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de délégué de M. le directeur général, le jury d'examen, dont les opérations ont abouti aux conclusions suivantes :

ÉLÈVES DE 2o ANNÉE (1re division): 25.

Admis dans les rangs des agents forestiers : 23.

Elève dont les épreuves ont été remises à la prochaine rentrée des études, pour cause de maladie : 1.

Elève admis à doubler le cours de 2e année, pour cause de maladie prolongée (ordonnance du 15 décembre 1841): 1.

ÉLÈVES DE 1 ANNÉE (2e division) : 34.

Admis au cours de 2e année : 32.

Rayés des cadres, comme n'ayant pas atteint la cote de mérite réglementaire : 2.

Ces conclusions ont été approuvées par arrêté de M. le directeur général des forêts, en date du 16 septembre.

Reboisement effectué dans le domaine impérial des Landes.-Le 13 de ce mois, l'Empereur s'est rendu de Biarritz à Sabres, afin d'examiner les travaux qui s'exécutent par son ordre dans les Landes. La visite de Sa Majesté dans son domaine, dont la contenance est de plus de 6,000 hectares, n'a pas duré moins de cinq heures. Elle s'est montrée très-satisfaite de l'habile direction imprimée à ces travaux par M. Crouzet, ingénieur des ponts et chaussées, chargé de la direction du domaine des Landes, et par M. Tisserant, inspecteur des établissements agricoles dépendant de la dotation de la Couronne. Dans l'espace d'une année, outre la construction de sept fermes, 1,200 hectares de landes ont été ensemencés en pins, chênes et châtaigniers; 200 hectares défrichés, et 48 mis en culture. Enfin, près de 100,000 mètres courants de chemins d'exploitation, de fossés d'assainissement et de desséchement ont été ouverts.

Une pépinière de chênes-liége a été établie près de la ferme de Laboucyre, sur une étendue d'environ un hectare. Cette pépinière, qui fait suite à celle qui existe au canton de Sabres, est principalement affectée aux plantations que l'on se propose d'effectuer sur les baradiaux de clôture du domaine. Une fautre pépinière, également établie à Laboucyre, renferme 10,000 boutures de platanes et de peupliers, destinées à ètre plus tard réparties sur divers points du domaine.

Les semis de pin maritime pur ont été effectués de diverses manières dans plusieurs cantons; la graine a été répandue sans que le sol ait reçu aucune préparation; quelquefois le semis n'a eu lieu qu'après l'incinération des bruyères et autres plantes de la lande. On a fait aussi des semis à la canne; enfin, partout où le terrain l'a exigé, on a ouvert des bandes à charrue. Les deux premiers modes de semis n'occasionnent qu'une dé

pense de 4 francs par hectare; le mode dit à la canne coûte le double environ. Enfin, le semis revient à 18 francs, quand on se sert de la charrue.

Nous nous proposons de revenir avec plus de détails sur ces importants travaux de reboisement, qui, nous n'en doutons pas, sont appelés à exercer la plus heureuse influence sur l'avenir du département des Landes.

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Le ver à soie du vernis du Japon et celui du chêne. — Depuis quelque temps, la Chine enrichit singulièrement la flore et la faune de la France. Hier, elle nous envoyait l'igname, le sorgho, les yacks; aujourd'hui, nous en recevons deux petits vers à soie, deux bombyx, qui sont peut-être destinés à rendre l'usage de la soie aussi commun chez nous qu'il l'est déjà dans leur propre patrie. L'un d'eux, que, dans son mémoire à l'Académie des sciences, un savant entomologiste, M. Guérin de Menneville, qualifie de véritable bombyx cynthia, se nourrit exclusivement des feuilles du vernis du Japon, essence qui depuis longtemps est naturalisée en Europe; l'autre a une prédilection toute particulière pour les feuilles de chêne. C'est à ce point de vue spécial que nous recommandons nos deux petits insectes chinois à l'attention. des lecteurs des Annales, surtout le premier, le véritable bombyx cynthia, qui, M. Guérin de Menneville l'affirme, du moins, de la manière la plus formelle, paraît décidément acclimaté en France. Voici les raisons qui nous ont fait penser qu'ils valaient peut-être la peine d'être pris en considération par le public forestier. Le vernis du Japon a déjà été signalé, et à diverses reprises, comme l'un des arbres les plus propres à être employés pour le reboisement des Alpes, d'abord parce qu'il y croît très-facilement, que ses racines sont très-traçantes, et ensuite parce que les moutons ont pour ses feuilles une aversion insurmontable. Or, si, comme on nous l'affirme d'un autre côté, l'acclimatation du bombyx cynthia en France est désormais un fait accompli, qui empêcherait d'introduire et de propager dans nos départements alpins, et ce petit animal, et l'arbre qui lui fournit la nourriture? Les conséquences de cette double introduction ne sont pas difficiles à saisir. Au moyen du vernis du Japon, on commencerait l'œuvre du reboisement, sans être obligé de mettre en défends les cantons repeuplés; notre petit insecte chinois viendrait ensuite donner naissance à une industrie nouvelle, pleine d'avenir, qui permettrait, en peu de temps, aux habitants de nos Alpes de se passer de leur bétail, et par suite de leurs pâturages, le véritable, le seul obstacle à l'œuvre du reboisement. Tout est dans tout, dit la sagesse des nations. Il serait curieux que le reboisement de nos montagnes fût en germe dans les mandibules d'un insecte de l'Empire du Milieu.

