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narchie Françoife fe trouvoit amené naturellement, & l'Aureur fuit fidèlement le fil de la Conftitution dès fa première origine; il ne nous confole point, & nous fommes forcés de foufcrire à cet anathême effrayant. Qu'ont produit les Affemblées de Mars, dit-il? des crimes, uniquement des cri"mes. Les Caligula, les Néron, les Domitiens, dont l'efprit étoit aliéné, n'ont pas commis plus de crimes que les fils, » les petits- fils, les arrière-petits-fils de "Clovis. Les Comices, dit l'Auteur,

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établirent à Rome un Gouvernement municipal, & ne confièrent les grands emplois, le commandement méme des Armées, qu'à des Magiftrats. Les Affemblées, » des Francs n'élurent que des Chefs mi»litaires, & laiffèrent ces Chefs s'emparer des fonctions de la Magiftrature «.

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L'Auteur, après avoir peint les mœurs & l'état des anciens Francs, faifit habilement l'époque de la grande révolution qui fe fit en France fous Clotaire II. A cette époque, avoit dit Montefquien, les Maires du Roi devinrent ceux de la Nation.Les Evêques, dit l'Auteur, étoient inamovibles: les Maires voulurent l'être; les Ducs, les Comtes, les Marquis prétendirent autli à le devenir. Mais les Francs étoient encore bien éloignés d'être une Nation, car on ne voit pas que ces Placites ou Conciles cuffent quelque influence légale fur les Rois.

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Le précis des Affemblées tenues fur la fia de la première Race, ne femble que trop confirmer cette affertion. Mais le Lecteur eft bientôt confolé par les Réflexions de l'Auteur: p. 160, Tome 1, il y verra ce que les Rois ont pu & dû avoir, & ce qu'ils n'ont pu ni dû ufurper. La Conftirution poliique n'étoit pas mieux établie fous Charles Martel; & quand Pepin affembla le Concile de Leptines, il s'étoit écoulé plus de cinquante ans depuis la dernière Affemblée. L'Auteur relève affez bien l'Abbe de Mably, qui fe plaint de la légèreté des François qui refufoient de venir aux Affemblées.- S'ils en euffent retiré de grands avantages, ils n'euffent pas eu cette indifférence. Plus une Affemblée le rappro

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che par le nombre de fes Membres, du » nombre des Habitans du territoire, plus "elle eft confidérée; plus elle s'en éloigne, » moins elle est attachante. S. le nombre en diffère exceffivement, ce n'eft plus » fous un grand nom qu'un fimple Confeil, & ce Confeil n'eft plus la chofe publique ".

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Charlemagne trouve fous la plume de l'Auteur des traits flatteurs & qui le font admirer. Ce Roi fit tout ce qu'il pur pour éclairer la Nation. Mais le People ne fot point, comme on la avancé dans ces derniers temps, affez confidéré, ni appelé aux Affemblées Nationales. Ce n'eft pas que le

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Peuple, dit l'Auteur, n'eût fes droits; » mais il n'en jouiffoit pas : ils font imprefcriptibles; & quand on l'en dépouilloit, on employoit des formules qui prou"voient fa poffeffion ".

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Les Affemblées de la feconde Race ne procuroient pas plus que celles de la première une unité, une Conftitution; elles furent célèbres par les attentats qu'elles fe permirent contre les Rois. Il faut lire attentivement depuis l'époque où Suger s'occupa du bonheur du Peuple, l'état de la France fous la troisième Race, jufqu'à Philippe le Bel, époque où les trois Ordres furent diftinctement appelés aux Etats Généraux, & cù le Peuple, en fe foumettant à payer les impôts, défira des Loix, & demanda d'être garanti de l'oppreffion des Nobles. Les Etats de 1355 en offrirent bientôt la . preuve. » Le Dauphin fit crier, dit l'Auteur, dans Paris, la défenfe aux Etats de fe raf» fembler à Pâques. Le Peuple fe fouleva; le Dauphin leva fa défenfe, & convoqua » les Etats".

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Les Erats Généraux, qui fe fuccédèrent, ne fervirent qu'à divifer les Ordres, & à contefter à la Nation les droits qu'elle réclamoit. Ceux de 148; furent les feuls qu'on puiffe cirer avec quel que fatisfaction: » mais à force de faire valoir des droits particuliers, il n'y fut point question de » droits nationaux. Cette grande Affemblée

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» ne fut d'aucune utilité par elle-même, & "ne produifit aucun effet fur le Gouver »nement. En vain les Etats avoient mani» fefté le vœu de fe raffembler dans deux

ans, & n'avoient établi les impôts que » pour un feul: on ne les convoqua point; » on leva des impôts contre leur gré «.

Les Etats qui fuivirent n'eurent pas des fuires plus heureufes; l'Auteur les analyfe avec exactitude & fageffe, & le réfumé des Etats de 1588 & de 1615, eft fait avec difcernement. La récapitulation, p. 158, Tome II, mérite d'être méditée attentivement, & nous penfons comine l'Auteur qu'il s'en faut bien que les Etats Généraux de la France puiffent être affimilés pour les heureux réfultats aux Comices de Rome. Qu'on life fur-tour, à l'occafion du TiersEtat, page 14 & fuivantes, Tome II, onen conclura facilemenr que la Nation n'a jamais été complètement affemblée; les Députés des campagnes admis depuis Charles VIII aux Etats, n'ont point augmenté le nombre des Repréfentans du Peuple.

Le tableau de la Conftitution d'Angleterre fuit celui de la France; & il eft marqué au même coin que tout ce qui a précédé. On fent à merveille quelles ont été, en Angleterre, les caufes qui ont affoibli l'autorité royale, pendant que les mêmes motifs l'augmentoient en France; & comment ces deux Royaumes, partis du même

point, fi femblables dans leurs Loix, font fi différens l'un de l'autre, & ont fini par n'avoir aucune reffemblance. On voit tous les efforts que les Rois d'Angleterre ont faits pour révoquer la grande Charte, se bouclier des Communes, défendu même par les Barons; & rien n'est plus vrai que la réflexion fuivante.-Dans l'ancienne Rome, le Peuple forma la Constitution malgré le Sénat & les Patriciens: en France, les Rois la formèrent malgré les Grands; en Angleterre, les Grands l'établirent malgré les Rois

Nous invitons nos Lecteurs à lire les pag. 3 & fuiv. du Tome III, dans lefquelles l'Auteur développe les motifs qui ont affranchi les Anglois du préjugé qui note d'infamie les familles des criminels, & qui ont adouci les fupplices, aboli les tortures; l'Hiftoire du Parlement d'Angleterre, fes variations dans les principes, les injuices, fes complaifances pour les Tyrans & pour le párii dominant, depuis fes troubles de la Maifon de Lancaftre jufqu'à l'expulfion de Jacques II, font trèscurieux, & nous ferions prefque tentés d'être entièrement de l'avis de l'Auteur. Le defpotifme que Cromwel exerça fur ce Corps, n'eft pas la partie la plus honorable de fon Hiftoire ; & ce n'ek qu'en 1707 qu'il prend un efprit patriotique, & qu'il n'est plus que le Parlement de la GrandeBretagne.Le réfumé de la Conftitution d'Angleterre, & de la compofition du Corps po

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