Page images
PDF
EPUB

nance réglementaire a été fixée, en 1847, à 17,960 places, et l'augmentation progressive de la population a produit un encombrement fâcheux. Il a fallu obvier provisoirement à cet embarras par des constructions supplémentaires, par le maintien, dans les prisons départementales, des condamnés audessus d'un an, ou même par la réintégration, dans les établissements départementaux, pour y subir les peines inférieures à un an, des détenus écroués dans les maisons centrales pour plusieurs condamnations.

Malgré tout, l'excédant était encore considérable. Il a fallu penser à créer des maisons centrales nouvelles et à centraliser dans une nouvelle résidence les condamnés militaires répartis dans diverses localités.

Nous trouvons toutes les informations sérieuses sur ces établissements de répression résumées dans un excellent rapport de M. Louis Perrot, inspecteur général, chargé de la division des prisons et établissements pénitentiaires. M. Louis Perrot, dont nous avons déjà signalé les remarquables travaux sur le régime des prisons, est, au ministère de l'intérieur, le promoteur de toutes les utiles réformes relatives à ce service, et c'est à son intelligente initiative qu'on doit d'avoir vu prévaloir, dans l'administration des maisons centrales, le système des entreprises sur le système désastreux des régies.

Le rapport de M. Louis Perrot est la statistique la plus complète qui ait encore été dressée des prisons et des établissements pénitentiaires : il porte sur l'année 1853.

Nous en extrayons les curieux renseignements qui suivent: L'effectif des maisons centrales, relevé depuis 1835 jusqu'à 1854, donne les chiffres suivants pour la population adulte pendant cette période :

[blocks in formation]
[blocks in formation]

Au 31 décembre 1851, les 21 maisons centrales renfermaient 18,401 adultes; les entrées s'étaient élevées, pendant l'année, à 10,460; les sorties, à 9,141; le nombre des journées de détention, à 7,032,660; la population moyenne, à 19,233.

Au 31 décembre 1852, les chiffres s'élèvent on trouve 19,720 détenus adultes, dont 15,873 hommes et 3,847 femmes; entrées, 10,941, dont 8,893 hommes et 2,048 femmes; sorties, 10,018, dont 8,251 hommes et 1,767 femmes; journées de détention, 7,386,867; population moyenne, 20,233.

Restaient, au 31 décembre 1853, 20,643 détenus adultes, dont 16,515 hommes et 4,128 femmes.

Dans le mouvement de sortie, les libérés figurent pour 7,541; les graciés, pour 267; les évadés non réintégrés, pour 10; transférés dans les bagnes, 331; aux colonies pénales, 17; dans d'autres maisons centrales, 293; dans les prisons départementales, 209; dans les hospices, 27.

Les éléments divers de cette population, soit l'origine, l'état civil, l'âge, la religion, les professions, sont analysés dans les rapports de M. Louis Perrot.

Au 31 décembre 1853, les 21 maisons centrales contenaient 5,838 hommes appartenant à la population des villes; 10,677

à celle des campagnes; 9,616 célibataires ou veufs sans enfants; 4,533 mariés ayant des enfants; 1,534 mariés sans enfants; 544 veufs ayant des enfants.

Pour les adultes, la population générale des campagnes fournit à l'effectif des prisons un contingent à peu près proportionnel à son nombre. On verra plus loin qu'il n'en est pas de même pour les jeunes détenus.

Voilà pour l'origine et pour l'état civil: l'âge est de 16 à 20 ans pour 1,671 détenus adultes; de 20 à 30, pour 5,586; de 30 à 40, pour 4,316; de 40 à 50, pour 2,874; de 50 à 60, pour 1,446. 620 seulement ont plus de 60 ans.

Sous le rapport de la religion, l'effectif de 1853 comprend : 19,966 catholiques, 517 protestants, 124 israélites, 36 mahométans.

Au point de vue des professions, celles qui donnent le plus sont: 1 les professions agricoles, 7,234 hommes, 1,020 femmes; 2o les industries vestiaires, 1,930 hommes, 1,039 femmes; 3o les ouvriers en bâtiments, 1,632 hommes; 4° les gens de service, 1,549 hommes, 781 femmes; 50 Ies commerçants, 1,114 hommes, 223 femmes. Sans profession connue, 1,818 hommes, 712 femmes. - Professions libérales littéraires, 123 hommes, 3 femmes; médicales, 39 hommes, 29 femmes. - Hommes de loi, gens d'affaires, 106. — Militaires et marins, 763. Ecclésiastiques, 10.

Le classement pénal des détenus présente pour les condamnés aux travaux forcés, 241 hommes et 1,140 femmes, pour les réclusionnaires, 4,237 hommes et 430 femmes; pour les condamnés correctionnels, 10,458 hommes et 3,780 femmes, et enfin 267 condamnés aux fers.

Les récidivistes figurent dans l'effectif total pour le nombre de 6,075, dont 571 ayant déjà subi la peine des travaux forcés; 935, celle de la réclusion; 4,569, celle de l'emprisonnement correctionnel.