DE L'EXPLOITATION ET DE L'AMÉNAGEMENT

DES FORÊTS DE CHÊNES-LIÉGES EN ALGÉRIE.

En présence des nombreuses demandes de concession (1) de forêts de chênes-liéges en Algérie et de l'incertitude des principes qui doivent régler l'exploitation et l'aménagement (2) de cette essence, une notice sur ce sujet nous a paru devoir présenter un certain intérêt, au double point de vue du revenu et de la conservation de ces forêts.

Dans le département du Var, où le chêne-liége est exploité depuis longtemps, les forêts de l'Etat sont celles dont l'aménagement laisse le plus à désirer. Sous ce rapport, les bois particuliers sont mieux administrés et leur exploitation se rapproche du mode que nous indiquerons plus loin (5),

Ainsi, d'une part, les différences qui existent dans le Var entre les divers modes d'exploitation de ces forêts et la quantité de produits perdus ou négligés; d'autre part, les difficultés qui surgissent, en Algérie, dans l'application des cahiers de charges et règlements d'exploitation des forêts déjà concédées, et enfin le désir de voir se régulariser et s'accroître la production de cette essence, nous ont porté à étudier spécialement cette question et à faire connaître le résultat de nos recherches.

Tels sont les motifs de cette publication, et nous serons largement récompensé de nos efforts, si elle peut être utile.

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De toutes les essences forestières, il en est, sans aucun doute, peu de plus intéressante que le chêne-liége: l'utilité de son écorce pour l'industrie, les qualités de son bois pour le chauffage, les masses de forêts de cette essence, la valeur des produits qu'on en retire, et enfin le mode spé

(1) Dix-sept demandes de concession, comprenant 67,883 hectares, ont été adressées au ministère de la guerre.

(2) Le chêne-liége a été l'objet de deux articles de MM. Jaubert de Passa et Nicolas Eymard (voir Annales forestières, 1842 et 1844), relatifs à son exploitation seulement. La question de l'aménagement de cette essence n'a été étudiée que depuis la mise en exploitation des forêts concédées en Algérie.

(3) Nous laissons à l'auteur de l'article toute la responsabilité de cette assertion. (Note de la Rédaction.) T. IV.-19

OCTOBRE 1858.-4 SÉRIE.-T. IV.

cial d'exploitation qu'il exige, doivent lui faire occuper une place exceptionnelle dans la sylviculture.

Le chêne-liége appartient à la région méditerranéenne. La Catalogne cultive cet arbre depuis longtemps et possède presque, encore aujourd'hui, le monopole de la production de son écorce. Il existe dans les départements limitrophes des Pyrénées et dans le Var quelques forêts importantes de cette essence; mais, sous ce rapport, l'Algérie est peut-être l'un des pays les plus richement dotés. Cet arbre y vient spontanément, acquiert de belles proportions, et son écorce se développe rapidement sans perdre de sa qualité.

Le chêne-liége (quercus suber) porte différents noms en Espagne, il s'appelle alcornoque; en Italie, suvero; en Provence, suvi, et en Algérie, kerouge fernem ou seulement fernem.

