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Bu 22 Juillet. Point de Séance d'Assemblée générale, à à cause des travaux continués dans la Salle ordinaire. Les Bureaux seuls se sont formés, ainsi que les Comités.

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Du 23 Juillet. La Séance a commencé par la lecture d'une adresse des Communes de Bordeaux revêtue de 4 mille signatures, de celles de Riom, du Havre de Grâce, de Sancoreing, et des Négocians assemblés à la foire de Beaucaire.

Il a été communiqué que la Noblesse du Maine et celle de la Principauté de Dombes, avoient autorisé leurs Représentans à la votation par tête.

M. le Premier Président au Parlement de Paris s'est présenté, et à la suite d'un discours, il a déposé l'arrêté suivant de sa Compagnie, en date du 20.

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La Cour, toutes les Chambres assemblées, vivement touchée des nouveaux témoignages d'amour et de bonté que le Roi est venu donner à sa bonne ville de Paris et à tous ses fidèles Sujets, considérant combien les derniers actes de zèle et de patriotisme de l'Assemblée nationale ont concouru an succès de détermination paternelle du Monarque pour le rétablissement du calme de la capitale ;

"A arrêté, que M. le premier Président se retirera à l'instant par devers ledit Seigneur Roi, à l'effet de hii exposer la vive reconnoissance de la Cour; et qu'il se retirera par devers l'Assemblée Nationale, et lui exprimera le respect dont la Cour est pénétrée pour les Représentans de la Nation, dont les travaux éclairés vont assurer à jamais le bonheur de la France. »

M. le Président a répondu: «Monsieur,

P'Assemblée Nationale voit avec plaisir la justice et le respect que le Parlement de Paris rend à ses décrets. Le chef de l'illustre Compagnie, qui, la première, a eu le bonheur et le courage de prononcer hautement le vœu de la convocation des Etats-Généraux, doit jouir d'une douce satisfaction, en étant introduit dans cette auguste Assemblée. Une des plus essentielles occupations des Représentans de la Nation, sera de faire rendre aux lois le respect, auquel est intéressé le bonheur général et particulier; et ils acquerront par ses succès un titre de plus à la reconnoissance de tous les Citoyens honnêtes et vertueux, et particulièrement à celle des Tribu naux. La réunion sincère de tous les Ordres, l'hommage fait à la chose publique par chacun de nous, des usages jusqu'ici respectés, des opinions anciennes, des prétentions privies, des démarches utiles qui en ont été le résultat, ne doivent laisser aux bons Citoyens aucun doute du zèle pur et infatigable, avec lequel l'Assemblée Nationale s'est dévouée sans réserve au grand œuvre de la régénération de l'Empire, et avec lequel elle s'occupe du bonheur de la Nation la plus généreuse, et du Roi le plus digne de son amour. »

« L'Assemblée Nationale y voit encore Theureux présage que dans ces circonstances aucune classe de Citoyens ne laissera, par des considérations particulières, étouffer en elle le sentiment pur et généreux du patrio

tisme.

Deux scenes sanglantes arrivées la veille à Paris, donnoient une nouvelle importance à la question déja agitée, et reprise, sur les moyens de rendre la paix à la capitale et au royaume. M. de Mirabeau a demande,'

un

en son nom et en celui d'un très-grand nombre Citoyens éclairés, que l'on portât ses efforts vers la constitution de la Municipalité de Paris, que 60 Députés se rendissent dans les Districts de la capitale, afin d'établir entr'eux une Correspondance parfaite, et leur présenter, en forme de conseil, plan de Municipalité. On devoit soigneusement chercher un moyen doux de procurer au Corps Municipal une autorité légale sur la Commune, consentie par la Commune, moins irrégulière que celle des Electeurs, et qui, établie par la confiance, pût se faire respecter par la confiance.

M. Demeunier, ayant rendu compte de Pétat de la capitale, a voté pour que la proclamation de M. de Lally-Tolendal, rédigée de nouveau, fût envoyée à Paris et à 20 lieues à la ronde. Il a demandé à l'Assemblée et à M de Lally la permission de lire cette même proclamation, avec les changemens jugés nécessaires. Cette lecture faite, M Demeunier a supplié l'Assemblée de vouloir bien délibérer à l'instant sur cet objet.