La population répartie sous le rapport de la durée de la peine, présentait 490 condamnés aux travaux forcés de 5 à 10 ans; 538, de 10 à 20 ans; 353 étaient condamnés à perpétuité.

Parmi les réclusionnaires, 3,086 étaient condamnés à une peine de 5 à 7 ans, 1,581, de 7 à 10 ans.

Parmi les correctionnels, 5,950 étaient condamnés de 1 à 2 ans d'emprisonnement; 2,948, de 2 à 3; 1,647, de 3 à 4; 1,567, de 4 à 5; 2,316, au-dessus de 5 ans.

Enfin, la peine restant à subir au 1er janvier 1854 était de moins d'un an pour 7,017 individus dont 1,470 femmes; d'un an pour 4,428, dont 663 femmes; de 2 ans pour 2,563, dont 420 femmes; de 3 ans pour 1,991, dont 312 femmes; de 4 ans pour 1,652, dont 258 femmes; de 5 ans pour 907, dont 186 femmes; de 6 ans pour 498, dont 98 femmes; de 7 ans pour 348, dont 73 femmes; de 8 ans pour 268, dont 74 femmes; de 9 ans pour 236, dont 74 femmes; de 10 ans pour 83, dont 36 femmes; de plus de 10 ans pour 652, dont 464 femmes.

L'état disciplinaire des détenus dans les maisons centrales ne présente que 9 détenus condamnés aux travaux forcés pour meurtre, coups ou blessures; 1 à la réclusion; 17 à des peines correctionnelles. Dans l'intérieur des maisons, il a été infligé 49,863 punitions, dont 23,236 encourues par des individus déjà punis une ou plusieurs fois dans le cours de l'année. Le nombre des infractions de tout genre, remises ou punies, a été de 66,575, parmi lesquelles nous remarquons les suivantes: vols, 1,980; actes d'immoralité, 383; refus de travail, 2,861; voies de fait, 2,979; fraudes de tabac, 2,794; infractions à la règle du silence, 34,556.

Les mesures émanées de la clémence impériale ont porté sur 466 individus, dont 262 ont obtenu la remise entière de leurs peines; 13, des commutations; 191, des réductions.

Un des éléments les plus intéressants de la statistique des maisons centrales, c'est l'instruction des détenus: sur 20,643, 568 avaient, avant leur entrée, une instruction supérieure à l'enseignement primaire; 6,812 savaient lire; 2,389 savaient lire et écrire; 10,874 étaient complétement illettrés. Dans le cours de 1833, 3,609 détenus ont été admis à l'école; et au 31 décembre, parmi les illettrés, 1,172 ayaient appris à lire; 1,316, à lire et à écrire; 812, à lire, écrire et compter; 7,202 étaient demeurés illettrés.

L'état sanitaire de 1853 présente 18,140 maladies, dont 6,273 sérieuses; nombre des décès, 1,331, dans la proportion générale de 6,33 sur 400, 6,08 pour les hommes, 8,18 pour les femmes. Au nombre des maladies figurent 52 cas d'aliénation mentale, dont 18 avaient pris naissance avant l'entrée dans les établissements et 34 pendant le cours de la détention; et, parmi les décès, 9 suicides et 2 morts par suite d'accidents.

La seconde partie du rapport de M. Louis Perrot est consacrée aux institutions qui reçoivent les enfants condamnés ou envoyés en correction, ou détenus par voie de correction paternelle. Ces institutions sont au nombre de 48, et consistent en colonies annexées aux maisons centrales, en colonies privées, en établissements conventuels, en établissements départementaux et en sociétés de patronage.

L'effectif général de la population s'élevait, au 31 décembre 1852, à 6,502 enfants, dont 1,100 filles. En 1853, sont entrés 4,370, dont 1,036 filles; sont sortis, 3,157, dont 783 filles. La population, au 31 décembre 1853, était donc de 7,715, dont 1,351 filles.

Sur ce nombre, 3,941, dont 684 filles, appartenaient à la population des villes; 3,774, dont 667 filles, à celle des campagnes. Ce n'est plus là la proportion normale constatée pour les adultes.

2,200 enfants étaient privés d'un de leurs parents; 659, de leurs père et mère; 207 étaient élèves des hospices.

262 appartenaient à des familles aisées; 4,495 à des parents vivant de leur travail et pouvant élever leurs enfants; 1,329 à des parents sans profession et sans aveu; 920 à des repris de justice; pour 709, les parents étaient inconnus ou dis

parus.

1,626 exerçaient avant leur détention des professions industrielles; 651, l'agriculture, et 5,438 n'avaient aucun métier.

168 avaient de 7 à 9 ans, 652 de 9 à 11, 1,451 de 11 à 13, 2,137 de 13 à 15, 2,141 de 15 à 17, 923 de 17 à 19, 243, de 19 à 21 ans.

La presque totalité, 7,562, appartenaient à la religion ca

« PreviousContinue »