éteindre en Italie et non autrement, en vertu du présent article et par cela même en vertu du traité solennel et irrévocablement convenu, le même sérénissime duc nomme héritier, dans la meilleure et plus sûre forme possible, de tous les pays qui sont sous sa domination et de tous ses biens tant féodaux que allodiaux, existants au moment de la succession, le sérénissime archiduc d'Autriche, Pierre-Léopold, ou celui de ses frères puînés qui, selon le contrat de mariage fait aujourd'hui, sera l'époux de la sérénissime petite-fille, et cela cependant de manière

1. Publié pour la première fois.

que, par cette désignation d'héritier universel quant aux biens allodiaux, il ne soit point dérogé aux droits qui compètent ou peuvent compéter sur lesdits biens aux filles, petites-filles et sœurs du duc susnommé, lesquels droits doivent être censés réservés en la meilleure forme, pour qu'il ne soit porté aucune atteinte aux droits d'un tiers. Le sérénissime héritier, ainsi nommé, ne manquera jamais de son côté aux égards qu'il devra au sérénissime duc de Modène comme chef de famille.

II

Mais comme il peut arriver que, non-seulement toute la ligne masculine d'Este en Italie soit éteinte, mais de plus que toutes les femmes descendantes des sérénissimes princes héréditaires de Modène viennent à mourir, avant que le mariage convenu aujourd'hui soit consommé, ou aussi qu'elles meurent sans laisser ⚫ d'enfants, le sérénissime duc sus nommé, désigne et nomme, d'une manière également solennelle et irrévocable, dès à présent pour lors, son héritier et successeur universel, sous la même condition cependant et réserve qui est exprimée dans l'article précédent, celui des sérénissimes archiducs puînés d'Autriche, qui, ce cas arrivant, se trouverait être l'aîné.

III

Le sérénissime duc de Modène promet qu'il aura soin que la présente convention secrète soit, ainsi que le contrat de mariage, confirmée par le consentement de son sérénissime fils, le prince héréditaire, avant l'échange des ratifications.

IV

Leurs Sacrées Majestés Impériales acceptent, de la manière la plus solennelle et la plus forte, la susdite nomination de successeur et d'héritier pour celui de leurs fils puînés qu'elle pourrait tôt ou tard concerner, et la confirment d'avance par leur consentement.

V

Afin que le successeur ainsi désigné puisse, le cas arrivant, gouverner avec plus de fruit et de consolation pour ses sujets, les pays qui passeront sous sa domination, Leurs Sacrées Majestés Impériales auront soin, dès à présent, que le sérénissime époux soit bien instruit de tout ce qui peut contribuer à ce but; et lorsqu'il sera parvenu à un âge plus mûr, elles l'enverront à Milan pour cet effet.

VI

Il est convenu, au reste, que les pays appartenant à la succession de Modène ne pourront jamais être réunis avec les royaumes et les pays qui appartiennent à l'auguste maison d'Autriche, beaucoup moins être réduits en province dépendante de la succession autrichienne, mais qu'ils devront toujours former un corps d'État séparé, et que leur possesseur sera tenu d'y établir son domicile et d'y résider de la même manière que ses prédécesseurs, comme aussi de maintenir et conserver les lois et constitutions internes de ces pays. Il a été convenu, de plus, que les contractants n'entendent point que, par cette désignation d'un successeur, il soit aucunement dérogé au libre exercice de l'autorité et du pouvoir qui compètent au sérénissime duc et à ses sérénissimes successeurs mâles, et à sa volonté souveraine attachée en toute manière à cette autorité et à ce pouvoir.

VII

La sérénissime épouse, petite-fille du duc de Modène, venant à mourir avant le sérénissime époux Pierre Léopold, ou son frère puîné prenant sa place, s'il mourait avant la consommation du mariage, sans qu'elle laissât aucune sœur, la désignation du successeur ci-dessus exprimé n'en subsisterait pas moins, en vertu du pacte solennel et irrévocable de famille, comme il a été ci-dessus établi, non-seulement en faveur du sérénissime époux et de ses descendants mâles, de quelque légitime mariage qu'ils soient nés, mais aussi en faveur de tous les archiducs d'Autriche quelconques, excepté seulement ceux qui posséderont

des royaumes et États héréditaires; l'intention des contractants étant en général de substituer la sérénissime maison d'Autriche à la branche masculine d'Este, éteinte, autant que cela pourra se faire sans violer la règle prescrite par l'article précédent.

