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"observation de tout ce qui en dépendra, le roi notre «seigneur, veut et ordonne qu'il y ait en ladite ins«<titution et établissement et générale observation, << et pour en faire l'établissement, un office intitulé: « Conseiller grand-maître des coureurs de France, << qui se tiendra près de sa personne, après qu'il aura « été faire ledit établissement; pour ce faire lui sera baillé bonne commission; et les autres personnes «< qui seront ainsi par lui établies de traite en traite,. «seront appelées maîtres tenant les chevaux courants pour le service du roi. »

On ne sait point positivement l'année où les postes commencèrent d'être assises sur les grands chemins, ni ceux qui ont conduit cette entreprise; on ne trouve pas même le nom du grand-maître sous les yeux duquel se devait faire l'établissement, en conformité des lettres - patentes du roi. Mais comme son intention fut de donner cette charge à une personne de crédit, intelligente et capable, peut-être que ce fut au grand - écuyer de France, d'autant que les fonctions de cette nouvelle charge avaient beaucoup de rapport à son office, qu'il avait sous ses ordres les chevaucheurs de l'écurie, et que les maîtres des postes furent également nommés chevaucheurs de l'écurie. Alain Goyon, grand personnage de ce temps-là, qui avait mérité les bonnes gràces de Louis XI, à cause des services qu'il avait rendus à ce prince avant et après son avènement à la couronne, était alors grandécuyer; il peut bien aussi avoir été grand-maître des coureurs : cependant nous n'en avons point de preuve,

pas même de l'exercice de cette charge; il semble, au contraire, qu'en 1479, et dans la suite, l'administration principale des postes ait été entre les mains du contrôleur des chevaucheurs de l'écurie (1).

Il n'y a point eu de changement remarquable dans les postes depuis Louis XI, qui les a établies, jusqu'à Louis XIII, sinon que le contrôleur des postes a eu le titre de contrôleur-général, qui fut ensuite changé en celui de général. Mais il n'en a pas été de même sous le gouvernement de Louis-le-Juste; les postes devinrent alors publiques, et les particuliers commencèrent à se servir de cette voie de commodité pour envoyer et pour recevoir des lettres et paquets de toute part, moyennant une modique rétribution. Les charges de contrôleurs-généraux des postes furent supprimées pas édit du mois de janvier 1630, et le roi créa à leur place trois offices de surintendans-généraux des postes et relais de France et chevaucheurs de son écurie, ancien, alternatif et triennal.

Mais Louis XV, à son avènement à la couronne,

(1) Les lettres-patentes de Charles VIII, du 27 janvier 1487, font voir que Robert Paon fut pourvu, au mois d'octobre 1479, de l'office de contrôleur des chevaucheurs de l'écurie. Celles du 18 janvier 1506 portent que, sur l'avis donné par le contrôleur des chevaucheurs de l'écurie du roi, Sa Majesté établit ès principales villes et passages, les chevaucheurs de son écurie, pour bailler chevaux de poste. On y remarque également qu'il n'y est fait aucune mention du grand-maître des coureurs. (Premier vol. des Bann., fol. 379.)

rétablit la charge de grand-maître et surintendant

des postes, avec plusieurs autres officiers, pour en faciliter l'exercice, et pour procurer la diligence convenable au bien de ses affaires et au service du public. L'édit qui parut à cet effet est du mois de septembre 1715 (1).

(1) Les règlemens postérieurs n'ont rien qui puisse inté– resser comme matière historique. Voyez à ce sujet le Traité de le Quien de la Neufville, de l'Origine des postes, et surtout le Recueil de le Clerc-du-Brillet, qui a profité des Recherches de le Quien. Le livre de ce dernier, qui parut en 1708, Paris, in-12, précéda de trente ans l'impression de l'ouvrage de du Brillet, qui ne fut publié qu'en 1738. II forme le tome 4 du Traité de la police, par le commissaire de la Mare. (Edit. C. L.)

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DE L'HOSPITALITÉ,

ET DE L'ORIGINE DES HÔTELLERIES (1).

L'HOSPITALITÉ était anciennement si recommandée, que des villes entières, et même de différentes nations, par des traités faits entre elles, recevaient réciproquement et gratuitement leurs habitans voyageant, en se faisant connaître des par marques, ou mereaux, dont elles étaient convenues. Rome et d'autres villes de la Grèce et de l'Italie étaient dans cette confédération pour l'hospitalité (2). Il y avait même des familles particulières de différens pays qui contractaient aussi entre elles cette hospitalité réciproque.

Les Grecs nommaient ce droit d'hospitalité de ville à ville, poževíav, en latin hospitium publicum; celui de famille à famille, idioevía, privatum hospitium; et l'hôte qui recevait, et celui qui était reçu, φιλοξένια et ξενοδοχεῖον, hospes qui privatim et amicitiæ

(1) Extrait de divers auteurs, où l'on a réuni tout ce que de la Mare, Beneton de Peyrins et le Grand d'Aussy ont écrit de plus curieux sur cette matière.

(2) Démost., Pro Cres. Tit. Liv., l. 1, 2 et 3. Plaut., in Pennio. Cicer., in Verr., actio 4.

causa, vel recipit, vel recipitur (1). Souvent deux hommes contractaient ensemble une obligation réciproque d'hospitalité. Le maître du logis conduisait sur sa porte l'étranger qu'il avait logé, et là, en lui souhaitant un bon voyage, il lui mettait dans la main une marque qui devenait le gage de l'assistance mutuelle dont on était convenu, et que le détenteur, non seulement conservait toute sa vie, mais léguait encore à ses descendans. Ces marques, dont les plus connues avaient pour empreintes une main en signe d'alliance, étaient désignées chez les Latins sous la dénomination de tessera hospitalitatis. C'est de cette cérémonie accomplie au moment où l'étranger quittait la maison de son hôte, que dériva le mot hospes, servant à qualifier la personne hébergée, comme si l'on eût dit habens pedes foras, car un voyageur avait déjà un pied dehors lorsqu'on achevait de lui souhaiter un bon voyage (2). 226

Childéric, roi de France, rejeté de son peuple, partagea une pièce d'or, en donna la moitié au seul sujet qui lui fût demeuré fidèle, et convint avec lui que quand il lui renverrait sa demi-marque, il connaîtrait par-là qu'il serait temps de rentrer dans son royaume.

Richard-Coeur-de-Lion passant incognito par I'AIlemagne, à son retour de la Terre-Sainte, où il avait

(1) Polyanthea Dominici vani Mirobelli et alios autores; verbo Hospitalitas.

(2) Dissert. de Beneion.

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