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procurerait de sérieuses économies sur les innombrables journées de travail de nos établissements militaires.

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Bains et lavoirs publics. Nous avons plus d'une fois appelé l'attention de nos lecteurs sur une des formes les plus utiles de l'assistance, sur la création des bains et lavoirs en faveur des classes pauvres. C'est là, sans contredit, une des questions qui intéressent au plus haut degré la santé, et même aussi la moralité publique, car les progrès de la propreté sont parallèles à ceux de la moralité.

Jusqu'en 1850, le gouvernement avait laissé à l'intérêt privé et à la spéculation le soin de développer ces habitudes moralisatrices; mais les excellents résultats obtenus en Angleterre, grâce à l'initiative d'un comité supérieur d'hygiène institué en 1848, éveillèrent la sollicitude de l'administration, et, le 3 février 1851, une loi fut votée par l'Assemblée nationale, qui mit à la disposition du ministre du commerce un crédit de 600,000 fr., destiné à encourager dans la capitale et dans les départements la création d'usines à cette destination spéciale.

Plus tard, l'Empereur prit sous son patronage ces établissesements populaires, arrêta lui-même le plan d'une maison de bains et lavoirs modèle, et décida, le 17 décembre 1852, qu'il serait créé, sur les fonds de sa cassette particulière, trois établissements dans trois quartiers les plus pauvres de Paris.

L'un de ces trois établissements fut ouvert cette année près de la rotonde du temple.

Quant aux départements, l'institution nouvelle commençait à y fonctionner avec un certain succès. Déjà soixante communes avaient fait des demandes, et parmi elles on comptait les villes de Lille, de Mulhouse, de Foix, d'Albi, d'Avignon, d'Epinal, de Montpellier, de Guéret, de Nîmes, etc. Deux demandes avaient été adressées par la ville de Paris.

Cette institution

Caisse des retraites pour la vieillesse. toute récente, puisqu'elle est due à l'initiative de l'Assemblée législative de 1850, n'a commencé à fonctionner régulièrement que depuis la première année du gouvernement impérial. Ouverte à Paris le 11 mai 1851, c'est à partir de 1852 que les versements y ont pris une extension inattendue. Ce

mouvement a été favorisé par des circonstances exceptionnelles, notamment par la conversion de la rente 5 0,0 en 4 1/2, qui a décidé beaucoup de petits rentiers à profiter de ce moyen de conserver l'intégralité de leur revenu. Mais enfin cette affluence des capitaux à la Caisse des retraites causa quelque inquiétude. On craignit d'avoir accordé des facilités et des avantages qui pourraient devenir onéreux pour le Tréşor; on voulut surtout écarter les fonds qui ne se recommandaient pas du caractère de l'épargne; en conséquence, nonseulement on abaissa le taux de l'intérêt dans le calcul des tarifs, mais on prit des mesures préventives contre les abus qui s'étaient manifestés.

L'expérience ne tarda pas à faire reconnaître qu'on avait dépassé le but. Les nouvelles dispositions étaient trop rigoureuses. Leur application coïncidait d'ailleurs avec des événements défavorables. La guerre avait éclaté, le prix des subsistances présentait un renchérissement persistant, le crédit public fléchissait, et l'ouverture des emprunts par souscription attirait les petits capitaux. Il en résulta que la Caisse des retraites vit ses versements subir une diminution considérable.

Bientôt, sans doute, on reconnaîtrait la nécessité de revenir à des mesures moins rigoureuses que celles qui avaient arrêté l'essor de cette excellente institution. Née d'une pensée de haute prévoyance, la Caisse des retraites pour la vieillesse moralise les populations laborieuses en assurant le bien-être au travailleur invalide. Les quatre-cinquièmes des déposants appartiennent, dès à présent, à la classe ouvrière, et l'institution est comprise et accueillie par ceux à qui elle était destinée.

Voici les chiffres officiels de situation à la fin de 1855 :

La Caisse des retraites a reçu :

31,007 versements montant à.....

C'est 2,563 versements, et environ 140,000 fr. de moins

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1,443,548 fr. c.

916,428 30

2,359,976 50

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Les achats correspondants à cette recette ont eu lieu comme

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L'intérêt commun des placements a été de 4 fr. 87 c. 0/0, c'est-à-dire de 37 c. au-dessus du taux des tarifs. Il en est résulté un bénéfice de plus de 8 0/0 qui a excédé les frais d'administration de la Caisse de retraites.

On a déjà remarqué, en comparant le nombre des parties versantes, le total des versements convertis en rentes viagères et le montant des rentes perpétuelles amorties et annulées pendant les deux années 1854 et 1855, que les opérations de cette dernière année ont été moins importantes que celles de la précédente, par une conséquence naturelle des restrictions prononcées en vertu de la loi du 7 mai 1853, qui a prescrit un délai de deux à trois ans au moins entre le versement et la jouissance de la rente viagère, en même temps qu'elle a fixé un maximum très-réduit à la quotité des versements annuels.

Les résultats et les renseignements déjà obtenus par quelques années d'expérience de cette bienfaisante institution permettront bientôt au gouvernement d'en perfectionner encore le système.