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Variétés. Il existe, d'après Duhamel, deux espèces de chêne-liége, savoir :

1o Le chêne-liége à feuilles larges et toujours vert (quercus suber latifolium semper virens);

2o Le chêne-liége à feuilles étroites et non dentelées (quercus suber angustifolium non serratum).

Ce dernier, le plus répandu, conserve également ses feuilles.

Climat. Exposition. - Originaire des pays tempérés et chauds, cet arbre vient très-bien sur les bords de la mer. Il aime et préfère les expositions méridionales où son écorce prend plus de finesse : ailleurs, il acquiert quelquefois plus de développement, mais le liége devient poreux et gras.

La zone de cette essence s'arrête au 45 degré de latitude (1).

Situation. Le chêne-liége a besoin d'air et d'espace; il réussit trèsbien sur les coteaux et les montagnes, parce que les arbres y sont étagés. La limite supérieure de sa vegétation est, en Algérie, à 1,000 mètres d'élévation, et, en France, à 800 mètres environ.

Terrain. Les terrains primitifs et granitiques conviennent principalement au chêne-liége; on le rencontre également dans les sables quartzeux, dans les grès et, en général, dans tous les terrains où dominent ces éléments. Il ne vient jamais dans les terrains complétement calcaires.

(1) Le chêne-liége est cultivé à Belle-Isle-sur-Mer, dans les départements de la LoireInférieure, de la Vendée, et sur le littoral de l'Océan (47o degré de latitude); le voisinage de la mer, entretenant une température plus douce et plus uniforme, explique cette végétation exceptionnelle et pourrait faire espérer d'acclimater cet arbre dans ces contrées. (Note de l'auteur.)

Le chêne dont parle M. Rousset, et qui est cultivé à Belle-Isle, dans les départements de la Loire-Inférieure, de la Vendée, ne serait-il pas le chêne occidental (quercus occidentalia), celui que dans les Landes on nomme corsier? (Note de la rédaction.)

Cet arbre aime les sols divisés, un peu profonds et frais; on le trouve cependant en bon état de croissance dans les rochers et les endroits trèssecs; il redoute les sols humides et principalement ceux marécageux.

Racines. Les racines sont fortes et nombreuses; elles se composent d'un pivot qui ne s'enfonce pas très-profondément dans le sol et de plusieurs branches latérales qui s'étalent avec une légère propension à pi

voter.

Après une coupe, surtout si elle a lieu à la suite d'un incendie, les racines latérales produisent quelques drageons.

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Feuilles et couvert. Les feuilles du chêne-liége persistent sur les rameaux pendant deux ou trois ans et ont beaucoup de ressemblance avec celles du chêne vert. Elles sont petites, pétiolées, roides, onduleuses et piquantes; vertes et luisantes en dessus, elles sont glabres et blanchâtres en dessous.

Le feuillage de cet arbre est peu abondant et ne procure qu'un couvert incomplet, ce qui favorise la propagation des broussailles et arbustes nuisibles, au détriment des jeunes sujets.

Floraison et fructification. Le chêne-liége fleurit aux mois d'avril et mai les fleurs sont monoïques, les mâles réunies en chatons et les femelles axillaires et recouvertes d'une cupule formée de bractées très-petites et imbriquées. En France, les gelées printanières détruisent assez souvent les fleurs et rendent les glandées rares, tandis qu'elles sont très-fréquentes en Algérie.

Le gland est enfoncé dans sa cupule jusqu'à moitié de sa hauteur et son enveloppe est assez dure: il mûrit et tombe aux mois d'octobre et de novembre de l'année de la floraison.

Cet arbre produit des fruits assez jeune, mais ce n'est qu'à l'âge de trente ou quarante ans qu'il commence à donner de bonnes semences.

Croissance et durée. La croissance du chêne-liége est lente et uniforme; après être resté en buisson dans sa jeunesse, il s'élance et prend de l'accroissement jusqu'à l'âge de cent cinquante à deux cents ans. Cet arbre vit plus longtemps encore, mais après cette époque on remarque une diminution dans la production du liége; il peut atteindre de très-fortes dimensions et il n'est pas rare d'en rencontrer en Algérie ayant 20 mètres de hauteur et de 3 à 5 mètres de circonférence.

Après un recepage, le chêne-liége se reproduit très-bien de souche et donne de belles cepées.

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Préparation du terrain. - Le terrain n'a pas besoin d'être complétement cultivé pour un semis de chêne-liége; un labour trop profond ou un

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