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HISTORIQUE UNIVERSEL

POUR 1855

PREMIÈRE PARTIE

POLITIQUE GÉNÉRALE

Situation générale, transformation du système européen, rôle de la France; l'alliance anglaise, erreurs et mécomptes de la Russie; caractères de la guerre orientale, force de l'opinion en Europe, espérances de paix; que sera cette paix: impressions diverses produites par l'annonce d'une pacification. — Les résultats de la lutte en Orient; la Russie, son ambition légitime. Le monde politique au point de vue des alliances nouvelles : l'Union américaine, ses sympathies russes, son esprit d'agression et de conquêtes; la France, grandeur de son rôle, son habileté et sa modération, quels profits elle tirera de la lutte; la Russie, ses destinées, sa mission véritable; l'Allemagne, ses hésitations, rôle de l'Autriche, la Prusse et sa politique rétrograde; l'Orient, sa régénération future, perspectives d'avenir, le canal de Suez, l'esprit d'entreprise; la Sar-. daigne, valeur et caractères de son accession; les puissances scandinaves, neutralité du Danemark, évolution sympathique de la Suède; la Belgique, la Néerlande, l'Espagne, le Portugal; les Deux-Siciles, hostilité patente; la Grèce, sa complicité avec la Russie.-L'industrie pendant la guerre. L'Exposition uni_ verselle de Paris, progrès vers l'union future du genre humain. - Souffrances et épreuves, crise alimentaire, force de résistance de la vie industrielle. L'Amérique et l'Asie.

Un fait général domine la situation politique au début comme à la fin de cette année si remplie : c'est la transformation du système européen, le déplacement des forces qui en consti

tuaient l'équilibre, la modification profonde des alliances et des influences. L'édifice de 1815 a disparu tout à coup, sans qu'une révolution générale en ait renversé les assises. La France s'est placée à la tête d'un système nouveau, conservateur comme l'ancien des gouvernements établis, mais mieux approprié aux conditions nouvelles de la vie européenne. Son alliance intime avec l'Angleterre, son alliance de jour en jour consolidée avec l'Autriche, lui ont acquis en quelques mois une prépondérance légitime, et l'ensemble nouveau dont elle est le centre intelligent et actif, a remplacé le menaçant ensemble créé spécialement contre elle quarante ans auparavant.

Le bonheur singulier de cette combinaison nouvelle est surtout, pour la France, dans ce fait que ce n'est pas elle qui l'a provoquée. La transformation des rapports diplomatiques s'accomplit à son profit, mais en même temps au grand bénéfice de la liberté du monde; et d'ailleurs, c'est à l'agression de la Russie qu'est dû l'ordre nouveau dirigé non pas sans doute contre l'empire russe, mais contre son accroissement illégitime.

L'extrême modération, l'habileté loyale déployées dans toute cette affaire d'Orient, sont pour la politique nouvelle un gage d'avenir. L'intérêt particulier, l'aveugle esprit de conservation n'ont pas cette fois, comme en 1815, prévalu contre les intérêts généraux. C'est sans système préconçu, c'est par transitions nécessaires, sous l'empire de faits extérieurs, que la France et l'Angleterre en sont arrivées à fonder la politique qui triomphe en 1855, et qui, si elle n'a pas encore la sanction d'un traité solennel, a au moins celle plus puissante encore de l'opinion générale.

Aux derniers jours de l'année 1855, on comprend déjà que le but de la guerre est atteint. La Russie est vaincue, moins encore par les armes que par la coalition des esprits et des intérêts.

Ces douze mois ont présenté de grands et aussi d'affligeants spectacles deux nations, autrefois rivales, unissant leurs efforts pour assurer le règne de la paix et de la civilisation dans l'Europe; leurs armées luttant d'énergie pour triompher à la

fois d'un ennemi redoutable et d'un climat mortel; leurs pavillons dominant sur toutes les mers et les interdisant à la Russie; et, enfin, après trois batailles rangées, qui ont été pour la France et pour l'Angleterre autant de victoires, Sévastopol tombant, et sa chute ouvrant à l'avenir des perspectives de paix prochaine et de longue prospérité.

Mais aussi, que de sacrifices, que d'épreuves! Vainqueurs et vaincus garderont longtemps encore les cicatrices de la lutte. Ceux-là mêmes qui n'en étaient que les spectateurs en ont ressenti les terribles effets. Que dire de l'agresseur, et quelle n'a pas été la punition infligée à son ambition fatale! L'empire russe, avec ses vaisseaux bloqués ou brûlés dans ses ports, ses côtes ravagées, son commerce anéanti, ses relations extérieures détruites, a été réduit à la moins glorieuse des résistances, à la résistance passive. Depuis la mer d'Azof jusqu'à la mer Blanche, depuis la Baltique jusqu'au Kamtschatka, il s'est laissé emprisonner dans ses ports, et, sur le seul point où il a accepté la lutte, il a été quatre fois vaincu. Humiliée dans son orgueil national, la Russie a été tristement frappée dans la vie de ses enfants, et c'est par centaines de mille qu'il a fallu compter les innocentes victimes de la faute d'un seul homme. Cet homme lui-même, tout à l'heure si haut placé parmi les puissants, a succombé sous le poids de sa déplorable erreur.

Évidemment, quoi qu'on en ait dit, l'empereur Nicolas ne s'attendait pas à la guerre. Il était préparé à une démonstration menaçante, formidable contre un ennemi impuissant, mais non à lutter contre l'Europe civilisée. Il s'était vu si longtemps, surtout en Allemagne, l'arbitre des souverains et le représentant de l'esprit conservateur, qu'il n'avait pu s'imaginer qu'une opinion indépendante pût s'élever contre ses desseins, et qu'il était décidé à l'avance à ne voir dans tout obstacle dressé sur ses pas, que la révolution elle-même, la révolution détestée de toute l'Europe monarchique. L'Angleterre était, selon lui, trop occupée de ses intérêts matériels; la France trop divisée, trop affaiblie par ses récentes épreuves, trop préoccupée d'une expérience nouvelle, pour s'inquiéter d'un pas de plus fait par la Russie vers la domination du monde oriental. Les deux puis

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