Pour prendre une vue plus générale des opérations de la Caisse des retraites pour la vieillesse, résumons-les à partir du 11 mai 1851, date de la fondation, jusqu'au 31 décembre 1854. Entre ces deux dates, la Caisse a reçu 100,734 versements, comprenant, savoir: 59,308 versements à capital aliéné pour 18,146,754 fr. 33 c., 41,426 versements à capital réservé, pour 22,659,160 fr. 65 c., ce qui élève le total des recettes à 40,805,914 fr. 98 c.

La moyenne de chaque versement à capital aliéné est de 306 fr.; celle du versement à capital réservé, de 547 fr., et la moyenne générale, 405 fr.

Il a été reçu à Paris 56,704 versements, pour 25,055,998 fr. 89 c.; dans les départements, 44,030 versements, pour 15,749,916 fr. 9 c., ce qui donne pour moyenne à Paris 442 fr., et dans les départements 358 fr. par versement.

Le nombre des comptes individuels ouverts jusqu'au 31 décembre 1854 a été de 37,619, comprenant 21,119 hommes et 16,500 femmes ainsi répartis par catégories: 20,617 ouvriers; 1,416 artisans patentés et marchands; 1,255 domestiques; 4,062 employés; 476 militaires et marins; 1,492 individus appartenant au clergé et aux professions libérales; 8,401 individus sans professions, y compris 4,273 mineurs.

Aux versements déjà constatés de 40,805,914 fr. 98 c., il faut ajouter 2,582,377 fr. en arrérages de rentes, ce qui donne un total de 43,388,291 fr. 98 c.

Il a été remboursé 1,1278.92 fr. 86 c. de capitaux réservés après décès, et 175,597 fr. 10 c. de versements irréguliers ou dépassant le maximum; total, 1,303,489 fr. 96 c.

Il reste à employer en rentes 42,084,802 fr. 2 c.. il a été acheté 1,780,917 fr. de rentes pour 42,084,748 fr. 24 c.; le reliquat à reporter à l'année suivante est de 17 fr. 78 c.

Depuis sa fondation, la Caisse a fait inserire au Grand-Livre, au nom de 7,548 parties, 2,141,182 fr. de rentes viagères.

En compensation, elle a exonéré la dette consolidée de 867,387 fr. de rentes perpétuelles, représentant une valeur d'achat de 20,546,674 fr. 98 c., et un capital nominal de 22,784,155 fr. 54 c.

Si maintenant nous faisons le même travail de résumé général entre la date de fondation et la fin de l'année 1855, nous trouvons qu'entre le 11 mai 1851 et le 31 décembre 1855, la Caisse a reçu une somme de plus de 42 millions, provenant de 131,741 versements, soit, en moyenne, 320 fr. par versement. Ces résultats paraîtront sans doute satisfaisants si l'on pense à la difficulté qu'éprouve toute institution nouvelle à prendre sa place dans l'ensemble des éléments sociaux.

Il est vrai qu'une partie notable de la somme versée provenait de capitaux qui, au moment de la conversion des rentes, avaient trouvé dans ce placement un moyen de conserver le même revenu. Mais la Caisse, en facilitant cette opération, avait rendu un service sérieux et, tout en facilitant cette mesure assez grave, dans des circonstances difficiles, en avait rendu l'application moins dure aux petits rentiers. D'ailleurs, si la Caisse avait profité, en 1852, des apports que cette opération lui avait exceptionnellement attirés, elle avait vu, dans les années suivantes, le développement de sa clientèle contrarié, en premier lieu, par les rigueurs de certaines dispositions législatives; en second lieu, par les fléaux conjurés du choléra, de la guerre et du renchérissement des subsistances. De telle sorte que, si elle avait été secondée d'abord par des circonstances favorables, il lui avait fallu lutter ensuite contre des difficultés de tout genre qui tendaient à en éloigner les capitaux.

Si, en effet, le nombre des versements avait été à peu près égal en 1853 et 1854, il n'en avait pas été de même, on l'a vu tout à l'heure, de l'importance des sommes versées; les apports, qui avaient éte de 6,931,000 fr. en 1853, étaint descendus à 1,383,000 fr. en 1854. L'année 1855 avait été encore moins bonne. Le chiffre des versements avait été inférieur de 2,563 à celui des versements opérés en 1854, et l'importance des capitaux versés avait décru, relativement à cette dernière année de 144,000.

Les causes de cet état stationnaire ou même décroissant, on les connaît du reste. Elles ont pesé sur l'ensemble des situations en France. Une maladie épidémique, une guerre coûteuse, une cherté persistante des denrées alimentaires, ont empêché la formation des économies qui peuvent seules alimenter les versements opérés par les populations ouvrières à la Caisse des retraites pour la vieillesse. On avait d'ailleurs plus d'avantage, en présence de la dépréciation des fonds publics et des valeurs de chemins de fer, à chercher d'autres placements. Enfin les reviremeuts de la législation de la Caisse, qui, après avoir été très-libérale et très-facile à l'origine, était de

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