M de Lally-Tolendal a rendu compte à l'assemblée que M. Berthier, fils, s'étoit rendu hier chez lui, et jeté à ses genoux, en le conjurant de vouloir bien sauver la vie de son pere. Les évenemens arrivés hier à Paris étoient malheureusement, une preuve de la nécessité et de la sagesse de sa proclamation. La France, l'Europe et la postérité s'éleveroient contre l'Assemblée, si elle ne remédioit aux calamités auxquelles la capitale étoit livrée M. de Lally ayant ensuite fait lecture de sa Motion, changée et corrigée, a ajouté: Je laisse à la sagesse de l'Assemblée de « décider si l'on doit y insérer les peines que

«mériteront à l'avenir les séditieux et les meurtriers."

M. de Mirabeau a réfuté M. de Lally. Il a prétendu que l'Assemblée compromettroit son autorité, en admettant la proclamation. Le meilleur moyen de contenir et de calmer le Peuple, et d'organiser la Bourgeoisie ; la seule manière d'amener la paix étoit renfermée dans la proposition qu'il venoit de faire. Le bruit d'une proclamation avoit soulevé les esprits, et occasionneroit les plus grands dangers.

Un Membre de la Noblesse a dit qu'on devoit s'occuper de la paix du royaume, aussi bien que de la tranquillité de Paris. Il a fait part des dangers auxquels étoient exposés les villages voisins de Pontoise; qui demandoient des troues, afin d'être à l'abri de plus de huit cents Frigands. Iba fait de grands éloges de la proclamation de M de Lally, à l'exception de l'article des Milices Bourgeoises, institution dangereuse dans les petites villes. Il a proposé une Motion presque semblable à celle de M. de Lally-Tolendal; la fin seule, qui est relative aux troupes, en differe.

M. de Sillery a opiné pour que l'Assemblée s'occupât de retablir le calme à Paris ; et il a ouvert un avis en conséquence.

M. Malouet a défendu la proclamation de M de Lally. Les motifs de cet acte et ses modications levoient toutes les difficultés ; mais il étoit nécessaire d'y ajouter, que le Roi seroit prié de donner aux Municipalités main-forte contre les attroupemens, sur la demande des Officiers Municipaux. En s'opposant aux Milices Bourgeoises, on a craint, a-t-il ajouté un Armement général, et cette crainte est

juste. La résistance à l'oppression est légitime, et honore une Nation; la licence Pavilit. Une insurrection nationale contre le despotisme a un caracière supérieur à la puissance des lois, sans en profaner la dignité : mais lorsqu'un grand intérêt a fait un grand soulèvement, alors le plus léger prétexte suffit pour réveiller les inquiétudes du peuple, et le porter à des excès. C'est de tels malheurs qu'il est instant de prévenir, et tel seroit l'objet de la proclamation, avec l'addition que j'ai proposée. Notre silence multiplieroit les abus. Attendre que la constitutution les arrête, c'est annoncer que la puissance publique a disparu, jusqu'à ce que la Constitution soit promulguće.

Quant aux griefs dont le peuple se plaint, et aux coupables qu'il désigne, ils ne doivent point échapper à la sévérité des lois, mais C'est devant les Tribunaux qu'ils doivent être poursuivis; c'est au Procureur - Général du Parlement que les plaintes et dénonciations doivent être adressées.

Un Membre des Conimunes a observé que la proclamation de M. de Lally - Tolendal étoit le vœu unanime des Citoyens de Paris, suivant le rapport qui lui en avoit été fait hier par un des Membres du Comité. Il a voté pour son admission. Il a demandé à l'Assemblée d'envoyer à l'Hôtel-de-Ville des Députés, pour travailler avec les Comités à rétablir le calme. Il a fait un tableau horrible des désastres de Paris. Il a ajouté qu'on blåmoit, dans la Capitale, le silence de l'Assemblée.

Un Membre du Clergé a proposé une Adresse à tous les Curés et Vicaires, qu'on

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