VIII

Que si, en conséquence, celui qui est appelé, comme il est dit ci-dessus, à la succession de Modène, après en avoir pris possession, se trouvait appelé à la succession autrichienne, dans ce cas le droit de succession aux États de Modène serait par le fait transporté ou à son second fils, s'il en avait plusieurs, ou à un autre archiduc d'Autriche d'une branche plus éloignée, le plus près en degré ; mais lorsqu'il n'en existerait plus de tel, toute la disposition renfermée dans la présente convention secrète sera annulée.

1809.

Proclamation de l'archiduc Jean au peuple italien.

Italiens! écoutez la voix de la vérité et celle de la sagesse. La première vous dit que vous êtes esclaves de la France; pour elle, vous épuisez votre fortune et vos forces. Il est un fait notoire, c'est que le royaume d'Italie n'est qu'un rêve, un nom sans signification; mais les levées d'hommes, les impôts, les vexations de toutes sortes, l'anéantissement de votre état politique sont l'état vrai des choses. La sagesse vous dit que, dans cet état de choses, vous ne pouvez être en paix, ni être Italiens. Voulez-vous maintenant devenir, de nouveau, Italiens? groupez vivement vos forces avec celles de la puissante armée que l'empereur d'Autriche envoie généreusement en Italie. Et sachez que l'esprit de conquête ne le fait pas marcher en avant, mais qu'il marche pour se défendre et assurer l'indépendance de toutes les nations de l'Europe, menacées d'un inévitable esclavage.

Si Dieu protége les efforts généreux de l'empereur François

et de ses puissants alliés, l'Italie sera de nouveau heureuse et respectée; le chef de l'Église recouvrera sa liberté et ses États, et avec une constitution fondée sur la nature des choses, ainsi qu'avec une saine politique, le sol italien prospérera et sera rendu inaccessible à toute domination étrangère. C'est l'empereur François qui vous garantit cet état si heureux et si honorable. L'Europe sait bien que la parole de l'Empereur est sacrée, qu'elle est immuable et pure. Le ciel parle par sa voix. Réveillez-vous, Italiens, et levez-vous en masse. De quelque parti que vous ayez été ou que vous soyez aujourd'hui, soyez sans crainte. Il suffit que vous soyez Italiens.

Nous ne venons ni pour rechercher, ni pour punir; nous venons pour vous aider et pour vous rendre libres.

Voulez-vous donc encore rester longtemps plongés dans la honte de l'esclavage? Voulez-vous faire moins que ces héroïques Espagnols, qui, quoique toujours vaincus d'après les bulletins français, n'ont pu encore être domptés ?... Italiens! la vérité et la sagesse vous disent que vous n'aurez jamais une plus belle occasion, pour soustraire l'Italie au joug qui l'écrase. Que si, spectateurs impuissants, vous la laissez échapper, quel sort avez-vous à espérer, quel que soit le vainqueur, autre que celui d'un peuple esclave, indigne d'avoir un nom et des droits. Mais si, au contraire, vous vous montrez partisans de votre libérateur, vous serez vainqueurs avec lui. L'Italie reprendra une vie nouvelle, elle reprendra un rang parmi les grandes puissances de l'Europe, comme elle en avait un autrefois, comme elle doit l'avoir un jour ou l'autre.

Vous, peuples de Milan, de Toscane, de Vénétie et du Piémont, vous tous, peuples d'Italie, rappelez-vous les temps passés, qui étaient si beaux. Ces temps de prospérité et de paix peuvent revenir, et revenir plus brillants encore. Mais vous devez coopérer à les ramener. Il faut que vous en soyez dignes. Italiens, il vous suffit de vouloir, et vous serez de nouveau Italiens, aussi glorieux que vos ancêtres, aussi heureux et contents que vous l'avez été autrefois.

Jean, archiduc.

Comte de Goess, lieutenant général.

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